vendredi 1 juillet 2016

Opération survie

Source: France Fidèle

Arsenius, Monastère Sainte Croix de Nova-Friburgo, le 27 Juin 2016 

Compte tenu du fait que Rome a toujours refusé de revenir à la foi traditionnelle de l'Église et, par conséquent, n’a jamais considéré la reconnaissance officielle de la FSSPX de la même manière que Mgr Lefebvre la considérait, et donc logiquement n’offre aucune garantie que cette reconnaissance officielle ne sera pas un piège, le même Mgr Lefebvre jugeait qu’il n’était pas à propos de reprendre les pourparlers avec Rome tant que celle-ci n’affirmait pas devoir revenir à la foi dans les vérités révélées que la Sainte Église a toujours préservées et transmises sans faille. En bref : un accord pratique avec Rome n’aurait lieu que quand leur doctrine redeviendra conforme à la doctrine que nous professons dans la "Famille de la Tradition", qui est tout simplement la doctrine de l'Église. 

C’est ainsi que le comprit la Fraternité, lors du Chapitre Général de 2006, en se fondant sur ce qu'elle pensait alors être la pensée de Mgr Lefebvre, qui décida donc qu'elle ne ferait d’accord pratique avec Rome, que lorsqu’il y aurait un accord doctrinal. 

 Mais en 2012, le nouveau Chapitre Général en jugea différemment : il propose la possibilité d'un accord pratique sans exiger de Rome un changement dans sa doctrine moderniste. 

Pour lors, ils veulent instiller en nous que la pensée de Mgr Lefebvre était la suivante : on se contente de Rome des «garanties» concernant la continuation de la «Tradition», comme si cela suffisait de le part de ceux qui sont attachés à une doctrine délétère qui règne dans la tête de l'église de Rome, comme s’ils étaient dignes de confiance. 

Mais nous, qu'on appelle la «résistance», nous préférons penser, comme lors du Chapitre de 2006, que nous devons attendre des temps meilleurs pour accepter que Rome nous accorde un statut officiel. 

Dans cette même ligne de pensée Mgr Lefebvre se décida à consacrer des évêques en 1988, sans l'approbation de Rome : pour le moment notre situation ne peut pas être régularisée, nous devons donc faire ce que nous pouvons pour que nous puissions survivre. Il a appelé cela « l’opération survie ». 

On voit bien que ceux qui devraient perpétuer cette « opération » ont pris une voie différente pour faire face à la crise actuelle (ou du moins se soumirent au Chapitre de 2012. Mais le fait est que, officiellement, la Fraternité a pris ce nouveau chemin) il nous revient de donner à ceux qui pensent comme Mgr Lefebvre, les moyens de continuer, avec l'indispensable soutien d’évêques. 

Il est vrai que cette posture qui est la nôtre nous a mérité l'abandon par une partie de notre parentèle et de ceux qui hier étaient nos amis, et, de même, nous ont été gracieusement accordées les épithètes de "groupuscule" et de "tortueux". Ainsi honnis et réduits à un petit nombre, que nous importe !, nous sommes avec Celui qui est le centre de notre vie : notre Seigneur Jésus-Christ crucifié, qui est tout pour nous. Nous savons que Lui aussi, sur sa Croix, avait pour seule compagnie « un groupuscule», un petit nombre d'amis : Sa Très Sainte Mère, la Vierge douloureuse, dont le cœur triomphera, écrasant la tête du démon (« Ipsa conteret »), un évêque seulement, des douze qu’Il consacra – Saint Jean l’Évangéliste – fidèle là, à ses pieds, (« Fidelis inveniatur ») et quelques autres âmes ; lui, qui aimait la vérité (« Veritatem dilexisti »), et qui par-dessus tout désirait la fidélité à celle-ci, qu’importe le nombre de ceux qui le rejoignent. N’appliquons pas aux saintes âmes du Calvaire l'adjectif « tortueux », car il est très humiliant pour elles : alors qu’il peut très bien être juste en ce qui nous concerne. 

Nous ne désirons pas que l' « équipe » de Menzingen (pour rester dans la veine de ceux qui nous attaquent) mène à « l’échec », mais nous croyons que la déroute est aussi certaine que l’est la mort de celui qui saute du pinacle du temple. Nous croyons que s’applique à cette présente tentative ce que notre Seigneur a dit, à propos de la tentation évoquée en dernier lieu : c’est tenter Dieu.