lundi 29 octobre 2018

Chronique apostolique en prison

Certains de nos lecteurs nous demandent des nouvelles concernant l'apostolat accompli dans le milieu carcéral. Nous vous communiquons quelques nouvelles fraîches et positives à ce sujet. 

Rien de bon et de constructif dans le domaine surnaturel ne peut se faire sans la prière et le sacrifice  puisque le salut d'une âme est essentiellement l'oeuvre de Notre-Seigneur. Aussi nous tenons à rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu car si la Providence a permis que nous puissions visiter des prisonniers alors que rien ne devait nous y conduire, c'est par la prière et l'intercession des âmes contemplatives et souffrantes ici-bas que tout s'est fait. Et en l’occurrence dans cette histoire (belge !), on peut être certain que la prière des Frères convers dominicains y est pour une très grande part. Ces frères ne quittent pourtant jamais leur couvent et n'ont aucun apostolat direct avec le monde et vouent leur vie à l'obéissance à la pauvreté et à la prière. 

RP Lataste (OP)
Fondateur des Sœurs de Béthanie 
Mais par une mystérieuse providence, notre musulman prisonnier était attiré par l'ordre dominicain : il avait même mis son petit groupe de prisonniers sous le patronage du RP Lataste (OP), mort saintement à la fin du 19ème siècle. Il recherchait un couvent dominicain qui restait assez traditionnel et comme il n'y pas une multitude de couvents dominicains traditionnels, notre ex-musulman a fini par découvrir Avrillé.  De là, il a demandé la venue d'un père dominicain, mais comme la Belgique est loin et que nous passons régulièrement sur les lieux pour le ministère, c'est par cette entremise que les choses ont pu s'achever par un baptême mémorable dans la prison, sous le regard non moins fâché de l'aumônier moderniste que celui, stupéfait, des gardiens de la prison.

Mais les choses ne se sont pas arrêtées là puisque notre nouveau baptisé est un véritable apôtre de la Foi. Il a réussi à regrouper autour de lui près d'une quinzaine de prisonniers qui prient ensemble régulièrement et visionnent la Messe traditionnelle par le biais d'un CD que j'avais pu faire passer grâce à l'amabilité du directeur de la prison. Plus question pour eux d'assister à la Messe moderniste de l'aumônier !

Dans ce groupe, il n'y a pas que des catholiques. Certains musulmans s'y joignent et prient le chapelet (oui oui !) et des non baptisés aussi viennent régulièrement . Tout cela est peut-être fragile mais n'y voit-on pas la grâce qui descend sur ces âmes, naturellement et socialement, les plus déshéritées de ce monde ? Tous ces bienfaits ne pourraient exister s'il n'y avait pas d'âmes généreuses pour prier et se sacrifier. 

Un des frères convers du couvent d'Avrillé a pu visiter les prisonniers en raison d'une dispense exceptionnelle  du prieur. Il a été l'objet d'une immense attention des gardiens et surtout des prisonniers qui voulaient tous lui parler, s'approcher de lui, toucher sa bure etc ... Ces gens-là comprennent mieux que Menzingen et tout autre tyran libéral la valeur des âmes contemplatives !


Dans ce ministère, nous ne négligeons pas la confession, à défaut de pouvoir célébrer les Saints Mystères, car ces convertis veulent, malgré leur passé, croire à la miséricorde infinie du Sauveur pour leurs pauvres âmes. C'est aussi par ce moyen, en plus du chapelet et des lectures, qu'ils trouvent des forces pour résister à la corruption carcérale et aux mafia diverses qui pourraient les ramener à la case départ.  Les visites régulières sont aussi nécessaires pour des mises au point car, passer d'un état de pécheur public à une vie chrétienne réelle n'est pas sans difficultés.  Je puis aussi compter sur les fidèles de la région qui se sont investis dans cet apostolat : visites, encouragement et soutien de diverses manières des prisonniers dans leurs efforts. Même les enfants y prennent leur part.  Prions tous pour leur persévérance !

Comme le disait très bien l'abbé Pivert aux capitulants en juin dernier : "Quant à l’humilité, je ne vous dirai qu’une chose : vous êtes des bourgeois et des aumôniers de bourgeois. Les musulmans n’ont-ils pas d’âme que vous ne cherchiez pas à les convertir ? Que vous n’envoyiez pas vos religieuses vivre au milieu d’eux comme le suppliait le Père de Foucauld ?". 

Dieu nous garde d'abandonner les pauvres âmes dans le monde actuel et de ne nous soucier que de notre confort matériel et de nos avantages personnels.  C'est en donnant que l'on recevra.  Dieu a permis la crise de la FSSPX pour dépouiller évêques, prêtres et fidèles de grosses possessions bourgeoises et les lancer dans une véritable reconquête.  Puissions-nous profiter de cette opportunité que nous offre le Ciel pour faire du bien aux âmes, surtout à celles qui pourraient souffrir de l'embourgeoisement des catholiques de la Tradition. Que Dieu nous garde pauvre et simple pour que n'importe quelle âme puisse s'approcher du prêtre sans appréhension . C'était le véritable esprit de Mgr Lefebvre. 

Puisse cette petite chronique de prison nous faire comprendre que la Tradition Catholique survivra si elle ne perd ni le sens missionnaire ni l'apostolat quelles qu'en soient les contradictions . 

Abbé Matthieu SALENAVE

dimanche 28 octobre 2018

La Dérive Continue

En mars dernier, Reconquista publiait un article "Alerte sur le chapitre" qui nous prévenait d'un mauvais coup à venir. Avec la publication de ce Kyrie eleison, révélant un important document interne de la Fraternité, nous avons désormais la confirmation de ce que nous craignions et dénoncions en  mars dernier. L'irréparable a donc été commis. 

Kyrie eleison DLXXXIX ( 27 octobre 2018 )

Fraternité ! Infléchis-tu la direction ?
Car pour la Vérité, c’est une défection !


“Pas d’ennemis à gauche”. Tel est l’aphorisme classique des démocrates de tout poil, des socialistes,
des communistes, etc. Cela veut dire qu’en politique, quand on se bat à gauche, on ne doit jamais se battre contre une autre personne qui se bat également à gauche, à moins que celle-ci ne vire à droite. Dans le domaine religieux, le même aphorisme s’applique comme suit : quand on se bat pour la Tradition catholique, on ne doit jamais se battre contre une autre personne qui se bat également pour la Tradition, à moins que celle-ci ne soit en train de l’abandonner. Autrement dit, aucun catholique de la Tradition ne devrait normalement attaquer la FSSPX qui, pendant plus de 40 ans, a rendu un service éminent à la Tradition. Or, hélas ! le chapitre intermédiaire de 2012 a montré que ladite Fraternité s’éloignait de la Tradition dans laquelle l’avait fondée Mgr Lefebvre ; et récemment, le chapitre de juillet dernier nous montre encore que cette glissade semble s’éterniser. C’est pourquoi, bien que nous n’ayons aucunement l’intention de porter ombrage à la vraie Fraternité, nous portons à la connaissance des catholiques comment cette glissade s’est poursuivie cet été.

