jeudi 29 février 2024
Le nom et la chose
dimanche 18 février 2024
Tradition
Par Mgr Thomas d’Aquin (OSB) le 17 février 2024
Ordinations des Pères Albert et Laurent (Colombie) 6 janvier 2024 |
Il faut avoir une doctrine très
sûre pour comprendre et faire comprendre toute la vraie signification du mot
Tradition, surtout en cette crise qui s’abat sur l’Église depuis Vatican II.
La combat de Mgr Lefebvre contre
les erreurs de Vatican II a pris le nom de Tradition : “Tradidi quod et accepi.” Ce combat n’est pas, à proprement parler,
le combat de Mgr Lefebvre, bien sûr. Il est le combat de l’Église. C’est
particulièrement l’opération survie de 1988, survie de toute l’Église.
Mgr Lefebvre ne voulait pas être
appelé le chef de file des traditionalistes. Il se nommait simplement un évêque
qui résiste, ce qui l’a fait accuser par Dom Gérard de
« résistancialisme ». Résister par Fidélité, nom choisi en France pour désigner l’opposition à
l’accordisme de Mgr Fellay. Nous pouvons dire la même chose aujourd’hui. Il y a
des fidèles qui résistent et qui veulent continuer le combat de Mgr Lefebvre
tel qu’il l’a conduit. Mais il n’est pas si facile d’avoir la sagesse de Mgr
Lefebvre. Que ferons-nous, sinon supplier le Dieu des armées d’avoir pitié de
nous ? Qu’il nous fasse combattre selon les règles de la prudence. Il a
non seulement défendu le dépôt de la foi, mais aussi dénoncé quels étaient les
ennemis de ce dépôt.
Il y a chez Monseigneur une
prudence supérieure, un don de conseil pour discerner la vraie manière de
combattre. La vraie manière n’était pas celle de Dom Gérard ni celle de l’abbé
Bisig, fondateur de la Fraternité Saint-Pierre, ni celle d’aucune des
communautés Ecclesia Dei (premiers
mots du document qui a excommunié Mgr Lefebvre), ni celle de tous ceux qui ont
adhéré aux invitations de Rome.
En quoi la manière de Dom Gérard
déplaisait-elle à Mgr Lefebvre ? Elle lui déplaisait parce qu’elle livrait aux
ennemis les vrais catholiques, la part choisie du troupeau. Il a été surpris
qu’il n’y ait pas eu davantage de résistance à Dom Gérard au Barroux ; il
aurait fallu se battre davantage. Livrer les âmes des moines, de ses prêtres,
presque tous ordonnés par Mgr Lefebvre, et des bénédictines aussi... oui, Dom
Gérard méritait d’être déposé. Mgr Lefebvre me l’a fait savoir. Il voulait que
j’aille au Barroux pour cela. J’avoue que je n’ai eu ni courage ni force ni
capacité de le faire. Mais c’est bien la conduite des vrais évêques et aussi
des vrais saints, comme saint Pie V, qui délia les Anglais de l’obéissance à la
reine Élisabeth. Dans le cas de Dom Gérard, il ne s’agissait pas directement
d’hérésie, mais sa conduite allait mener les moines aux erreurs modernes de
Vatican II.
Revenons aux traditionalistes. Essayons une définition : ceux qui, dans le combat actuel, ont suivi Mgr Lefebvre et le suivent encore. Voilà le mouvement de la Tradition. Tradition doctrinale et tradition prudentielle. Voilà la Tradition que nous avons appris à aimer auprès de Monseigneur, où il a pourfendu l’erreur, ranimé les courages, éclairé les doutes et communiqué à flots les grâces des sacrements. Suivons-le encore. Avec lui, plus qu’avec quiconque, nous avons la Tradition. Il est encore aujourd’hui l’homme capable du seul vrai ralliement qui peut unir tous les traditionalistes dans la vraie fidélité.
jeudi 15 février 2024
Deux lettres, deux orientations
Par Son Excellence Mgr Thomas d’Aquin, OSB, le 1er février 2024
Trois évêques ont écrit à leur supérieur au sujet du danger d'un accord purement pratique avec Rome, et ont
fait appel à leur fondateur, Mgr Lefebvre. — Il avait raison il y a 25 ans, il
a encore raison aujourd'hui — disaient-ils.
