jeudi 29 février 2024

Le nom et la chose

Source


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PAX

24 février 2024

Tradition, Fidélité, Résistance : trois mots, trois choses? Non, une seule. Laquelle ? la garde du dépôt de la foi. Tel est le rôle des évêques. Mgr Lefebvre a gardé et protégé ce dépôt. Nous aussi, tant bien que mal, nous voulons le garder. C’est cela Tradition.

Le rôle de l’évêque est de garder le dépôt de la foi en son âme et autour de lui. Mgr Lefebvre a nié d’avoir le rôle de chef de file des traditionalistes. Il a nié avoir des « suiveurs ». Il était simplement un évêque qui résistait. Il ne voulait pas que quelque chose de trop humain vienne se mêler à ce témoignage et à ce combat. Il ne voulait pas qu’on assimile la Tradition à une secte, à un mouvement quelconque. La Tradition, c’est l’Église.

Le chef, c’est Notre-Seigneur, c’est lui que nous suivons. Si, en outre, nous suivons Mgr Lefebvre, c’est parce que les chefs, les pontifes et les saints sont faits pour être suivis, parce qu’ils suivent Notre-Seigneur.

Mgr Lefebvre refusait le nom de chef de file, mais la chose était qu’il était notre pasteur. Les brebis ont bien compris que c’était bien lui qui allait les sauver du naufrage, qu’il fallait bien le suivre, non comme « suiveurs » mais comme catholiques, pour ne pas perdre son âme.

En ce qui nous concerne, nous disons : nous sommes de la Tradition, nous sommes de Mgr Lefebvre, nous sommes de Notre-Seigneur. Nous ne sommes pas toute la Tradition, mais nous sommes, nous voulons être de la Tradition.

Les autres noms disent notre volonté de ne pas perdre le dépôt de la foi, notre volonté de nous battre pour cela, non pas avec Mgr Fellay, mais avec Mgr Lefebvre. Il s’est battu avec force et charité. Voilà la Tradition. Voilà aussi notre vrai nom.

+ Thomas d’Aquin O.S.B.

dimanche 18 février 2024

Tradition

Source

Par  Mgr Thomas d’Aquin (OSB) le 17 février 2024

Ordinations des Pères Albert et Laurent (Colombie) 
6 janvier 2024

Il faut avoir une doctrine très sûre pour comprendre et faire comprendre toute la vraie signification du mot Tradition, surtout en cette crise qui s’abat sur ​l’Église depuis Vatican II. 

La combat de Mgr Lefebvre contre les erreurs de Vatican II a pris le nom de Tradition : “Tradidi quod et accepi.” Ce combat n’est pas, à proprement parler, le combat de Mgr Lefebvre, bien sûr. Il est le combat de l’Église. C’est particulièrement l’opération survie de 1988, survie de toute l’Église.

Mgr Lefebvre ne voulait pas être appelé le chef de file des traditionalistes. Il se nommait simplement un évêque qui résiste, ce qui l’a fait accuser par Dom Gérard de « résistancialisme ». Résister par Fidélité, nom choisi en France pour désigner l’opposition à l’accordisme de Mgr Fellay. Nous pouvons dire la même chose aujourd’hui. Il y a des fidèles qui résistent et qui veulent continuer le combat de Mgr Lefebvre tel qu’il l’a conduit. Mais il n’est pas si facile d’avoir la sagesse de Mgr Lefebvre. Que ferons-nous, sinon supplier le Dieu des armées d’avoir pitié de nous ? Qu’il nous fasse combattre selon les règles de la prudence. Il a non seulement défendu le dépôt de la foi, mais aussi dénoncé quels étaient les ennemis de ce dépôt.

Il y a chez Monseigneur une prudence supérieure, un don de conseil pour discerner la vraie manière de combattre. La vraie manière n’était pas celle de Dom Gérard ni celle de l’abbé Bisig, fondateur de la Fraternité Saint-Pierre, ni celle d’aucune des communautés Ecclesia Dei (premiers mots du document qui a excommunié Mgr Lefebvre), ni celle de tous ceux qui ont adhéré aux invitations de Rome.

