samedi 5 octobre 2024

Mgr Lefebvre après 1988 - I et II

KE 896 (14 septembre 2024)


Le libéral, ce loup vêtu comme un agneau,

Est jugé par son fruit, car il perd le troupeau.

« Je suis ‘libre’, dit-il, mais je n’ai aucun droit, »

« Car je suis enchaîné, Dieu me tient par sa Loi. »

« Au diable, Paradis ! Je fais ce que je veux ! »

« Peu importent pour moi, la Loi, l’Enfer et Dieu  ! ! »

Après les quatre consécrations épiscopales de juin 1988, Mgr Lefebvre vit plus clairement que jamais que les conciliaires romains ne sont pas des serviteurs de la Foi catholique. En 1989, il donna un long entretien en France, hélas très abrégé ci-dessous. (Entretien original complet à https ://laportelatine.org/formation/crise-eglise/ecclesiadeisme/un-an-apres-les-sacres-entretien-de-mgr-lefebvre-a-fideliter-juin-1989.)

Pourquoi ces consécrations ?

Depuis déjà plusieurs années j’essayais de faire entendre à Rome qu’avançant en âge, il me fallait assurer ma succession. Ils craignaient ces consécrations épiscopales, alors ils faisaient allusion à la possibilité d’avoir un évêque, qui soit pour moi un successeur.

Je suis allé à Rome pour des colloques, mais sans confiance dans leur succès. J’ai voulu aller aussi loin que possible pour montrer la bonne volonté qui était la nôtre. Mais très vite, nous nous sommes aperçus que nous avions affaire à des gens qui n’étaient pas honnêtes. Rome a soulevé la question du Concile, dont nous ne voulions pas entendre parler. Nous avons trouvé une formule acceptable à la rigueur. Je n’ai obtenu qu’un seul évêque, alors que j’en demandais trois. Cela était déjà presque inacceptable. Et quand, avant même de signer le protocole, nous demandions quand nous pourrions avoir cet évêque, la réponse était évasive. Impossible d’avoir une date.

L’accumulation de méfiance et de réticence m’a poussé à exiger la nomination d’un évêque pour le 30 juin. C’était cela, ou je faisais des évêques. Face à cette mise en demeure, le cardinal Ratzinger a dit : « Si c’est comme cela, le protocole est aboli. C’est fini, il n’y a plus de protocole. Vous rompez les relations ». C’est lui qui l’a dit, ce n’est pas moi.

Mgr Lefebvre n’aurait-il pas dû rester dans l’Église ?


De quelle Église parle-t-on ? Si c’est de l’église conciliaire, alors nous qui luttons contre le Concile depuis vingt ans, parce que nous voulons l’Église catholique, il faudrait que nous rentrions dans cette église conciliaire pour, soi-disant, la rendre catholique ? C’est une illusion totale. Ce ne sont pas les sujets qui font les supérieurs, mais les supérieurs qui font les sujets.

Y a-t-il danger de schisme ?

Dire que nous ne sommes pas l’« Église visible », que nous quittons l’« Église visible », qui est infaillible, tout cela, ce sont des mots qui ne correspondent pas à la réalité. Il est invraisemblable que l’on puisse parler de l’« Église visible », c’est-à-dire de l’église conciliaire, par opposition à l’Église catholique que nous essayons de représenter et de continuer. Nous sommes contre l’église conciliaire qui est virtuellement schismatique, même si elle le nie. En pratique, c’est une église virtuellement excommuniée parce qu’elle est une église moderniste. Nous ne créons pas une église parallèle. Nous sommes ce que nous avons toujours été : des catholiques qui continuent. C’est tout.

Chacun des papes récents est vraiment deux papes en un. C’est Jean XXIII qui a joué l’ouverture de l’Église au monde. Dès lors, on est entré dans l’ambiguïté, dans l’équivoque, et cette manière d’agir est le propre du libéral.

Nous ne sommes pas contre le pape dans la mesure où il représente les valeurs du Siège apostolique qui sont immuables. Mais nous sommes contre le pape dans la mesure où il est un moderniste qui ne croit pas à son infaillibilité, qui fait de l’œcuménisme. Tant qu’à Rome on reste attaché aux idées conciliaires : liberté religieuse, œcuménisme, collégialité, on fait fausse route.

À quand la réconciliation ?

Je ne crois donc pas qu’il soit opportun de tenter quelque chose en direction de Rome. Je pense qu’il faut attendre. Attendre malheureusement que la situation s’aggrave encore de leur côté. Mais jusqu’à présent, ils ne veulent pas en convenir.

Kyrie eleison.

KE 899 (5 octobre 2024)

Seul un saint peut saisir que le Mal est mauvais.

Nous autres, bien des fois, le mal nous satisfait.

