La Providence a voulu que M. Paul Chaussée soit inhumé en ce vendredi de la 2ème semaine de carême, journée traditionnellement dédiée à la vénération du Saint Suaire. Comme M. Chaussée fut un grand défenseur du Saint Suaire, nous vous proposons de découvrir cet homme qui mérite toute notre estime et nos prières.
Paul Chaussée
Suite au rappel à Dieu de notre ami Paul Chaussée, il m’a
été demandé de rédiger un petit résumé de sa vie et de son œuvre.
J’ai donc essayé de faire ce petit travail, même si je ne
suis pas le mieux placé pour le faire, ayant seulement connu Paul Chaussée depuis le début des années 1990 et plus
particulièrement après 1996.
Pour en savoir plus, on trouvera des éléments dans ses
ouvrages et en particulier dans son livre
« La Providence divine du cœur de Jésus », ouvrage où il se dévoile un peu
: celui-ci a été préfacé par Mgr Tissier qui explique que ce livre reprend la
doctrine thomiste sur le sujet en l'illustrant et l'expliquant pour un lecteur
contemporain.
L'articulation de son œuvre intellectuelle est un rappel de
la doctrine catholique et le regard de l'Eglise sur celle-ci. Il part du
constat d’un aspect de la crise pour donner la solution surnaturelle (Miracle et Message du Saint Suaire et Plaquette de contemplation du Saint Suaire,
une courte explication du Saint sacrifice de la Messe, la dévotion à la Providence Divine du Cœur de Jésus et à
la Saint Vierge - La Porte du Ciel).
Il combat également les erreurs à travers un ouvrage non publié sur le
sédévacantisme. Il est l’auteur de nombreux articles dans la revue Credo (fin des années 1990), et d’une
nombreuse correspondance avec des synthèses profondes sur les dernières crises
qu’a connues le monde de la tradition catholique.
Il y a un peu plus d’un an, lors d’un repas en présence de
Monseigneur Williamson à Espiet, il a pris la parole avec émotion, et nous a
résumé sa vie, la foi perdue dans sa jeunesse, son agnosticisme, sa vie dans le
monde, puis le travail de la Providence, son retour à Dieu par la découverte du
Saint Suaire, le vide trouvé dans l’Eglise conciliaire, sa découverte de la
tradition catholique au Prieuré de Vérac, ses souffrances de ne pas avoir pu
ramener ses enfants à Dieu, la joie particulière de la conversion de sa femme,
de sa mort munie des sacrements de l’Eglise après avoir régularisé leur
mariage. Toutes les personnes présentent n’oublieront pas ce témoignage
émouvant où ressortait sa reconnaissance envers la divine Providence,
reconnaissance dont il voulait témoigner notamment pour les jeunes «
Amis du Sacré-Cœur » présents ce jour-là.
Paul Chaussée est donc né en novembre 1932, en Belgique, de
nationalité belge.
Dans ses ouvrages, il donne quelques éléments de son enfance
et de sa jeunesse : élevé dans une famille catholique, à la campagne, il a
acquis un bon sens et un attachement aux choses simples de la terre et de la
création.
Il fréquente des mouvements de jeunesse, en particulier le
scoutisme. Il fera son service militaire dans une unité parachutiste, notamment
au Congo (Belge, devenu Zaïre, puis RDC). Il gardera de son éducation une grande rigueur
intellectuelle, un sens de l’organisation, un goût pour la lecture, mais la
lecture méthodique, un crayon à la main. Il avait également le sens de la
synthèse, de la logique et avait gardé de ses cours « d’éloquence » des
principes pour parler en public qu’il déplorait souvent, la surdité venant, ne
plus voir chez les jeunes habitués des micros. A son contact, on mesurait la
différence énorme entre l’éducation de cette époque et celle d’aujourd’hui.
