samedi 3 mars 2018

ALERTE SUR LE CHAPITRE FSSPX DE JUILLET

UN NOUVEAU « COUP » DE LA MAISON GÉNÉRALE EN PRÉPARATION ?

Récemment, une intervenante du forum Fidélité catholique francophone a soulevé un « lièvre », en s’interrogeant sur la portée des déclarations faites au Bulletin du district d’Allemagne par l’abbé Christian Thouvenot, Secrétaire général de la FSSPX, en poste à Menzingen, concernant la question de la Prélature personnelle (La Porte latine, 16 février).
Dans la perspective du prochain Chapitre général de juillet 2018, l’abbé Thouvenot a évoqué ce sujet sensible dans les termes suivants :
« Il est vraisemblable que la question du statut de Prélature personnelle soit posée lors du Chapitre. Mais c’est le Supérieur général seul qui conduit la Fraternité et qui a la responsabilité des relations de la Tradition avec le Saint-Siège. Mgr Lefebvre, en 1988, avait tenu a bien préciser cet aspect ».
Cette surprenante déclaration appelle une triple mise au point :
§  le Supérieur général n’est pas « seul » à conduire la Fraternité, s’agissant en particulier des relations avec le Saint-Siège,
§   dans ses fonctions, il n’a aucun mandat pour représenter l’ensemble de « la Tradition »,
§   sur ces sujets, l’exemple de Mgr Lefebvre en 1988 ne peut pas être appelé en renfort de la position des autorités actuelles de la Fraternité.
I - Sur le premier point, on rappelle que le Chapitre général est l’instance suprême de la Fraternité. Il désigne le Supérieur général et ses deux Assistants pour 12 ans (§ V, 1 des statuts).
Ce même Chapitre est en outre chargé de la mission essentielle de « vérifier si la Fraternité applique (…) ses statuts et s’efforce d’en garder l’esprit » (§ V, 2).
Le Supérieur général élu jouit, pendant son mandat, des plus larges pouvoirs pour gouverner et administrer la Fraternité avec le concours de ses Assistants. Ils forment ensemble le Conseil général.
En complément de ces règles, et faisant suite au Chapitre général de 2006 qui avait adopté une position de principe « pas d’accord pratique avec Rome sans accord doctrinal », le Chapitre de juillet 2012 a énoncé des dispositions spécifiques précisant les conditions d’une éventuelle « normalisation canonique » de la Fraternité : dans cette hypothèse, doit se tenir au préalable un Chapitre extraordinaire « délibératif », c’est-à-dire doté d’un pouvoir de décision sur les orientations envisagées.
N’ayant pas été abrogées, ces dispositions sont toujours en vigueur : toute action dans ce domaine nécessite donc la convocation du Chapitre, son information complète, puis sa délibération sur le contenu du projet en cause (après vérification concernant les six conditions formulées en 2012). La décision votée par le Chapitre s’impose au Conseil Général et à tous les membres de la FSSPX.
C’est ce que déclarait Mgr de Galarreta à Villepreux le 13 octobre 2012 :
« Également il a été décidé dans ce Chapitre que si jamais la Maison générale parvenait à quelque chose de valable et d’intéressant avec ces conditions, il y aurait un Chapitre délibératif, ce qui veut dire que sa décision lie nécessairement (les membres de la Fraternité). Lorsqu’il y a un chapitre consultatif, on demande conseil, mais après l’autorité décide librement. Un chapitre délibératif signifie que la décision prise par la majorité absolue – la moitié plus un, ce qui nous a semblé raisonnable –, cette décision sera suivie par la Fraternité ».
Il s’ensuit que le Supérieur général n’est pas « seul » compétent pour conduire le processus de normalisation avec Rome. Bien au contraire, il a au-dessus de lui une instance qui est, juridiquement, « seule » compétente pour définir souverainement la position de la Fraternité !
Par conséquent, l’abbé Thouvenot se trompe gravement sur ce point. Et puisqu’il est censé engager la Maison générale à raison de ses hautes fonctions, on s’étonnera que Mgr Fellay n’ait pas déjà réagi.
II - Sur le deuxième point, il est évident que le monde dit « de la Tradition » déborde largement, par ses ramifications variées, sociétés religieuses et communautés, le périmètre de la seule Fraternité Saint-Pie X. Il suffit de rappeler les dénégations de Mgr Lefebvre chaque fois qu’on a voulu faire de lui « le chef des traditionalistes » !
La formulation attribuant au Supérieur général « la responsabilité des relations de la Tradition avec le Saint-Siège » résulte manifestement d’une inadvertance, et Mgr Fellay pourrait corriger les propos de son Secrétaire général sur ce point également.
