mercredi 7 février 2024

L'enfer éternel (par l'abbé Chazal)

Il y a quelques mois, nous vous annoncions la prochaine parution, en français, du livre de l'abbé Chazal : "L'enfer éternel". Il est paru et vous pouvez, d'ors et déjà, le commander ici.

Après les extraits publiés en novembre 2022, voici un autre chapitre qui vous donnera un aperçu de cette synthèse sur un sujet, ô combien, important!


Chapitre 39


La perte de Dieu varie en proportion du degré d’aversion de Dieu

La damnation des catholiques est beaucoup plus lourde à supporter


SAINT Alphonse dit que le tourment de la perte de Dieu, ou douleur de la damnation, « sera considérablement augmenté par le souvenir des grâces que Dieu a accordées, et de l’amour qu’Il a manifesté pendant la vie. L’âme se rappellera surtout l’amour de Jésus-Christ qui a versé Son sang et exposé Sa vie pour son salut ; mais que, par ingratitude, pour ne pas renoncer à ses misérables satisfactions, elle a consenti à perdre Dieu son souverain bien ; puis elle constatera qu’il ne lui reste plus aucun espoir de Le retrouver » (La voie du salut, ch. 10).

Baronius raconte qu’après son apostasie tristement célèbre, l’Empereur Julien conçut une si grande haine contre le Saint Baptême, que jour et nuit, il cherchait un moyen d’effacer le sien. Il fit préparer à cet effet un bain de sang de chèvre et s’y plongea, voulant que le sang impur d’une victime consacrée à Vénus effaçât de son âme le caractère sacré du Baptême. Ce comportement vous paraît abominable, mais si le plan de Julien avait pu réussir, il est certain qu’il souffrirait beaucoup moins en Enfer. (SLPM)

Ce qui donne à « l’Histoire d’Annette » son grand motif de crédibilité, à mon avis, c’est la liste très précise et circonstanciée des grâces qui lui ont été accordées par Dieu pour éviter sa damnation. Toutes ces grâces se sont maintenant transformées en supplices, et elle ne manque pas de mentionner que les catholiques souffrent beaucoup plus que les non catholiques en Enfer (« Mais on exigera beaucoup de celui à qui l’on a beaucoup donné ; et plus on aura confié à quelqu’un, plus on lui demandera. » – Lc 12, 48). Les différences remarquables entre les souffrances de l’Enfer découlent également du rôle que le réprouvé a joué dans la damnation des autres. Le sort des diables eux-mêmes nous renseigne : car ils savent qu’ils augmentent leur punition à chaque nouvelle âme qu’ils amènent en Enfer.

C’est dans la perte de la Vision béatifique que la souffrance variera le plus ; tout comme au Ciel, le degré de gloire des Saints, ou plutôt, leur degré de Vision béatifique diffèrera strictement en fonction de la « lumière de gloire » qui leur sera donnée. Celle-ci correspondra à la qualité de leur désir de Dieu (ou de leur mérite) au moment où ils ont quitté cette terre. Dieu est juste, Il récompensera et punira chacun selon ses actes ; et ainsi, la mesure de la perte de Dieu sera en stricte conformité avec l’intensité de l’aversion que l’on a eue pour Lui au cours de notre vie.

La damnation des âmes religieuses


QU’EST-CE qui fait la différence spécifique de « l’Enfer des religieux » ? Le P. Cormier, qui fut général des Dominicains et mourut en odeur de sainteté, donne une réponse qui mérite d’être citée en entier :

CE malheureux avait acquis et conservé une capacité et une inclination plus grandes que celle des chrétiens ordinaires à posséder Dieu. Dieu avait mis dans sa nature certaines aptitudes en vue de sa future vocation religieuse. Or ces aptitudes, le religieux damné les retourne nécessairement et implacablement contre Dieu. Son cœur ressent un vide plus grand que chez les autres, un vide qui le tourmente inexorablement. Quelle faim dévorante, que rien ne peut satisfaire !

Il se souvient des jours et des années de ferveur, qui étaient un avant-goût du Ciel. Quels contrastes ! Quels regrets ! Il est obligé de dire : « Beau Ciel, dont j’étais assuré, tu es maintenant perdu pour moi ».