En quoi la manière de Dom Gérard déplaisait-elle à Mgr Lefebvre ? Elle lui déplaisait parce qu’elle livrait aux ennemis les vrais catholiques, la part choisie du troupeau. Il a été surpris qu’il n’y ait pas eu davantage de résistance à Dom Gérard au Barroux ; il aurait fallu se battre davantage. Livrer les âmes des moines, de ses prêtres, presque tous ordonnés par Mgr Lefebvre, et des bénédictines aussi... oui, Dom Gérard méritait d’être déposé. Mgr Lefebvre me l’a fait savoir. Il voulait que j’aille au Barroux pour cela. J’avoue que je n’ai eu ni courage ni force ni capacité de le faire. Mais c’est bien la conduite des vrais évêques et aussi des vrais saints, comme saint Pie V, qui délia les Anglais de l’obéissance à la reine Élisabeth. Dans le cas de Dom Gérard, il ne s’agissait pas directement d’hérésie, mais sa conduite allait mener les moines aux erreurs modernes de Vatican II.

Revenons aux traditionalistes. Essayons une définition : ceux qui, dans le combat actuel, ont suivi Mgr Lefebvre et le suivent encore. Voilà le mouvement de la Tradition. Tradition doctrinale et tradition prudentielle. Voilà la Tradition que nous avons appris à aimer auprès de Monseigneur, où il a pourfendu l’erreur, ranimé les courages, éclairé les doutes et communiqué à flots les grâces des sacrements. Suivons-le encore. Avec lui, plus qu’avec quiconque, nous avons la Tradition. Il est encore aujourd’hui l’homme capable du seul vrai ralliement qui peut unir tous les traditionalistes dans la vraie fidélité.

jeudi 15 février 2024

Deux lettres, deux orientations

Source

Par Son Excellence Mgr Thomas d’Aquin, OSB, le 1er février 2024


Trois évêques ont écrit à leur supérieur au sujet du danger d'un accord purement pratique avec Rome, et ont fait appel à leur fondateur, Mgr Lefebvre. — Il avait raison il y a 25 ans, il a encore raison aujourd'hui — disaient-ils.

À cet avertissement, le supérieur a répondu que les trois évêques étaient dépourvus d'esprit surnaturel et de sens des réalités. Une accusation grave qui pourrait retomber sur Mgr Lefebvre lui-même. Mais est-ce vrai ? Ne serait-ce pas plutôt l'inverse : Mgr Fellay qui serait dépourvu de ces deux qualités ? C'est là toute la question. Qui manque de réalisme et d'esprit surnaturel ? Ce n'est pas Mgr Lefebvre. Les trois évêques qui ont pris son exemple non plus. Ils ont dit que la situation à l'époque (2012) n'était pas substantiellement différente de celle de 2006, quand il avait été décidé de ne pas faire un accord pratique sans un accord doctrinal. Ils ont mis en garde contre le danger de se mettre entre les mains des évêques conciliaires et de la Rome moderniste. Irréalisme ? Manque d'esprit surnaturel ? Ils voulaient préserver la Fraternité des divisions profondes qui pouvaient survenir. Manque de sens des réalités ? d'esprit surnaturel ? Ils ont attiré l'attention du Supérieur général sur la pensée moderniste de Benoît XVl. Ils ont remarqué les symptômes d'un déclin de la confession de la foi. Irréalisme ? Manque d'esprit surnaturel ?

Mgr Lefebvre a parlé du SIDA spirituel de la Rome moderniste. Mgr Fellay ne semble pas penser de la même manière ni prendre les mêmes précautions. Il minimise la gravité des erreurs du Concile. Pour lui, la liberté religieuse est devenue une liberté très, très petite. Le Concile, quelque chose au sujet duquel beaucoup pensent qu'il a dit ce qu'il n'a pas dit. Qui sont ces "beaucoup" ? Les trois évêques ? Il les accuse de traiter les erreurs du Concile comme s'il s'agissait de super-hérésies

Si l'on compare Mgr Fellay à Mgr Lefebvre, la différence est évidente. Mgr Lefebvre a parlé d'apostasie de Rome. Mgr Fellay minimise la situation et cherche un rapprochement dangereux avec la Rome moderniste, avec ou sans accord.

