Au nom du Père et
du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Chère famille et
chers amis de Monseigneur Williamson, mesdames et messieurs,
Messeigneurs,
chers abbés, chers séminaristes, chers frères et chères sœurs, chers fidèles,
chers amis, mesdames et messieurs,
Nous sommes réunis
aujourd’hui à l’occasion des funérailles solennelles de Son Excellence,
Monseigneur Richard Nelson Williamson.
I. La vie est un combat
Nous sommes
reconnaissants envers les membres de la famille pour leur présence, en
particulier envers Monsieur Harry Williamson, frère aîné de Monseigneur Williamson.
Les membres de la famille ici présents représentent les absents, répartis sur
toute la surface du globe, notamment en Nouvelle-Zélande. Ils ont eu la bonté
de nous confier l’organisation des funérailles. Que la famille qui, sauf erreur
de ma part, n’appartient pas encore à la Maison de la Foi, sache que nous apprécions
le grand honneur et la confiance qu’elle nous fait en nous laissant organiser
la messe des funérailles et l’enterrement.
Nous voyons la
main de la Providence dans notre vie de tous les jours, et notre bon évêque
nous a rappelé sans cesse que nous ne vivions pas séparés du Bon Dieu, des
choses de Dieu et de Sa grâce. De manière totalement contradictoire, certaines
personnes ont récemment déclaré que Monseigneur avait une tendance au
cloisonnement entre d’un côté le surnaturel, et de l’autre le naturel, allant
même jusqu’à l’accuser de naturalisme. Heureusement, ces personnes n’ont pas idée du sens de ce mot. Le naturalisme s’oppose
au surnaturel, or notre bon évêque était tout sauf opposé au surnaturel !
Mais il était opposé à tout ce qui allait à l’encontre de l’ordre naturel. Et c’est
précisément en montrant cette harmonie, cette imbrication, ce concours entre le
surnaturel et le naturel, cette lutte acharnée également entre les deux, entre
l’homme déchu et l’homme ressuscité et restauré par la grâce, que la vie prend
tout son sens. Monseigneur l’a constamment rappelé dans ses conférences, ses
sermons, ses écrits, sa correspondance. Et c’est certainement la raison pour
laquelle tant de gens, qui avaient ou non la Foi, ou qui y venaient, ont été
touchés par ce bon évêque, parce qu’ils avaient vu en lui l’homme de Dieu, qui
prêche la vérité avec charité et bon sens, et avec une grande humanité.
Cher Monseigneur, qui
reposez dans cette salle d’entraînement,
La vie est un combat, un combat pour le Bon Dieu et pour les âmes.
Aujourd’hui, et
providentiellement, comme Monseigneur nous l’aurait rappelé, « nous voyons
la Providence à l’œuvre dans notre vie de tous les jours », notamment dans
les détails qui entourent la mort de notre bon évêque. Il est mort non pas sur
le bord de la route, ni dans un aéroport, ni dans un pays étranger, même s’il
aimait se rendre à l’étranger en véritable apôtre qu’il était, mais dans sa
maison, victime d’une attaque cérébrale, dans sa propre maison, avec le cher abbé Abraham
qui a appelé l’ambulance. Et avant de poser le téléphone, l’ambulance était là
et l’a emmené directement à l’hôpital où il a reçu l’extrême-onction, les
visites du clergé, des amis proches, des fidèles et de la famille.
Et après cinq
jours de préparation, au sortir d’une agonie très paisible - disent les
infirmière - il s’est éteint pour entrer dans l’éternité. Quel jour plus
merveilleux, plus beau, plus encourageant pourrait-il y avoir ? Et nous
voyons là précisément l’accomplissement des promesses du Sacré-Cœur envers ceux
qui L’honorent : « Je les aiderai surtout dans leurs derniers instants. »
Voyez, il n’est pas nécessaire de lire la vie des saints quand nous avons cet
exemple sous les yeux. Aujourd’hui, providentiellement, c’est la fête de saint Éthelbert.
De nos jours, Éthelbert n’est pas un prénom couramment donné au baptême, mais il
pourrait l’être, et même, il devrait l’être.
Pourquoi ?
Éthelbert était roi du Kent. Vers la fin du 6e siècle, ce roi non chrétien, païen à l’époque, mais marié à une bonne épouse - rappelez-vous ce que Monseigneur disait de l’importance d’une bonne épouse pour la famille - une princesse franque, une princesse française qui avait la Foi.