À cet avertissement, le supérieur a répondu que les trois évêques étaient dépourvus d'esprit surnaturel et de sens des réalités. Une accusation grave qui pourrait retomber sur Mgr Lefebvre lui-même. Mais est-ce vrai ? Ne serait-ce pas plutôt l'inverse : Mgr Fellay qui serait dépourvu de ces deux qualités ? C'est là toute la question. Qui manque de réalisme et d'esprit surnaturel ? Ce n'est pas Mgr Lefebvre. Les trois évêques qui ont pris son exemple non plus. Ils ont dit que la situation à l'époque (2012) n'était pas substantiellement différente de celle de 2006, quand il avait été décidé de ne pas faire un accord pratique sans un accord doctrinal. Ils ont mis en garde contre le danger de se mettre entre les mains des évêques conciliaires et de la Rome moderniste. Irréalisme ? Manque d'esprit surnaturel ? Ils voulaient préserver la Fraternité des divisions profondes qui pouvaient survenir. Manque de sens des réalités ? d'esprit surnaturel ? Ils ont attiré l'attention du Supérieur général sur la pensée moderniste de Benoît XVl. Ils ont remarqué les symptômes d'un déclin de la confession de la foi. Irréalisme ? Manque d'esprit surnaturel ?
Mgr Lefebvre a parlé du SIDA
spirituel de la Rome moderniste. Mgr Fellay ne semble pas penser de la même
manière ni prendre les mêmes précautions. Il minimise la gravité des erreurs du
Concile. Pour lui, la liberté religieuse est devenue une liberté très, très
petite. Le Concile, quelque chose au sujet duquel beaucoup pensent qu'il a dit
ce qu'il n'a pas dit. Qui sont ces "beaucoup" ? Les trois évêques ?
Il les accuse de traiter les erreurs du Concile comme s'il s'agissait de
super-hérésies
Si l'on compare Mgr Fellay à Mgr
Lefebvre, la différence est évidente. Mgr Lefebvre a parlé d'apostasie de Rome.
Mgr Fellay minimise la situation et cherche un rapprochement dangereux avec la
Rome moderniste, avec ou sans accord.
Quels ont été les fruits de la
prétendue supériorité de Mgr Fellay, c'est-à-dire qu'il est plus réaliste et
surnaturel que Mgr Williamson, Mgr Tissier et Mgr Galarreta ? Les fruits ont-ils
été doux ou amers ? Que chacun en juge par lui-même.
Grande commotion dans la
Fraternité ; changement du principe régissant les relations avec Rome (accord
pratique uniquement avec accord doctrinal ou accord pratique sans accord
doctrinal) ; départ de prêtres ayant quitté la Fraternité, y compris l'abbé
Faure ; expulsion de l'évêque le plus combatif de la Fraternité (Mgr
Williamson) ; expulsion de plusieurs prêtres ; perplexité d'autres qui, tout en
restant dans la Fraternité, n'approuvaient pas la nouvelle politique initiée
par Mgr Fellay ; désorientation des fidèles ; éloignement de certaines
communautés amies ; réserves de la part d'autres ; acceptation des mesures de
compromis qu'il a prises à l'égard de la Fraternité, allant jusqu'à accepter
les nouvelles dispositions sur les mariages, provoquant la réaction et la
démission de sept doyens français et la réaction de trois communautés amies ;
etc... De bons fruits ? Non !
Que conclure ? Il y a deux
orientations dans la Tradition : celle de Mgr Lefebvre et celle de Mgr Fellay,
du moins celle de Mgr Fellay comme Supérieur général. Comme Mgr Fellay ne s'est
jamais rétracté, on peut considérer qu'il pense toujours ainsi.
Nous suivons Mgr Lefebvre et sommes reconnaissants à Mgr Williamson d'avoir résisté à Mgr Fellay. Grâce à Mgr Williamson, la Résistance peut continuer le combat avec la sainte liberté des enfants de Dieu pour défendre la Tradition et la transmettre selon l'exemple que nous a donné Mgr Lefebvre : «Tradidi quod et accepi ». J'ai transmis ce que j'ai reçu.
mercredi 14 février 2024
Pourquoi la Résistance existe-t-elle ?
KE 865 (10 février 2024)
Dieu donna dans l’orage un
vieux chef, sage et saint.
Quel jeune peut vouloir s’écarter du chemin ?