Quels ont été les fruits de la prétendue supériorité de Mgr Fellay, c'est-à-dire qu'il est plus réaliste et surnaturel que Mgr Williamson, Mgr Tissier et Mgr Galarreta ? Les fruits ont-ils été doux ou amers ? Que chacun en juge par lui-même.

Grande commotion dans la Fraternité ; changement du principe régissant les relations avec Rome (accord pratique uniquement avec accord doctrinal ou accord pratique sans accord doctrinal) ; départ de prêtres ayant quitté la Fraternité, y compris l'abbé Faure ; expulsion de l'évêque le plus combatif de la Fraternité (Mgr Williamson) ; expulsion de plusieurs prêtres ; perplexité d'autres qui, tout en restant dans la Fraternité, n'approuvaient pas la nouvelle politique initiée par Mgr Fellay ; désorientation des fidèles ; éloignement de certaines communautés amies ; réserves de la part d'autres ; acceptation des mesures de compromis qu'il a prises à l'égard de la Fraternité, allant jusqu'à accepter les nouvelles dispositions sur les mariages, provoquant la réaction et la démission de sept doyens français et la réaction de trois communautés amies ; etc... De bons fruits ? Non !

Que conclure ? Il y a deux orientations dans la Tradition : celle de Mgr Lefebvre et celle de Mgr Fellay, du moins celle de Mgr Fellay comme Supérieur général. Comme Mgr Fellay ne s'est jamais rétracté, on peut considérer qu'il pense toujours ainsi.

Nous suivons Mgr Lefebvre et sommes reconnaissants à Mgr Williamson d'avoir résisté à Mgr Fellay. Grâce à Mgr Williamson, la Résistance peut continuer le combat avec la sainte liberté des enfants de Dieu pour défendre la Tradition et la transmettre selon l'exemple que nous a donné Mgr Lefebvre : «Tradidi quod et accepi ».  J'ai transmis ce que j'ai reçu.

mercredi 14 février 2024

Pourquoi la Résistance existe-t-elle ?

KE 865 (10 février 2024)


Dieu donna dans l’orage un vieux chef, sage et saint.

Quel jeune peut vouloir s’écarter du chemin ?

Il y a moins d’un mois, le 24 janvier, le prieur brésilien du monastère bénédictin traditionnel de Santa Cruz (niché en hauteur dans les collines derrière Rio de Janeiro au Brésil), Mgr Thomas d’Aquin, a publié une grave dénonciation d’un dirigeant important du mouvement catholique traditionnel, dirigeant actif dans le monde entier. Mais les traditionalistes n’ont-ils pas suffisamment de problèmes hors du monde traditionnel sans avoir à se battre entre eux aussi ? Normalement, le bon sens catholique le voudrait ainsi. Mais pas si la base même du catholicisme, la foi catholique, est en jeu. Or, dans la lutte entre Rome et la Fraternité saint Pie X, la foi est constamment en jeu. Que les lecteurs jugent par eux-mêmes : en tant que pasteur du troupeau de Notre-Seigneur, Mgr Thomas d’Aquin a-t-il fait autre chose que son devoir en dénonçant ce loup déguisé en mouton ?

La cause de l’existence de la Résistance n’est autre que Mgr Fellay avec ses paroles et ses actes. Ses paroles ont minimisé la gravité de la crise et du Concile. Ses actes ont exposé la Tradition au même sort que les communautés Ecclesia Dei.

Mgr Fellay n’a pas parlé comme Mgr Lefebvre. Mgr Lefebvre a dénoncé avec vigueur les erreurs du Concile ainsi que ceux qui étaient à l’origine de ces erreurs. Il a mis en garde pratiquement tous les papes conciliaires au sujet de leurs responsabilités. Il a dit à Jean-Paul II que s’il continuait sur la voie de l’œcuménisme, il ne serait plus le bon pasteur, et dans le dessin sur Assise, il a dit, avec des images et des mots, que Jean-Paul II irait en enfer s’il restait œcuméniste. Il a dit au cardinal Ratzinger que lui, Ratzinger, était contre la christianisation de la société. Il a dénoncé l’apostasie de la Rome conciliaire. ( . . . ). Il a défendu les prêtres et les fidèles contre la contagion moderniste. Il s’est exposé à une excommunication invalide mais infamante. Il n’a pas reculé dans la défense de la France contre le danger musulman. Il nous a protégés contre la tentation accordiste de Dom Gérard. Il a été, en un mot, comme les évêques d’autrefois : le défenseur de la chrétienté et du fondement de la chrétienté qui est la foi. Il a été l’homme des vertus théologales, défendant notre foi et toutes les vertus.