La preuve ? Elle nous est donnée dans est une lettre circulaire émanant tout récemment de la Maison généralice de Menzingen qui lève le voile sur les décisions politiques prises par le chapitre de juillet dernier. Concernant les relations de la Fraternité avec Rome, le texte comprend cinq parties : les trois premières et la dernière contiennent quantité de pieuses considérations servant à encadrer la quatrième partie, laquelle est une présentation en règle, on ne peut plus officielle, de la politique de la Fraternité envers Rome. Citons-la en entier. Le texte en est si important pour l’avenir immédiat de la Fraternité que, sans aucun doute, chaque mot a été choisi par le chapitre avec un soin tout particulier. Chaque nuance doit en être alors aussi soigneusement pesée.

4a Il revient au Supérieur Général de décider de l’opportunité d’avoir des contacts avec le Saint-Siège. C’est à lui, avec la prudence et lorsque l’heure dictée par la Divine Providence sera venue, d’examiner une modification du statut canonique, sans préjudice de la convocation préalable d’un Chapitre.

4b La Fraternité est une œuvre d’Église. De ce fait, elle n’a aucun accord à conclure avec le Saint-Père. Cependant, le moment venu, les véritables droits de la Fraternité finiront par être reconnus et codifiés canoniquement. C’est pourquoi les membres de la Fraternité sont invités à parler de manière plus appropriée, d’une “normalisation”, d’une “reconnaissance”, d’une “solution ou modification du statut canonique”, ou d’une “actualisation de notre approbation canonique”.

Commentaire du 4a – Certes, le Supérieur Général de la Fraternité doit dire quelles négociations avec Rome servent la Foi et comment il convient qu’elles soient menées. Cependant, tous les Chapitres de la Fraternité avant 2012 (1994, 2000, 2006), n’ont-ils pas clairement énoncé que toute soumission à la Rome officielle, toute réintégration, ou tout accord avec les romains, serait d’une importance telle pour la Fraternité que le Supérieur Général ne pourrait en décider seul, sans qu’un Chapitre Général complet intervienne (non simplement avec voix consultative mais avec voix délibérative, devant s’exprimer par un vote) ? Observons maintenant la nouvelle phraséologie employée : Parler de “ modification du statut canonique “ est une expression servant de feuille de vigne pour cacher l’inféodation de la Fraternité, fondée dans la Vérité par Mgr Lefebvre, à l’autorité mensongère de la Rome conciliaire. L’expression “sans préjudice” sonne comme une simple concession participative par la convocation d’un Chapitre – sans plus. Elle est loin d’équivaloir à “jamais sans” (c’est-à-dire nécessairement inclus avec voix délibérative devant s’exprimer par un vote). Notons également le présupposé suivant lequel le Supérieur général est assuré de décider en accord avec la Providence. Paul VI lui-même a-t-il jamais joui d’une garantie semblable ?

Quant au 4b – Certes, normalement, aucun subalterne ne passe d’accord avec un supérieur comme s’il était son égal, mais la Rome néo-moderniste n’est pas la Rome normale ! La Fraternité de Mgr Lefebvre servant la Vérité ne peut se mettre dans la position d’un mendiant par rapport aux modernistes actuellement en poste à Rome. A moins qu’elle ne cesse d’être dans la Vérité, car la Vérité n’a rien à mendier auprès de menteurs. En fait, la Néo-fraternité de 2018 a perdu toute emprise sur le désastre réel de la Néo-église issue de Vatican II ; et de fait elle perd son emprise sur la Vérité en général. Ainsi, les quatre expressions choisies par le Chapitre sont quatre feuilles de vigne destinées à prendre la place d’autres mots exprimant clairement la réalité. Ces quatre feuilles de vigne trahissent l’intention de la Maison générale de liquider la FSSPX pour la remettre aux ennemis de la Foi actuellement à Rome. Elles sont totalement déplacées. Elles camouflent la réalité de cette liquidation.


Kyrie eleison.


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Publication de Reconquista du 3 mars 2018

UN NOUVEAU « COUP » DE LA MAISON GÉNÉRALE EN PRÉPARATION ?


