Par Son Excellence Mgr Thomas d’Aquin, OSB, le 1er février 2024
Trois évêques ont écrit à leur supérieur au sujet du danger d'un accord purement pratique avec Rome, et ont
fait appel à leur fondateur, Mgr Lefebvre. — Il avait raison il y a 25 ans, il
a encore raison aujourd'hui — disaient-ils.
À cet avertissement, le supérieur a répondu que les trois évêques étaient dépourvus d'esprit surnaturel et de sens des réalités. Une accusation grave qui pourrait retomber sur Mgr Lefebvre lui-même. Mais est-ce vrai ? Ne serait-ce pas plutôt l'inverse : Mgr Fellay qui serait dépourvu de ces deux qualités ? C'est là toute la question. Qui manque de réalisme et d'esprit surnaturel ? Ce n'est pas Mgr Lefebvre. Les trois évêques qui ont pris son exemple non plus. Ils ont dit que la situation à l'époque (2012) n'était pas substantiellement différente de celle de 2006, quand il avait été décidé de ne pas faire un accord pratique sans un accord doctrinal. Ils ont mis en garde contre le danger de se mettre entre les mains des évêques conciliaires et de la Rome moderniste. Irréalisme ? Manque d'esprit surnaturel ? Ils voulaient préserver la Fraternité des divisions profondes qui pouvaient survenir. Manque de sens des réalités ? d'esprit surnaturel ? Ils ont attiré l'attention du Supérieur général sur la pensée moderniste de Benoît XVl. Ils ont remarqué les symptômes d'un déclin de la confession de la foi. Irréalisme ? Manque d'esprit surnaturel ?
Mgr Lefebvre a parlé du SIDA
spirituel de la Rome moderniste. Mgr Fellay ne semble pas penser de la même
manière ni prendre les mêmes précautions. Il minimise la gravité des erreurs du
Concile. Pour lui, la liberté religieuse est devenue une liberté très, très
petite. Le Concile, quelque chose au sujet duquel beaucoup pensent qu'il a dit
ce qu'il n'a pas dit. Qui sont ces "beaucoup" ? Les trois évêques ?
Il les accuse de traiter les erreurs du Concile comme s'il s'agissait de
super-hérésies
Si l'on compare Mgr Fellay à Mgr
Lefebvre, la différence est évidente. Mgr Lefebvre a parlé d'apostasie de Rome.
Mgr Fellay minimise la situation et cherche un rapprochement dangereux avec la
Rome moderniste, avec ou sans accord.
Quels ont été les fruits de la
prétendue supériorité de Mgr Fellay, c'est-à-dire qu'il est plus réaliste et
surnaturel que Mgr Williamson, Mgr Tissier et Mgr Galarreta ? Les fruits ont-ils
été doux ou amers ? Que chacun en juge par lui-même.
Grande commotion dans la
Fraternité ; changement du principe régissant les relations avec Rome (accord
pratique uniquement avec accord doctrinal ou accord pratique sans accord
doctrinal) ; départ de prêtres ayant quitté la Fraternité, y compris l'abbé
Faure ; expulsion de l'évêque le plus combatif de la Fraternité (Mgr
Williamson) ; expulsion de plusieurs prêtres ; perplexité d'autres qui, tout en
restant dans la Fraternité, n'approuvaient pas la nouvelle politique initiée
par Mgr Fellay ; désorientation des fidèles ; éloignement de certaines
communautés amies ; réserves de la part d'autres ; acceptation des mesures de
compromis qu'il a prises à l'égard de la Fraternité, allant jusqu'à accepter
les nouvelles dispositions sur les mariages, provoquant la réaction et la
démission de sept doyens français et la réaction de trois communautés amies ;
etc... De bons fruits ? Non !
Que conclure ? Il y a deux
orientations dans la Tradition : celle de Mgr Lefebvre et celle de Mgr Fellay,
du moins celle de Mgr Fellay comme Supérieur général. Comme Mgr Fellay ne s'est
jamais rétracté, on peut considérer qu'il pense toujours ainsi.
Nous suivons Mgr Lefebvre et sommes reconnaissants à Mgr Williamson d'avoir résisté à Mgr Fellay. Grâce à Mgr Williamson, la Résistance peut continuer le combat avec la sainte liberté des enfants de Dieu pour défendre la Tradition et la transmettre selon l'exemple que nous a donné Mgr Lefebvre : «Tradidi quod et accepi ». J'ai transmis ce que j'ai reçu.