Il y a moins d’un mois, le 24
janvier, le prieur brésilien du monastère bénédictin traditionnel de Santa Cruz
(niché en hauteur dans les collines derrière Rio de Janeiro au Brésil), Mgr Thomas d’Aquin, a publié une grave dénonciation d’un dirigeant important du
mouvement catholique traditionnel, dirigeant actif dans le monde entier. Mais
les traditionalistes n’ont-ils pas suffisamment de problèmes hors du monde
traditionnel sans avoir à se battre entre eux aussi ? Normalement, le bon sens
catholique le voudrait ainsi. Mais pas si la base même du catholicisme, la foi
catholique, est en jeu. Or, dans la lutte entre Rome et la Fraternité saint Pie
X, la foi est constamment en jeu. Que les lecteurs jugent par eux-mêmes : en tant
que pasteur du troupeau de Notre-Seigneur, Mgr Thomas d’Aquin a-t-il fait autre
chose que son devoir en dénonçant ce loup déguisé en mouton ?
La cause de l’existence de la
Résistance n’est autre que Mgr Fellay avec ses paroles et ses actes. Ses
paroles ont minimisé la gravité de la crise et du Concile. Ses actes ont exposé
la Tradition au même sort que les communautés Ecclesia Dei.
Mgr Fellay n’a pas parlé comme
Mgr Lefebvre. Mgr Lefebvre a dénoncé avec vigueur les erreurs du Concile ainsi
que ceux qui étaient à l’origine de ces erreurs. Il a mis en garde pratiquement
tous les papes conciliaires au sujet de leurs responsabilités. Il a dit à
Jean-Paul II que s’il continuait sur la voie de l’œcuménisme, il ne serait plus
le bon pasteur, et dans le dessin sur Assise, il a dit, avec des images et des
mots, que Jean-Paul II irait en enfer s’il restait œcuméniste. Il a dit au
cardinal Ratzinger que lui, Ratzinger, était contre la christianisation de la
société. Il a dénoncé l’apostasie de la Rome conciliaire. ( . . . ). Il a
défendu les prêtres et les fidèles contre la contagion moderniste. Il s’est
exposé à une excommunication invalide mais infamante. Il n’a pas reculé dans la
défense de la France contre le danger musulman. Il nous a protégés contre la
tentation accordiste de Dom Gérard. Il a été, en un mot, comme les évêques
d’autrefois : le défenseur de la chrétienté et du fondement de la chrétienté
qui est la foi. Il a été l’homme des vertus théologales, défendant notre foi et
toutes les vertus.
Qu’en est-il de Mgr Fellay ?
A-t-il poursuivi les actions de Mgr Lefebvre ? Non. En paroles et en actes, Mgr
Fellay s’est écarté de Mgr Lefebvre. En ce qui concerne la liberté religieuse,
il a minimisé la gravité de ce que le Concile avait dit. Il n’a pas dit aux
papes ce que Mgr Lefebvre avait dit. Il n’a pas attaqué les erreurs comme Mgr
Lefebvre. Il n’a pas parlé des deux églises comme Mgr Lefebvre. Il n’a pas distingué
clairement l’Église officielle de l’Église catholique, mais a parlé d’une
‘Église concrète’, troublant les fidèles et même les prêtres. Qu’est-ce que
cette église concrète ? Sommes-nous obligés d’être dans cette église ? Nous
sommes dans l’Église catholique. Nous reconnaissons le pape, mais pas l’Église
conciliaire dont parlait le cardinal Benelli. Nous reconnaissons le pape, mais
pas sa doctrine ni ses actes contre la Tradition. Ces actes ne sont pas catholiques,
mais anticatholiques.
C’est sous l’influence de Mgr
Fellay que le chapitre 2012 a modifié le principe énoncé par le chapitre 2006 :
pas d’accord pratique sans accord doctrinal. Cela n’a pas plu à Mgr Fellay et a
été modifié. Sous certaines conditions, la Fraternité peut désormais conclure
des accords pratiques sans accord doctrinal. C’est une lacune. Une lacune qui
pourrait conduire la Fraternité sur la voie des communautés Ecclesia Dei. Elle n’est pas allée aussi
loin, mais elle a baissé la garde et Rome en a profité. Mgr Fellay a supprimé
les résistances internes à la Fraternité, en expulsant Mgr Williamson et
quelques prêtres, puis il en a puni d’autres, comme les sept doyens qui ont
protesté à juste titre contre le document de Rome sur les mariages. Mgr Fellay
a désorganisé la Tradition, il s’est écarté de la ligne de Mgr Lefebvre et a
fait en sorte que d’autres s’en écartent aussi. C’est la raison d’être de la
Résistance : résister à cet écartement.