III - Sur le troisième point, l’abbé Thouvenot invoque à tort le Fondateur pour valider le positionnement actuel de Mgr Fellay comme seul en charge de conduire les discussions avec Rome. Il oublie seulement qu’un paramètre essentiel a été modifié depuis 1988, à savoir que le Supérieur général a été assujetti en 2012 – on l’a dit – à un accord préalable du Chapitre pour toute normalisation canonique de la Fraternité.
Mgr Lefebvre ne s’étant pas trouvé dans une position semblable au cours de ses pourparlers avec Rome, le parallèle fait par l’abbé Thouvenot entre les situations de 1988 et de 2018… est un anachronisme. Mgr Fellay devrait, là encore, rectifier les propos de son collaborateur.
Mais il est peu probable qu’il le fasse… Pourquoi ?
      Parce que Mgr Fellay a lui-même délibérément omis ces dernières années de réunir et de consulter le Chapitre avant d’accepter la juridiction concédée par le pape François sur certains sacrements :        
  •      pénitence et extrême-onction fin 2015
  •      ordre à l’été 2016
  •         mariage en 2017,
alors qu’une autorisation préalable était exigible, s’agissant dans tous les cas d’une « normalisation » – partielle certes, mais indiscutable – de la situation de la Fraternité.
Sans risquer un jugement téméraire, on peut donc lui prêter l’intention de pratiquer de la même façon pour la normalisation finale de la FSSPX qui résulterait de son érection en Prélature personnelle.
L’avertissement délivré par l’abbé Thouvenot depuis l’Allemagne, et l’aplomb avec lequel il déclare l’autorité du Chapitre transférée au profit du Supérieur général, est un indice troublant dans ce sens…
A supposer que la question de la Prélature soit effectivement « posée » lors du Chapitre prévu en juillet prochain, ces mêmes déclarations du Secrétaire général impliquent que la saisine de l’instance suprême de la FSSPX, si elle a bien lieu, se verrait réduite à une simple « consultation », au mieux à une « délibération-cadre» donnant pouvoir au Supérieur général de traiter le dossier, le Chapitre étant ainsi cantonné dans le rôle d’une « chambre d’enregistrement ».
Par ce biais, le débat doctrinal de fond se trouverait écarté.
Comment garantir dans ces conditions que le Chapitre pourra remplir sa mission propre, celle de vérifier la conformité du projet de normalisation, aux statuts d’une part, à « l’esprit » qui les a inspirés de par la volonté du Fondateur d’autre part ?
Si en définitive ce scénario pessimiste (ou réaliste ?) s’avérait exact, et que le Chapitre, celui de juillet ou un autre, en arrivait à autoriser la transformation de la Fraternité en Prélature personnelle, la « révolution copernicienne » (J. Madiran) de l’Oeuvre de Mgr Lefebvre serait parachevée, et l’héritage du grand Prélat tomberait comme un fruit mûr entre les mains des sectateurs du Concile Vatican II.
Dans le nouveau contexte canonique où elle se trouverait placée, sous la férule du pape François, quelle protection la Fraternité pourra-t-elle espérer de la Rome conciliaire ?
Si en effet le Supérieur général (et le Chapitre) « oublient » ou contournent les directives données par Mgr Lefebvre après les sacres, les contraintes statutaires de la Société, et les « verrous » – déjà allégés – mis en place à l’occasion du Chapitre de 2012, comment la Fraternité pourra-t-elle exiger que les modernistes romains honorent leurs propres engagements lorsque la Fraternité sera totalement sous leur tutelle juridique ?
Ce serait mal connaître la Rome actuelle que d’imaginer qu’elle respectera l’espace doctrinal et pastoral de la Prélature, alors que Mgr Fellay, quant à lui, prend ses libertés avec les règles internes de la Fraternité et néglige les prudentes mises en garde du Fondateur.
Qui pourra assurer, dès lors, que la FSSPX ne subira pas, un jour ou l’autre, le sort des Franciscains de l’Immaculée ?
Avant que le pas décisif vers la Prélature ne soit franchi et que l’irréparable ne soit commis, les derniers espoirs résident dans les capitulants eux-mêmes, s’ils ne se déchargent pas de leurs propres responsabilités sur qui que ce soit.
Dans ces circonstances difficiles, on formule le souhait que leur conscience s’oriente fermement dans les voies de la prudence surnaturelle, dussent-ils risquer une confrontation avec ceux qui cherchent d’impossibles compromis au détriment du combat de la foi.
Nous prierons en ce sens Saint Joseph, patron de l’Eglise Universelle.

Correctio Marcelis



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