Or, le pape
Grégoire le Grand avait le profond souci de ces païens qui vivaient en
Angleterre, en Grande-Bretagne. L’Angleterre avait été évangélisée au cours des
premiers siècles, à l’époque romaine. Mais les Romains étaient partis en 410
après J.-C.
Avaient suivi les
invasions des Jutes, des Saxons et des Angles, qui étaient tous païens. Les
Chrétiens se sont cachés, ils ont été poussés vers l’Ouest. Ils ont été martyrisés
et persécutés. À Rome, le grand Saint Grégoire envoya Saint Augustin, moine
bénédictin, avec 40 compagnons, pour réévangéliser ce pays et le ramener à
la Foi de nos Pères, et il fut reçu avec plein de gentillesse et de chaleur par
le Roi Éthelbert. Le royaume du Kent était le plus important des royaumes au
sud du Humber à l’époque, or très peu de temps après, le roi s’est converti et a
reçu le baptême, et son royaume avec lui.
La capitale du
royaume d’Éthelbert se trouvait ici, à Cantorbéry. Récapitulons : les
missionnaires, Rome, le pape. Les moines envoyés par Saint Grégoire ont ensuite
été nommés évêques ou archevêques par le pape, précisément dans le but de
sauver les âmes, de les instruire, de les sanctifier, de les mettre sur la voie
du ciel, mais aussi de combattre les maux de l’époque, notamment le paganisme.
C’est ainsi que, providentiellement, nous nous trouvons à Cantorbéry. Ce n’était
pas ce que nous avions initialement prévu. Nous espérions trouver un lieu
proche de la résidence de Monseigneur à Broadstairs, mais nous avons dû modifier
tous nos plans. Nous voici donc dans cette salle transformée en cathédrale, et
nous remercions tout particulièrement les personnes généreuses qui n’ont pas
mesuré leur peine pour transformer cet endroit, en seulement quelques heures, pour
le rendre digne de cette sainte messe.
II. Lecture de la lettre de Monseigneur Viganò
Nous sommes ainsi
réunis autour de l’autel et du saint sacrifice de la messe. Et nous avons l’honneur
de pouvoir lire aujourd’hui une lettre écrite spécialement pour l’occasion. C’est
le deuxième point, si vous voulez, de cette brève oraison funèbre. Je mentionne
tout de suite que M. Harry Williamson prononcera un éloge plus personnel, à
la toute fin de cette cérémonie religieuse, en hommage et en reconnaissance à
son frère, le grand évêque qui a toujours été en butte à la contradiction, dans
sa vie comme dans sa mort. Nous avons pour l’occasion un cinéaste professionnel
qui filme l’événement. Nous le remercions pour ses bons services, comme nous
remercions les fidèles et le clergé. Nous autres membres du clergé, nous aimons
tous avoir un scoop à placer en tête
de nos feuilles d’information, c’est pourquoi nous vous remercions
particulièrement ! Je reprends. Voici un admirable hommage, une lettre d’un
autre grand et courageux évêque, un archevêque même, Monseigneur Viganò, envoyée
depuis son disons « exil intérieur » en Italie du Nord. Il nous a
envoyé cette lettre pour qu’elle soit lue lors des funérailles du cher défunt.
« La
terre de Cantorbéry a été consacrée au Christ par le sang de saint Thomas
Becket, martyrisé le 29 décembre 1170 dans la cathédrale
devenue anglicane aujourd’hui. À cette époque, Thomas Becket s’opposait aux
Constitutions de Clarendon, par lesquelles le roi Henri II attaquait les
libertés et l’indépendance de l’Église catholique. Il a payé de sa vie cette
courageuse défense de l’Église catholique, et aujourd’hui, ce saint évêque,
saint Thomas, nous regarde du ciel alors que nous exprimons les suffrages de l’Église
pour un autre évêque, Richard Nelson Williamson, que nous considérons comme un
témoin de la Foi et de la Tradition catholique en des temps non moins troublés
et hostiles.