Il y a trois semaines, ces Commentaires se terminaient par six vers, soit plus que d’habitude. Il s’agissait de tirer la leçon des sages paroles prononcées par Mgr Lefebvre en 1989 au sujet de la consécration controversée de quatre évêques, effectuée durant l’été 1988, sans l’autorisation officielle de Rome normalement nécessaire. Cependant, tous les lecteurs n’ont peut-être pas compris le lien entre ces vers et la pensée de Mgr Lefebvre. Et même pour ceux qui ont compris, la question cruciale de ces consécrations mérite toujours d’être développée : c’est pourquoi nous revenons sur le sujet. Les vers sont en caractères gras ; leur explication suit —

Le libéral, ce loup vêtu comme un agneau,

Voici le problème central. Un ‘libéral’ est quelqu’un dont la véritable religion n’est pas le catholicisme, comme il peut se l’imaginer lui-même, mais la liberté. Il peut donc en venir à penser que le catholicisme, la seule vraie religion de l’unique vrai Dieu, est une question de choix, de son propre choix, et qu’il choisit personnellement cette religion ; mais que si quelqu’un d’autre veut choisir une autre des innombrables fausses religions, il est libre de le faire. C’est faux. Dieu donne certes à chacun d’entre nous, êtres humains arrivés à l’âge de raison, la faculté du libre arbitre qui nous permet de choisir entre la vérité et l’erreur, entre le bien et le mal. Mais Il ne nous donne aucun droit moral de choisir l’erreur ou le mal moral. S’Il me donne la faculté de raisonner avec le libre-arbitre qui lui est attaché, c’est uniquement pour que j’en fasse bon usage, en choisissant ce qui est vrai et juste, afin qu’en me récompensant par le Ciel, Il puisse me faire partager Son infini bonheur. J’ai le libre-arbitre de choisir l’erreur ou le mal, mais je n’ai pas la ‘liberté’ d’échapper aux conséquences de mon choix, qui seront finalement, si je ne me repens pas du mal grave commis, les feux de l’Enfer éternel. J’aurai alors librement choisi l’Enfer. Ce n’est qu’en ce sens que les êtres humains sont ‘libres’ de choisir pour eux-mêmes (ce qu’ils savent être) une fausse religion.

Il s’ensuit que si quelqu’un veut me persuader que ma valeur ou ma dignité en tant qu’être humain dépend de ma simple faculté du libre-arbitre, et non de l’usage droit que j’en fais, alors il veut me persuader d’une terrible erreur (c’est un loup), alors même qu’il prétend favoriser ma dignité (il est déguisé en agneau). Chaque âme en enfer a la ‘dignité’ d’avoir elle-même choisi son supplice, mais quelle est cette ‘dignité’ ? La ‘dignité’ de blasphémer, pour toujours et à jamais ? Délire ! Et pourtant, telle est la doctrine de Vatican II, avec son Décret sur la ‘dignité humaine’ : l’État doit protéger le droit, et pas seulement la faculté, de chaque citoyen de choisir sa propre religion. Ce Décret n’est absolument pas catholique. Il n’est pas étonnant que Mgr Lefebvre ne l’ait jamais signé !

Est jugé par son fruit, car il perd le troupeau.

Le fruit de Vatican II n’est-il pas la perte de la Foi chez des millions et des millions de catholiques ? C’est évident ! Le Concile leur a dit que leur dignité consiste à choisir la religion qui leur chante ! Et il y a tant de religions tellement plus faciles à pratiquer que le catholicisme !

« Je suis ‘libre’, dit-il, mais je n’ai aucun droit, »

« Car je suis enchaîné, Dieu me tient par sa Loi. »

Voici pourquoi les adorateurs de la ‘liberté’ se doivent d’avoir la liberté religieuse, car de qui ou de quoi sont-ils réellement libres, s’ils ne sont pas libres de Dieu Lui-même et de Ses dix commandements ? Voici pourquoi la liberté religieuse est la clé de voûte de la ‘liberté’ ; pourquoi tout libéral est enclin à se joindre à cette guerre contre Dieu, qui fait rage partout autour de nous  ; et pourquoi le décret de Vatican II sur la ‘dignité humaine’ est un crime sans précédent contre toute l’humanité. Or, au cours du demi-siècle écoulé depuis Vatican II, les hauts responsables de l’Église à Rome ont-ils montré le moindre signe d’abandon de leur misérable Concile ? À la vérité, aucun !

« Au diable, Paradis ! Je fais ce que je veux ! »

« Peu m’importent la Loi, le Ciel, l’Enfer et Dieu  ! ! »

Chez les libéraux, au moins les chefs de file savent exactement ce qu’ils font. Leur orgueil est diabolique. Ils savent qu’ils sont en train de détruire l’Église catholique et ils défient Dieu pour commettre le pire. Ô Dieu, ayez pitié ! Mgr Lefebvre a compris ce qu’ils faisaient, mais ce n’est pas le cas de tous ses disciples.

Kyrie eleison.