Qu’en est-il de Mgr Fellay ? A-t-il poursuivi les actions de Mgr Lefebvre ? Non. En paroles et en actes, Mgr Fellay s’est écarté de Mgr Lefebvre. En ce qui concerne la liberté religieuse, il a minimisé la gravité de ce que le Concile avait dit. Il n’a pas dit aux papes ce que Mgr Lefebvre avait dit. Il n’a pas attaqué les erreurs comme Mgr Lefebvre. Il n’a pas parlé des deux églises comme Mgr Lefebvre. Il n’a pas distingué clairement l’Église officielle de l’Église catholique, mais a parlé d’une ‘Église concrète’, troublant les fidèles et même les prêtres. Qu’est-ce que cette église concrète ? Sommes-nous obligés d’être dans cette église ? Nous sommes dans l’Église catholique. Nous reconnaissons le pape, mais pas l’Église conciliaire dont parlait le cardinal Benelli. Nous reconnaissons le pape, mais pas sa doctrine ni ses actes contre la Tradition. Ces actes ne sont pas catholiques, mais anticatholiques.

C’est sous l’influence de Mgr Fellay que le chapitre 2012 a modifié le principe énoncé par le chapitre 2006 : pas d’accord pratique sans accord doctrinal. Cela n’a pas plu à Mgr Fellay et a été modifié. Sous certaines conditions, la Fraternité peut désormais conclure des accords pratiques sans accord doctrinal. C’est une lacune. Une lacune qui pourrait conduire la Fraternité sur la voie des communautés Ecclesia Dei. Elle n’est pas allée aussi loin, mais elle a baissé la garde et Rome en a profité. Mgr Fellay a supprimé les résistances internes à la Fraternité, en expulsant Mgr Williamson et quelques prêtres, puis il en a puni d’autres, comme les sept doyens qui ont protesté à juste titre contre le document de Rome sur les mariages. Mgr Fellay a désorganisé la Tradition, il s’est écarté de la ligne de Mgr Lefebvre et a fait en sorte que d’autres s’en écartent aussi. C’est la raison d’être de la Résistance : résister à cet écartement.

Nous voulons suivre Mgr Lefebvre en tout, dans la doctrine mais aussi dans les solutions pratiques, car, comme l’enseignent Aristote et saint Thomas, les exemples des anciens servent de principes d’action. Nous suivons Mgr Lefebvre dans la doctrine et dans l’action, en particulier par rapport à la Rome moderniste, afin de rester fidèles à la Rome éternelle, maîtresse de vérité et de sainteté.

Kyrie eleison

mardi 13 février 2024

Miles Christi XXV (Partie III) - Eté 2023

Partie I

Partie II

Une histoire de deux trains

En effet, tout comme Mgr Lefebvre croyait que Vatican II pouvait être "compris à la lumière de la Tradition", puis, dans l'interview 30Giorni très oubliée, a candidement admis qu'il avait tort [ce que et Huonder et la Néo-SSPX ne veulent pas que vous vous rappeliez], un autre archevêque a humblement confessé qu'il était à la fois dans l'erreur et en retard ; et, tranchant le ventre du boa, il se lève pour dire la vérité et traite la Nouvelle Rome comme un ennemi, un repaire de vipères, qu'il faut rejeter et éviter immédiatement, entièrement... à moins, bien sûr, que Rome ne se convertisse en "Rome éternelle".


La Néo-SSPX ne prend pas cette direction ; cependant la charité chrétienne nous oblige à souhaiter et prier pour que, comme Vigano et les autres, une proximité avec les hérésiarques du Novus Ordo leur permette de conclure honnêtement avec nous qu'ils sont des ennemis de l'Église. Si la grâce a pu faire des merveilles (et pas des Huonders) avec Vigano et ses nombreux adeptes, la grâce peut encore profiter à ceux qui ne suivent pas la position de l'archevêque sur les sacrements douteux du Novus Ordo et la doctrine pernicieuse de Vatican II.