Il éprouvera plus de honte que les autres réprouvés, mais il ne pourra pas cacher qu’il doit sa déchéance à des mensonges et à des sacrilèges. Sa duplicité apparaîtra de la manière la plus frappante.

Envers Dieu, il aura une haine plus brûlante que les autres. Car le cœur qui a été porté à aimer plus, est également plus capable de haine, puisque la haine n’est que l’amour tourné en son contraire. Cette haine s’exprimera par des blasphèmes contre tout ce qu’il aimait auparavant.

La damnation des prêtres


« LES prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les Saints Mystères, par l’amour de l’argent, l’amour de l’honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d’impureté.

« Oui, les prêtres demandent vengeance, et la vengeance est suspendue sur leurs têtes. Malheur aux prêtres et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leurs infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils ! Les péchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le Ciel et appellent vengeance, et voilà que la vengeance est à leurs portes, car il ne se trouve plus personne pour implorer miséricorde et pardon pour le peuple ; il n’y a plus d’âmes généreuses, il n’y a plus personne digne d’offrir la Victime sans tache à l’Éternel en faveur du monde. »

Si ces mots venaient d’une autre personne que Notre Dame Elle-même, ils ne seraient pas aussi terrifiants. La Sainte Vierge parle ici comme une mère, certes, mais une mère qui parle aux tueurs de ses enfants. Ses paroles montrent que les prêtres n’ont aucune pitié à attendre, même de sa part, s’ils abandonnent leur Dieu infini, et qu’un traitement très spécial et bien différent leur sera réservé, comparé aux autres damnés de l’Enfer :

Les prêtres ont une place spéciale en Enfer, parce qu’ils ont commis un péché sans appel ; qu’ils sont dans une situation beaucoup plus élevée ; qu’ils entraînent de nombreuses personnes avec eux ; et qu’ils ont fait preuve d’un degré beaucoup plus élevé de malice et d’ingratitude.

1. « Prophètes et prêtres se sont profanés, et dans ma maison même, j’ai trouvé leur méchanceté, dit le Seigneur. Aussi leur chemin sera comme un chemin glissant et plongé dans les ténèbres ; ils seront poussés, et ils y tomberont » (Jr 23, 11). Un pécheur laïc a une certaine chance de se convertir, dit saint Jean Chrysostome, car lorsqu’il est réprimandé, ou qu’il lit quelque saint écrit, tout cela est pour ainsi dire nouveau pour lui. Il n’en va pas de même pour le prêtre ; lorsqu’il pèche, « tout ce qui est contenu dans l’Écriture lui apparaît comme quelque chose de désuet et sans valeur, car tout ce qui fait peur perd son efficacité à cause de l’habitude. Il est très difficile de corriger quelqu’un qui a une pleine connaissance de la loi » (Hom. 40). Son péché, comme celui des anges déchus, est commis en pleine lumière, c’est pourquoi il est si difficile à corriger ; pourtant « il est bien pire que le leur », dit saint Jean Chrysostome, qui ajoute que « les diables tremblent devant le Saint Sacrement, alors qu’il n’en est pas de même pour les mauvais prêtres, car leur insensibilité est mortelle. »

2. La chute du prêtre depuis cette pente sombre et glissante est aggravée par le fait que lorsqu’il tombe, il tombe de plus haut, et se blesse donc beaucoup plus. Ainsi parlent saint Jérôme, saint Ambroise et saint Bernard et combien d’autres ! « Quelle honte, dit saint Pierre Damien, de voir un homme qui prêche la chasteté devenir l’esclave de la luxure. » Les prêtres pécheurs sont pires que les hérétiques dit St Bernard, car ils installent le péché en haut lieu : « Écoutez, ô prêtres », dit Osée (5, 1), « car c’est pour vous que la sentence est portée, parce que vous avez été un piège à Maspha, et un filet tendu sur le Thabor », et c’est pourquoi…