Nous voulons suivre Mgr Lefebvre
en tout, dans la doctrine mais aussi dans les solutions pratiques, car, comme
l’enseignent Aristote et saint Thomas, les exemples des anciens servent de
principes d’action. Nous suivons Mgr Lefebvre dans la doctrine et dans
l’action, en particulier par rapport à la Rome moderniste, afin de rester
fidèles à la Rome éternelle, maîtresse de vérité et de sainteté.
Kyrie eleison
mardi 13 février 2024
Miles Christi XXV (Partie III) - Eté 2023
Une histoire de deux
trains
En effet, tout comme Mgr Lefebvre
croyait que Vatican II pouvait être "compris à la lumière de la
Tradition", puis, dans l'interview 30Giorni très oubliée, a candidement admis
qu'il avait tort [ce que et Huonder et la Néo-SSPX ne veulent pas que vous vous
rappeliez], un autre archevêque a humblement confessé qu'il était à la fois
dans l'erreur et en retard ; et, tranchant le ventre du boa, il se lève pour
dire la vérité et traite la Nouvelle Rome comme un ennemi, un repaire de
vipères, qu'il faut rejeter et éviter immédiatement, entièrement... à moins,
bien sûr, que Rome ne se convertisse en "Rome éternelle".
Puisque nous n'avons pas encore
de papauté en état de marche, nous sommes nous-mêmes capables de nous tromper
de voie, de nous tromper de train, d'aller dans le précipice ?
Malheureusement, la situation de
la FSSPX (d'où nous venons) a pris une très mauvaise tournure, et nous pouvons
seulement nous consoler avec le mouvement Vigano, même s'il ne semble pas
conscient qu'en plus de la doctrine, il y a la question de la validité des
sacrements Novus Ordo. De manière
inquiétante, lorsque Mgr Lazo a rejoint le mouvement de la FSSPX, il y a
environ 30 ans, la FSSPX a choisi d'ignorer la question et ne lui a pas demandé
de procéder à des ordinations... tout en lui demandant de procéder à des
confirmations (si je me souviens bien).
Il pourrait donc s'avérer
difficile de demander au vieux capitaine Vigano d'être convalidé ( N de T : rendu valide par réitération du sacrement sous condition), même si la
cérémonie est assez simple et facile. Pourtant, Mgr Lefebvre a mentionné ce
problème comme l'une des raisons des consécrations de 1988 ; et nous ne pouvons
ignorer que les changements dans les rites du Novus Ordo sont très similaires aux changements initiés par les
anglicans, que l'Église a déclarés invalides dans "Apostolicae Curae" de Léon XIII.
Par conséquent, même si l'on
parvient à démontrer que les rites du Novus
Ordo sont valides, d'autres auront toujours de bonnes raisons, des raisons
égales je crois, de s'y opposer.
(à suivre)
jeudi 8 février 2024
Libéralisme pratique
KE 855 (2 décembre 2023)
Supprimons le réel, dit l’homme
en plein délire.
Et Dieu ? Patient, Il montre un
triste et doux sourire.
Un lecteur nous envoie des questions profondes sur l’histoire récente de l’Église, de la Fraternité Saint Pie X et du mouvement dit de ‘Résistance’. Un jour, lorsque notre Mère l’Église reprendra ses esprits — comme elle le fait déjà doucement — les ombres et les ténèbres se dissiperont, et l’histoire se manifestera pleinement dans la vérité et la charité. En attendant, voici des esquisses de réponses.
1. Comment pouvez-vous être contre toute structure pour la ‘Résistance’ ? Y a-t-il quoi que ce soit de catholique qui puisse prospérer sans structure ?
La force de la ‘Résistance’,
c’est d’abord la Vérité, et ensuite le caractère très peu contraignant des
liens entre les divers petits groupes qui résistent à la révolution de Vatican
II. Cette révolution s’est rapidement imposée à une grande partie de l’Église
catholique parce que les catholiques étaient trop obéissants à leurs autorités
infidèles. De même, la plus grande partie de la FSSPX a été rapidement émoussée
en 2012, parce que ses prêtres étaient trop respectueux de l’autorité de leurs
chefs officiels qui voulaient revenir dans le giron de la Rome apostate. Ils
n’ont plus servi la vraie Église ou la vraie Foi, comme le faisait Mgr
Lefebvre, mais eux-mêmes. Au contraire, s’emparer d’une petite poche de Résistants
n’amènera pas nécessairement à s’emparer même d’une deuxième poche. Ainsi, la
Foi survivra jusqu’à ce que Dieu décide de restaurer en Son temps, dans la Foi,
la structure catholique.