Puisque nous n'avons pas encore de papauté en état de marche, nous sommes nous-mêmes capables de nous tromper de voie, de nous tromper de train, d'aller dans le précipice ?

Malheureusement, la situation de la FSSPX (d'où nous venons) a pris une très mauvaise tournure, et nous pouvons seulement nous consoler avec le mouvement Vigano, même s'il ne semble pas conscient qu'en plus de la doctrine, il y a la question de la validité des sacrements Novus Ordo. De manière inquiétante, lorsque Mgr Lazo a rejoint le mouvement de la FSSPX, il y a environ 30 ans, la FSSPX a choisi d'ignorer la question et ne lui a pas demandé de procéder à des ordinations... tout en lui demandant de procéder à des confirmations (si je me souviens bien).

Il pourrait donc s'avérer difficile de demander au vieux capitaine Vigano d'être convalidé ( N de T : rendu valide par réitération du sacrement sous condition), même si la cérémonie est assez simple et facile. Pourtant, Mgr Lefebvre a mentionné ce problème comme l'une des raisons des consécrations de 1988 ; et nous ne pouvons ignorer que les changements dans les rites du Novus Ordo sont très similaires aux changements initiés par les anglicans, que l'Église a déclarés invalides dans "Apostolicae Curae" de Léon XIII.

Par conséquent, même si l'on parvient à démontrer que les rites du Novus Ordo sont valides, d'autres auront toujours de bonnes raisons, des raisons égales je crois, de s'y opposer.

(à suivre)

jeudi 8 février 2024

Libéralisme pratique

KE 855 (2 décembre 2023)

Supprimons le réel, dit l’homme en plein délire.

Et Dieu ? Patient, Il montre un triste et doux sourire.

Un lecteur nous envoie des questions profondes sur l’histoire récente de l’Église, de la Fraternité Saint Pie X et du mouvement dit de ‘Résistance’. Un jour, lorsque notre Mère l’Église reprendra ses esprits — comme elle le fait déjà doucement — les ombres et les ténèbres se dissiperont, et l’histoire se manifestera pleinement dans la vérité et la charité. En attendant, voici des esquisses de réponses.

1.       Comment pouvez-vous être contre toute structure pour la ‘Résistance’ ? Y a-t-il quoi que ce soit de catholique qui puisse prospérer sans structure ?

La force de la ‘Résistance’, c’est d’abord la Vérité, et ensuite le caractère très peu contraignant des liens entre les divers petits groupes qui résistent à la révolution de Vatican II. Cette révolution s’est rapidement imposée à une grande partie de l’Église catholique parce que les catholiques étaient trop obéissants à leurs autorités infidèles. De même, la plus grande partie de la FSSPX a été rapidement émoussée en 2012, parce que ses prêtres étaient trop respectueux de l’autorité de leurs chefs officiels qui voulaient revenir dans le giron de la Rome apostate. Ils n’ont plus servi la vraie Église ou la vraie Foi, comme le faisait Mgr Lefebvre, mais eux-mêmes. Au contraire, s’emparer d’une petite poche de Résistants n’amènera pas nécessairement à s’emparer même d’une deuxième poche. Ainsi, la Foi survivra jusqu’à ce que Dieu décide de restaurer en Son temps, dans la Foi, la structure catholique.

2.       Les dirigeants de la FSSPX trompés par les fonctionnaires romains apostats au milieu des années 1990 étaient-ils motivés par l’ambition personnelle ?

Ce n’est pas impossible, mais leur problème était avant tout leur manque de foi dans les moyens divins pour résoudre la crise de l’Église, en plus de leur confiance excessive dans la politique purement humaine du Vatican. Contrairement à Mgr Lefebvre, ils ne saisissent pas la dimension divine et pré-apocalyptique de la crise mondiale ; ils la conçoivent donc en termes plus ou moins limités et mondains, ratant ainsi complètement le coche. Comparez avec Mgr Lefebvre, qui a toujours eu en vue la ruine complète de l’Église. Comparez également avec Mgr Viganò, qui s’interroge constamment sur la chute universelle de l’Église et du monde, provoquée par Vatican II.