On apprend dans son livre « La porte du Ciel » qu’en 1953, son âme est déjà en danger : sa
famille se réunit auprès d’une statue de Notre-Dame pour demander sa
conversion. Peu de temps avant sa mort,
sa mère l'avait visité à Bordeaux en revenant de Lourdes, lui disant : « J’ai
prié pour toi à la Grotte ». Il attribuait à cette prière familiale son retour
à Dieu 25 ans plus tard.
En effet, comme de nombreux jeunes de son époque, sa
fréquentation des milieux scouts infestés d’idées « nouvelles » (mais «
vieilles comme le prince de ce monde », disait-il), le pousse dans un premier
temps vers l’évolutionnisme délirant d’un Theillard de Chardin, et dans cette
logique de refus de voir l’action de la Providence dans le monde, fasciné par
les sciences et les formidables réalisations techniques de son temps, il tombe
dans l’agnosticisme et est absorbé par la vie « dans le monde, comme le monde
».
Ses activités professionnelles (il était ingénieur,
spécialiste de la lubrification des machines de fabrication de pâte à papier),
l’amènent à s’installer dans la région bordelaise, à proximité des principales
papeteries françaises. A la fin des
années 1970, il devient responsable des ventes à l’exportation pour la société
qui l’emploie : il multiplie alors les voyages, ce qui provoque des tensions
familiales qu’il évoque dans son livre. Dans la difficulté, il se surprend à demander
l’aide de la Sainte Vierge et reconnaît son intervention dans un changement
providentiel d’emploi qui lui permet d’être plus présent pour sa famille. Parallèlement,
il commence une étude des religions, en particulier de l’Islam et du coran
qu’il compare à l’Evangile.
A la suite de discussions avec un « collègue de travail »,
il découvre en 1981 l’existence du Saint Suaire : son esprit scientifique le
pousse à s’y intéresser et il commence
son retour à la religion de son enfance.
Il reconnaît rapidement que seule l’authenticité de cette
relique peut expliquer son existence et
sa conservation : il s’agit réellement du linceul témoin de la résurrection de
Notre Seigneur, sur lequel se trouvent toutes les souffrances du Christ et «
codé » pour notre époque, qui seule
pouvait comprendre.
Il cherche alors à reprendre une pratique religieuse et à
donner des conférences pour faire connaître le Saint Suaire. Devant l’accueil
glacial des prêtres conciliaires qu’il contacte, et le vide de la nouvelle
messe si éloignée de ce qu’il avait appris dans son enfance, il se souvient
d’un article du journal « Sud-Ouest » paru 7 ou 8 ans auparavant et qui
annonçait l’ouverture d’un prieuré traditionnel à …. mais il ne se souvient pas
du nom du village : uniquement qu’il finissait par …ac , ce qui est quand même
assez fréquent en Gironde !
Il entreprend alors des recherches et visite nombre de
villages avant de découvrir Vérac. Il se
présente dans la cour du prieuré, rencontre l’Abbé Méry qui lui dit, qu’avant
toute discussion, il est l’heure pour lui de dire sa messe … et lui demande de
la servir. C’est le début de sa découverte de la tradition et de l’œuvre de
Monseigneur Lefevre. Il deviendra « tertiaire » de la FSSPX.
Comprenant très rapidement que seule la tradition représente
la vraie religion, il consacrera toutes ses dernières années à étudier la
doctrine de l’Eglise, la révolution, la contre-révolution, …. et à la faire connaître.
Sur chaque sujet, il lit, crayon à la main, plusieurs
ouvrages qu’il synthétise et constitue un « dossier de synthèse » : ainsi, un
dossier sur l’Islam, la révolution, la Franc-maçonnerie, le judaïsme, la Providence,
le sédévacantisme, et bien sûr le Saint Suaire.
Sa vie « de retraité » sera donc consacrée à la
contemplation, l’étude, les travaux manuels : il cultive alors quelques rangs
de vigne, produit son vin, élève quelques moutons et s’occupe de quelques
ruches, « le remède à l’évolutionnisme » me dira-t-il. Comme sur tous les
sujets qu’il aborde, il étudia, dans le moindre détail, la vie des abeilles et
les activités apicoles seront l’occasion de nos premiers échanges et de mes
premières visites chez lui, à « Casteret », un havre de paix, dans un vallon,
au milieu d’un bois, dans l’Entre-deux-Mers.