Récemment, une intervenante du forum Fidélité catholique francophone a soulevé un « lièvre », en s’interrogeant sur la portée des déclarations faites au Bulletin du district d’Allemagne par l’abbé Christian Thouvenot, Secrétaire général de la FSSPX, en poste à Menzingen, concernant la question de la Prélature personnelle (La Porte latine, 16 février).
Dans la perspective du prochain Chapitre général de juillet 2018, l’abbé Thouvenot a évoqué ce sujet sensible dans les termes suivants : 
« Il est vraisemblable que la question du statut de Prélature personnelle soit posée lors du Chapitre. Mais c’est le Supérieur général seul qui conduit la Fraternité et qui a la responsabilité des relations de la Tradition avec le Saint-Siège. Mgr Lefebvre, en 1988, avait tenu a bien préciser cet aspect ».
Cette surprenante déclaration appelle une triple mise au point :
§  le Supérieur général n’est pas « seul » à conduire la Fraternité, s’agissant en particulier des relations avec le Saint-Siège,
§   dans ses fonctions, il n’a aucun mandat pour représenter l’ensemble de « la Tradition »,
§   sur ces sujets, l’exemple de Mgr Lefebvre en 1988 ne peut pas être appelé en renfort de la position des autorités actuelles de la Fraternité.
I - Sur le premier point, on rappelle que le Chapitre général est l’instance suprême de la Fraternité. Il désigne le Supérieur général et ses deux Assistants pour 12 ans (§ V, 1 des statuts).
Ce même Chapitre est en outre chargé de la mission essentielle de « vérifier si la Fraternité applique (…) ses statuts et s’efforce d’en garder l’esprit » (§ V, 2).
Le Supérieur général élu jouit, pendant son mandat, des plus larges pouvoirs pour gouverner et administrer la Fraternité avec le concours de ses Assistants. Ils forment ensemble le Conseil général.
En complément de ces règles, et faisant suite au Chapitre général de 2006 qui avait adopté une position de principe « pas d’accord pratique avec Rome sans accord doctrinal », le Chapitre de juillet 2012 a énoncé des dispositions spécifiques précisant les conditions d’une éventuelle « normalisation canonique » de la Fraternité : dans cette hypothèse, doit se tenir au préalable un Chapitre extraordinaire « délibératif », c’est-à-dire doté d’un pouvoir de décision sur les orientations envisagées.
N’ayant pas été abrogées, ces dispositions sont toujours en vigueur : toute action dans ce domaine nécessite donc la convocation du Chapitre, son information complète, puis sa délibération sur le contenu du projet en cause (après vérification concernant les six conditions formulées en 2012). La décision votée par le Chapitre s’impose au Conseil Général et à tous les membres de la FSSPX.
C’est ce que déclarait Mgr de Galarreta à Villepreux le 13 octobre 2012 :
« Également il a été décidé dans ce Chapitre que si jamais la Maison générale parvenait à quelque chose de valable et d’intéressant avec ces conditions, il y aurait un Chapitre délibératif, ce qui veut dire que sa décision lie nécessairement (les membres de la Fraternité). Lorsqu’il y a un chapitre consultatif, on demande conseil, mais après l’autorité décide librement. Un chapitre délibératif signifie que la décision prise par la majorité absolue – la moitié plus un, ce qui nous a semblé raisonnable –, cette décision sera suivie par la Fraternité ».
Il s’ensuit que le Supérieur général n’est pas « seul » compétent pour conduire le processus de normalisation avec Rome. Bien au contraire, il a au-dessus de lui une instance qui est, juridiquement, « seule » compétente pour définir souverainement la position de la Fraternité !
Par conséquent, l’abbé Thouvenot se trompe gravement sur ce point. Et puisqu’il est censé engager la Maison générale à raison de ses hautes fonctions, on s’étonnera que Mgr Fellay n’ait pas déjà réagi.
II - Sur le deuxième point, il est évident que le monde dit « de la Tradition » déborde largement, par ses ramifications variées, sociétés religieuses et communautés, le périmètre de la seule Fraternité Saint-Pie X. Il suffit de rappeler les dénégations de Mgr Lefebvre chaque fois qu’on a voulu faire de lui « le chef des traditionalistes » !
La formulation attribuant au Supérieur général « la responsabilité des relations de la Tradition avec le Saint-Siège » résulte manifestement d’une inadvertance, et Mgr Fellay pourrait corriger les propos de son Secrétaire général sur ce point également.
III - Sur le troisième point, l’abbé Thouvenot invoque à tort le Fondateur pour valider le positionnement actuel de Mgr Fellay comme seul en charge de conduire les discussions avec Rome. Il oublie seulement qu’un paramètre essentiel a été modifié depuis 1988, à savoir que le Supérieur général a été assujetti en 2012 – on l’a dit – à un accord préalable du Chapitre pour toute normalisation canonique de la Fraternité.
Mgr Lefebvre ne s’étant pas trouvé dans une position semblable au cours de ses pourparlers avec Rome, le parallèle fait par l’abbé Thouvenot entre les situations de 1988 et de 2018… est un anachronisme. Mgr Fellay devrait, là encore, rectifier les propos de son collaborateur.
Mais il est peu probable qu’il le fasse… Pourquoi ?
      Parce que Mgr Fellay a lui-même délibérément omis ces dernières années de réunir et de consulter le Chapitre avant d’accepter la juridiction concédée par le pape François sur certains sacrements :        
  •      pénitence et extrême-onction fin 2015
  •      ordre à l’été 2016
  •         mariage en 2017,
alors qu’une autorisation préalable était exigible, s’agissant dans tous les cas d’une « normalisation » – partielle certes, mais indiscutable – de la situation de la Fraternité.
Sans risquer un jugement téméraire, on peut donc lui prêter l’intention de pratiquer de la même façon pour la normalisation finale de la FSSPX qui résulterait de son érection en Prélature personnelle.
L’avertissement délivré par l’abbé Thouvenot depuis l’Allemagne, et l’aplomb avec lequel il déclare l’autorité du Chapitre transférée au profit du Supérieur général, est un indice troublant dans ce sens…
A supposer que la question de la Prélature soit effectivement « posée » lors du Chapitre prévu en juillet prochain, ces mêmes déclarations du Secrétaire général impliquent que la saisine de l’instance suprême de la FSSPX, si elle a bien lieu, se verrait réduite à une simple « consultation », au mieux à une « délibération-cadre» donnant pouvoir au Supérieur général de traiter le dossier, le Chapitre étant ainsi cantonné dans le rôle d’une « chambre d’enregistrement ».
Par ce biais, le débat doctrinal de fond se trouverait écarté.
Comment garantir dans ces conditions que le Chapitre pourra remplir sa mission propre, celle de vérifier la conformité du projet de normalisation, aux statuts d’une part, à « l’esprit » qui les a inspirés de par la volonté du Fondateur d’autre part ?
Si en définitive ce scénario pessimiste (ou réaliste ?) s’avérait exact, et que le Chapitre, celui de juillet ou un autre, en arrivait à autoriser la transformation de la Fraternité en Prélature personnelle, la « révolution copernicienne » (J. Madiran) de l’Oeuvre de Mgr Lefebvre serait parachevée, et l’héritage du grand Prélat tomberait comme un fruit mûr entre les mains des sectateurs du Concile Vatican II.
Dans le nouveau contexte canonique où elle se trouverait placée, sous la férule du pape François, quelle protection la Fraternité pourra-t-elle espérer de la Rome conciliaire ?
Si en effet le Supérieur général (et le Chapitre) « oublient » ou contournent les directives données par Mgr Lefebvre après les sacres, les contraintes statutaires de la Société, et les « verrous » – déjà allégés – mis en place à l’occasion du Chapitre de 2012, comment la Fraternité pourra-t-elle exiger que les modernistes romains honorent leurs propres engagements lorsque la Fraternité sera totalement sous leur tutelle juridique ?
Ce serait mal connaître la Rome actuelle que d’imaginer qu’elle respectera l’espace doctrinal et pastoral de la Prélature, alors que Mgr Fellay, quant à lui, prend ses libertés avec les règles internes de la Fraternité et néglige les prudentes mises en garde du Fondateur.
Qui pourra assurer, dès lors, que la FSSPX ne subira pas, un jour ou l’autre, le sort des Franciscains de l’Immaculée ?
Avant que le pas décisif vers la Prélature ne soit franchi et que l’irréparable ne soit commis, les derniers espoirs résident dans les capitulants eux-mêmes, s’ils ne se déchargent pas de leurs propres responsabilités sur qui que ce soit.
Dans ces circonstances difficiles, on formule le souhait que leur conscience s’oriente fermement dans les voies de la prudence surnaturelle, dussent-ils risquer une confrontation avec ceux qui cherchent d’impossibles compromis au détriment du combat de la foi.
Nous prierons en ce sens Saint Joseph, patron de l’Eglise Universelle.

Correctio Marcelis


Pour télécharger le document "Alerte sur le chapitre" en PDF :  version adressée en avril aux 40 capitulants ici  et version au 3 mars 2018 ici 

jeudi 25 octobre 2018

COMMENT LE PAPE « TIENT » LA FRATERNITE

Les sacrements du « Ralliement »


Nous publions ci-dessous une judicieuse analyse parue sous la signature CMS dans un fil de discussion du forum de la Fidélité  catholique « L’abbé Petrucci sans compromissions ? », et reprise par le site Gloria.tv

Au moyen d’une démonstration méthodique, le processus de prise de contrôle de la Fraternité par la Rome conciliaire est mis en évidence de façon saisissante.

