[Andrea Tornielli - La Stampa] Fraternité Saint Pie X, la réconciliation toujours plus proche
SOURCE - Andrea Tornielli - La Stampa - 30 janvier 2017
Le Secrétaire d'Ecclesia Dei, Mgr Pozzo, déclare: «Nous travaillons à perfectionner la forme juridique.»"En ce moment, nous travaillons à l'amélioration de certains aspects de la structure canonique, qui sera une prélature personnelle." L'archevêque Guido Pozzo, secrétaire de la Commission «Ecclesia Dei» en charge du dialogue avec la Fraternité Saint-Pie X, confirme également à Vatican Insider que l’étape de la pleine communion avec les lefébvristes approche. La finalité de l'accord est désormais en vue, même s’il faudra encore un certain temps.
Le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, Mgr Bernard Fellay, le 29
Janvier, 2017, a participé en tant qu'invité à l’émission "Terres de
Mission" de TV Liberté". Il a confirmé dans cet entretien que l'accord
avance et que pour arriver à la solution canonique il ne sera pas
nécessaire d’attendre jusqu'à ce que la situation de l'Eglise soit
redevenue «totalement satisfaisante» aux yeux de la Fraternité Saint-Pie
X, qui n’a également, durant toutes ces années [de crise], jamais
manqué de mentionner le nom du pape, et de prier pour lui lors de la
célébration des messes. Mgr Fellay a situé l'attitude du pape François
envers la FSSPX par son intérêt pour les fidèles qu’il considère être à
la périphérie [de l’Eglise] et a expliqué l'importance de mettre fin à
la séparation d’avec Rome.
Le cheminement vers le rapprochement, après le mini-schisme provoqué par
les quatre ordinations épiscopales illégales célébrées par Mgr Marcel
Lefebvre en 1988, a commencé en 2000, lorsque les lefebvristes sont
venus en pèlerinage à Rome pour le Jubilé. Jean-Paul II a donné son
assentiment à de nouvelles discussions doctrinales. Les contacts se
sont intensifiés avec Benoît XVI, avec l'examen sans tabou des questions
doctrinales. Le pape Ratzinger avait d'abord libéralisé l'utilisation
du missel pré-conciliaire puis levé les excommunications des quatre
évêques de la Fraternité. Avec François, en plus de la poursuite des
contacts, un pas de plus a été franchi avec l'octroi aux prêtres de la
Fraternité de confesser non seulement validement mais aussi licitement
les fidèles pendant le jubilé de la miséricorde. Une concession qui a
ensuite été étendue sans limite de temps dans la lettre «Misericordia et
misera».
En ce qui concerne les problèmes doctrinaux, l'essentiel semble dépassé
en vue de l’accord. Il serait demandé aux membres de la Fraternité
Saint-Pie X ce qui est nécessaire pour être catholiques, à savoir la
"professio fidei", la croyance en la validité des sacrements célébrés
avec le Novus Ordo (la liturgie issue de la réforme post-conciliaire),
et l'obéissance au pape. Il y a eu un dialogue et une confrontation sur
le rapport entre le Magistère et la tradition, tandis que sont l'objet
d’approfondissement - et même d’un désaccord qui pourrait perdurer -
les sujets liés à l'oecuménisme, à la liberté religieuse et à la
relation Église-monde.
Dans l'entretien télévisé Mgr Fellay, en plus de rappeler l'octroi de
François concernant les sacrements de la réconciliation et de l'onction
des malades, a aussi cité les ordinations sacerdotales de la Fraternité,
déclarant qu'elles ont lieu avec la permission du Saint-Siègeet sans la
nécessité d'obtenir le consentement de l'évêque local. L'état des
faits, précise Mgr Pozzo, est plus complexe et remonte à une décision
prise par Benoît XVI et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi il y a
quelques années. "Le Saint-Siège - explique le secrétaire d'Ecclesia
Dei - permet et tolère les ordinations sacerdotales de la FSSPX, tout en
continuant à les dire valides mais pas licites, à condition de
communiquer les noms des ordinands à l'évêque de leur diocèse d’origine.
Le pape François a accordé la légitimité seulement à l'administration
des sacrements de la pénitence et de l'onction des malades. Mais pour
que les autres sacrements, outre que valides deviennent aussi légitimes,
il est nécessaire d’arriver à une solution canonique pour la
Fraternité."
La voie choisie pour la solution canonique, comme chacun sait, est celle
de la prélature personnelle, figure inédite introduite dans le nouveau
Code de droit canonique de 1983, et jusqu'à présent appliquée seulement à
l'Opus Dei. Au cours de ces quelques dernières années les voix de ceux
qui s’opposent à l'accord se sont multipliées. L'un des quatre évêques
pour lequel le pape Ratzinger avait levé l'excommunication, Richard
Williamson, a quitté la Fraternité, a fondé un groupe plus extrême et a
procédé à de nouvelles ordinations épiscopales. La position de Mgr
Fellay apparaît être plus en phase avec celle du fondateur, Mgr
Lefebvre, qui en 1988 était presque parvenu à un accord avec le Cardinal
Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
accord qui a capoté à la dernière minute.
Andrea Tornielli