Il donnera de nombreuses conférences sur le Saint Suaire, tout
d’abord au prieuré de Bordeaux, puis un peu partout en France. Il participa à la fondation du Centre
International d'Études sur le Linceul de Turin (CIELT). Il publiera, tout d’abord sous forme d’article
dans la revue « Credo », son livre « Miracle et message du Saint Suaire de
Turin ». Ce livre, qu’il fera relire par l’Abbé Denis
Roch, n’est pas qu’une œuvre scientifique sur le linceul : après avoir démontré
son authenticité, il montre pourquoi ce « codage » d’une relique pour notre
époque ; il analyse la crise dans
tous ses aspects, sociaux, politiques, éducatiifs et bien sûr religieux. Il donne
le remède : la dévotion au Cœur immaculé de Marie et à la Sainte Face.
Très conscient de la décrépitude de l’enseignement, il
accepte la direction de l’Ecole Sainte Jeanne d’Arc, école catholique
traditionnelle située à Villenave d’Ornon, jusqu’à sa fermeture brutale par …
le prieuré de Bordeaux.
Il connaîtra, en traitant sa vigne, une première alerte sérieuse
de santé, racontée dans son livre sur « La
divine Providence » ; je vous
invite vraiment à le lire, c’est édifiant : la Providence le fera hospitaliser
dans le même hôpital que l’abbé Roch avec qui il avait passé de nombreuses
heures à finaliser son livre sur le Saint Suaire.
Ces années 2000 sont marquées par la longue maladie de sa
femme, près de laquelle il restera présent au point de ne plus sortir pendant
de longs mois. Il « obtiendra » sa
conversion et sa mort avec les sacrements de l’Eglise.
Au début des années 2000, suite à la diffusion de son livre,
il possède un réseau important de « correspondants » qui l’interrogent sur de
nombreux sujets.
Ainsi, il sera amené à rédiger un livre sur le
sédévacantisme : « Le siège de Pierre
est-il vacant ? Le sédévacantisme et ses variantes, une tentation sous
apparence de bien. » Après bien des
hésitations, il décidera de ne pas le publier mais le diffusera dans son
réseau, à ceux qui se posent des questions devant la profondeur de la crise et
l’attitude des papes conciliaires.
Il lira le livre de Paul Sernine, « La paille et le sycomore » : ce sera l’occasion d’une contre
étude où il démolit cet ouvrage qui refuse de comprendre le combat des deux
cités..; et de nombreuses discussions sur le parvis de Vérac desservi à cette
époque par Monsieur l’Abbé Vignalou et où seront évoqués les débats qui agitent
alors le monde de la tradition : ralliement de Campos, pèlerinage à Rome et
danger d’un rapprochement avec la Rome moderniste, création de l’IBP à
Bordeaux, …
Puis viendront le « Te Deum » pour le motu-proprio de Benoit
XVI, la scandaleuse demande, par Mgr Fellay, de levée des excommunications et
sa justification par l’Abbé de Caqueray : tous ces sujets sont analysés et il
met en garde par mail ses correspondants et chaque dimanche ou presque, sur le
parvis de Vérac, à très haute voix du fait de sa surdité, lors de la sortie de
la messe : aucun paroissien de cette chapelle n’a pu ignorer ses convictions et
ce qu’il pensait de Mgr Fellay et de sa bande, du GREC et de la lâcheté de
nombre de pasteurs qui n’osent plus dire la vérité…
En décembre 2013 -il me semble- il a organisé un réunion
d’une dizaine de personnes à son domicile pour nous dire : « La Fraternité
déraille, un jour viendra où il n’y aura qu’un petit nombre de prêtres fidèles.
