samedi 30 novembre 2019

Non Seulement… Mais Aussi…

Kyrie eleison 646 ( 30 novembre 2019 )

Monseigneur Williamson invite aujourd'hui les catholiques à mieux connaître leurs ennemis et aux non-catholiques à mieux connaître cette institution divine qu'est l'Eglise.

Connaître l’ennemi en guerre est nécessaire

Afin de se servir des armes salutaires.


Les numéros de ces « Commentaires » peuvent aisément se classer en deux catégories : il y a ceux qui traitent du problème de la société moderne et ceux qui traitent de la solution catholique. Il serait regrettable qu’un certain nombre de lecteurs ne s’intéressent qu’au problème et non à la solution, ou bien à la solution en oubliant le problème. Car, si je connais le problème sans en avoir la solution, je risque sérieusement de tomber dans le désespoir, spécialement aujourd’hui, quand on voit Dieu donner à Ses ennemis la permission de détruire Son Église, ou presque. Mais d’un autre côté, si le fait de connaître la solution m’incite à vivre dans l’illusion en minimisant le problème, alors mon système de défense est vulnérable, et je risque de me faire rattraper par le problème quand je m’y attendrai le moins.

Saint Paul est l’exemple type de celui qui connaissait et le problème et la solution. Car il comprenait d’autant mieux la solution du Nouveau Testament, à savoir : Jésus-Christ (Rom. VII, 24–25), que lui-même avait été un pharisien fervent selon ce pharisaïsme qui avait détourné l’Ancien Testament (I Cor XV, 8–10). C’est parce que Saint Paul avait personnellement fait l’expérience de l’impuissance de l’Ancien Testament à pardonner les péchés qu’il a si bien compris ce que le Christ par le Nouveau Testament avait apporté comme salut aux hommes. Un autre grand converti qui profita des nombreuses années qu’il passa dans l’hérésie fut saint Augustin, qui en devint l’un des plus grands serviteurs de la vérité catholique. Voilà pourquoi certains Français disent : « Un converti vaut deux apôtres. »

Et voilà pourquoi les catholiques d’aujourd’hui devraient se garder de mépriser la connaissance des ennemis de Dieu et de la façon dont ils Le combattent, aussi répugnant que soit ce combat. Et quant aux non-catholiques, ils seraient mieux avisés de ne pas mépriser l’Église catholique car, aussi déconfite qu’elle puisse paraître aujourd’hui, elle est toujours la seule institution à détenir les vraies solutions à tous les vrais problèmes du monde, c’est-à-dire aux problèmes humains. Car tous les problèmes proprement humains ne sont que le fruit pestiféré des péchés dans les âmes humaines par lesquels l’homme s’élève contre Dieu. Or Dieu seul, et non les psychiatres, peut pénétrer dans ces âmes pour accorder Son pardon, ce qu’Il choisit de faire uniquement par son divin Fils, et par l’Église achetée au prix de Son sang.

Alors, suggérons aux lecteurs non-catholiques de ces « Commentaires » de s’intéresser non seulement aux analyses que l’on y trouve sur les arts modernes ou la politique, mais aussi aux arguments qui peuvent à prime abord sembler n’être que de vaines chamailleries entre catholiques, tels les erreurs de Vatican II ou la glissade de la Fraternité Saint Pie X vers Vatican II. Car s’il est vrai que l’Église catholique est toujours la seule à détenir la vraie solution aux vrais problèmes de tous les lecteurs, néanmoins cette solution est vulnérable, pouvant constamment être falsifiée par les hommes pécheurs. Or, une fois falsifiée, la solution devient une partie du problème. De fait, Vatican II fut le point d’aboutissement logique de plusieurs siècles d’efforts déployés par ceux qui voulaient mettre l’Homme à la place de Dieu. Et quant à La Fraternité Saint Pie X, bien qu’elle ait été conçue et fondée en 1970 pour résister aux erreurs du Concile, elle est tombée, notamment depuis 2012, sous le charme maléfique de ces mêmes erreurs. Par conséquent, les non-catholiques qui cherchent de vraies solutions aux problèmes modernes (qu’ils ne connaissent que trop bien !), devraient examiner les arguments exposés ici à propos de Vatican II et de la FSSPX.

De même, aux lecteurs catholiques de ces « Commentaires » nous suggérons de ne pas suivre uniquement les propos concernant Vatican II et la dangereuse dérive de la Fraternité s’alignant sur le monde moderne, mais aussi les analyses qui fouillent en profondeur ce qui ne va pas dans ce monde. Car, si les dirigeants de la Fraternité vont à la dérive comme ils le font actuellement, n’est-ce pas dû au fait qu’ils sous-estiment le problème de ce monde ? Ne vont-ils pas tout droit à la défaite en menant une guerre sans connaître l’ennemi ? Pourtant, Mgr Lefebvre n’a-t-il pas dit que Vatican II était infesté par le subjectivisme ? Ce qui n’a pas empêché Mgr Fellay d’affirmer un jour que 95% des textes du Concile étaient acceptables ! Et maintenant, alors que Mgr Lefebvre répétait souvent qu’il fallait une longue cuillère pour souper avec les conciliaires romains, ne voit-on pas le successeur de Mgr Fellay, prenant exemple sur ce dernier, se comporter comme s’il se prend pour plus malin que les démons romains ? La vraie force de Mgr Lefebvre n’a pas tellement été son astuce, mais plutôt sa foi et sa fidélité à la vérité catholique. Il en va de même pour la Fraternité qu’il a fondée. Alors, en conclusion, enjoignons nos lecteurs catholiques de ne pas croire qu’ils puissent se passer des analyses de ces Commentaires sur la corruption moderne, même s’il n’est pas toujours agréable de la considérer. Cacher sa tête dans le sable se fait payer cher.

Kyrie eleison.

vendredi 29 novembre 2019

Anniversaire de la naissance de Mgr Lefebvre. Une leçon prophétique

Le 29 novembre 1905, naquit à Tourcoing Marcel Lefebvre.
Mgr Bernard Tissier de Mallerais rappelle, dans son ouvrage sur la vie du grand archevêque, la prophétie que Mme Lefebvre fit au sujet de son fils : 

«  En embrassant Marcel que lui présentait la servante Louise, elle fut éclairée par une de ces intuitions qui lui étaient coutumières et dit : “Celui-là aura un grand rôle à jouer dans la sainte Eglise auprès du Saint-Père” ».

Quel fut donc ce grand rôle que Mgr Lefebvre eut à jouer dans la sainte Eglise auprès du St Père ? Celle de suppléer, par sa fidélité à la Tradition,  à l'apostasie des papes depuis le concile Vatican II et de leur résister en face jusqu'à sacrer des évêques pour continuer ce que des papes fidèles auraient normalement fait et ainsi de sauver le sacerdoce catholique et toutes les grâces de salut qui en découlent. 

Si la naissance et les prophéties concernant Mgr Lefebvre sont une leçon qui confortent notre fidélité à cet homme de Dieu, son ultime testament adressé aux 4 évêques en 1988 ne l'est pas moins pour chacun d'entre nous et en particulier pour les évêques qui ont été sacrés. Celle surtout d'attendre que le Pape soit redevenu parfaitement catholique pour remettre entre ses mains la grâce de leur épiscopat. 
"....C'est pourquoi, convaincu de n'accomplir que la sainte Volonté de Notre-Seigneur, je viens par cette lettre vous demander d'accepter de recevoir la grâce de l'épiscopat catholique, comme je l'ai déjà conférée à d'autres prêtres en d'autres circonstances. 
Je vous conférerai cette grâce, confiant que sans tarder le Siège de Pierre sera occupé par un successeur de Pierre parfaitement catholique en les mains duquel vous pourrez déposer la grâce de votre épiscopat pour qu'il la confirme.  
Le but principal de cette transmission est de conférer la grâce de l'ordre sacerdotal pour la continuation du vrai Sacrifice de la Sainte Messe et pour conférer la grâce du sacrement de confirmation aux enfants et aux fidèles qui vous la demandent....."
 Livre à lire : Marcel Lefebvre - une vie. Par Mgr Tissier de Mallerais. Editions Clovis

mercredi 27 novembre 2019

Retour sur l'étude à propos des ralliés par M. Abbé Mérel : toujours actuelle !

