Nova et Vetera (Matthieu 13,52)
[Dans
la lettre précédente, nous avons présenté l'étude du savant Père Emmanuel André
sur le Drame de la Fin des Temps, qui montrait comment, selon les Saintes
Écritures, l'Église connaîtrait une véritable passion avant la fin du monde, à
l'image de Notre-Seigneur Lui-même. Voici une version abrégée du deuxième
article, publié en 1885 dans son bulletin « Notre-Dame de la
Sainte-Espérance » au Mesnil-Saint-Loup, en France.]
Les
signes de la fin des temps
La
question de la fin du monde est abordée depuis les débuts de l'Église. Saint
Paul a donné un précieux enseignement à ce sujet aux premiers chrétiens de
Thessalonique, troublés par diverses rumeurs et prédictions infondées. Le monde
ne finira pas avant l'apostasie générale, la disparition d'un obstacle
providentiel (sur lequel l'Apôtre avait personnellement instruit les fidèles)
et l'apparition de l'homme de péché, le fils de la perdition. (Voir II Épître
aux Thessaloniciens II, 1-6)
La
grande apostasie dont parle saint Paul, par opposition à une défection
partielle, est l'abandon massif de la foi par les États chrétiens qui renoncent
à leur baptême, tant socialement que civilement. [NdT : selon les
rapports sociaux entre individus, comme selon les lois] Il s'agit de la
défection générale de ces mêmes nations que Jésus-Christ a incorporées à son
Église. Seule une telle apostasie rendra possible la manifestation et la
domination de l'Antéchrist.
Notre
Seigneur Lui-même a demandé si le Fils de l'homme, à son retour, trouverait la
foi dans le monde (Luc XVIII, 8). Le divin Maître a vu que la foi déclinerait
avec le temps, en raison du confort matériel et du rejet de la foi, celle-ci
étant perçue comme un inconvénient ! Tournant le dos à la foi, le monde
« éclairé » préfère les ténèbres et devient le jouet des illusions et
des mensonges.
En
reniant Notre Seigneur, le monde tombera inévitablement entre les griffes de
Satan, le Prince des Ténèbres. Il ne peut rester neutre, car son apostasie le
place directement sous le pouvoir du diable et de ses sbires.
Cette
apostasie a commencé avec Luther et Calvin, et se poursuit sous le nom de
Révolution qui est l'insurrection de l'homme contre Dieu. Son slogan est la
laïcité, qui est l'élimination de Dieu et de son divin Fils.
C'est
ainsi que nous voyons des sociétés secrètes, investies de pouvoirs publics,
déchristianiser agressivement la France [et d'autres nations aussi], en lui
retirant tous les éléments surnaturels que quinze siècles de foi lui avaient
donnés. Ces forces n'ont qu'un seul but : sceller l'apostasie définitive
et préparer ainsi la voie à la personne de l'Antéchrist.
Les
chrétiens auraient dû réagir vigoureusement contre cet abominable programme,
tant dans la vie privée que dans la vie publique, mais la semi-apostasie bien
établie avait déjà produit des semi-chrétiens incapables ou peu disposés à
contrecarrer les plans bien élaborés de l'ennemi, notamment au moyen de
l'éducation laïque.
Saint
Paul parlait à mots couverts d'un obstacle qui empêcherait la venue de l'homme
de péché. Les premiers Pères grecs et latins voyaient là l'Empire romain.
L'Apôtre faisait sans doute allusion à un futur empire converti et à ces
nations chrétiennes qui serviraient à étendre le royaume du Christ Jésus. Tant
que cet état de fait perdurerait, l'Antéchrist ne pourrait apparaître, jusqu'à
ce que ces mêmes nations et sociétés perdent la foi. Ainsi, saint Paul, au sens
large, voulait dire que tant que la domination du monde resterait aux mains
chrétiennes de la race latine, l'ennemi personnel de Notre Seigneur
n'apparaîtrait pas.
C'est
ainsi que la franc-maçonnerie s'oppose avant tout à la restauration de l'ordre
chrétien. Si un homme d'État se présente comme chrétien, tous les moyens sont
mis en œuvre pour s'en débarrasser, car seule une autorité véritablement
catholique est capable de contrecarrer les desseins perfides de la secte
maçonnique. [Le cas du grand président catholique de l'Équateur, Garcia Moreno,
assassiné par les francs-maçons dix ans en 1875, dix ans avant la publication
de cette étude, est un exemple frappant de cette sombre réalité.]
Il
convient également de noter que les races latines sont destinées à exercer une
influence catholique dans le monde ou à abdiquer. Leur influence politique est
liée à cette mission de diffusion de l'Évangile. Par conséquent, si elles y
renonçaient par une apostasie totale, elles seraient anéanties et l'Antéchrist,
surgissant d'Orient, les piétinerait.
L'église et le monastère du Mesnil-Saint-Loup
Le
Père André, qui pensait encore qu’il était possible de contrecarrer l’agenda
antichrétien, appelait les fidèles à influencer la pensée publique et à faire
revenir les gouvernements aux traditions chrétiennes, sans lesquelles il ne
pouvait y avoir que décadence pour les nations européennes, en particulier la
France…
La prochaine fois : l'Antéchrist