Monseigneur Williamson n’a pas été tué par les quatre assassins du roi Henri II. Il n’a pas versé son sang, frappé à mort alors qu’il célébrait le Saint Sacrifice sur l’autel de sa cathédrale, la cathédrale de Cantorbéry. La cathédrale dans laquelle Monseigneur Williamson aurait dû célébrer la messe lui a été refusée par une Hiérarchie qui est maintenant l’alliée et la complice des mêmes ennemis du passé, qui excommunie non pas les ennemis de la papauté, mais ceux qui dénoncent la trahison d’un usurpateur. Monseigneur Williamson a lui aussi été trahi, non par quatre assassins, mais par ceux qui l’ont blessé au cœur en trahissant l’héritage de Monseigneur Lefebvre.
J’espère
que l’exemple héroïque de saint Thomas Becket et le témoignage du martyre blanc
de Monseigneur Richard Williamson pourront réveiller en nous les
sentiments qu’ils ont tous deux partagés : avant tout, l’amour de Dieu ;
l’amour de l’Homme-Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ ; l’amour de la
Sainte Église catholique, apostolique et romaine ; et l’amour de l’homme
pour l’amour de Dieu, d’où découle le zèle apostolique des vrais pasteurs
envers leurs brebis, qui reconnaissent en eux la voix du divin Pasteur.
Cette
vie terrestre est en effet un champ de bataille, où l’on se bat sans quartier
contre un ennemi mortel. Cet ennemi a déjà été vaincu par Notre Seigneur, sur
la Croix, la Voie Royale, la Via Regia
qui mène à la gloire éternelle du Ciel. C’est ce qu’a voulu dire le prophète
Osée lorsqu’en parlant du Christ, il a dit ces mots : O mors, ero mors tua ; morsus tuus ero, inferne. Ô mort, je serai ta mort ; Enfer, je
serai ta morsure. Donner sa vie, donner toute sa vie et toute son énergie
pour Notre Seigneur Jésus-Christ et pour la Sainte Église, et le faire dans une
crucifixion quotidienne, nous permet d’être des coopérateurs de la Rédemption.
Notre faiblesse humaine, mise au service de l’Évangile, permet à la Grâce d’accomplir
de grandes choses ; elle nous permet d’affronter chaque journée, et même
le dernier jour, sans renoncer à combattre le bonum certamen, le bon combat, en répétant avec le Prophète : Ô mort, je serai ta mort ; Enfer, je
serai ta morsure.
Tempora bona veniant.
Que viennent des temps meilleurs. Pax
Christi veniat. Que vienne la paix du Christ. Regnum Christi veniat. Que vienne le règne du Christ. »
+
Carlo Maria VIGANÒ, archevêque
En effet.
Bon pasteur, grand pasteur, bon berger, vous l’avez été jusqu’au bout pour l’Église, cher Monseigneur Williamson, dans la vie et dans la mort, dans votre vie de prêtre dans l’ordre épiscopal. Quel privilège, chers fidèles, chers amis, d’avoir connu, admiré, accompagné, de vous être réjoui et d’avoir souffert avec lui, ce véritable successeur des Apôtres.
III. Le Rite des Cinq absoutes
Troisième point. Je
regarde ma montre. Normalement, ce sont les fidèles qui regardent leur montre
pendant les sermons, m’a-t-on dit, mais il se trouve que nous avons un horaire
à respecter pour l’inhumation. L’enterrement aura lieu en privé, selon les
souhaits de la chère famille, dans un cimetière semi-privé, à environ moins d’une
heure de route d’ici. Ne sortez pas vos cartes pour chercher le lieu précis. Sachez
seulement que Monseigneur a souhaité être enterré à cet endroit, mais de
nombreuses raisons font que l’enterrement se fera en privé, en présence de
quelques membres du clergé seulement. La famille restera ici pour le buffet qui
suivra la cérémonie et auquel tout le monde est convié.
Auparavant se
déroulera la dernière partie de la cérémonie, objet du troisième point de ce
bref sermon de funérailles. Cette bénédiction est spécialement réservée aux
évêques, prélats et cardinaux décédés, ainsi qu’au pape, et appelée « Rite
des Cinq absoutes ».