Lors de l'été 2008, M. l'abbé Mérel publiait un article sur la question de l'assistance (et surtout de la communion) aux messes ralliées. Article rédigé sous la forme d'un dialogue entre un prêtre et un jeune homme. Cet article, rapporté par le sel de la Terre n° 70   fit grand bruit chez les ralliés de l'époque. Et pour cause, il visait juste ! En substance, l'abbé Mérel rappelait que, même si la messe des ralliés pouvait être bonne, le prêtre qui la célébrait n'était pas dans une position vraie par rapport à l'Eglise et sa Tradition authentique. Le prêtre se rattachait consciemment ou non, par le biais de sa congrégation et de ses supérieurs à la Rome moderniste. Ces lignes n'ont pas pris une ride et nous pensons qu'elles s'appliquent à la FSSPX qui se rattache désormais par le biais des sacrements à l'Eglise conciliaire.  Se pose bien évidemment la question de la communion à de telles messes quand on a compris l'enjeu de ce ralliement qui ne veut pas donner son nom.

Nous avons ensuite publié un commentaire rédigé à l'époque par la rédaction de "Disputationes Theologicae" (site rallié) qui est obligé de reconnaître la parfaite logique de l'abbé Mérel (sans la partager pour autant) et qui confirme les conséquences pastorales pour les fidèles. 

Discussion de parvis sur la messe des « ralliés » 

A la sortie de la chapelle, M. l'abbé discute avec un fidèle, Philippe, 17 ans. Au cours de la conversation, Philippe raconte son dernier week-end avec des amis en région parisienne. Et Philippe de dire que le groupe d'amis a choisi d'aller à une messe de ralliés...(N.B. : conversation fictive en style parlé).

Philippe: pourquoi vous faites cette tête-là, Monsieur l'abbé ? C’est quand même la bonne messe !
M. l'abbé: que la messe soit bonne, sans doute; mais ce n'est pas le principal.
Philippe: pas le principal ? Qu'est- ce qu’il vous faut de plus, Monsieur l'abbé ?
M. l'abbé: Eh bien, je prends une comparaison. Le rhum est une bonne chose, d'accord? (Philippe acquiesce en souriant d'un air en- tendu). Bon. Mais à chaque fois que l'on boit du rhum, on ne fait pas forcément une bonne action ? (Philippe comprend). Alors c'est pareil pour la sainte Messe. Que la messe en elle-même soit bonne, c'est une chose; mais il faut aussi qu'assister à cette messe soit bon; il faut que l’assistance à cette messe soit une bonne action.
Philippe: Oui enfin, quand même, le rhum et la messe, ce n'est pas pareil! Vous avez l’air de dire qu’on peut faire mal en assistant à la messe traditionnelle !
M. l'abbé: Tout à fait, c'est bien ce que j'ai voulu dire ! De même qu'on peut faire mauvais usage du rhum, de même il n'est pas forcément bien d'assister à une vraie messe. Cela peut même être mal.
Philippe: alors ça c’est la meilleure !
M. l'abbé: cher Philippe, c'est un peu compréhensible ton étonnement. Normalement, un catholique n'a pas à se poser de questions en assistant à une messe catholique. Mais en ce moment dans l'Eglise, il y a bien des choses anormales. Nous, par exemple, on dit la messe dans des salles aménagées comme on peut, avec l'hostilité du clergé de la région, avec une étiquette de pestiféré, d'excommunié, de schismatique... Beaucoup de gens ne viennent pas ici parce qu'ils croient que c'est mal. Pourtant c'est bien la bonne messe ! Ce qu'il y a, c'est qu'ils se trompent en pensant que c'est mal de venir ici.
Philippe: oui justement, ils se trompent, vu que c’est la bonne messe!
M. l'abbé: non, Philippe, fais attention. Leur problème ce n'est pas la messe; leur problème c'est qu'on leur a dit que c'est mal d'y aller.C'est tout différent. Eh bien, le problème avec les ralliés, il est du même genre: leur messe est bonne, d'accord; mais y aller, est-ce bon? C'est une autre affaire ! Tu vois la distinction ?
Philippe: d'accord, je vois la distinction. Mais je vois vraiment pas pourquoi c’est mal d'a1ler chez Saint-Pierre ou au Christ-Roi!
M. l'abbé: tu vois, quand on commence à se demander si assister à telle messe est bien ou mal, tout de suite on parle de celui qui dit cette messe. Intéressant, non?
Philippe: là, je ne vois pas bien. ..
M. l'abbé: Eh bien si ! on va dire, comme tu viens de le faire: je vais à la bonne messe chez Saint-Pierre, au Christ-Roi, chez Saint-Pie-X, à Saint-Georges, place Foch, ou rue Buisson etc:.. La messe dite dans ces différents cas est la même. Pourtant, assister ici ou là, ce n'est pas pareil. Cela dépend de celui qui la dit.
Philippe: mais pourquoi?
M. l'abbé: parce que la messe et le rhum ce n'est pas pareil ! Tout à l'heure tu aurais pu me dire: mais moi, je fais attention quand je bois du rhum; il n'y a jamais aucun problème; c'est toujours avec modération ! Mais la messe n'est pas quelque chose qui se consomme tout seul dans son coin, de façon privée.
Philippe: c’est quoi alors? Moi je vais à la messe pour me recueillir, pour prier. pour communier. Tant pis si le prêtre est à Saint-Pierre ou à Saint-Pie-X Vous n'avez qu'à vous arranger entre vous, après tout!
M. l'abbé: la sainte Messe est l'acte le plus élevé de culte public de l'Eglise. C'est-à-dire que c'est un acte avant tout social, dans lequel on honore Dieu et on en reçoit ses bienfaits, sous l'autorité de l'Eglise, société que Dieu a instituée pour pouvoir être honoré comme Lui le veut.
Philippe: là, Monsieur l'abbé, c'est un peu dur...
M. l'abbé: je recommence. En privé, tu peux prier le bon Dieu assez librement, quand tu veux, comme tu veux; c'est ta prière, en quelque sorte. Mais le bon Dieu a voulu être honoré aussi et surtout en réunissant les hommes autour de la croix, par la messe; et cela c'est la prière publique et officielle de l'Eglise. Elle rend ainsi à Dieu au nom de tous les hommes tout l'honneur et la gloire qui lui sont dues. La messe n'est donc pas une dévotion privée, ni des assistants ni des prêtres qui la disent. C'est un acte commun de culte, qui suppose que celui qui fait le culte (le prêtre) ait reçu de l'Eglise l'autorité pour le faire. Il doit dépendre d'un évêque, lequel dépend du pape. C'est pourquoi je parlais de l'autorité de l'Eglise.
Philippe: mais vous, Monsieur l'abbé, vous êtes indépendant de cette autorité.
M. l'abbé: Philippe, on arrive là au cœur du problème. Ce que tu dis, c'est ce que disent les conciliaires et ceux qui les croient, quand ils disent que assister à la messe chez nous n'est pas permis. Encore une fois, ce n'est pas parce que la messe qu'on dit est mauvaise qu'ils disent cela; c'est parce qu'on résiste à la hiérarchie, à Rome. Et nous on dit: il ne faut pas assister à la messe chez les ralliés, parce qu'ils se soumettent à la hiérarchie conciliaire.
Philippe: si je comprends bien, en fait, le fond du problème, c’est la soumission à la hiérarchie actuelle ?
M. l'abbé. Exactement ! Normalement dans l'Eglise, un prêtre est soumis à son évêque qui est soumis au pape; du coup il reçoit une mission de célébrer la messe et les autres sacrements pour une portion des fidèles de l'Eglise. Or, depuis une trentaine d'année, il se trouve que pour garder la foi, les fidèles ont demandé à des prêtres qui eux aussi voulaient la garder, de s'occuper d'eux, au point de résister aux évêques et au pape. Leur but n'était pas de résister pour résister, en bons gaulois qu'ils étaient, mais de défendre leur foi face à des décisions de Rome qui contribuaient à faire perdre la foi aux fidèles.
Philippe: quelles décisions?
M. l'abbé: eh bien par exemple, la promulgation de la nouvelle messe de Paul VI, en 1969. Mais avant, il y a eu le concile, avec plusieurs mauvais textes, notamment sur l'œcuménisme, la liberté religieuse. Plus tard, il y a eu les changements sur les autres sacrements, puis le nouveau Droit Canon, en 1983. Il y a eu tous les scandales de l'œcuménisme, comme Assise, en 1986. Et puis il y a eu la lutte farouche contre Mgr Lefebvre qui pourtant ne faisait, comme il le disait souvent, que ce qu'il avait fait pendant toute sa vie, avec approbation de Rome. En 1988, Mgr a sacré des évêques parce qu'il a compris que Rome voulait détruire la Tradition. La foi des fidèles continuait à être menacée. C'est là l'essentiel qu'il faut bien comprendre: la hiérarchie, les évêques, le pape, sont là pour conduire les prêtres et les fidèles dans la foi. S'ils ne le font pas, les fidèles et les prêtres doivent résister et chercher à garder la foi ; ce qui est une forme de soumission plus haute finalement.
Philippe: bon...bon... mais la messe chez les ralliés dans tout ça Je vais y perdre la foi?
M. l'abbé: Il faut prendre le problème par l'autre bout...
Philippe (interrompant): l’autre bout?
M. l'abbé: oui, l'autre bout. La question de savoir si je vais perdre la foi est capitale. Mais ce qu'il faut se demander, c'est: quelle est, face à la messe des ralliés, l'attitude de foi qui convient ? Dans ta question, n'y a-t-il pas un sous-entendu, du style: si je fais attention, vu que c'est quand même la bonne messe, il n'y aura pas de problème. Comme pour le rhum. Je me trompe ?
Philippe: non, Monsieur l'abbé, on est d'accord !
M. l'abbé: Il faut donc voir l'autre bout, celui que j'ai expliqué tout à l'heure. La messe est avant tout un acte public et hiérarchique. La messe d'un prêtre rallié est la messe d'un prêtre qui, officiellement au moins, obéit à l'évêque du lieu et au pape; un prêtre qui va donc recevoir de temps en temps son évêque pour des cérémonies; un prêtre qui ne prêche pas que la nouvelle messe est mauvaise, dangereuse pour la foi; un prêtre qui va donc rassembler autour de lui des fidèles plus faibles dans leur foi, moins au courant des dangers sérieux qui menacent la vie chrétienne dans l'église conciliaire; un prêtre, qui, s'il est logique avec lui-même, estime que la situation de l'Eglise aujourd'hui est grosso modo normale, en tous cas assez normale pour rendre la résistance publique de la Fraternité Saint-Pie X illégitime; un prêtre qui en obéissant à des autorités libérales et modernistes va inévitablement dévier; un prêtre qui finalement trahit tout ce qu'a fait Mgr Lefebvre, qui trahit les âmes, les trompe, en leur faisant croire, par sa soumission publique à la hiérarchie, que le pape conduit vraiment ses brebis et ses agneaux dans les sentiers de la vraie foi...
Philippe: vous y allez un peu fort, Monsieur l'abbé !
M. l'abbé: Monseigneur parlait comme cela en son temps l Un prêtre rallié, actuellement, n'a pas une position juste dans l'Eglise. Il n'est pas en ordre avec le bon Dieu. Il n'est pas dans la vérité. Il est entre deux chaises, tiraillé entre son désir de bien faire, et sa soumission aux autorités conciliaires. Ses sermons s'en ressentent obligatoirement. La table de presse, les revues aussi; il y aura des documents de l'évêché au fond de l'église. Il y a encore le risque sérieux, avec le temps, de se laisser attiédir par le contact de fidèles bien moins formés dans la foi; risque aussi de se laisser attirer, soit par une doctrine plus accommandante, soit éventuellement par la sympathie des gens ou des prêtres.
Philippe: Donc, on ne peut jamais assister à la messe chez les ralliés?
M. l'abbé: on ne peut jamais déplaire à Dieu l Ces messes ne sont pas pour nous ! Si pour des raisons exceptionnelles on est amené à être présent à une cérémonie des ralliés, il convient de garder une attitude discrète, évitant de donner l'impression qu'on adhère à leur soumission aux évêques et au pape. Par exemple en s'abstenant de communier. C'est qu'il faut penser aussi à l'exemple que l'on donne autour de soi.
Philippe: et le dimanche, si c'est la seule messe accessible?
M. l'abbé : si tu as bien compris notre conversation, tu peux conclure toi-même que le dimanche, dans ce cas, on n'est pas obligé d'assister à cette messe-là. On ne peut pas être obligé d'assister à la messe d'un prêtre qui ne confesse pas publiquement que l'Eglise conciliaire met la foi des fidèles en danger. Ce n'est pas possible d'être obligé dans ces conditions. Le bon Dieu te donnera des grâces autrement, ne serait-ce qu'en récompensant ta courageuse fidélité, ton attachement à la vérité.
Philippe: à la vérité?
M. l'abbé: oui, à la vérité. Résumons un peu. Je disais au début: la messe des ralliés est bonne; mais là n'est pas la question. La question c'est: est-ce vraiment bon d'y assister? Est-ce que je me rattache vraiment, en toute vérité, à l'Eglise, à Notre Seigneur par cette messe? La réponse est non, parce que le prêtre rallié n'est pas dans une position vraie, il ne résiste pas aux mauvais pasteurs alors qu'il le devrait. Il se trompe, et trompe les gens. Comment veux-tu ensuite trouver à ses cotés, sous son influence, sous son autorité de prêtre, un véritable amour de la vérité, de Notre Seigneur, de l'Eglise, du pape même ? Il est dans le faux sur une question essentielle !
Philippe: décidément, cela va plus loin que ce que je croyais !
M. l'abbé: oui, il faut reconnaître que ce n'est pas évident. Aujourd'hui il faut se former plus que jamais, savoir ce qu'on fait. Le danger est partout. Mais c'est aussi une période extraordinaire, comme disait Mgr Lefebvre, car cela nous pousse à aimer plus véritablement l'Eglise, Notre Seigneur, à demeurer forts dans la foi ! Et c'est aussi le meilleur service de charité que l'on peut rendre à ceux qui ont encore du mal à saisir toutes les difficultés de la situation actuelle. Soyons les témoins de la vérité, de la volonté de Dieu !

