samedi 8 avril 2017

MILES CHRISTI XIII (fin)

Note de Reconquista : Voici le dernière partie de cet article de l'abbé Chazal...

Pendant ce temps, les prêtres de la résistance font de leur mieux pour suivre le droit canon et ceux qui ne le font pas se retrouvent seuls, n'en faisant qu'à leur tête. La défense de la Foi n'est pas une excuse pour faire fi de la prudence des anciens, car nous n'avons pas lancé tout ce mouvement pour suivre notre volonté propre, espérons-le, mais la loi dans son essence et dans sa substance. Le Droit Canon requiert un cursus spécifique au séminaire et ce, de manière explicite : il faut étudier intégralement les 24 thèses thomistes prévues par saint Pie X pendant les années de philosophie. Nous n'avons pas le droit de nous dispenser de ces contraintes. J'ai été littéralement épouvanté lorsque l'abbé Suneel m'a dit qu'à Boston, on dissuadait les séminaristes d'étudier seuls dans leur cellule, sans parler du fait qu'il n'y ait pas de cours de Droit Canon, ni de Dogme, ni de Théologie morale, ni de cosmologie, ni de psychologie, etc... ce qui signifie que l'enseignement dispensé aux séminaristes n'est rien d'autre qu'une totale immersion dans la sagesse "universelle" d'un gourou (qui est au demeurant un bon orateur). 

Les âmes ne tireront aucun profit de tout ce fatras et elles mépriseront les prêtres s'ils sont ignorants. Ce n'est pas ce que veut l'Église : "Tradidi quod et accepi." Nous devons transmettre ce que nous avons reçu, "in eodem sensu, in eamdem forma et in eodem modo". 

Pour autant que je puisse en juger de par mes échanges avec mes confrères "non-kentuckiens", la collaboration canonique se déroule en toute courtoisie et charitable entraide. Les confrères ne viennent pas s'ingérer dans notre travail, ni aboyer autour de nous, mais, au contraire, nous aident dans les situations difficiles auxquelles il peut nous arriver d'être confrontés et nous offrons notre aide en retour. Tous les prêtres indépendants et tous les groupes de prêtres reprennent de facto des responsabilités territoriales et s'attachent à un troupeau particulier : "Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent" et dans chaque zone géographique un chef spirituel émerge naturellement. L'ordre canonique est l'ordre de la raison. Il n'est donc pas surprenant que, lorsque des hommes raisonnables collaborent, cet ordre canonique soit restauré. 

Notre organisation n'est pas parfaite (il en était d'ailleurs de même au temps de Mgr Lefebvre) mais elle est suffisante. En cas de nécessité, ce que le droit prévoit n'est pas l'epikeia illimitée ni une absence de loi mais bien ce règne de la loi qu'il nous faut continuer à bâtir, avec certaines dispenses là où le Droit Canon ne règle pas la question. 

Un de nos prêtres est accusé. Que faisons-nous? L'évêque ordonne à un prêtre versé dans le Droit Canon de faire une enquête, de rechercher preuves et témoins. Ledit prêtre ne les ayant pas trouvés, l'affaire est classée, tandis que le courageux évêque supporte patiemment les calomnies, sa principale intention étant de soutenir le prêtre, de se porter garant de sa probité. Le jeu en vaut la chandelle, car c'est le règne du droit que l'on défend alors et non la cause d'un seul homme: "Fiat jus, ruat caelum." 

Un autre de nos confrères est accusé. De nouveau, l'évêque ordonne une enquête. Cette fois, le cas est sérieux, il s'avère qu'il y a des preuves. L'évêque se résout alors à exclure le prêtre de nos rangs, et comme ce confrère voulait rejoindre la résistance dans le seul but d'échapper à la justice, nous renvoyons l'affaire à Menzingen et à son chronique refus de prononcer ces embarrassants verdicts de dégradation. 

D'autres prêtres, tel l'abbé T., ont essayé de se rapprocher de nous...Ils ont juste essayé.  75% de nos aspirants sont rejetés.


Un autre confrère dans le sacerdoce a gravi la montagne jusqu'à nous. Il avait l'air très aimable et très convaincant, mais ses états de service étaient déplorables. 