Nous sommes bien
évidemment tous réunis ici pour prier avant tout pour l’âme de Monseigneur dans
l’éternité. Les Français disent — je ne vais pas faire de court résumé de
ce sermon en français - ils disent que les
obsèques sont un temps de trêve. Les fidèles viennent prier pour le défunt,
car dans l’éternité, un défunt ne peut plus prier pour lui-même. Les âmes
souffrantes des saints ont besoin de nos prières, de nos saintes messes, de nos
suffrages, de nos sacrifices, de nos bonnes œuvres, de nos indulgences. Et
comme ce bon évêque a tant fait pour nous de son vivant, nous pouvons du moins faire
notre part, chers fidèles, pour le payer en retour dans son éternité. Les cinq
absoutes sont normalement faites par cinq évêques et des sièges sont
effectivement préparés aujourd’hui pour cinq évêques. Si l’un des évêques est empêché, il est
possible, selon les rubriques, de demander au prêtre le plus digne de procéder
à la même bénédiction, sans la mitre, qui est le chapeau de l’évêque, sur la
dépouille de l’évêque qui a été exposée hier soir dans ses vêtements
pontificaux complets avec la mitre et la croix pectorale.
Le respect du
corps du défunt est également une profession de Foi en la résurrection de notre
corps au dernier jour, comme nous le disons dans le Credo. Les prières faites
sur le corps, les bénédictions et les encensements profitent avant tout à l’âme
dans l’éternité, mais nous n’oublions pas le corps lui-même, qui a été
sanctifié par les sacrements, notamment par la sainte communion, par l’ordination
sacerdotale et la consécration épiscopale. À cet égard, les prières sont aussi
une marque de respect envers la dépouille mortelle de notre cher évêque. Ces absoutes
se composent de prières et de chants, qui sont chantés intégralement ou non
selon le temps disponible, de la bénédiction de la dépouille mortelle avec de l’eau
bénite et avec de l’encens, très discrètement en raison du système d’alarme… Les
prières qui seront lues résument l’esprit du rite des Cinq absoutes.
Ô Dieu ! En
Lui tout vit, et par Lui nos corps ne périssent pas par la mort, mais sont
transformés en un état plus admirable si nous Le supplions :
« Nous
Vous en prions, ordonnez que l’âme de Votre serviteur, l’évêque Richard, soit
recueillie par les mains de Vos anges bénis, déposée dans le sein de Votre ami
Abraham le patriarche, et ramenée à la vie au dernier jour du grand jugement
par l’indulgence de Votre tendre miséricorde, ainsi lavée par Vous de toute
tache qu’elle a pu contracter sous l’influence du diable, par le Christ notre
Seigneur. »
Quelle belle
prière ! Et les cinq prières reprennent les mêmes sentiments, les mêmes
demandes.
Nous devrons
également penser au Notre Père, quand nous demanderons au Bon Dieu de pardonner
à ceux qui sont maintenant dans l’éternité : « pardonnez-nous nos
offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Ces funérailles
ne devraient pas se limiter à une trêve d’une journée. Si nous pensons aux
blessures, aux insultes, réelles ou imaginaires, que nous avons pu recevoir ou
subir, pensons alors que c’est aussi le moment de pardonner, d’être indulgent
envers les autres, car cela sera le gage du Pardon divin accordé dans l’éternité
aux âmes pour lesquelles nous prions.
Enfin, je
terminerai par une prière composée par notre cher évêque lui-même, et qui
résume à bien des égards toute sa vie, son ministère, la grandeur de son
apostolat, son héritage, son rayonnement et son exemple :
« Notre
Dame des Apparitions, de Lourdes, de La Salette, de Pontmain, ou de toutes les apparitions
récentes, merci d’être apparue et d’avoir pris soin de tous les hommes, vos
enfants rebelles et modernes. Gardez-moi fidèle tant à votre Divin Fils qu’aux
âmes égarées pour lesquelles Il est mort. Je n’ai qu’un seul désir, celui de
faire du mieux que je peux pour Lui et pour Vous. Ainsi soit-il. »
Monseigneur a été fidèle
à sa devise épiscopale. Fidèle jusqu’au bout par la grâce de Dieu, lui qui a
demandé ces mêmes grâces de sainte persévérance et de fidélité. Il a aussi
demandé cette charité que ce cher Monseigneur a témoignée envers ses amis et
ses ennemis, et Dieu sait combien d’ennemis il avait, mais aussi beaucoup d’amis
très chers ! Comme chez les premiers chrétiens, l’exemple de la charité
attire les âmes vers la vérité de la Foi, vers le Bon Dieu.
Au nom du Père et
du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.