Abbé Jacques Mérel
Fraternité sacerdotale Saint Pie X

Article paru dans Le Pélican juillet 2008

--------------------------------

Commentaire par un rallié de l'époque qui avait bien compris que l'abbé Mérel visait juste : 


Une argumentation très structurée

On trouve chez un théologien de la Fraternité, l’abbé Jacques Mérel (ancien professeur au séminaire d’Ecône, en poste au sein du même district de France), une pensée bien plus profonde spéculativement, et bien mieux structurée dans son argumentation. Dans un article [1] qui a fait école, étant reproduit à de nombreuses reprises depuis 2008 dans diverses publications locales de la Fraternité, et qui a peut-être inspiré les propos plus vagues de son supérieur, il s’exprime en des termes théologiques accessibles et selon un raisonnement extrêmement bien construit. Son raisonnement est simple : la messe de saint Pie V, prise en elle-même, est une chose bonne ; en revanche, assister à la messe de saint Pie V n’est pas toujours une chose bonne, mais dépend des circonstances. On pourrait, jusqu’ici, être d’accord. Mais M. l’abbé Mérel poursuit en affirmant que là où la messe est célébrée par un prêtre dépendant de la commission Ecclesia Dei, il serait mauvais d’y participer. Car on peut faire, explique l’auteur, un usage mauvais d’une chose bonne. En buvant du rhum – l’exemple est tiré du texte – qui est une chose bonne en soi, on peut aussi s’enivrer, et donc commettre un péché. Et quelles seraient les circonstances qui rendraient mauvaise, ici, la participation à la messe ? M. l’abbé Mérel poursuit : « Il ne faut pas assister à la messe chez les ralliés [entendez par là les « traîtres » qui dépendent d’Ecclesia Dei et non pas de la Fraternité – en rapport avec le « ralliement » des catholiques français à la République sous le pontificat de Léon XIII], parce qu’ils se soumettent à la hiérarchie conciliaire ». Et un peu plus loin : « La messe d’un prêtre rallié est la messe d’un prêtre qui, officiellement au moins, obéit à l’évêque du lieu et au pape […] un prêtre qui, en obéissant à des autorités libérales et modernistes va inévitablement dévier, un prêtre qui, finalement, trahit tout ce qu’a fait Mgr Lefebvre, qui trahit les âmes, les trompe ».

L’auteur ne met pas de côté non plus les questions pastorales, mais elles restent secondaires dans l’économie de son discours : il affirme par exemple que le fidèle trouvera dans les églises des « ralliés » des publications pleines d’erreurs qui pourraient le troubler, ou qu’il devra écouter des homélies peu orthodoxes, faites durant la messe traditionnelle par des prêtres qui ne le sont pas, ou même fréquenter « des fidèles bien moins formés dans la foi », et qu’il risque donc à leur contact « de se laisser attirer ». M. l’abbé Mérel, avec le talent qui le caractérise, donne donc le véritable motif théologique qui fonde son discours : ce n’est pas un argument individuel et circonstanciel, qui concernerait les prêtres qui prêchent « mal » ; c’est un argument universel, qui concerne absolument tous les prêtres « ralliés », sans exception : le prêtre soumis canoniquement à Rome « n’a pas une position juste dans l’Eglise. Il n’est pas en ordre avec le bon Dieu ». Et il conclut : « On ne peut pas déplaire à Dieu ! Ces messes ne sont pas pour nous ! ». Et si, pour des raisons exceptionnelles, il fallait assister aux messes des instituts Ecclesia Dei, il serait donc nécessaire de « s’abstenir de communier », afin de montrer ostensiblement une résistance passive. Il applique donc ici l’assistance prévue par les moralistes à un rite protestant ou gréco-schismatique.