C’est donc par le biais de la juridiction des sacrements que le pape s’est ouvert la porte de l’œuvre de Mgr Lefebvre, … mais les Supérieurs de Menzingen lui ont tendu les clés.
Après les Franciscains de l’Immaculée ... la Fraternité Saint-Pie X : bientôt un nouveau trophée au tableau de chasse du pape François !

Sur le site italien de la FSSPX, on trouve un entretien entre l’abbé Pierpaolo Petrucci et Marco Bongi, remontant au 9 septembre 2015, c’est-à-dire peu après la décision du pape de conférer la juridiction pour les confessions durant l’Année de la miséricorde.
A l’époque l’abbé était Supérieur du district d’Italie.
Dans ses réponses, il évoque d’une part la « grave nécessité » liée à la crise de l’Eglise, « qui fonde notre droit à venir au secours des âmes par le moyen de l’administration des sacrements », soulignant  que cette situation garantit la « validité et la licéité » des confessions telles que pratiquées par la Fraternité au cours des décennies écoulées.
D’autre part, il reconnaît que l’octroi de la juridiction de l’Eglise par le pape « peut contribuer certainement à rassurer des personnes » qui ne seraient pas bien au fait de ces questions canoniques et hésiteraient donc à s’approcher des sacrements de la FSSPX, et il concède  - « sans enthousiasme exagéré » précise-t-il -  que la mesure du pape peut, sous cet angle au moins, être considérée comme un « geste paternel ».
Par ces formules équilibristes (« à l’italienne » dirait-on !), l’abbé Petrucci évite d’opposer les deux juridictions l’une à l’autre, et il ne repousse pas la juridiction accordée par le pape. De la sorte, il se montre assez proche de son confrère français l’abbé Castelain, prieur du Moulin du pin, qui écrivait quelques mois après (cf. Combat de la foi, n°176, mars 2016) que la juridiction « officielle » reçue du pape « viendra pour ainsi dire se superposer » à la « juridiction de suppléance », dont les prêtres de la Fraternité jouissaient déjà « en raison de la crise conciliaire et des dispositions prévues par le droit canon ».
Selon toute vraisemblance, l’abbé Petrucci n’a pas changé de position depuis sa nomination comme responsable de Saint-Nicolas : par conséquent, on peut supposer qu’en France comme en Italie, ce prêtre garde un attachement personnel à la juridiction dite « extraordinaire »… mais il ne récuse pas la juridiction conférée par le pape François, entretenant ainsi une grave équivoque dans l’esprit des fidèles.
On sait que certains autres prieurs ou prêtres de France prétendent continuer à délivrer l’absolution sous le régime de la « suppléance » : ils rassurent ainsi  - mais seulement verbalement, bien entendu - ceux de leurs fidèles qui s’inquiètent de la cohérence de leur vie sacramentelle avec leurs convictions hostiles au ralliement.
Et pourtant, ces prêtres devraient savoir que tout ministre appartenant à une structure donnée (la Fraternité en l’occurrence) confère les sacrements selon la juridiction canonique reçue et acceptée par ses Supérieurs, qu’il le veuille ou non !... à moins qu’il ne quitte la structure en question, ou en soit exclu.
En avril 2016, à propos du sacrement de pénitence, Mgr Fellay avait d’ailleurs confirmé par écrit qu’« on ne parle de juridiction de suppléance qu’en l’absence de juridiction ordinaire ». C’est l’une ou l’autre !
Selon ce principe, la Maison générale sanctionne donc toute opposition frontale à la juridiction de Rome, et l’abbé de La Rocque en fut la victime exemplaire dans l’affaire des mariages en 2017.
Mais en pratique, Menzingen et Suresnes tolèrent des comportements ambigus ou « hybrides » comme celui qu’on peut prêter à l’abbé Petrucci, pourvu qu’ils ne récusent jamais publiquement la « juridiction ordinaire de l’Eglise », seule officiellement en vigueur dans la Fraternité.
Quant aux mariages, des règles analogues s’appliquent, et aucun prieuré, Saint-Nicolas inclus, ne peut en principe procéder à la célébration d’une union qui prétendrait s’affranchir des dispositions du Directoire interne de la Fraternité, suite à la lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la foi du 27 mars 2017 : on doit désormais recourir, chaque fois que possible, à une délégation du diocèse.
Le nouveau Supérieur général l’abbé Pagliarani n’étant pas revenu dans ces domaines sur les positions de son prédécesseur Mgr Fellay, il faut conclure que tous les prêtres de la Fraternité, et par conséquent l’ensemble des prieurés de France, sont actuellement rattachés à la Rome conciliaire par le biais des sacrements ; ils sont ainsi, au moins sous ce rapport, bel et bien « ralliés ».
S’ils usent sans scrupules de conscience de cette juridiction nouvelle sous prétexte qu’elle est « celle de l’Eglise », ils devront alors admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés impénitents (exhortation Amoris laetitia), et diriger les époux en situation de mésentente - qu’ils auront mariés dans leurs prieurés - vers les officialités diocésaines (pour l’introduction d’une instance en nullité, soumise au Droit canon de 1983 et au motu proprio Mitis Judex du pape Francois). Deux conséquences parmi d’autres de ce qu’on nomme « le ralliement »…

L’église Saint-Nicolas du Chardonnet ne saurait faire exception sur ces sujets, quels que soient les points de vue personnels de l’abbé Petrucci et de ses collaborateurs prêtres sur ces questions de juridiction, et sur leurs suites pastorales désastreuses !
Point n’est donc besoin d’une structure (Prélature ou autre) pour concrétiser une mise en dépendance juridique et pratique. Les sacrements suffisent, et le pape l’a bien compris.
Comme l'a fait observer l'abbé de Tanoüarn au "Club des Hommes en noir" du 12 septembre, il ne faut plus attendre un "accord" entre Rome et la Fraternité... parce que cet accord existe déjà "concrètement, pratiquement" au niveau de la juridiction des sacrements (et la nouvelle équipe en fonction à Menzingen n'a pas l'intention de revenir sur ces "facilités" concédées par Rome, selon les précisions données par l'abbé Celier).
Ces sacrements étant reçus d'une autorité moderniste, sont en quelque sorte "radioactifs" (selon une formule de l'abbé Puga, vicaire à Saint-Nicolas, désignant des "décisions officielles matériellement bonnes", mais "irradiées par les erreurs libérales du Concile" - Le Chardonnet, avril 2018).                   

Par le biais fort habile des sacrements, le pape François « tient » désormais la Fraternité, l’empêchant ainsi de procéder à la seule action que Rome redoute vraiment, à savoir le sacre de nouveaux évêques sans mandat pontifical.
Il s’ensuit le terrible constat que la Fraternité Saint-Pie X n’a plus aujourd’hui les moyens de remplir la mission reçue de son Fondateur pour la sauvegarde de la Tradition catholique, du sacerdoce et de la Sainte Messe.