2. Les dirigeants de la FSSPX trompés par les fonctionnaires romains apostats au milieu des années 1990 étaient-ils motivés par l’ambition personnelle ?
Ce n’est pas impossible, mais
leur problème était avant tout leur manque de foi dans les moyens divins pour
résoudre la crise de l’Église, en plus de leur confiance excessive dans la
politique purement humaine du Vatican. Contrairement à Mgr Lefebvre, ils ne
saisissent pas la dimension divine et pré-apocalyptique de la crise mondiale ;
ils la conçoivent donc en termes plus ou moins limités et mondains, ratant
ainsi complètement le coche. Comparez avec Mgr Lefebvre, qui a toujours eu en
vue la ruine complète de l’Église. Comparez également avec Mgr Viganò, qui
s’interroge constamment sur la chute universelle de l’Église et du monde,
provoquée par Vatican II.
3. Le Chapitre général de 1994 a-t-il prouvé clairement ces déficiences des dirigeants de la FSSPX ?
Prouvé, oui, mais prouvé
clairement, pas dans l’immédiat. Les participants à ce Chapitre général
donnaient l’impression de gentils enfants se livrant à des jeux, plutôt que de
guerriers d’âge adulte menant une lutte gigantesque pour la gloire de Dieu et
le salut des âmes dans un environnement extrêmement dangereux. Il faut être
saint pour croire au mal, disait Gustavo Corçao. Les chers et pieux jeunes
prêtres de ce Chapitre ne semblaient pas à la hauteur de la gravité du moment.
4. Quand selon vous les deux camps des Suivistes et des Résistants de la FSSPX se sont-ils séparés l’un de l’autre ?
Les éléments de division étaient
déjà sûrement présents dans les années 1980. Je connais un prêtre qui, en 1982,
après avoir professé pendant cinq ans à Ecône, a été envoyé outre-Atlantique
pendant plus de 25 ans, très probablement pour être mis à l’écart. Les jeunes
séminaristes devaient être préparés à obéir aux libéraux qui se voyaient déjà à
la tête de la FSSPX, en remplacement d’un Mgr Lefebvre vieillissant. Ce dernier
avait été merveilleux pour son temps, se disaient-ils, mais il était de plus en
plus dépassé à cause de sa condamnation implacable des modernistes romains. Car
ces modernistes étaient considérés comme la véritable Autorité de l’Église ;
qui plus est, ils devenaient meilleurs chaque jour ! Attention, ces dirigeants
libéraux de la FSSPX ne se considèrent pas comme des libéraux, bien au
contraire. Ils se voient même infiltrer la Rome moderniste et la convertir à la
Tradition catholique. Est-ce possible ? Ils n’ont aucune idée de la profondeur
et de la gravité de la croisade menée par les libéraux pour détruire l’Église
catholique.
5. L’affrontement Suivistes-Résistants a-t-il toujours existé au sein de la Fraternité St Pie X ?
Oui, certainement. Mgr Lefebvre
avait lu l’abbé Barbier (1851–1925) sur l’histoire de l’affrontement du
libéralisme avec le catholicisme aux 19ème et 20ème siècles. Il nous disait que
cette lecture lui avait fait comprendre que la seule différence, dans ce même
affrontement, entre avant et après Vatican II était qu’avant, c’étaient les
catholiques qui commandaient, alors qu’après, c’étaient les libéraux. Tant que
l’archevêque a été en vie, son magnétisme personnel a maintenu la FSSPX
catholique, mais dès sa mort en 1991, le magnétisme constant de Rome pour les
catholiques a commencé à reprendre son ascendant. Soyons patients. Dieu ne se
laissera pas faire, ni par le Diable, ni par les anges ou les ecclésiastiques
déchus.
Kyrie eleison.
mercredi 7 février 2024
L'enfer éternel (par l'abbé Chazal)
Chapitre 39
La perte de Dieu varie en proportion du degré d’aversion de Dieu
La damnation des catholiques est beaucoup plus lourde à supporter
lundi 5 février 2024
Où est le remède aux maux de la Tradition ?
samedi 3 février 2024
La validité des Consécrations
KE 864 (3 février 2024)
Sacre de Mgr Thomas d'Aquin (19 mars 2016) |
Évêques, prêtres ou sœurs, votre vie
est-elle creuse ?
Soyez en ordre avec Dieu ! Suivront des grâces nombreuses.