En somme, assister à la messe d’un prêtre qui n’adhère pas aux positions de la Fraternité est un péché (ndlr : c'était avant 2012 et avant les paliers canonique) , puisque c’est une chose qui « déplaît à Dieu » en raison du ministre. Si on ne doit pas y participer, ce n’est pas en raison de l’hétérodoxie de l’homélie, qui est pour lui un facteur secondaire et variable, mais en raison du seul fait que le célébrant soit soumis à une autorité à laquelle il ne faudrait rien faire d’autre, sous peine de péché, que résister. Remarquons d’ailleurs que l’auteur ne prend pas le risque de rendre licite l’assistance aux messes sans homélie – il serait alors obligé d’admettre que le sacrement est valide, licite, et ne risque pas de contaminer la foi des fidèles ; ni d’interdire la participation aux messes de prêtres de la Fraternité qui tiennent des propos dangereux pour la foi. C’est la soumission canonique à Rome, et elle seule, qui fait qu’on ne peut communier à la messe : le moyen-terme du raisonnement étant que tout prêtre qui se trouve dans cette situation omet de résister à Rome.

[1] Abbé Jacques Mérel, « Discussion de parvis sur la messe des ralliés », in Le Pélican, juillet-août 2008 ; publié intégralement dans Le Sel de la Terre, n°70, Automne 2009, pp. 188-193.

lundi 25 novembre 2019

La révolution contre le père

Les dominicains d'Avrillé viennent de publier un excellent article concernant la destruction du
Le diplôme préféré de la république Française
rôle paternel. Il rejoint le constat fait dernièrement par SE Mgr Williamson. Il ne se passe pas un jour, voire une heure, sans que nous soyons les témoins de faits gravissimes et proprement impensables à l'encontre du père : féminisme délirant, procédures et persécutions contre les pères de famille par le biais d'épouses révoltées (même parmi des catholiques de la tradition !) etc ....  Ces pauvres femmes ne se rendent pas compte que leurs enfants sans père seront les futurs esclaves de la république. Ce n'est pas une simple décadence morale liée à une usure mais le produit logique de la "révolution" organisée par les loges. A chacun d'entre nous d'en prendre la mesure et de lutter contre ce mécanisme diabolique.


Il y a cinquante ans, en 1969, le docteur Pierre Simon, pionnier français de la pilule contraceptive, était élu grand maître de la Grande Loge de France. Dix ans plus tard, en 1979, ayant réussi à faire légaliser l’avortement, il expliquait que ce n’était que le début du plan maçonnique. L’étape suivante était l’insémination artificielle (devenue aujourd’hui PMA : procréation médicalement assistée), qui allait permettre d’éliminer le père :
Avec la pilule, on dispose d’une vie sexuelle normale sans procréation ; avec l’insémination artificielle, la procréation va se dérouler sans acte sexuel […]. La sexualité sera dissociée de la procréation, et la procréation de la paternité. C’est tout le concept de famille qui est en train de basculer ici : le père n’est plus le géniteur, mais celui qui élève l’enfant. […] [Il y aura] d’un côté le couple affectif et sexuel – la femme procréatrice, l’homme non géniteur – ; de l’autre, la société, médiatisée par le médecin, qui rapproche la demande d’enfant d’une disponibilité de semence anonyme, contrôlée et gouvernée par la « banque du sperme » […] [1].
A l’heure où nous écrivons ces lignes, ce basculement atteint son point critique, puisque le Parlement français s’apprête à légaliser la « PMA pour toutes ». Certains enfants n’auront donc même pas de père adoptif. Quelles en seront les conséquences ?

Le syndrome des janissaires

Si les éducateurs observent depuis longtemps les carences dont souffrent les enfants privés de père, Bernard Gibello en a trouvé un type saisissant dans les janissaires de l’empire ottoman : arrachés tout petits à leurs parents chrétiens pour être enrôlés de force dans l’armée musulmane, ces malheureux devenaient des guerriers fanatiques, compensant leur besoin d’un père par une soumission inconditionnelle au tyran turc. André Bergevin résume et commente ainsi les analyses du psychologue : 
Les traits de caractère présentés par les enfants sans éducation paternelle consistante ont été rassemblés par Gibello sous le nom de syndrome des Janissaires ; en effet ces soldats d’élite (fréquemment homosexuels) tenaient leurs particularités au fait d’avoir été enlevés à leurs familles (chrétiennes) et d’avoir subi, en milieu musulman, une déstabilisation religieuse et surtout un conditionnement leur faisant remplacer l’image de leur père réel, par l’image abstraite du sultan au service duquel ils mettaient servilement leur agressivité. 
[…] Des personnalités semblables étaient nombreuses chez les redoutables S.A. hitlériens. On peut aussi rappeler que Armand Maloumian qui connut le Goulag de l’intérieur, raconte qu’en 1948, le N.K.V.D. organisa des orgies sexuelles entre déportés et déportées jusqu’alors rigoureusement séparés. On fit ensuite croire aux femmes enceintes qu’elles seraient libérées au bout d’un an, pour qu’elles prennent soin de leur progéniture. Évidemment il n’en fut rien, mais leurs enfants furent confisqués par l’État soviétique qui les éleva dans des écoles spécialisées, pour en faire, principalement, des policiers intégralement dévoués à la cause de leur seul père identifiable : l’État communiste. Il est instructif de voir comment des régimes autoritaires, très variés, et à des époques différentes, ont su parfaitement instrumentaliser l’agressivité domesticable et instrumentalisable des enfants sans père et sans famille. 
Ceux qui démolissent aujourd’hui l’autorité paternelle, souhaitent-ils les autoritarismes qui demain pourraient avoir besoin de « Janissaires » pour imposer des dictats peu populaires ? Est-ce un hasard si (en 1997) un haut gradé de la Gendarmerie, dans une réunion d’étude, définissait spontanément et curieusement ses nouvelles recrues ainsi : « ni Dieu, ni père ! ». La première partie de la définition est banale en cette époque matérialiste, mais la seconde peut surprendre ceux qui ne connaîtraient pas les travaux de Gibello. […] 
Les hommes ont tellement besoin d’un père à honorer et à suivre, que s’il est absent ou simplement évanescent, et si Dieu est ambigu, ils peuvent se rabattre sur l’image d’une autorité étatique, et se satisfaire de ce substitut, qu’avec leurs pairs, ils serviront aveuglement les armes à la main. Tout déclin du paternalisme est une chance pour l’autoritarisme centralisé, c’est-à-dire une chance pour la tyrannie [2].
La logique révolutionnaire
Dans la France des valeurs républicaines, ce scénario suscite de curieuses résonnances. N’a-t-on pas pu dire que la Déclaration des droits de l’homme avait été écrite pour un citoyen « naissant enfant trouvé et mourant célibataire [3] » ? « En coupant la tête de Louis XVI – renchérissait Balzac – la République a coupé la tête à tous les pères de famille [4] ». Dès 1792, Rabaut Saint-Étienne, président de l’Assemblée nationale, proclamait que l’État doit « s’emparer de l’homme dès le berceau, et même avant sa naissance, car l’enfant qui n’est pas né appartient déjà à la Patrie [5] », tandis que le député révolutionnaire Joseph Lequinio, soucieux de fraternité universelle, proclamait : « Il serait heureux pour l’espèce humaine, que tous les enfants ne connussent point leur père [6]. »

Un acharnement diabolique
Après l’autorité surnaturelle de l’Église, rien ne contrarie davantage la Révolution que l’autorité naturelle du père de famille, précisément parce qu’elle est naturelle c’est-à-dire indépendante de l’État. Comme toute idéologie totalitaire, la Révolution ne peut supporter une autorité antérieure à la sienne. Depuis deux cents ans, sous prétexte de « libérer », elle travaille sans relâche à isoler les individus, en les privant de toute racine, toute tradition, toute attache, tout lien humain et toute protection naturelle face à l’État tout-puissant. Dès 1793, le futur rédacteur du Code civil proclamait hautement :
La voix impérieuse de la raison s’est fait entendre. Il n’y a plus de puissance paternelle. Un homme ne saurait avoir de pouvoirs directs sur un autre, fût-ce son fils [7].

