« Saint Yves, avocat du (bon) droit,
priez pour nous ! »
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Préférant éviter une dérive vers des discussions
byzantines, l’auteur nous fait parvenir un nouveau texte apportant d’utiles précisions, et recentrant
la réflexion sur l’essentiel.
Nous publions volontiers ce deuxième texte, souhaitant
qu’il éclaire définitivement nos lecteurs sur les véritables enjeux du
processus développé ces dernières années entre la Fraternité et la Rome
conciliaire :
Comme il fallait s’y attendre, les termes de cette
circulaire traduite en cinq langues – et
plus particulièrement la locution en français « sans préjudice de… »
– ne sont pas perçus de façon univoque,
selon qu’on s’adresse à des praticiens du droit ou à un public de culture courante
(sans parler des nuances inévitables de la formulation d’un même concept dans plusieurs
langues).
Il suffit de faire le test autour de soi !
Il en résulte un doute légitime sur la pensée exacte des
rédacteurs, et par conséquent sur la portée qui pourrait être donnée au texte
le jour où – par hypothèse – il trouverait à s’appliquer dans le cadre d’une nouvelle
« normalisation canonique » de la Fraternité (suite à celle déjà
opérée entre 2015 et 2017 pour les sacrements à l’initiative unilatérale du
pape, et acceptée par Mgr Fellay – on le rappelle – sans l’accord préalable du
Chapitre extraordinaire prescrit en 2012).
Pourquoi ces ambiguïtés, qui conduisent à diverses interprétations
? Très probablement parce que la
rédaction en cause résulte d’un compromis entre les participants au Chapitre de
juillet 2018, ce qui explique le recours à une tournure susceptible de
satisfaire une majorité suffisante, mais qui reste
loin d’être irréprochable !
D’où la remarque pertinente de Mgr Williamson, pour qui l’on
aurait dû écrire en clair qu’on ne
pourra en aucun cas se dispenser de la convocation et de l’accord préalable
d’un Chapitre.
Mais le plus grave,
dans cette affaire épineuse, ce ne sont pas des divergences sur la portée d’une
expression du langage juridique, c’est bien plutôt le fait que la Maison
générale de Menzingen continue à accréditer
dans sa communication officielle l’éventualité, proche ou lointaine, d’une normalisation
de la Fraternité dans le cadre d’un statut accordé par le Saint-Siège - même après âpre négociation ! -, alors
que la dérive hétérodoxe de la Rome
néo-moderniste est chaque jour plus évidente, au grand effroi du monde
catholique !
Là est le vrai
scandale de l’infidélité concrète des
responsables de la néo-FSSPX aux combats du Fondateur, lui qui les a
constitués évêques et prêtres, non pour rechercher une place convenable dans le
panthéon œcuménique issu de Vatican II, mais pour confesser vigoureusement la
foi immuable de l’Eglise et défendre leurs brebis contre les prédateurs
conciliaires.
C’est pourquoi, devant
les divisions et incertitudes qui se développent en son sein et les risques
évidents qui s’amoncellent, le temps est désormais révolu
pour la Fraternité de discuter de procédures internes prétendant garantir sa parfaite
fidélité catholique dans un processus de rapprochement avec une « Rome néo-moderniste »
dénoncée par son Fondateur.
Car en l’état de la
crise de l’Eglise, aucune perspective de reconnaissance romaine aussi généreuse
soit-elle, ni aucun artifice juridique, ne pourront assurer la coexistence sous
le même « toit canonique » de la foi de Saint Pie X ou de Mgr
Lefebvre avec celle du pape François et du Concile Vatican II, celle du
Cardinal Pie ou du Cardinal Ottaviani avec celle des Cardinaux Kasper et Schönborn !
La seule urgence
impérieuse est donc que la Fraternité redéfinisse
clairement et publiquement sa position vis-à-vis de Rome, dans la pleine fidélité à l'héritage doctrinal de Mgr Lefebvre.
De l’avis d’un certain
nombre de prêtres et de laïcs, ce ne pourrait être actuellement que sur les
bases suivantes :
1 - Récusation solennelle
de la juridiction sur les sacrements reçue du pape François, et retour au
régime de la suppléance de juridiction, dite aussi juridiction « extraordinaire »,
en vigueur dans la FSSPX de 1976 à 2015,
2 – Abandon
immédiat de tous pourparlers avec les autorités romaines actuelles visant à obtenir
un statut qui placerait la Fraternité sous la dépendance canonique du pape
François et de la Rome « conciliaire »,
3 - Retour à la position du Chapitre de
2006, réitérant un refus de principe de tout rattachement à cette Rome
« conciliaire », sous quelque forme et à quelque horizon que ce soit,
tant que celle-ci n’aura pas renoué avec sa Tradition bimillénaire, redevenant de
ce fait « parfaitement catholique » selon les termes de la lettre de Mgr
Lefebvre du 29 août 1987 aux futurs évêques.
A n’en pas douter, le retour à l’unité des esprits au sein de la Tradition, et indirectement peut-être une avancée décisive du combat de la foi dans l’Eglise elle-même, dépendent de la mise en œuvre la plus rapide de cette courageuse démarche.
Correctio Marcelis