À mesure que les années passent, nous prions pour que l'Esprit de Jésus-Christ soit davantage présent dans nos milieux et que disparaisse cet esprit d'anarchie qui est la note dominante dans un trop grand nombre de nos "paroisses". On ne peut pas dire que le cas de l'abbé Pfeiffer soit la preuve du contraire, car ce prêtre est désormais livré à lui-même et les portes se ferment devant lui, non pour des raisons doctrinales (sauf à considérer sa communicatio in sacris avec Moran) mais pour des raisons canoniques, comme par exemple l'acceptation de séminaristes qui ont des empêchements graves n'admettant pas de dispense, ses calomnies à l'égard de Mgr Thomas d'Aquin et du Père Jean et de toute personne figurant sur la liste noire de Greg Taylor. 

L'abbé Pfeiffer allègue que tout évêque convient pour une ordination dès lors qu'il est "valide".  La licéité n'est pas son problème. Il a bien tort! 

Mettre en avant l'epikeia signifie qu'on est déjà dispensé de toutes les lois ou qu'on les a transgressées, selon le côté de la médaille que l'on regarde, mais cela signifie aussi que l'on ne peut pas collaborer avec qui que ce soit et, par conséquent, cela veut certainement dire aussi : "Ne venez pas vous plaindre si personne ne veut collaborer avec vous."  Vous vous retrouvez tout seul, surtout parce que vous proclamez que la foi seule suffit à couvrir tous ces péchés...alors que la résistance se propose de résister à toute forme de volonté propre, que celle-ci se cache derrière les pièges de l'autorité (nouvelle Rome, Menzingen) ou de la "pure foi" (Kentucky). 


Gel du conflit avec la FSSPX: 


Après la désastreuse interview accordée par Mgr Fellay à "Conflict Zone" en mars dernier, nous n'avons plus guère entendu parler de lui (excepté la petite phrase: "La prélature est prête" à Dillwyn).  Je commençais à avoir le sentiment qu'il était en train de s'assagir. Et juste au moment où je me laissais aller à cette opinion, je reçois des nouvelles qui prouvent le contraire. Je résume : "Je vois que notre pape actuel, le pape François, a le souci des âmes...des périphéries... Il veut aller à la recherche de la brebis perdue... ce souci s'étend à tout l'univers, et donc aussi à nous-mêmes." 

En outre, de source sûre, le Supérieur Général de la FSSPX a déclaré dans la même interview qu'il ne manquait plus qu'un "coup de tampon" et la garantie du crocodile de Rome qu'il nous prendra "tels que nous sommes". 

Nous n'avons donc pas menti au cours de ces cinq années, alors que de nombreuses déclarations du style "L'accord a été annulé" ou "Il n'y a pas d'accord" étaient bel et bien des mensonges. 

Nous n'entendons plus beaucoup de prêtres de la FSSPX s'opposer ouvertement à l'entente qui sera bientôt conclue. Ce qui est effrayant, c'est que celui qui accepte qu'on lui raconte un mensonge est prêt pour le mensonge suivant : "La Fraternité combattra plus efficacement le modernisme après la signature de l'accord." Prions pour qu'il n'en soit rien et que de nombreux prêtres se réveillent. 

J'aimerais bien tomber nez à nez avec un prêtre de la FSSPX pour lui poser quelques questions intéressantes, mais le dernier que j'aie vu devant moi au terminus du voyage en bateau courait si vite... et il était en meilleure forme que moi... 

Il y a trois mois, "l'ancien combattant" Tim Pfeiffer m'a dit que si un accord venait à être signé, ce serait une bonne chose, "car cela signifierait que nous sommes prêts. "... et c'est le meilleur prêtre de la Fraternité que je connaisse en Asie. 

Arme de la Compagnie de Marie (propulsion à alcool) susceptible d'amélioration
Année 2017 - Inventeur : Compagnie de Marie - Brevet en cours

 
Espérons que certains d'entre eux prendront conscience que la résistance, malgré toutes ses imperfections, est en train de mettre de l'ordre dans ses affaires (voir schéma ci-dessus) et est beaucoup mieux organisée qu'auparavant. C'était notre souhait, en 2012, qu'au moment du naufrage du cuirassé, un croiseur de combat ou un destroyer se tienne prêt à prendre à son bord d'autres survivants. 

Le reproche du cardinal Burke

Cependant, pour l'instant, la proie peut encore frétiller dans la gueule du crocodile. On peut penser que c'est trop peu et trop tard, trop tard pour lancer des "Dubia" à la tête du crocodile, mais soyons beau joueur et admettons que le cardinal Burke nous donne une idée de ce qui pourrait arriver en des temps meilleurs....les inférieurs du pape saisiraient l'occasion et appelleraient un chat un chat. 

À suivre.

PAX

+Abbé Chazal