Le Code civil de Napoléon
napoleon code

Dans cette destruction méthodique de la famille, la responsabilité du Code civil napoléonienest écrasante. Mgr Delassus constatait :
Ce code a été fait pour détruire les familles, abolir l’hérédité, anéantir les traditions locales et isoler les individus, annihiler et détruire progressivement toutes les influences territoriales et industrielles au bénéfice du capital anonyme et cosmopolite […]. Il n’y a plus chez nous, légalement du moins, que des familles instables. L’esprit et le texte du Code civil sont opposés à toute consolidation, à toute perpétuation. Il n’attache à la famille que l’idée d’une société momentanée qui se dissout à la mort d’un des contractants [8].
Pour appuyer ses dires, le prélat contre-révolutionnaire citait Frédéric Le Play déplorant « le lamentable spectacle de la liquidation perpétuelle qu’opère le partage forcé des héritages » et il soulignait que cet effet était prévu et explicitement voulu. Le 6 juin 1806, Napoléon écrivait à son frère Joseph, devenu roi de Naples :
Je veux avoir à Paris cent familles, toutes s’étant élevées avec le trône et restant seules considérables. Ce qui ne sera pas elles va se disséminer par l’effet du Code civil. Établissez le Code civil à Naples ; tout ce qui ne vous est pas attaché va se détruire en peu d’années, et ce que vous voulez conserver se consolidera [9].
Ce plan cynique venait d’Angleterre. Au 18e siècle, la reine Anne imposa aux Irlandais catholiques le partage égal et forcé, conservant aux protestants la faculté de tester selon les lois anglaises ; le sol d’Irlande passa ainsi peu à peu, inexorablement, aux mains des lords protestants
Du divorce à l’union libre
Même cynisme dans la légalisation du divorce. Officiellement, la loi d’Alfred-Isaac Naquet(1881) ne visait que quelques cas extrêmes, particulièrement douloureux. Mais peu à peu, toutes les restrictions disparaissent. Alors que cette loi de 1881 prohibait encore, en cas d’adultère, le mariage entre complices, l’interdiction est supprimée en 1904 ; le délai avant un nouveau « mariage » est abrégé en 1907 et, progressivement, tout est fait pour faciliter la procédure.

S’agit-il d’une dérive ? Évidemment non, puisque Naquet publiera en 1908 un ouvrage très clairement intitulé : Vers l’union libre. Mais il fallait procéder par étapes. Naquet confiait à son ami P. Abram :
Pour légitimer l’union libre, il faudrait un changement de notre mentalité. Car, au fond, le mariage nous est plutôt imposé par nos mœurs que par nos lois… Or on ne change pas la mentalité d’une nation par un décret ou une loi, surtout quand cette mentalité est, comme la nôtre, aussi imbue de préjugés catholiques [10].
Pour « déconstruire » ces « préjugés », il faut recourir à la ruse et au mensonge. Descendre lentement l’escalier, en assurant solennellement à chaque marche qu’il n’est aucunement question de descendre la suivante et en marquant, au besoin, une pause suffisamment prolongée pour faire oublier la promesse.

En 1884, dans la loi Naquet, le divorce n’était qu’un remède exceptionnel, sanctionnant une faute grave. Dès 1886, la procédure est simplifiée. On passe rapidement de 3000 divorces en 1885 à 23 000 en 1938, 35 000 en 1950, 110 000 en 1981. Entre temps, en 1975, on a légalisé le divorce par consentement mutuel.

De la contraception à l’avortement
Mêmes techniques de manipulation pour attaquer l’enfant à naître.

En 1963, pour promouvoir la contraception, le Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF) la présente comme le remède contre l’avortement, et, pour les besoins de la cause, met en garde contre celui-ci :
Il détruit la vie d’un bébé après qu’elle a commencé. Il est dangereux pour votre vie et votre santé. Il peut vous rendre stérile.
 Une fois la contraception admise, le Planning familial « oublie » qu’elle était censée barrer la route à l’avortement, et commence à demander la légalisation de celui-ci. En 1970, le Docteur Elton Kessel avoue au congrès de la Fédération internationale du Planning Familial (IPPF) à Tokyo :
Si jusqu’à présent l’avortement n’a pas été préconisé par les responsables du Planning familial, c’est que cela aurait nui à la réputation du mouvement. Maintenant que les esprits évoluent, le Planning familial peut changer de tactique [11].
En parallèle, pour émouvoir l’opinion publique, on n’hésite pas à truquer les chiffres, en multipliant par six le nombre des avortements clandestins, et par quarante celui des femmes mortes des suites d’un avortement [12].

Vers l’enfant sans père

Les grandes manœuvres pour la fabrication artificielle d’enfants sans père commencent dans les années 1990. Dès qu’a été obtenue la PMA pour les couples souffrant d’infertilité (1994), la campagne pour les « couples » homosexuels est lancée.

Le 3 novembre 1998, Élisabeth Guigou, garde des Sceaux et ministre de la Justice, défend en ces termes le projet de Pacte civil de solidarité(Pacs) à l’Assemblée nationale :

Les opposants au PACS prétendent que celui-ci serait dangereux pour le mariage. […] Certains ajoutent encore une menace : le pacte ne serait qu’une première étape vers le droit à la filiation pour les couples homosexuels ! Ceux qui le prétendent n’engagent qu’eux-mêmes. […] Je dis avec la plus grande fermeté que ce droit ne doit pas être confondu avec un hypothétique droit à l’enfant. Un couple, hétérosexuel ou homosexuel, n’a pas de droit à avoir un enfant en-dehors de la procréation naturelle. Les lois récentes sur la procréation médicalement assistée […] n’ont pas pour but de permettre des procréations de convenance sur la base d’un hypothétique droit à l’enfant.

Je n’ignore pas les procès d’intention sur un éventuel « après » de cette proposition de loi qui préparerait des évolutions plus fondamentales de notre droit. Ce texte serait « une valise à double fond ». Je m’élève avec la plus grande énergie contre de telles insinuations.


Ce vocabulaire de contrebande, qui fait croire que ce texte cacherait autre chose et que vos rapporteurs et le Gouvernement exerceraient une fraude à la loi, est inacceptable.
Quatorze ans plus tard, la même Élisabeth Guigou explique qu’il s’agissait d’une ruse :

A l’époque, l’important était de faire passer le PACS. Il y avait une résistance farouche au PACS à l’Assemblée, mais aussi dans la société avec des manifestations, des débordements verbaux inadmissibles […] Donc, l’important, c’était de dissocier le PACS du mariage, sur le plan légal et sur le plan symbolique. En 1998, il n’était pas possible de mettre sur la table la question du mariage homosexuel, même au sein du gouvernement, il a fallu que j’insiste. A l’époque c’était quelque chose qui était beaucoup moins admis dans la société, vous ne trouverez plus personne opposé au pacs aujourd’hui. Aujourd’hui, j’ai évolué sur le mariage, j’ai considéré, en parlant avec les associations que, dès lors qu’il s’agissait de consentement mutuel entre deux adultes, il n’était pas possible de refuser une égalité des droits. La société a beaucoup évolué, moi même je garde mes interrogations sur l’adoption ; il faut trouver comment écrire dans le code civil comment s’organise la filiation d’un enfant qui est adopté par un couple homo.
En réalité, le but avait été clairement annoncé, dès 1900, par les grands pontes de la Ligue (maçonnique) des droits de l’homme, qui déclaraient, lors de l’exposition universelle de Paris :
Partisan résolu de l’éducation intégrale de l’enfant par la collectivité, notre groupe ne reconnaît pas l’utilité de la protection des parents […] notre groupe est socialiste révolutionnaire, par conséquent internationaliste antipatriote. Dans la famille, nous voyons l’embryon de la tribu, de la province, de la nation ; dans le paterfamilias, l’embryon du chef, du seigneur, du roi. […] Nous voulons la personnalité autonome dans la société harmonique. Point n’est besoin de la succession d’intermédiaires : famille, province, nation, entre l’individu et la collectivité. Point de famille, partant point de tyrannie du chef de famille. La famille naturelle de l’individu, c’est l’humanité [13].
Derrière ce cri de haine contre la famille humaine, on reconnaît aisément la révolte du prince de l’égoïsme : le démon Lucifer. Enfermé dans la stérilité de son orgueil, qui ne peut enfanter que le mensonge, Satan ne peut supporter la pensée du Dieu-Père, qui non seulement, de toute éternité, donne sa vie divine au Verbe éternel mais qui, en plus, a voulu créer les hommes pour les élever à cette filiation divine, en les incorporant à son Fils unique.
« Les ennemis contre lesquels nous avons à lutter ne sont pas des êtres de chair ; ce sont les Principautés et les Puissances de l’enfer, les chefs du monde des ténèbres, les esprits malfaisants répandus dans l’univers. Prenez donc les armes de Dieu, pour être capables de résister à l’heure du combat […]. Avant tout, ayez la foi ; elle est le bouclier où viendront s’éteindre les flèches incendiaires du Malin. » [Eph 6]


[1] — Pierre Simon (1925-2008), De la vie avant toute choses, Paris, Mazarine, 1979, p. 221-222. Cité par Christian Lagrave dans Le Sel de la terre 94, p. 103.