3.       Le Chapitre général de 1994 a-t-il prouvé clairement ces déficiences des dirigeants de la FSSPX ?

Prouvé, oui, mais prouvé clairement, pas dans l’immédiat. Les participants à ce Chapitre général donnaient l’impression de gentils enfants se livrant à des jeux, plutôt que de guerriers d’âge adulte menant une lutte gigantesque pour la gloire de Dieu et le salut des âmes dans un environnement extrêmement dangereux. Il faut être saint pour croire au mal, disait Gustavo Corçao. Les chers et pieux jeunes prêtres de ce Chapitre ne semblaient pas à la hauteur de la gravité du moment.

4.       Quand selon vous les deux camps des Suivistes et des Résistants de la FSSPX se sont-ils séparés l’un de l’autre ?

Les éléments de division étaient déjà sûrement présents dans les années 1980. Je connais un prêtre qui, en 1982, après avoir professé pendant cinq ans à Ecône, a été envoyé outre-Atlantique pendant plus de 25 ans, très probablement pour être mis à l’écart. Les jeunes séminaristes devaient être préparés à obéir aux libéraux qui se voyaient déjà à la tête de la FSSPX, en remplacement d’un Mgr Lefebvre vieillissant. Ce dernier avait été merveilleux pour son temps, se disaient-ils, mais il était de plus en plus dépassé à cause de sa condamnation implacable des modernistes romains. Car ces modernistes étaient considérés comme la véritable Autorité de l’Église ; qui plus est, ils devenaient meilleurs chaque jour ! Attention, ces dirigeants libéraux de la FSSPX ne se considèrent pas comme des libéraux, bien au contraire. Ils se voient même infiltrer la Rome moderniste et la convertir à la Tradition catholique. Est-ce possible ? Ils n’ont aucune idée de la profondeur et de la gravité de la croisade menée par les libéraux pour détruire l’Église catholique.

5.       L’affrontement Suivistes-Résistants a-t-il toujours existé au sein de la Fraternité St Pie X ?

Oui, certainement. Mgr Lefebvre avait lu l’abbé Barbier (1851–1925) sur l’histoire de l’affrontement du libéralisme avec le catholicisme aux 19ème et 20ème siècles. Il nous disait que cette lecture lui avait fait comprendre que la seule différence, dans ce même affrontement, entre avant et après Vatican II était qu’avant, c’étaient les catholiques qui commandaient, alors qu’après, c’étaient les libéraux. Tant que l’archevêque a été en vie, son magnétisme personnel a maintenu la FSSPX catholique, mais dès sa mort en 1991, le magnétisme constant de Rome pour les catholiques a commencé à reprendre son ascendant. Soyons patients. Dieu ne se laissera pas faire, ni par le Diable, ni par les anges ou les ecclésiastiques déchus.

Kyrie eleison.

mercredi 7 février 2024

L'enfer éternel (par l'abbé Chazal)

Il y a quelques mois, nous vous annoncions la prochaine parution, en français, du livre de l'abbé Chazal : "L'enfer éternel". Il est paru et vous pouvez, d'ors et déjà, le commander ici.

Après les extraits publiés en novembre 2022, voici un autre chapitre qui vous donnera un aperçu de cette synthèse sur un sujet, ô combien, important!


Chapitre 39


La perte de Dieu varie en proportion du degré d’aversion de Dieu

La damnation des catholiques est beaucoup plus lourde à supporter


SAINT Alphonse dit que le tourment de la perte de Dieu, ou douleur de la damnation, « sera considérablement augmenté par le souvenir des grâces que Dieu a accordées, et de l’amour qu’Il a manifesté pendant la vie. L’âme se rappellera surtout l’amour de Jésus-Christ qui a versé Son sang et exposé Sa vie pour son salut ; mais que, par ingratitude, pour ne pas renoncer à ses misérables satisfactions, elle a consenti à perdre Dieu son souverain bien ; puis elle constatera qu’il ne lui reste plus aucun espoir de Le retrouver » (La voie du salut, ch. 10).

