vendredi 10 juillet 2015

Sermon du Père Bruno pour la solennité des saints Pierre et Paul (5 juillet 2015)

Vous venez d’entendre dans l’évangile les mots bien connus : Tu es Petrus. Ils ont été chantés dans le verset de l’Alleluia, juste avant l’évangile, et nous les retrouverons encore dans l’antienne de communion. Ils ont donc une importance particulière en cette messe des saints Pierre et Paul. Cependant, je ne vais pas commenter directement cette parole de Notre-Seigneur ce matin, mais plutôt faire remarquer qu’elle est une réponse à celle de saint Pierre : Tu es Christus, « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » C’est une profession de foi : avant de se voir confier le gouvernement de l’Eglise, saint Pierre, le premier pape, a dû faire une profession de foi. Et si nous cherchons dans l’évangile de saint Jean les passages où il parle de Pierre, nous y trouverons également une « profession d’espérance » et une « profession de charité ».



Profession de foi

Tu es Christus, Filius Dei vivi : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Cette parole de saint Pierre montre que notre foi est centrée sur la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Sur ce qu’il est et sur ce qu’il a fait pour nous : sa divinité et sa mission. Il est le Fils de Dieu, donc vraiment Dieu ; il est le Christ, c’est-à-dire le Messie, celui qui est envoyé par Dieu pour nous sauver. Voilà le cœur de notre foi.

Notre-Seigneur a d’abord interrogé ses apôtres sur ce que les hommes pensaient de lui. Ils lui répondent que les uns le prennent pour Jean Baptiste, d’autres pour Elie, ou Jérémie, ou un autre prophète. Jésus leur demande alors : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Et c’est la belle réponse de saint Pierre : Tu es Christus, Filius Dei vivi : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Il ne dit pas : « Pour nous, vous êtes le Christ », mais : « Vous êtes le Christ. » Il affirme une vérité objective, et non une idée subjective : la foi n’est pas une opinion humaine, mais une certitude donnée par Dieu. On l’appelle une vertu infuse, que Dieu met dans notre âme au jour de notre baptême. C’est que Jésus dit à Pierre : « Ce ne sont pas la chair et le sang [des pensées humaines] qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les Cieux. » Il donne alors un nom nouveau à Simon : tu es Petrus, « tu es Pierre », pour lui montrer qu’il lui confie une mission nouvelle, celle d’être le chef visible de son Eglise, son vicaire sur la terre.

Tu es Christus – tu es Petrus : le pape remplit sa mission de successeur de Pierre dans la mesure où comme Pierre il professe la vraie foi en Notre-Seigneur. Sinon, il est infidèle à sa mission. C’est une grande tristesse de constater que depuis 50 ans, les papes conciliaires, modernistes, sont infidèles à leur mission. Notamment parce qu’ils ne reconnaissent plus Notre-Seigneur comme Roi (« ils l’ont découronné »), alors que sa royauté découle nécessairement de sa divinité : Notre-Seigneur est Dieu, donc il est Roi. Nier sa royauté, c’est nier sa divinité.

Il faut ajouter que les modernistes ne s’attaquent pas seulement au contenu de la foi (les différents dogmes), mais à la notion même de la foi : pour eux, la foi est davantage uneexpérience qu’une connaissance. C’est une idée très présente dans la première encyclique du pape François, publiée il y a 2 ans, Lumen fidei : la lumière de la foi. Je vous recommande de lire ou de relire l’étude du père Emmanuel-Marie dans le Sel de la Terre, intitulée « Les fausseslumières d’une foi dénaturée ».


Profession d’espérance

« Vous avez les paroles de la vie éternelle ! »

C’est à la fin du long chapitre 6 de saint Jean, constitué principalement par le « discours sur le pain de vie », l’annonce de la sainte eucharistie. Notre-Seigneur vient de répéter avec insistance que, pour avoir la vie en soi, il faut manger sa chair et boire son sang. Beaucoup de disciples ne peuvent supporter un tel langage et le quittent. Jésus demande à ses apôtres : « Et vous ? Allez-vous me quitter vous aussi ? » Alors saint Pierre s’écrie : « Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle ! » Belle profession d’espérance ! C’est Notre-Seigneur qui a les paroles de la vie éternelle, c’est-à-dire qui nous révèle les secrets de cette vie éternelle à laquelle Dieu nous appelle, qui nous enseigne comment y parvenir et qui nous donne les moyens d’y parvenir : la grâce, les sacrements, l’Eglise… Jésus est descendu du Ciel pour nous parler du Ciel et nous faire monter au Ciel : il a les paroles de la vie éternelle, et il est le seul à les avoir, le seul Sauveur.

Le pape remplit sa mission de successeur de Pierre dans la mesure où comme Pierre il professe son espérance : « Vous avez les paroles de la vie éternelle ! », vous êtes le seul qui puisse nous parler du Ciel et nous conduire au Ciel. Vous voyez à quel point les papes conciliaires sont infidèles à leur mission, avec leur œcuménisme et leurs foires aux religions comme les réunions d’Assise.


Profession de charité

« Vous savez que je vous aime ! »

Nous trouvons cela dans l’évangile de la vigile des saints apôtres (28 juin). C’est à la fin de l’évangile de saint Jean, après la Résurrection. Notre-Seigneur demande trois fois : « Pierre, m’aimes-tu ? » pour que Pierre puisse lui répondre trois fois : « Vous savez que je vous aime ! » Trois fois, pour réparer le triple reniement de son Maître pendant la Passion (« je ne connais pas cet homme »). Pierre répare ses trois manques d’amour par trois actes d’amour : « Vous savez que je vous aime ! » C’est une profession de charité.

Jésus lui répond : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. » Il le confirme dans sa charge de chef de l’Eglise. Et aussitôt après il lui annonce son martyre, qui sera l’occasion de rendre le témoignage suprême de la charité.

Le pape remplit sa mission de successeur de Pierre dans la mesure où comme Pierre il professe sa charité : « Vous savez que je vous aime ! » Et où il est prêt à prouver cette charité par le martyre : les 54 premiers papes de l’histoire de l’Eglise sont tous morts martyrs ! Et si aujourd’hui le pape se convertissait, il serait probablement martyrisé. Mais ainsi il sauverait son âme, et beaucoup d’autres avec. Les papes conciliaires, eux, sont en grand danger de perdre leur âme, et ils en entraînent beaucoup d’autres dans leur voie de perdition.

Quant à nous, tout en disant Tu es Petrus (nous le chantons au salut du Saint Sacrement), tout en considérant le pape François comme le successeur de Pierre, nous prions pour sa conversion : pour qu’un jour il puisse dire à Notre-Seigneur comme saint Pierre, en toute vérité : Tu es Christus, « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » – « Vous avez les paroles de la vie éternelle ! » – « Vous savez que je vous aime ! »

J’ajoute que notre prière pour la conversion du pape sera plus puissante sur le Cœur de Dieu si nous faisons nôtres ces actes de foi, d’espérance et de charité du premier pape, si nous redisons dans la prière à Notre-Seigneur, avec toujours plus de vérité : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » – « Vous avez les paroles de la vie éternelle ! » – « Vous savez que je vous aime ! » Trois belles prières toutes simples !

Notre-Dame nous dit, dans la messe du Cœur Immaculé, qu’elle est « la Mère du bel amour, de la connaissance et de la sainte espérance : les trois vertus théologales. Comme Mère, elle les engendre dans nos âmes. Demandons-lui de nous garder fermes et inébranlables dans la foi, l’espérance et la charité, dans la même foi, la même espérance et la même charité que celles de saint Pierre.