[2] — André Bergevin, Révolution permissive et sexualité, De la tolérance comme argument à la transgression comme processus, Pars, F. X. de Gibert, 2003, p. 366-367.

[3] — La formule est d’Ernest Renan, dans la préface de ses Questions contemporaines (Paris , Lévy, 1868, p. III).

[4] — « Sais-tu, mon enfant, quels sont les effets les plus destructifs de la Révolution ? Tu ne t’en douterais jamais. En coupant la tête à Louis XVI, la Révolution a coupé la tête à tous les pères de famille. Il n’y a plus de famille aujourd’hui, il n’y a plus que des individus (…). En proclamant l’égalité des droits à la succession paternelle, ils ont tué l’esprit de famille, ils ont créé le fisc ! Mais ils ont préparé la faiblesse des supériorités et la force aveugle de la masse, l’extinction des arts, le règne de l’intérêt personnel (…). Nous sommes entre deux systèmes : ou constituer l’État par la Famille, ou le constituer par l’intérêt personnel : la démocratie ou l’aristocratie, la discussion ou l’obéissance, le catholicisme ou l’indifférence religieuse, voilà la question en peu de mots. » Honoré de Balzac, La Comédie humaine, Scènes de la vie privée, Mémoires de deux jeunes mariées (1840) (Œuvres complètes de H. de Balzac, vol. 2, A. Haussiaud, 1855, p. 45). — Même interprétation de la Révolution chez la féministe Élisabeth Badinter (L’un est l’autre, Paris, Odile Jacob, 1986, p. 192-198).

[5] — Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne (1743-1793), membre du Comité d’instruction publique de la Convention, discours à la Convention, 21 décembre 1792 .

[6] — Joseph Lequinio (1755-1812), Les préjugés détruits, chapitre XV, Des bâtards, Paris, Desenne, 1793, p. 160.

[7] — Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824), discours à la Convention, 9 août 1793.

[8] — Mgr Henri Delassus, L’Esprit familial dans la maison, dans la cité et dans l’État, Desclée, Lille, 1910, p. 133-135. — Voir à ce sujet : Jean Gasselin, « Mgr Delassus et l’esprit familial » dans Le Sel de la terre 81, p. 23-28.

[9] — Cité par Mgr Henri Delassus, ibid., p. 133.

[10] — Cité par Paul Abram, L’Évolution du mariage (Paris, E. Sansot, 1908, avec préface de Léon Blum), p. 117. Voir aussi les autre citations données par Christian Lagrave dans Le Sel de la terre 94, p. 96-97.

[11] — Cité par Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé, L’Avortement de papa, Paris Fayard, 1971, ch. 1.

[12] — Sur le truquage des statistiques par l’INED, en France, voir Bel et Lagrange, Complot contre la vie (SPF, 1979), ainsi que l’article de Jean Legrand dans Itinéraires 322 (avril 1988), avec la réponse de l’INED dans Itinéraires n° 327. — Sur le truquage des statistiques aux États-Unis, voir l’aveu du Docteur Nathanson (« Nous avons falsifié le nombre des avortements illégaux »), dans Présent du samedi 23 novembre 1985.

[13] — Lucien Brunswick (membre du comité central de la Ligue des droits de l’homme), discours au congrès féministe organisé à Paris lors de l’exposition universelle de 1900 (5-8 septembre) avec Ferdinand Buisson et René Viviani. (Congrès international de la condition et des droits de la femmes, Paris, 1901, p. 388-389 ; cité par Christian Lagrave dans « Le féminisme contre la famille », Le Sel de la terre 94, p. 94.)

La nécessaire réparation après le synode

Allocution de l'abbé Salenave à Paris le 24 novembre 2019

Lien pour télécharger en MP3 : ici


dimanche 24 novembre 2019

La Dérive du Monde

Commentaire Eleison n°645 - 23 novembre 2019

Par SE Mgr Williamson


Les arbres d’Amazonie peuvent-ils battre des mains ?
Dieu seul pourrait le faire. Nous sommes tous des nains.


Ce n’est pas seulement la Fraternité Saint Pie X qui part à la dérive, c’est le monde entier qui, dans l’âme de l’homme moderne, part à la dérive, On ne peut ni « faire d’une buse un épervier », ni « d’un sac de son, tirer de la farine ». De même il ne sert à rien de croire que les institutions d’hier ne seront pas vidées de leur substance par les hommes d’aujourd’hui, car des baudruches percées peuvent-elles rester bien gonflées ? Nous reproduisons ci-après l’intéressante réponse d’une personne réfléchie, à qui l’on demandait ce qu’elle prévoyait comme avenir pour la « Résistance », pour la FSSPX, pour l’Eglise et pour le monde :

Quant à la « Résistance » , ses effectifs n’augmenteront pas beaucoup. Faute du matériau approprié, il n’y aura pas de grandes moissons d’âmes. Comment pourrait-on construire quoi que ce soit de catholique avec des gens qui n’ont plus, ou peu, l’idée du vrai et du faux, du bien et du mal, de ce à quoi il convient résister ? La vérité et le droit ont été minés ; de plus en plus de gens renoncent à croire qu’ils sont d’une importance quelconque. Et pourquoi cela ? La première raison en est que l’homme est un animal social qui prend sa couleur de ceux qui l’entourent. Or aujourd’hui les hommes ont abandoné en masse la vérité et le droit. La deuxième raison vient de ce que la vie est beaucoup moins exigeante lorsque la vérité et le droit ne représentent plus rien. Chacun peut alors se laisser aller au fil du courant ; il n’y a plus rien qui vaille la peine qu’on résiste au tendances dominantes.

Quant à la FSSPX, si Mgr Fellay est un pleutre, sa couardise contaminera toute la Fraternité et s’étendra bientôt à toute l’Église, dans la mesure où la Fraternité de Mgr Lefebvre représentait, à son apogée, l’épine dorsale de l’Église. Cette force une fois enlevée, on verra prévaloir un conciliarisme mitigé, avec un Missel hybride mêlant la Messe tridentine à la Nouvelle Messe, avec la fameuse « herméneutique de la continuité » mêlant la doctrine catholique à Vatican II, avec des prêtres et des rites douteux, offrant un renouveau des illusions déjà expérimentées dans les années 50. Pour finir, l’Église n’aura plus personne pour dire la Vérité ; la « lumière du monde » ne donnera plus qu’une lueur blafarde et facultative, et le « sel de la terre » ne pourra plus empêcher la corruption universelle.

Le monde sera toujours plus frappé de dégénérescence. Il deviendra de plus en plus artificiel de par sa propre volonté. L’Église était notre protectrice surnaturelle. Par l’infusion de la grâce dans l’âme des hommes, elle veillait sur tout ce qui est naturel dans la création de Dieu. Dans le Nouvel Ordre Mondial, même les restes de la véritable Église continueront d’être persécutés par l’intimidation actuelle à la fois passive et agressive. Car, sous une apparence tolérante et passive, se dissimule en réalité une pression incessante, poussant au conformisme mondain : « Vous feriez mieux d’être ‹ politiquement correct ›, comme tout le monde, sinon nous ferons de vous un déclassé, un paria » . Or, cette pression extérieure provient d’une mystérieuse faiblesse de l’esprit moderne, incapable de s’accrocher à une vérité. C’est pourquoi, sur un plan naturel, le diable pénètre tout ; il fait basculer les esprits toujours vers la gauche : plus loin de Dieu ; il parvient à faire douter les catholiques eux-mêmes : « Qui suis-je pour dire que Mgr Lefebvre avait raison ? Ses ennemis étaient-ils si méchants ? Qui suis-je pour en juger ? Dans cet état d’esprit, il est facile de trahir . . . .

C’est le Concile des années 1960 qui a déchaîné cet esprit de confusion des années 1970. Depuis lors, cette mentalité a eu un bon demi-siècle pour se répandre, la FSSPX travaillant secrètement pour l’ennemi depuis les 20 dernières années . . . .

Voilà une vision de l’avenir bien sombre. Mais, sur un plan purement humain, cette prévision a tout de réaliste. Heureusement, Dieu est Dieu. Il existe véritablement et ses pensées ne sont pas nos pensées ; ses voies ne sont pas nos voies, « car de même que les cieux sont plus hauts que la terre, de même mes voies sont plus hautes que vos voies et mes pensées que vos pensées » (Isaïe LV, 8–9). Les machinations des hommes ne parviendront pas non plus à mettre Dieu en échec : « Ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne reviendra pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu, et réalisé l’objet de sa mission. Oui, vous partirez dans la joie et vous serez ramenés dans la paix ; les montagnes et les collines pousseront devant vous des cris de joie, et tous les arbres des champs battront des mains. Au lieu de l’épine croîtra le cyprès, au lieu l’ortie croîtra le myrte, Et ce sera pour l’Éternel un mémorial, un signe éternel qui ne sera point retranché. » (Is. LV, 11–13).