Et à vues humaines, son absorption par la Rome conciliaire, ou sa disparition pure et simple, ne sont plus qu’une question de temps…

mercredi 24 octobre 2018

Le système antichrétien actuel et la résistance

Annonce (extrait) et sermon de M l'abbé Salenave à Caen pour le 22ème dimanche après la Pentecôte.


Saint Herménégilde martyrisé par son père
pour avoir refusé la communion
d'un évêque arien. 

lundi 22 octobre 2018

La « Résistance » agit–elle ?

Kyrie eleison DLXXXVIII ( 20 octobre 2018 )

Comptez les grâces, vous le devez, quand la tempête s’affole –
Surtout lorsque ces grâces par mégarde s’envolent !

"Laissez venir à moi
les petits enfants"

Cette fois, c’est une grand-mère qui écrit aux Commentaires Eleison pour faire état d’une préoccupation largement partagée par des lecteurs et des amis qui sympathisent en général avec les objectifs de la “Résistance”, mais qui se demandent ce que fait réellement ce mouvement pour les aider dans leur quotidien. Voici, légèrement résumé, le message qu’elle nous envoie :—


Je suis plutôt déçue de voir aujourd’hui le manque de gouvernance dans la Fraternité comme dans la Résistance. Nous soutenons la Résistance mais nous ne savons pas ce qu’elle fait. Récemment, vous avez consacré trois évêques, mais quelle est leur véritable mission ? Que font-ils pour apporter aux fidèles espérance et réconfort ? Nous n’entendons jamais parler d’eux non plus. Ne peuvent-ils pas former une sorte d’opposition à la Fraternité, en s’associant aussi ces bons prêtres bien capables qui ont quitté la Fraternité ? Dieu se contenterait-Il de nos seules prières ? Il y a quelques années, Il a suscité Mgr Lefebvre pour protéger Son Église. Va-t-Il maintenant laisser en panne les fidèles qui ont suivi l’Archevêque ? Je pense que beaucoup de Catholiques de la Tradition cherchent désespérément une direction ferme, que ce soit dans la Fraternité ou dans la Résistance.


Chère Madame,

Pour vous répondre, permettez-moi de commencer par un célèbre épisode de l’histoire romaine remontant avant Jésus-Christ. En 216 avant JC, l’armée romaine, normalement invincible, est partie se battre contre les Carthaginois commandés par Hannibal qui avaient envahi l’Italie et menaçaient la ville de Rome. Lors de la bataille de Canne, dans la région des Pouilles au sud-est de l’Italie, les Romains furent pris de vitesse par une manœuvre d’Hannibal, et se trouvèrent encerclés, puis massacrés par les Carthaginois. Ce qui plongea Rome dans la consternation. Que fallait-il faire ? Certains Romains étaient d’avis de lever une autre armée afin de poursuivre la lutte contre Hannibal. Mais le Consul Fabius conseillait d’éviter si possible l’affrontement et, tout en surveillant de près l’ennemi, il proposait d’attendre qu’ils rentrassent d’eux-mêmes chez eux. Le conseil était bon et a été suivi. Les Carthaginois finirent par rentrer chez eux, où, quatorze ans plus tard, leur armée fut écrasée par les Romains. “Fabius le Temporisateur” avait gagné.

Mais toute comparaison boite. Ainsi, après l’écrasante défaite de l’Église à Vatican II (1962–1965), oserait-on affirmer que Mgr Lefebvre eut tort de constituer, tant bien que mal, une petite armée pour continuer, quelques années plus tard, le combat contre les modernistes ? Évidemment non. Car Vatican II fut une bataille de grande ampleur qui laissa suffisamment de bons soldats pour que l’archevêque pût les rassembler dans une petite armée dans les années soixante-dix. A l’inverse, à partir de 2012, la glissade de cette petite armée fut une défaite qui laissa épars derrière elle beaucoup moins de soldats pour continuer le combat. La stratégie pourrait-elle être aujourd’hui la même que dans les années soixante-dix et quatre-vingt ? Sûrement pas. Car cette fois-ci, les soldats sont souvent des enfants nés dans la période révolutionnaire des années soixante, voire plus tard, et ils ont d’autant moins le sens de l’obéissance, le sens d’une Église et d’un monde en ordre que ne l’avaient les catholiques d’après le Concile. En effet, qui peut nier qu’en 2010 le désordre et l’indiscipline ont encore bien augmenté par rapport aux années 1970 ? Au point où on peut se demander si aujourd’hui Mgr Lefebvre, malgré tous ses dons, aurait pu ou voulu mettre sur pied une “contre-Fraternité”. Oui, peut-être, ou peut-être pas . . .

En fait, en ces temps de guerre, les quatre évêques de la “Résistance” (plutôt un mouvement qu’une organisation), chacun dans la partie du monde où il se trouve, fait ce qu’il peut pour distribuer aux catholiques des rations de secours leur permettant de garder la Foi : la bonne doctrine, et des conseils pour le petit nombre qui en cherche, outre les sacrements que seuls les évêques peuvent conférer. C’est un service bien réduit qui n’a rien de flamboyant ni de sensationnel, mais peut-être assure-t-il un minimum vital. Si tel est le cas, que Dieu nous garde fidèles dans la foi.

Kyrie eleison.

vendredi 19 octobre 2018

D'Austrasie

Ce 19 octobre, l'abbé Chazal nous a transmis quelques nouvelles de l'apostolat en Asie


Réunion du 19 octobre 2018

Nous avons eu une réunion aujourd'hui pour arranger la couverture des missions, les affaires canoniques, etc. 200 baptêmes et 20 mariages depuis 2013, et beaucoup d'autres joies, et en particuliers de joies de la Croix, se profilent.

Un deuxième Coréen nous rejoint en février et, Deo Volente, un Chinois un mois plus tard.

La tour à ses fondements
7m×7m, la tour devrait répondre aux nouveaux besoins. Sa base sera en pierre naturelle, enserrant le béton armé qui supportera un édifice tout bambou de 7 étages, 11 chambres, une terrasse, une bibliothèque/ réfectoire /salle de classe/ salle de communauté.  Et des locaux sanitaires convenables seront au sous sol.


Le maître d'oeuvre de la tour, l'abbé June Mark Ligan, que nous espérons devenir prêtre en 2020...



Notre dernier mariage : avant de conférer l'anneau nuptial, l'abbé Picot explique sa signification aux futurs époux.

Tout est a refaire, certes, mais avec de bons mariages, les fondations sont solides, comme le regard de ce Philippin!

Echange des arrhes : Là encore, un symbolisme très fort.



Pendant ce temps-là, une catastrophe navale s'est produite au séminaire, avec une attaque de fourmis ninja.. toutes repoussées à l'arme chimique !

Pour se venger, elles ont lancé une autre attaque... jusqu'à ma chambre au 7e étage, et le combat n'est pas encore décidé.