» L’esprit toujours très pratique, il a
voulu mettre en place une organisation qui recevrait les prêtres et qui
détiendrait la « valise chapelle nécessaire » pour avoir les sacrements.
Il m’a ainsi convaincu de la nécessité d’aménager une
chapelle dans ce qui me servait d’abri à vélos et autres.
Il a donc été le principal instigateur de la Chapelle Sainte
Cécile qu’il a fréquentée exclusivement depuis la première messe par Mgr
Williamson en mai 2014, venant avec son fidèle compagnon Youk II. Malgré un accident de voiture, il a pu, grâce
à la bonne volonté de plusieurs, continuer à assister à la messe, jusqu’à ce
que sa santé ne lui permette plus de se déplacer, en janvier 2019.
Il a soutenu les jeunes des « Amis du Sacré-Coeur » : il en
recevait régulièrement chez lui et leur a donné une conférence sur le Saint
Suaire en 2014.
Suite à une intrusion dans notre chapelle par des
journalistes suédois, c’est chez lui que la messe du dimanche suivant a été
organisée, afin d’éviter la venue de France Info qui nous l’avait annoncé :
c’était le dimanche des Rameaux 2017, messe célébrée dans son salon,
préfigurant un avenir de persécutions qu’il envisageait avec réalisme.
Après sa conversion, il est donc resté fidèle dans tous les
combats de la Foi, refusant les compromissions avec l’Eglise conciliaire qu’il
avait fuie dans les années 1980. Il a
gardé toute sa lucidité et son sens de l’analyse jusqu’au bout. J’ai entendu des personnes peu charitables, ne
comprenant pas ses positions de soutien à la Fidélité catholique, s’interroger sur sa « santé mentale » : je
suis très attristé par ce genre de calomnies qui émanent de personne ne l’ayant
plus visité depuis très longtemps.
Il a donné sa dernière conférence sur le Saint Suaire en
octobre 2018 à Espiet, preuve, s’il en était besoin, de sa parfaite condition «
intellectuelle ».
Je l’ai revu une dernière fois le jeudi 8 mars, ma sœur l’a
vu le dimanche 10 mars, avant qu’il ne tombe dans le coma le lundi 11 mars.
Ce jeudi-là, il a insisté pour que je transmette à mes
enfants le goût pour l’étude et la lecture, surtout en cette période de crise
de l’Eglise. « Il n’y a plus que quelques bastions épars », « qu’ils continuent
les Amis du Sacré-Cœur ». Il m’a dit qu’il méditait beaucoup et offrait sa «
décrépitude progressive » - ce sont ses mots- pour l’Eglise, pour nos quatre évêques
fidèles. Avant que ma sœur ne reparte dimanche, il a demandé de réciter une
dizaine de chapelet avec elle : il a donné lui-même l’intention : « pour la
guérison de votre frère » : il était parfaitement conscient et toujours
attentif aux autres.
Monsieur l’abbé Peignot, qui le visitait très régulièrement
chez lui ou à l’hôpital, lui a donné la communion le 4 mars et a dit les
prières des agonisants à son chevet le samedi 16 mars.
Ces derniers mois, il avait essayé de commencer l’écriture
d’un nouveau livre, avant de s’apercevoir qu’il n’en aurait plus la force, ce
qu’il a accepté et offert à la Vierge Marie et il s’est abandonné à la divine Providence…
Il a été rappelé à Dieu, à Libourne, le 18 mars 2019.
Promesses de Notre
Seigneur Jésus-Christ à tous les dévots de Sa Sainte Face
(D’après l’image de la
Sainte Face de Jésus-Christ d’après le linceul de Turin qu’il diffusait autour
de lui).
Promesse n°10 : Je serai auprès de mon Père le défenseur de
tous ceux qui, par la parole, la prière
ou la plume, soutiendront ma cause dans cette œuvre de réparation. A
l’heure de la mort, je purifierai la face de leur âme de toutes les souillures
du péché et je leur rendrai leur beauté originelle.
Un de ses amis