Kyrie eleison.

mercredi 20 novembre 2019

Recension par Monsieur l'abbé Dominique Rousseau

Pour l'amour de l'Église : entretiens avec Robert Landers
Le dernier numéro du Sel de la terre a publié la recension que M. l'abbé Dominique Rousseau a faite du livre de Mgr Fellay "Pour l'amour de l'Eglise". Nous la reproduisons avec l'aimable autorisation de son rédacteur. 

Le 20 mai 2019, jour où l’évêque émérite de Coire, Mgr Huonder, était accueilli officiellement dans une école de la Fraternité Saint-Pie X, à Wangs en Suisse, sortait des presses un ouvrage de l’ancien Supérieur général de la Fraternité, Mgr Bernard Fellay. « Pour l’amour de l’Église », un programme noble s’il en est. Nous sommes en effet fils de l’Église, « au sein de cette tempête qui ébranle l’Église de fond en comble », selon l’expression si juste de Mgr Marcel Lefebvre (8 décembre 1984).

Quelques recensions ont déjà été faites au sujet de cet ouvrage. Ayant acquis ce livre à la FNAC de Paris la veille de mon départ de la Fraternité (6 juin dernier), voici quelques notes. Elles seront sensiblement différentes de celles, disponibles sur le Forum catholique ou encore sur le site officiel de la Fraternité.

Les recensions faites sur les sites que je viens de recenser sont partielles et partiales. Le Forum catholique  louange l’ancien Supérieur général de son penchant bienveillant vers les sociétés ‘feu’ Ecclesia Dei. Le site de la FSSPX cache ce penchant en l’occultant.

Tout d’abord, le nouveau Code de Droit canonique (1983), dont Mgr Lefebvre disait qu’il était inacceptable, est mis en relief dès le début de l’ouvrage. Les Statuts de la FSSPX parlent de « vie commune sans vœux ». Mgr Fellay prend la nouvelle acception pour décrire la Fraternité Saint-Pie X : « une Société de vie apostolique ».

Écoutons ici le jugement sévère de Mgr Lefebvre sur le Code de Droit canonique de 1983 :
« L'autorité ecclésiastique perdant de vue sa véritable fin, prend nécessairement la voie des abus de pouvoir et de l'arbitraire. Les promulgations des lois sont douteuses, falsifiées. […] Ce droit canon est inacceptable. Il n'y a pas de nouvelle ecclésiologie dans l'Église. […] Alors il nous faudra garder l'ancien droit canon en prenant les principes fondamentaux et comparer avec le nouveau droit canon pour juger le nouveau droit canon, de même que nous gardons la Tradition pour juger aussi les nouveaux livres liturgiques. » (Conférence à Écône, le 14 mars 1983)« Pourquoi, à mon sens, il nous est impossible d'accepter en bloc le droit canon tel qu'il a été édité ? Parce qu'il est précisément dans la ligne de Vatican II. » (Conférence à Écône, le 15 mars 1983)« La position de la Fraternité Saint-Pie X ne consiste pas à « suivre le Code de 1983 avec l'esprit de celui de 1917 » mais consiste à refuser le Code douteux de 1983, en tant que code. Accepter sa légitimité serait reconnaître le bien fondé de l'intention du législateur, se soumettre à la réforme conciliaire. De plus prétendre suivre le code de 1983 avec un autre esprit que celui du Concile serait une utopie. Autant couper les feuilles dans le sens de l'épaisseur ! L'esprit d'une loi est porté par sa lettre, et s'il peut en être distingué il ne peut en être séparé. La loi ne fait qu'ordonner des actes et c'est la répétition de ces actes qui produit un esprit. » (Abbé Etienne de Blois, mai 2017, Le Petit Eudiste  - Prieuré Saint-Jean Eudes, Gavrus)

Mgr Fellay fait montre de grande bienveillance face aux autorités romaines (p. 24, 27) ; son regard est tourné vers les communautés ralliées à la Rome moderniste depuis les sacres épiscopaux de 1988 (p. 11, 31, 85, 147). Il faut unir les forces vives et ne pas « rester dans son coin » (p. 31). Cette expression rappelle celle qu’employait l’abbé Paul Aulagnier en 2001, des « ghettos ». C’est la raison pour laquelle il fut évincé de la Fraternité, voulant à tout prix les accords et la reconnaissance canonique. En fait, ce n’était qu’une question de temps... Mgr Fellay le dit bien, page 31, reprenant en le disant presque, que les avancées de la Fraternité vers Rome se déroulent par palier. Cela a d’ailleurs été convenu en 2014 :
« Les parties, qui ont examiné certaines questions d'ordre doctrinal et canonique, ont convenu de procéder par palier mais dans un délai raisonnable vers le dépassement des difficultés. Et ce dans la perspective désirée d'une pleine réconciliation. »(Cité du Vatican, 23 septembre 2014 (VIS) à la suite de la rencontre du Conseil général de la FSSPX avec Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, Mgr Joseph Augustine Di Noia, et Mgr Guido Pozzo)

En ce qui concerne Vatican II, le livre ne donne pas de position ferme (p. 38, 39). Des vues larges sont données sur le concile mais on aurait pu attendre à un nouveau ‘J’accuse le Concile’, à l’imitation du livre de Mgr Lefebvre en 1976. S’il rejette le concile Vatican II, il s’agit seulement d’un refus prudentiel (p. 26) et non radical.

L’ancien Supérieur général est fort sévère pour les « prêtres rigides » (p. 55) et pour Mgr Williamson. Le mépris et la moquerie, voilà la réponse que l’évêque assène à des prêtres qui ont trop souffert du silence à la place de réponses précises à leurs questions légitimes depuis au moins l’année 2012, année-tempête au sein de la Fraternité.

Les sacres effectués par Mgr Williamson sont jugés « déraisonnables, qui perdent contact avec la réalité. La position qu’il prend est indéfendable. » (p. 144). Dato non concesso (j’enregistre cette affirmation sans la concéder). Il avance ce jugement sans preuve. Un confrère m’écrivait suite à mon départ de la Fraternité : « Vous partez vers des évêques illégitimes. » Pourquoi, comment ? Je lui répondis que les évêques sacrés par Mgr Williamson n’étaient ni plus ni moins illégitimes que ceux que sacra en 1988 Mgr Lefebvre. Tout simplement catholiques, autant qu’en 1988. Nous nous trouvons toujours en état de grave nécessité - sinon pire encore -, et la Fraternité Saint-Pie X dans sa hiérarchie errant gravement sur des points de doctrine (juridiction pour la confession, délégation pour les mariages), la succession apostolique doit être poursuivie dans le même état d’esprit, les causes n’ayant pas changé depuis 1988.

Mgr Fellay fait la louange (p.43) de « Veritatis splendor » (Jean-Paul II, 06/08/1993) : « L’encyclique ‘Veritatis splendor’ montre très bien que la morale est objective. » Mgr Tissier de Mallerais au contraire avait écrit (Supplément au Cor unum 47, mars 1994, 60 pages) une étude serrée sur cette encyclique, avec de graves réserves, ce que ne fait pas Mgr Fellay. Retenons donc plutôt le jugement de Mgr Tissier (p. 53) : « Nous avons dû relever certaines contradictions, confusions, lacunes, déviations et ambiguïtés. » Les deux évêques sacrés par Mgr Lefebvre en 1988 divergent dans leur appréciation de l’encyclique, sur un point grave : la morale.

Mgr Fellay rappelle la vérité sur le mariage mais il manque une belle occasion de condamner « Amoris lætitia » (p. 119). Au sujet des confessions et des mariages, tout va « dans le bon sens » dit-il (p. 144-145). Rien n’est dit au sujet des analyses déjà nombreuses que les prêtres de la Fraternité ou de communautés amies ont effectuées.

La reconnaissance canonique n’est plus qu’une affaire de ‘tampon’ disait le prélat lors d’une interview à TV Libertés avec Monsieur J.P. Maugendre voici quelques années. A présent, Mgr Fellay nous dit que Benoît XVI aurait volontiers reconnu la Fraternité Saint-Pie X et l’aurait élevée en Prélature, mais la puissance maçonnique est très forte et présente au Vatican, d’où l’absence de ‘tampon’. Mais est-ce bien nécessaire, puisque les ‘paliers’ sont posés comme des jalons... !