Que Dieu vous bénisse ! 

Abbé François CHAZAL



mercredi 17 octobre 2018

La FSSPX Canada au diapason LGBT

Si la France est un peu à la remorque dans la politique du ralliement, le Canada, lui, semble à la pointe en ce domaine. Nous vous faisons partager cet article qui nous paraît révélateur de ce qui se passe Outre-Atlantique.


Dans la foulée de la publication de notre dernier article, relatant la dernière turpitude contre-nature de la FSSPX Canada (publié quelques jours après l'apparition sur internet du scandale), un lecteur nous a fait parvenir le message suivant de l'abbé Daniel Couture aux prêtres de son district :

Dear Fathers, 
The bad text imposed by the government has been removed from our website and handbook as of last night. Please let it be known to anyone who write to you. And pray for the school, that we may be able to finish the academic year, and continue it next year!
AMDG 
D. Couture
Traduction :
Chers abbés, 
Le mauvais texte imposé par le gouvernement a été retiré hier soir de notre site web et du manuel de l'école. Faites-le savoir à quiconque vous a écrit à ce propos. Priez pour l'école, afin que nous puissions finir cette année et continuer l'an prochain !
AMDG 
D. Couture
Décryptons et lisons entre les lignes :
Chers abbés, 
Le mauvais texte imposé par le gouvernement, écrit par un membre/employé de la FSSPX et autorisé par votre serviteur, a été retiré hier soir de notre site web et du manuel de l'école. Faites-le savoir à quiconque vous a écrit à ce propos. Priez pour l'école, afin que nous puissions finir cette année et continuer l'an prochain !
AMDG
D. Couture

Comprenons : devant l'éclosion du scandale humain - salissage de l'image de la FSSPX en général - , il devient nécessaire de corriger le tir, afin de sauver les apparences. Un tel détournement d'attention ne peut être efficace.
  • Ce n'est pas le gouvernement qui a écrit le manuel de l'école, mais bien le personnel et les prêtres. Laisser sous-entendre que le gouvernement provincial a imposé l'ajout de ces règles vicieuses dans le manuel de l'école est mensonger.
  • Tel que mentionné, le document avait reçu, avant sa publication, le nihil obstat de l'abbé Daniel Couture : « Les règles consignées dans ce manuel ont été mises en place pour fournir une orientation stricte et donner l'efficacité nécessaire à la gestion de l'école privée St. John Bosco. »
  • L'école avait le choix d'inclure ou non ces passages odieux dans son manuel. Si la survie de l'institution avait réellement dépendu de l'ajout de ces passages, il aurait fallu cesser les activités et alors, soutenir les parents à faire l'école à la maison. Il n'est pas permis d'utiliser des moyens mauvais pour un « bien apparent ». Pour sauver la maison générale de Menzingen, faudra-t-il, cette fois, accepter l'avortement ?
Nous parlions plus haut de scandale humain. En effet, si cette affaire n'avait pas fait de bruit et choqué les gens, est-ce que ce manuel aurait été retiré ? Si dans le secret de leur cœur - face à Dieu - ces personnes sont capables d'autoriser de pareilles choses, peuvent-ils être appelés « bons pasteurs » ? Pour ces gens, la petite polémique humaine guide l'action : l'éternel pragmatisme éloignant des Préceptes divins. Fraternitas, Fraternitas, convertere ad Dominum Deum nostrum.

Dieu premier servi.
Devise de sainte Jeanne d'Arc

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Sur son site, M. l'abbé Pivert rajoute ces commentaires :

C’est-à-dire que devant l’émotion de l’opinion publique des “tradis”, il devient nécessaire de corriger le tir, afin de sauver les apparences.



Nous sommes appelés à un martyre social : pauvreté par privation des aides étatiques, mise à mort sociale à cause de notre fermeté sur la vérité, condamnations pour “discrimination”, rapidement amendes, puis prison. À la fin viendra le martyre du sang. Telle est notre vocation de témoins de la foi. S’y refuser, c’est courir droit à l’apostasie.



L’éternel pragmatisme humain éloigne des Préceptes divins. Ils n’ont pas de principes, bien plus, ils refusent les principes de la foi qui leur paraissent trop exigeants. Ils sont pire que les ralliés, ils en ont même la doctrine.





lundi 15 octobre 2018

"Saint Paul VI" : êtes-vous réservé ou scandalisé ?


Deux conceptions opposées de l'Eglise
Nous publions une intéressante réaction de Joseph qui se demande comment Mgr Lefebvre aurait perçu la pseudo-canonisation de Paul VI et la réaction de l'actuelle FSSPX. 

Imaginons  quelques  instants  le  retour  de  Mgr Lefebvre parmi nous en ce mois d'octobre 2018.

On  lui annonce deux nouvelles : la canonisation du Pape Paul VI et le communiqué de la FSSPX (lu dans toutes les chapelles de la Fraternité le dimanche 14 octobre).
"Saint" Paul VI ??

Par la première nouvelle, il apprend que Rome a réussi l'exploit de découvrir un "miracle" de ce pape, ce qui permet de le mettre sur les autels et de le faire prier par la foule catholique et les générations à venir ; de la deuxième nouvelle, il apprend que la Fraternité émet seulement "de sérieuses réserves", sans oser publier une protestation solennelle à la hauteur de l'événement.

Communiqué de la FSSPX
FSSPX-News titre sobrement "Communiqué de la Maison générale au sujet de la canonisation de Paul VI", et se déclare "perplexe". La Porte latine, de son côté, annonce bien "une scandaleuse canonisation" (titre), parce qu'on laisse un peu de latitude éditoriale à la France, par crainte de réactions explosives des Gaulois (!), mais le corps du communiqué n'est que la re-transcripiton intégrale du texte de Menzingen (la liberté a des limites !). 


De quoi Mgr Lefebvre serait-il vraiment choqué ? 

De l'acte incroyable de Rome sans doute : "que peut-il sortir de bon de la Rome apostate ?", se désolerait-il sûrement.

Mais bien plus gravement, c'est de la capitulation de ses successeurs que le Prélat serait très profondément scandalisé ! "Où sont les Maccabées ?" redirait-il indigné, comme dans sa lettre d'août 1986 à huit cardinaux peu avant la réunion d'Assise !

De son vivant, comment aurait-il pu imaginer que ce pape - sous tous rapports pire qu'un Luther - qui a réussi à protestantiser la masse des catholiques en l'espace de dix ans, qui a fait mourir de chagrin des cardinaux, qui a détruit l'Eglise de fond en comble dans sa liturgie, dans son chant sacré, dans sa langue, qui a été à l'origine des réformes les plus audacieuses d'inspiration libérale et moderniste, qui a été soutenu par les loges (cf. la liste des francs-maçons dévoilée par le journaliste Pecorreli, assassiné quelques temps après), ... honoré par les instances maçonniques italiennes après son décès...

… et qui l’a personnellement suspendu a divinis pour crime de fidélité à la tradition catholique ! ...