3. … le prêtre en emporte beaucoup dans sa chute. « Vous vous êtes écartés de la voie ; vous en avez fait trébucher un grand nombre hors de la loi » (Ma 2, 8). St. Césaire d’Arles dit que le diable utilise les prêtres comme des leurres pour attraper les âmes (Hom. 35). Tout comme les païens d’autrefois pensaient que le péché était permis puisque leurs propres dieux commettaient des péchés, « les laïcs pensent, dit saint Grégoire, que tout leur est permis quand ils le voient faire par leurs pasteurs, et ils les imitent alors avec d’autant plus d’ardeur. » « Il en sera du prêtre comme du peuple » (Os 4, 9), « Mon peuple est un troupeau perdu ; ses bergers l’ont égaré » (Jr 50, 6). « Quand le pasteur s’engage sur des pentes dangereuses, le trou- peau tombe dans le précipice » (Règle pastorale 1, 2). Innocent III rappelle que dans l’Ancienne Loi, pour le péché du prêtre, il fallait immoler un veau entier, car « le prêtre qui pèche fait tomber le peuple dans le péché » (Lv 4, 3).

4. L’ingratitude  pour tant de  faveurs reçues,  et l’injure particulière faite à  Dieu,   «J’ai été profané au milieu d’eux » (Ez 22, 26), blessent Dieu au point de lui faire dire : « Je répandrai du fumier sur vos visages, le fumier de vos solennités » (Ma 2, 3) : voilà ce que Dieu pense du « service » d’un mauvais prêtre. Il Lui est difficile de les considérer comme des prêtres : « De tels prêtres ne me sont pas de vrais prêtres, mais de vrais traîtres » (Ste Brigitte, Révélations 1, 47). « Un prêtre qui célèbre la messe en état de péché, dit saint Cyprien, insulte de sa bouche et de ses mains, le Corps même du Christ » (Traité de ceux qui sont tombés). « Le fumier est bien plus digne de recevoir la Chair de Dieu, dit Théophylacte, que le cœur d’un prêtre sacrilège » (Comm. de l’Ép. aux Hébreux 10, 6) … et saint Vincent Ferrier est d’accord : « C’est un plus grand péché que de jeter le Saint Sacrement dans les égouts ». Car il n’y a pas de distance entre l’offenseur et le Seigneur offensé, dit saint Pierre Damien : « C’est une chose que de transgresser les édits du roi, et une autre que de le blesser de nos propres mains » (Opuscules 26, 2).

C’est pourquoi, « quand les laïcs pèchent, ils s’amendent facilement ; quant aux prêtres, une fois mauvais, ils sont incorrigibles », dit saint Jérôme (Hom. 43). « Je vois sur la terre des païens et des Juifs, dit sainte Brigitte, mais je n’en vois pas d’aussi mauvais que les prêtres, qui sont coupables du même péché que Lucifer » (Révélations 1, 47) ; ils pèchent en pleine lumière, comme les diables ont péché, raisonne saint Alphonse. Conséquence : les prêtres pécheurs « se trouveront dans un Enfer plus profond que pour tous les autres diables » (Révélations 4, 135). Toujours selon St. Alphonse, Isaïe décrit en fait la chute d’un prêtre quand il dit : « Tous les princes de la terre se sont levés de leurs trônes ; tous prennent la parole pour te dire : “Toi aussi, tu es blessé comme nous ; tu es devenu semblable à nous” » (Is 14, 9-10).

L’obligation où sont les prêtres d’être plus vertueux que les autres, […] et le grand pouvoir du démon sur une âme qui est en état de péché mortel, ont été révélés à Ste Thérèse : « Une fois, en allant communier, je vis des yeux de l’âme, plus clairement que je n’aurais fait des yeux du corps, deux démons avec une figure horrible qui serraient avec leurs cornes la gorge du pauvre prêtre, et je vis en même temps, dans l’hostie qu’il était prêt à me donner, mon Dieu revêtu de cette majesté dont je viens de parler : ce qui me fit connaître que mon Dieu était dans des mains criminelles, et que cette âme était en état de péché mortel. Quel spectacle, ô mon Sauveur, de voir votre divine beauté au milieu de ces abominables figures, et ces démons saisis d’un tel effroi et d’une telle stupeur devant vous, qu’ils auraient soudain pris la fuite si vous le leur eussiez permis ! » (Vie, 38). Les démons sont effrayés…