Sur la formation des prêtres (p. 9, 52), les propos manquent de vigueur. Si la vie spirituelle est envisagée, la fermeté de la doctrine et le combat contre les erreurs modernes ne paraissent pas, ou du moins insuffisamment. Le Père Le Floc’h au Séminaire français de Rome avait pour devise : ‘Pietas cum doctrina, doctrina cum pietate’.

On notera bien entendu des pages profondes sur la spiritualité mariale, sur les saints à connaître et à imiter, les anges à invoquer, les vertus à pratiquer (p. 69, 91-118).

Ce qui restera ancré dans la mémoire du lecteur sera l’aveu de Mgr Fellay par rapport au pape François (p. 30, 149) : « Le pape est extrêmement humain. (…) Ce pape nous connaît suffisamment, pour dire que nous sommes catholiques. » Le problème est que le pape pense et agit comme un ennemi du catholicisme… Que nous soyons catholiques, nous n’en avons jamais douté. Par contre, que le pape François soit catholique... il professe des hérésies. Voici ce qu’écrivait l’actuel Supérieur général récemment : «  (…) Le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar, n’est qu’une maison bâtie sur du sable. C’est de plus une impiété qui méprise le premier commandement de Dieu, et qui fait dire à la Sagesse de Dieu, incarnée en Jésus-Christ mort pour nous sur la Croix, que « le pluralisme et la diversité des religions » est « une sage volonté divine ».

De tels propos s’opposent au dogme qui affirme que la religion catholique est l’unique vraie religion (cf. Syllabus, proposition 21). S’il s’agit d’un dogme, ce qui s’y oppose porte le nom d’hérésie. Dieu ne peut pas se contredire. (…) » (Abbé Pagliarani, 24 février 2019)

Il nous faut conclure. Cet ouvrage est l’aboutissement de vingt ans de contacts avec la Rome conciliaire et moderniste dont Mgr Lefebvre, à de multiples reprises, nous a avertis qu’il fallait se méfier et garder ses distances. Cela n’a pas été fait. En effet, Mgr Fellay n’a pas pris garde depuis le jubilé de l’an 2000. Il le déclare en page 24 : «  A partir de l’an 2000 et de notre grand pèlerinage à Rome, les relations se sont apaisées. » A quel prix... celui d’une Tradition blessée, abîmée, de nombreux fidèles désemparés, des prêtres demeurant dans la Fraternité pour y faire, espèrent-ils, quelque bien de l’intérieur et n’osant pas en sortir.

A la veille de sa mort, le Fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X avait laissé ce qui peut être considéré comme ses Novissima verba. Ces mots sont consignés dans la revue Fideliter :

FIDELITER - Qu'est-ce que vous pouvez dire à ceux d'entre les fidèles qui espèrent toujours en la possibilité d'un arrangement avec Rome ? 

Monseigneur - Nos vrais fidèles, ceux qui ont compris le problème et qui nous ont justement aidés à poursuivre la ligne droite et ferme de la Tradition et de la foi, craignaient les démarches que j'ai faites à Rome. Ils m'ont dit que c'était dangereux et que je perdais mon temps. Oui, bien sûr, j'ai espéré jusqu'à la dernière minute qu'à Rome on témoignerait d'un petit peu de loyauté. On ne peut pas me reprocher de ne pas avoir fait le maximum. Aussi maintenant, à ceux qui viennent me dire : il faut vous entendre avec Rome, je crois pouvoir dire que je suis allé plus loin même que je n'aurais dû aller.

(Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre - Fideliter n° 79 de janvier-février 1991)

Que l’on n’oublie pas aussi ce que Monseigneur écrivait dans son Itinéraire spirituel (1990) :
« La volonté de Vatican II de vouloir intégrer dans l'Église les non-catholiques tels qu'ils sont, est une volonté adultère et scandaleuse. Le Secrétariat pour l'Unité des Chrétiens par des concessions mutuelles - le dialogue - aboutit à la destruction de la foi catholique, la destruction du sacerdoce catholique, l'élimination du pouvoir de Pierre et des évêques, l'esprit missionnaire des apôtres, des martyrs, des saints, est éliminé; tant que ce Secrétariat gardera le faux œcuménisme comme orientation et que les autorités romaines et ecclésiastiques l'approuveront, on peut affirmer qu'elles demeureront en rupture ouverte et officielle avec tout le passé de l'Église et avec son Magistère officiel. C'est donc un devoir strict pour tout prêtre voulant demeurer catholique de se séparer de cette Église conciliaire, tant qu'elle ne retrouvera pas la tradition du Magistère de l'Église et de la foi catholique. » (p. 29)
Que n’a-t-on pas suivi les précieux enseignements de l’Archevêque, qui auraient évité un tel gâchis au sein de la Tradition depuis des années... !

Pour une personne qui se convertit et vient à la Tradition, qui veut mener le bon combat de la Foi, je déconseille la lecture de ce livre. Elle y apprendrait le relativisme au sein des communautés ‘traditionnelles’, serait même éblouie – un miroir aux alouettes - par les couleurs variées qui s’y trouvent : « Pour moi, tous ceux qui œuvrent dans l’Église avec humilité en faveur de sa Tradition travaillent dans le bon sens. » (p. 85) Comme nous sommes loin des mots écrits par Mgr Lefebvre, décrivant par exemple les messes célébrées par les prêtres de communautés ralliées à Rome d’ « attrape-nigauds » ! (voir ci-dessous la lettre de Monseigneur à l’abbé Daniel Couture).

Heureusement de bons ouvrages existent, tous ceux de Mgr Lefebvre entre autres. Ils sont tellement plus nourrissants que celui de Mgr Fellay !

Recension pour le Sel de la terre,
Abbé Dominique Rousseau, 8 août 2019
En la fête du Saint Curé d’Ars


Annexe :
Saint Michel en Brenne, le 18 mars 1989
Cher Monsieur l’abbé Couture,

A votre bonne lettre, reçue hier à Saint Michel, je réponds aussitôt pour vous dire ce que je pense au sujet de ces prêtres qui reçoivent un « celebret » de la Commission Romaine, chargée de nous diviser et de nous détruire.

Il est évident qu’en se mettant dans les mains des autorités actuelles conciliaires, ils admettent implicitement le Concile et les Réponses qui en sont issues, même s’ils reçoivent des privilèges qui demeurent exceptionnels et provisoires. Leur parole est paralysée par cette acceptation. Les Évêques les surveillent !…

C’est bien regrettable que ces prêtres ne prennent pas conscience de cette réalité. Mais nous ne pouvons pas tromper les fidèles.

Il en est de même pour ces « messes traditionnelles… ! » organisées par les conciliaires. Elles sont célébrées entre deux messes conciliaires. Le prêtre célébrant dit aussi bien la nouvelle que l’ancienne. Comment et par qui est distribuée la sainte Communion ? Quelle sera la prédication ?  etc.

Ces messes sont des « attrape-nigauds » qui entraînent les fidèles dans la compromission !
Beaucoup ont déjà été abandonnés. Ce qu’ils doivent changer, c’est leur doctrine libérale et moderniste. Il faut s’armer de patience et prier. L’heure de Dieu viendra. 

Que Dieu vous accorde de saintes fêtes de Pâques.

Bien cordialement in Christo et Maria

+ Mgr Marcel Lefebvre 


mardi 19 novembre 2019

lundi 18 novembre 2019

Sel de la Terre n° 110

Le temps des chiens muets 





ÉDITORIAL
Le temps des chiens muets


ÉTUDES
★ Frère MARIE-DOMINIQUE O.P. : Pour faire le bien facilement, rapidement et avec délectation
★ Vincent LHERMITE : Dieu ou Mammon ? Principes chrétiens de l’économie
★ Bertran CHAUDET : Le Nouvel Age a pénétré dans l’Eglise

VIE SPIRITUELLE
★ Père GABRIEL DE SAINTE-MARIE-MADELEINE, o.c.d. : Petit catéchisme de la vie d’oraison
★ ROSARIUS : La dévotion à la sainte Face et la flèche d’or : Soeur Marie de Saint-Pierre (1816-1848)

LECTURES
★ DOCUMENTS : – La mort chrétienne de Guillaume Faye (Patrice SAGE) – Les preuves de l’imposture laïque (André GUÈS) – Écriture inclusive ? (Jean DOLLIÉ) – Le coup de maître de Satan (Mgr LEFEBVRE) – Fausse et vraie France (Émile KELLER)
★ RECENSIONS : – Pour l’Amour de l’Église – La vraie pensée d’Augustin Cochin – Les points noirs de l’histoire de l’Église – Témoins du Christ à travers les persécutions du 20e siècle
★ PARMI LES LIVRES REÇUS
★ INFORMATIONS ET COMMENTAIRES : – Un nouveau désordre dans la Tradition – Le synode sur l’Amazonie – Le pape est-il évêque ?


Pour s'abonner ici