...  puisse être proposé à la vénération des fidèles pour l'héroïcité de ses vertus et l'exemplarité de son pontificat ?!

Mais surtout, comment aurait-il pu imaginer que sa propre Fraternité puisse, moins de trente ans après son décès, n'avoir que "des réserves" et des perplexités sur cette pseudo-canonisation ?! 

Apprenant cette deuxième nouvelle, le grand Fondateur aurait alors compris que sa propre Oeuvre était, à son tour, victime de ce qu'il avait lui-même dénoncé dans l'Eglise. 

Pauvre Eglise défigurée par des hiérarques indignes !

Pauvre Mgr Lefebvre... victime d'une misérable trahison posthume !

Joseph

samedi 13 octobre 2018

ADRESSE AU SUPERIEUR GENERAL DE LA FSSPX

Au sujet d’un article récent de l’abbé J.M. GLEIZE 


Nous relevons sur le site Gloria.tv une intéressante contribution de Correctio Marcelis aux débats en cours au sein de la Tradition, qui met en évidence le piège dans lequel s’est enfermée la Fraternité Saint-Pie X par la faute de Mgr Fellay. 
Face à un naufrage désormais inéluctable, son successeur trouvera-t-il la force surnaturelle de redresser à temps la barre du navire en perdition ? 

Le 13 octobre 2018 

A l’attention de Monsieur l’abbé D. PAGLIARANI 

Monsieur le Supérieur général, 

Lorsque, du haut de leur chaire, les Docteurs se croient importants… ils s’exposent à subir la Correctio (filialis !) des simples fidèles. 

L’abbé Jean-Michel Gleize, théologien réputé et professeur d’ecclésiologie au Séminaire international d’Ecône, a signé le 10 octobre sur le site officiel FSSPX-news un long article (180 lignes) intitulé : 


A l’évidence, par le choix du support de publication, un tel texte engage non seulement son signataire, mais également l’ensemble de la hiérarchie responsable de la Maison générale de Menzingen, et vous-même en premier lieu en votre qualité de Supérieur général. 

Il s’agit d’une savante contribution – par endroits excessivement savante ! – au débat en cours sur la crise de l’Eglise « conciliaire », et sur la position toujours ambiguë  de  la  FSSPX,  « ni schismatique »   nous  dit-on,  mais  pas  non  plus  en   « pleine communion » avec cette Eglise. 

Sur ces sujets, l’abbé Gleize commente abondement les déclarations faites en Pologne par Mgr Pozzo en juillet dernier. 

Il précise que les autorités romaines persistent à exiger l’adhésion de la Fraternité à une « déclaration doctrinale approuvée par le pape François et présentée par la Congrégation de la doctrine de la foi. » 

Cette exigence conduit à une situation de blocage, puisque les Supérieurs de la FSSPX ne sont pas prêts à signer une telle « déclaration doctrinale » qui répute partie intégrante du magistère, et par conséquent faisant autorité dans l’Eglise, le funeste Concile Vatican II et les orientations doctrinales et pastorales des cinq derniers papes. 

De la sorte, l’abbé Gleize et vous-même, Monsieur le Supérieur général, donnez à penser que la reconnaissance canonique de la Fraternité est, en l’état, devenue improbable, voire impossible, puisqu’elle dépend de la ratification d’un texte… que vous n’envisagez pas de signer (cela équivaudrait effectivement à renier l’héritage de votre Fondateur). 

On imagine facilement que ce raidissement sera présenté à l’opinion comme un repli par rapport aux orientations plus « ouvertes » de Mgr Fellay vis-à-vis de Rome, et comme l’assurance que l’érection de la Fraternité en Prélature personnelle n’est plus à l’ordre du jour… 

Pour rassurer encore les fidèles, vous avez laissé écrire par l’éminent abbé Gleize  que  « le problème est  donc  bel  et  bien,  d’abord  et  avant  tout,  doctrinal.    C’est   de  sa solution que doit dépendre,  aux yeux même de Rome,  la reconnaissance canonique » : ce qui implique en clair que les discussions avec Rome sont inutiles, parce que sans issue ! 

Mais ce faisant, vous semblez ne pas apercevoir que le pape, plus « rusé » (furbo en italien) qu’il le dit lui-même, a depuis trois ans pris l’initiative et acquis une bonne longueur d’avance dans le processus de rapprochement en cours avec la Fraternité. 

Votre prédécesseur était convaincu de sa propre fidélité à l’héritage de Mgr Lefebvre et aux principes contenus dans la Déclaration de 1974 ; il prétendait résister à Rome, et dicter ses conditions pour une reconnaissance canonique acceptable. 

Mais le pape François a su discerner les faiblesses et les contradictions de Mgr Fellay, et en bon tacticien, il a choisi de « prouver le mouvement en marchant » ! 

- Comment donc ? objectera-t-on… 

- Tout simplement en conférant unilatéralement à la Fraternité la juridiction sur les sacrements - une juridiction « conciliaire » selon la lettre et l’esprit du nouveau Droit canon, là est le problème ! -,    cela sous l’argument  spécieux   de   « répondre au bien » de ses « frères ». « Le pape s’inquiète du salut spirituel des fidèles de la Fraternité Saint Pie X » précise Mgr Pozzo. Mais vu les coups qu’elle porte régulièrement à la foi et la morale,  on peut  douter que la Rome  actuelle  «s’inquiète» vraiment du sort des catholiques de la Tradition ! 

Ainsi, François n’a demandé la permission à personne pour mettre le pied dans la Fraternité dès septembre 2015, escomptant bien que Mgr Fellay, naturellement porté au compromis, et fragilisé par certaines de ses actions antérieures (déclaration du 15 avril 2012, entrevue du 23 septembre 2014 à Rome, notamment), ne s’opposerait pas à une normalisation canonique discrète, sacrement par sacrement, libéralement offerte par le pape, « sans contrepartie »… 

Négligeant d’appliquer les règles de protection énoncées en juillet 2012 qui l’obligeaient à convoquer son Chapitre pour se faire autoriser à accepter la juridiction sur les confessions – infraction qui aurait dû en principe être sanctionnée en interne - , Mgr Fellay s’est au contraire empressé de remercier le pape François le jour même (1er septembre 2015), refermant ainsi sur lui-même et sur toute la Fraternité le piège tendu par les romains ! 

A partir de cette première avancée, le pape a complété le dispositif quelques mois plus tard en faisant déclarer – juin 2016 – les ordinations de la Fraternité désormais « tolérées, sans sanction », et au printemps 2017 en concédant la juridiction pour les mariages. A part une réaction de prieurs de France et de certaines communautés de religieux, les dispositions romaines ont été globalement acceptées. 

Depuis lors, le pape François « mène en bateau » les autorités de la Maison générale. 