Baronius raconte qu’après son apostasie tristement célèbre, l’Empereur Julien conçut une si grande haine contre le Saint Baptême, que jour et nuit, il cherchait un moyen d’effacer le sien. Il fit préparer à cet effet un bain de sang de chèvre et s’y plongea, voulant que le sang impur d’une victime consacrée à Vénus effaçât de son âme le caractère sacré du Baptême. Ce comportement vous paraît abominable, mais si le plan de Julien avait pu réussir, il est certain qu’il souffrirait beaucoup moins en Enfer. (SLPM)

Ce qui donne à « l’Histoire d’Annette » son grand motif de crédibilité, à mon avis, c’est la liste très précise et circonstanciée des grâces qui lui ont été accordées par Dieu pour éviter sa damnation. Toutes ces grâces se sont maintenant transformées en supplices, et elle ne manque pas de mentionner que les catholiques souffrent beaucoup plus que les non catholiques en Enfer (« Mais on exigera beaucoup de celui à qui l’on a beaucoup donné ; et plus on aura confié à quelqu’un, plus on lui demandera. » – Lc 12, 48). Les différences remarquables entre les souffrances de l’Enfer découlent également du rôle que le réprouvé a joué dans la damnation des autres. Le sort des diables eux-mêmes nous renseigne : car ils savent qu’ils augmentent leur punition à chaque nouvelle âme qu’ils amènent en Enfer.

lundi 5 février 2024

Où est le remède aux maux de la Tradition ?

Source

Par Son Excellence Mgr Thomas d’Aquin, OSB, le 1er février 2024



La Tradition souffre de divers maux, dus aux divisions internes et aux attaques externes. Elle est affaiblie par la faiblesse de ses membres, ce qui amplifie l’audace de ses ennemis.

Tout d’abord, où se trouve la Tradition ? Elle réside dans la fidélité au dépôt de la foi. Celui qui garde ce dépôt préserve la Tradition. Nous pouvons dire : là où se trouve le dépôt de la foi, là est la Tradition.

Mais la Tradition, c’est aussi le combat pour la foi, un combat dans lequel Mgr Lefebvre, plus que personne, a été exemplaire. Alors, garder la Tradition, c’est combattre comme a combattu Mgr Lefebvre.

Saint Paul nous parle du combat selon les règles ; les règles de la prudence, autant que de la foi. Pourtant, la prudence de Mgr Lefebvre est difficile à imiter. Qui peut prétendre à sa prudence ? Mgr Lefebvre a été un disciple et imitateur de Saint Pie X. Tous deux sont inimitables dans la conduite du combat. Qui sommes-nous pour nous déclarer fidèles et parfaits disciples de ces deux serviteurs de Dieu ? Mais nous savons une chose : ce sont eux les modèles. Ce sont eux le remède doctrinal et prudentiel à la crise qui menace constamment la Tradition.

Nous ne devrions pas être scandalisés de voir des divisions, soit dans la Fraternité, soit dans la Résistance. Mgr Lefebvre a connu des difficultés, des divisions, des oppositions internes et externes à la Fraternité. Professeurs, prêtres amis, communautés alliées, séminaristes, laïcs, de partout Mgr Lefebvre a connu la contradiction. Nous ne devrions pas être scandalisés par les oppositions et les divisions. Nous devrions, oui, aimer le bon combat, le combat de notre conversion en même temps que la défense publique de la foi, comme l’ont fait Saint Pie X et Mgr Lefebvre.

Rassemblons leur héritage, tout leur héritage de combat contre le modernisme, contre les modernistes et les libéraux.

Ils ont vaincu le monde. Nous aussi, nous le vaincrons si nous agissons comme eux, avec cette humilité de piété filiale qui nous pousse à les invoquer, à les étudier, à les comprendre et à appliquer leurs principes d’action dans la situation actuelle.

Voilà le remède qui, sous la protection de celle qui a vaincu toutes les hérésies et tous les hérétiques, nous donnera la victoire et la vraie union entre ceux qui se réclament de l’Église, une, sainte, catholique, apostolique et persécutée.

samedi 3 février 2024

La validité des Consécrations

KE 864 (3 février 2024) 


Sacre de Mgr Thomas d'Aquin (19 mars 2016)

Évêques, prêtres ou sœurs, votre vie est-elle creuse ?

Soyez en ordre avec Dieu ! Suivront des grâces nombreuses.