La validité des consécrations
épiscopales conférées selon le nouveau rite du pape Paul VI issu de Vatican II
a récemment fait l’objet d’une nouvelle controverse parmi les catholiques
traditionnels. Dit autrement, sommes-nous sûrs qu’un prêtre consacré dans ce
nouveau rite est véritablement devenu évêque lui-même ? La question est d’une
importance extrême, car de la validité des évêques dépend la survie même de
l’Église catholique et la possibilité pour les âmes d’aller au Ciel, car les
âmes ont absolument besoin de prêtres et de sacrements pour mourir dans cet état
de grâce sanctifiante sans lequel elles encourent le grave danger de tomber en
Enfer.
Il existe en gros deux écoles de
pensée sur la question. L’immense majorité des catholiques ne voit aucun problème,
y compris la Néo-fraternité Saint-Pie X, réorientée en 2012 par les successeurs
de Mgr Lefebvre à la tête de cette Fraternité (Mgr Lefebvre avait fondée
celle-ci en 1970 pour défendre la foi et l’Église contre les ravages de la
révolution conciliaire.) « Voyons, Vatican II (1962–1965) n’a pas pu être un
tel désastre, disent-ils, et les ennemis de Dieu n’ont pas pu recevoir Sa
permission d’atteindre un tel pouvoir dans l’Église, qu’ils aient pu réussir à
compromettre sérieusement les sources mêmes de son avenir », à savoir le rite
de consécration de ses futurs chefs. « L’idée même en est ridicule ! Vatican II
a été mauvais, mais pas à ce point. » Si, hélas !
Car regardez les fruits ! Ils
montrent infailliblement ce qui est à l’œuvre. Entre 20 ans avant et 20 ans
après le Concile, une multitude d’hôpitaux et d’écoles catholiques, de
couvents, de séminaires, de prieurés, de monastères ont tous été fermés ou
transformés en entrepôts pour les pommes (Ps 78, 1). Y a-t-il jamais eu à
n’importe quelle autre époque autant de vocations abandonnées, ou si peu de
nouvelles vocations, que dans la période qui a suivi Vatican II ? Pourquoi ?
Certainement parce qu’aujourd’hui, par exemple, les masses sont persuadées
qu’un travailleur social est plus utile qu’un prêtre. Là où il n’y a pas la
Foi, du moins telle qu’on la comprenait avant le Concile, l’évêque et le prêtre
ne sont plus que le pâle éclat de ce qu’ils sont, et il ne leur reste plus qu’à
se livrer à une mauvaise imitation de quelqu’un de complètement différent, comme
un travailleur social. Mais qui devrait prêcher cette Foi ? Les évêques et les
prêtres ! Avec Vatican II, le Diable a tout de même brillamment retourné
l’esprit des clercs ! Peut-être que, après tout, le nouveau rite de
consécration n’est pas complètement étranger au problème des évêques ...
L’abbé Alvaro Calderón est l’un
des meilleurs théologiens de la Fraternité, en poste au séminaire sacerdotal de
cette Fraternité en Argentine. Il y a plus de dix ans, il a écrit un traité sur
la question de la validité du nouveau rite de consécration des évêques. Il a
conclu que ce rite est « très probablement valide », mais pas de manière
certaine. Or, des évêques valides étant absolument essentiels à la vie et à la
survie de l’Église, cette ombre de doute est donc encore trop grande, et tous
les évêques catholiques seulement consacrés avec le nouveau rite devraient
consentir à être re-consacrés sous condition dans l’ancien rite également, avec
son ancienne forme sacramentelle certainement valide. De même, ajoute l’abbé,
tous les prêtres ordonnés uniquement selon le rite conciliaire devraient
demander une ré-ordination sous condition avec le rite traditionnel pour guérir
les graves défauts de leur sacerdoce conciliaire.
Et où l’abbé Calderón repère-t-il
l’ombre d’un doute ? En ce que l’intention du nouveau rite n’est pas de faire
des évêques revêtus d’une autorité royale, soutenus par l’autorité divine,
placés immédiatement au-dessus des agneaux, véritables nuées tonnantes de Dieu
; mais plutôt un gentil médiateur diocésain, un administrateur démocratique,
obéissant à la lettre à une religieuse féministe, sorte de dragon local qui
tyrannise tous les coqs des poulaillers à des kilomètres à la ronde, et qui
rêve du jour où enfin elle pourra célébrer les lambeaux qui restent de la
Sainte Messe — hommes, gardez les femmes à leur place, car hors de contrôle
elles sont insupportables ! Dieu premier servi !
Kyrie eleison