Appliquant sa formule favorite « cheminons, cheminons, cheminons ! », il est persuadé que le temps travaille désormais pour lui, tandis que la Fraternité, minée par ses courants d’opinion et l’impuissance de sa « résistance interne », se délite lentement. 

Le 12 septembre dernier, au « Club des Hommes en noir », l’abbé de Tanoüarn faisait justement remarquer : 

« - Je ne suis pas sûr que la Fraternité Saint-Pie X demande davantage que ce qu’elle a obtenu aujourd’hui du pape François, et c’est cela qui est amusant, c’est qu’on a une (nouvelle) équipe qui ne veut plus faire d’accord, mais l’accord a été fait !... et finalement tout le monde est bénéficiaire dans cette affaire : ceux qui disent « on ne fera pas d’accord » peuvent continuer à le dire, parce que de toute façon l’accord existe, concrètement, pratiquement.  Un prêtre, c’est l’homme qui donne les sacrements, et les sacrements peuvent être donnés en toute légitimité, aujourd’hui, par la Fraternité Saint-Pie X dans l’Eglise. » 

L’abbé Celier, participant à la réunion de ce Club comme prêtre de la Fraternité, n’a émis aucune réserve sur les propos de son confrère.

Au contraire, il a tenu à ajouter : « - Je précise bien que cette nouvelle équipe (élue par le Chapitre de juillet) ne s’est aucunement opposée à ces nouvelles facilités (concernant les sacrements) ». 

Soyons clairs : la Fraternité s’est laissé berner et ligoter, mais le plus choquant… c’est qu’elle semble s’en accommoder assez bien ! 

Refusant de professer la nouvelle « foi » de l’Eglise conciliaire, condition mise par le pape à sa régularisation, mais ayant imprudemment accepté un rattachement canonique sur le point essentiel de la juridiction des sacrements, elle se retrouve maintenant dans une situation intenable. 

Privée de marge de manœuvre face à Rome, la FSSPX ne peut plus désormais, empêtrée qu’elle est dans ses contradictions :
- ni se réconcilier avec Rome dans les conditions admises par Mgr Lefebvre, qui enjoignait à ses évêques de « déposer la grâce de leur épiscopat » entre les mains d’un pape « parfaitement catholique », ce qui ne correspond pas à ce jour au profil du pontife régnant, loin s’en faut !
- ni procéder, vu la situation catastrophique de l’Eglise, à une nouvelle « opération-survie » par le sacre d’un ou plusieurs évêques, puisque de toute évidence la Fraternité ne paraît pas disposée à subir de nouvelles excommunications. 

Nous n’avons pas la naïveté de penser que François prépare la relève des trois évêques actuels de la Fraternité  - qui prennent chaque année de l’âge -,  ni qu’il envisage,  le moment venu,   de  désigner  un  candidat  parmi  les  « clones »   de  Mgr Lefebvre (s’il en existe au sein de la FSSPX, et que le pape décide d’en faire cadeau à la Tradition pour assurer sa « survie »). 

Dans ces conditions, considérant surtout le salut des âmes, a-t-on le droit de laisser dans l’incertitude l’avenir du ministère épiscopal au sein de la Fraternité ? 

Peut-on donc garantir que celle-ci restera en mesure, jusqu’à l’issue de la crise, de poursuivre le combat du Fondateur pour la sauvegarde de la foi et du sacerdoce ? 

D’une telle impasse, Monsieur l’abbé, la Fraternité ne peut sortir que par un retour à la fidélité au message authentique de Mgr Lefebvre, et à cet effet nous vous demandons respectueusement et instamment : 

1°) de reconnaître les erreurs du supériorat précédent, qui ont conduit l’œuvre de Mgr Lefebvre à la crise la plus grave de son histoire, et d’en tirer les conséquences sur le concours effectif de Mgr Fellay à la gouvernance de la Fraternité en tant que Conseiller (de même, une rétractation formelle de sa malheureuse  déclaration  du  15 avril 2012 serait indispensable), 

2°) de rappeler à Mgr de Galarreta, désormais Premier assistant, ses positions très fermes de l’automne 2011 à Albano, sachant que ses évolutions ultérieures ont déconcerté de nombreux fidèles, 

3°) de renoncer officiellement à la juridiction « ordinaire » concédée par le pape pour les sacrements, et de revenir au régime  de  suppléance  attaché  à « l’état de nécessité » prévu par le droit, régime qui fut en vigueur dans la Fraternité de 1976 à 2015, 

4°) de reprendre résolument l’offensive contre la « Rome néo-moderniste et néo-protestante »,  dans l’esprit de la Déclaration  du  21 no- vembre 1974, en réclamant au Souverain pontife le retour de l’Eglise à sa Tradition  bimillénaire  par  une  profession  publique  de  la  foi  catholique  dans  son intégrité (voir ici), à commencer par les trois mesures prioritaires suivantes : 

- dénoncer les erreurs de la culture libérale, en réaffirmant la Royauté sociale de Jésus-Christ à l’encontre de la « liberté religieuse » et des « droits de l’homme sans Dieu », 

- rétablir le serment antimoderniste pour l’accès aux ordres de la hiérarchie ecclésiastique, dans le but d’enrayer le processus de corruption de la foi qui mène les âmes à l’apostasie et à la perdition, 

- condamner solennellement les textes de Vatican II contraires aux définitions irréformables du magistère antérieur, révoquant ainsi la prétendue autorité d’un concile « pastoral » qui se révèle être, cinquante ans après, le plus grand désastre de l’histoire de l’Eglise. 

… et, en outre, rappeler au pape qu’il reste toujours à consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie, selon la demande du Ciel transmise à Fatima, et dans les formes requises par cette demande. 


A défaut de ces actions courageuses,  entreprises sans tarder,  la  fin  de  l’œuvre  de  Mgr Lefebvre apparaît à terme inéluctable, tant il est vrai que « tout royaume divisé contre lui-même court à sa ruine » ! 

C’est à vous qu’il appartient, Monsieur l’abbé, à raison de la charge que vous avez reçue du Chapitre en juillet, de faire usage de votre autorité de Supérieur général pour conjurer cette issue fatale. 

Veuillez croire à nos ferventes prières, et à nos sentiments respectueux. 

Correctio Marcelis 


Dernière minute : 

Le vendredi 12 octobre, est paru sur FSSPX-News un entretien avec l’abbé Davide Pagliarani : 266 lignes de considérations diverses, fort instructives sur la pensée profonde du nouveau Supérieur général, et les messages qu’il entend faire passer. 
Le rôle de la Fraternité dans la crise actuelle de l’Eglise, et l’état des rapports avec les autorités romaines, sont largement traités. 
On notera toutefois que, dans ses réponses, l’abbé Pagliarani ne fait aucune allusion à la nouvelle situation canonique de la Fraternité résultant des concessions du pape François sur la juridiction des sacrements ! 
Le diagnostic posé par la présente « Adresse » sur la paralysie des autorités de Menzingen face à la Rome conciliaire se trouve ainsi, hélas, confirmé…