La validité des consécrations épiscopales conférées selon le nouveau rite du pape Paul VI issu de Vatican II a récemment fait l’objet d’une nouvelle controverse parmi les catholiques traditionnels. Dit autrement, sommes-nous sûrs qu’un prêtre consacré dans ce nouveau rite est véritablement devenu évêque lui-même ? La question est d’une importance extrême, car de la validité des évêques dépend la survie même de l’Église catholique et la possibilité pour les âmes d’aller au Ciel, car les âmes ont absolument besoin de prêtres et de sacrements pour mourir dans cet état de grâce sanctifiante sans lequel elles encourent le grave danger de tomber en Enfer.

Il existe en gros deux écoles de pensée sur la question. L’immense majorité des catholiques ne voit aucun problème, y compris la Néo-fraternité Saint-Pie X, réorientée en 2012 par les successeurs de Mgr Lefebvre à la tête de cette Fraternité (Mgr Lefebvre avait fondée celle-ci en 1970 pour défendre la foi et l’Église contre les ravages de la révolution conciliaire.) « Voyons, Vatican II (1962–1965) n’a pas pu être un tel désastre, disent-ils, et les ennemis de Dieu n’ont pas pu recevoir Sa permission d’atteindre un tel pouvoir dans l’Église, qu’ils aient pu réussir à compromettre sérieusement les sources mêmes de son avenir », à savoir le rite de consécration de ses futurs chefs. « L’idée même en est ridicule ! Vatican II a été mauvais, mais pas à ce point. » Si, hélas !

Car regardez les fruits ! Ils montrent infailliblement ce qui est à l’œuvre. Entre 20 ans avant et 20 ans après le Concile, une multitude d’hôpitaux et d’écoles catholiques, de couvents, de séminaires, de prieurés, de monastères ont tous été fermés ou transformés en entrepôts pour les pommes (Ps 78, 1). Y a-t-il jamais eu à n’importe quelle autre époque autant de vocations abandonnées, ou si peu de nouvelles vocations, que dans la période qui a suivi Vatican II ? Pourquoi ? Certainement parce qu’aujourd’hui, par exemple, les masses sont persuadées qu’un travailleur social est plus utile qu’un prêtre. Là où il n’y a pas la Foi, du moins telle qu’on la comprenait avant le Concile, l’évêque et le prêtre ne sont plus que le pâle éclat de ce qu’ils sont, et il ne leur reste plus qu’à se livrer à une mauvaise imitation de quelqu’un de complètement différent, comme un travailleur social. Mais qui devrait prêcher cette Foi ? Les évêques et les prêtres ! Avec Vatican II, le Diable a tout de même brillamment retourné l’esprit des clercs ! Peut-être que, après tout, le nouveau rite de consécration n’est pas complètement étranger au problème des évêques ...

L’abbé Alvaro Calderón est l’un des meilleurs théologiens de la Fraternité, en poste au séminaire sacerdotal de cette Fraternité en Argentine. Il y a plus de dix ans, il a écrit un traité sur la question de la validité du nouveau rite de consécration des évêques. Il a conclu que ce rite est « très probablement valide », mais pas de manière certaine. Or, des évêques valides étant absolument essentiels à la vie et à la survie de l’Église, cette ombre de doute est donc encore trop grande, et tous les évêques catholiques seulement consacrés avec le nouveau rite devraient consentir à être re-consacrés sous condition dans l’ancien rite également, avec son ancienne forme sacramentelle certainement valide. De même, ajoute l’abbé, tous les prêtres ordonnés uniquement selon le rite conciliaire devraient demander une ré-ordination sous condition avec le rite traditionnel pour guérir les graves défauts de leur sacerdoce conciliaire.

Et où l’abbé Calderón repère-t-il l’ombre d’un doute ? En ce que l’intention du nouveau rite n’est pas de faire des évêques revêtus d’une autorité royale, soutenus par l’autorité divine, placés immédiatement au-dessus des agneaux, véritables nuées tonnantes de Dieu ; mais plutôt un gentil médiateur diocésain, un administrateur démocratique, obéissant à la lettre à une religieuse féministe, sorte de dragon local qui tyrannise tous les coqs des poulaillers à des kilomètres à la ronde, et qui rêve du jour où enfin elle pourra célébrer les lambeaux qui restent de la Sainte Messe — hommes, gardez les femmes à leur place, car hors de contrôle elles sont insupportables ! Dieu premier servi !

Kyrie eleison