… Mais les prêtres déchus perdent toute crainte de Dieu ; « Si je suis le maître, où est la crainte qui m’est due, dit le Seigneur des armées, à vous, prêtres, qui méprisez mon nom » (Ma 1, 6). Ils n’ont pas peur de combattre Dieu à l’intérieur de l’Église ; « Les fils de ma Mère ont combattu contre moi » (Cantique 1, 5). « Voyez quel poison circule aujourd’hui dans tout le corps de l’Église, dit St. Bernard : plus il se répand, plus il est invisible ; et plus il est dangereux, plus il est caché. Si un hérétique s’élevait contre elle et lui faisait une guerre ouverte, on le mettrait dehors. Si un ennemi public lui faisait violence, elle le fuirait. Mais comment chasser ou expulser des prêtres ? Nous en avons tous besoin et ils sont tous nos ennemis » (Serm. 33 sur le Cantique). Saint Grégoire s’exclame que lorsque le prêtre monte à l’autel, il dit : « Ôtez mes iniquités, Seigneur », puis il embrasse l’autel, et le Christ, si c’est un prêtre pécheur, répond : « Judas, tu me trahis par un baiser ? »

Parenthèse : Vu ce qui vient d’être dit, est-il plus sûr pour son âme de ne pas devenir prêtre ?

Non, les seuls prêtres en difficulté sont ceux qui n’ont pas ou pas assez de crainte de Dieu ; et je ne sais vraiment pas comment les prêtres Novus Ordo peuvent sauver leurs âmes, dépourvus comme ils le sont d’une crainte même élémentaire de Dieu – sans parler de la foi dans le dogme de l’Enfer. Les séminaires modernes sont des lieux de perdition, et il n’y a pas de plus grande concentration de sodomites que dans la Cité du Vatican (cf. le livre Sodoma, écrit récemment… le Vatican n’a publié aucun démenti).

Quant à ceux qui croient encore à l’Enfer, mais « qui refusent d’être utiles au salut des autres et fuient la charge de prêcher [la vérité intégrale], ils seront jugés selon la mesure de la capacité qu’ils avaient à être utiles aux autres [pour le salut de leurs âmes] » (Saint Grégoire, Règle Pastorale 1, 5). Celui qui se consacre au salut des âmes, s’il s’y applique avec beaucoup de crainte et de zèle, non seulement rend son salut très assuré, mais brillera également bien plus au firmament du Ciel, selon l’apôtre saint Jacques (5, 20). Dans le même chapitre 38 de sa Vie, sainte Thérèse mentionne des prêtres qui vont directement au Ciel. Et Notre Seigneur semble déclarer que le jeune homme riche n’est pas entré dans son Royaume, parce qu’il a refusé de suivre la vocation qu’Il lui a donnée.

Pour la fonction d’évêque, il y a une nuance : il n’y a pas de chemin plus sûr vers l’Enfer que de désirer l’être ; mais si on le lui demande, le prêtre doit accepter, en raison du bien commun, et en vertu de l’obéissance (ST 2a-2æ, q. 185, a. 2, concl.). Il reste que ce sont eux, et non les prêtres, qui courent le plus grand danger, car ce sont eux, et non les prêtres, qui ont la Juridiction, c’est-à-dire, ce sont eux qui doivent répondre de la damnation du troupeau confié à leurs soins. Leur état suppose donc une perfection réelle :

« Lorsqu’il aura compris et clairement reconnu que la vraie domination est de ne rien posséder, alors il pourra l’accepter », dit Notre Seigneur à sainte Thérèse à propos de cet appelé plein de perplexité (Vie, 40), contrairement aux membres du

Synode parisien


UN synode se tenait à Paris, et un grand nombre de prélats et de pasteurs ayant charge d’âmes y assistaient. La présence du roi et des princes augmentait l’éclat de l’assemblée. Un célèbre orateur fut invité à prêcher, et pendant qu’il préparait son sermon, un horrible démon lui apparut et lui dit : « Oublie tes livres. Si tu veux faire un sermon utile à ces princes et à ces prélats, contente-toi de leur dire de notre part : “Nous, princes des ténèbres, vous remercions, princes, prélats et pasteurs d’âmes, qu’à cause de votre négligence, le plus grand nombre des fidèles soit damné. Aussi, nous vous réservons une récompense pour cette faveur, lorsque vous serez avec nous en enfer.” » (SLPM)