dimanche 11 mars 2018

Parents D’aujourd’hui – III


SE Mgr Williamson 

Kyrie Eleison n ° 556



Le ciel est difficile, mais il en vaut la peine
Même si mes efforts me jettent dans la gêne


Notre article « Parents d’aujourd’hui – I » du 17 février dernier a dû toucher un nerf sensible. Il n’y a là rien de surprenant car le diable tient sous sa coupe pratiquement toute la société. Le champ de bataille s’est déplacé vers les familles qui ne sont pas encore à sa merci. Parents, ne désespérez pas de Dieu (le diable n’attend que cela) ; prenez plutôt la mesure de la gravité de la situation et considérez la logique des deux remèdes que Dieu vous propose par l’intermédiaire de Sa Mère pour en sortir. Puis, faites de votre mieux et laissez vos enfants dans les mains de la Vierge Marie.

Plusieurs lecteurs ont réagi jusqu’à présent à “Parents d’aujourd’hui – I”, mais leur nombre va sûrement s’accroître. Un premier lecteur déplore que l’analyse de l’abbé Delagneau reflète exactement ce qui se passe dans sa propre famille : le lendemain de Noël dernier, leur fille aînée, âgée d’à peine 20 ans, a tourné le dos à la famille abandonnant “une fois pour toutes” le mode de vie catholique Traditionnel afin de rejoindre le monde avec, par-dessus le marché, un mariage en perspective pour lequel elle n’est pas préparée. Tout espoir n’est cependant pas perdu : le jeune homme en question ne croit à rien. Ce qui laisse à penser qu’il trouvera peut-être avec elle le chemin du ciel plus facilement que s’il avait une religion ! La maternité offre une autre source d’espoir, car elle peut ramener les filles à la réalité, comme ce fut le cas pour Marya Shatova dans le roman “Les Diables” de Dostoïevski (qui a vu venir le monde moderne).

Une seconde réaction vient d’une lectrice. Prenant acte de la justesse du tableau brossé par l’abbé Delagneau des jeunes d’aujourd’hui, elle se demande pourquoi ces « Commentaires » recommandent en général aux jeunes gens de se marier. Selon elle, il n’y a pratiquement plus de jeunes hommes ni de jeunes femmes véritables, car « le matériau de base a changé » dit-elle. Ne serait-il pas temps d’envisager la possibilité que Dieu veuille que davantage de femmes et d’hommes s’orientent vers le célibat ? se demande-telle. Même s’ils devaient souffrir de la solitude, ils seraient dégagés des devoirs familiaux et bénéficieraient d’autant plus de temps à consacrer au combat et au sacrifice propres au célibat. Elle observe que, dans le milieu professionnel, la génération montante court après l’argent, le pouvoir et le temps libre ; qu’elle n’a aucune notion, même théorique, de la morale du travail et que presque tous vivent dans le péché : ils sont en couple avec des « partenaires » ou bien sont remariés ou bien souffrent de quelque autre perversion. Et de conclure :”Que Jésus nous prenne en pitié”.

Un troisième lecteur suggère que l’abbé Delagneau a bien raison de se tourner vers les parents. Mais que fait l’Église pour défendre la famille ? L’âge de notre correspondant est assez avancé pour lui permettre d’évoquer avec nostalgie les années ‘60, quand sa propre mère était toujours à la maison pour s’occuper des enfants. Maintenant, dit-il, peu de familles arrivent à joindre les deux bouts sans que la mère ne soit obligée d’aller travailler à l’extérieur ; les enfants doivent être confiés à l’État, parce que l’Église officielle est aux abois et que la Tradition catholique est maintenant bien dispersée. C’est l’État qui détermine les conditions de vie des familles. Or, il ne les favorise nullement et ne possède aucune des compétences qu’a l’Église pour régler les problèmes humains qui se posent dans les familles. Ce lecteur conclut que nous sommes en esclavage, comme l’étaient les Juifs en Égypte. Mais il ajoute que, si le Bon Dieu a permis que les familles se trouvent dans une telle situation, c’est qu’il doit y avoir quelque chose à faire pour la dénouer.

Effectivement : “Quand on veut, on peut,”, dit le proverbe ; et le Concile de Trente cite saint Augustin disant qu’en effet, Dieu ne peut abandonner une âme qui ne l’ait pas déjà abandonné. Soljenitsyne était d’avis que la Russie ne serait jamais tombée dans l’enfer communiste si elle n’avait pas tourné le dos à Dieu. C’est le Bon Dieu qui a permis cet Enfer afin de ramener à Lui la “Sainte Russie”. Il y aura fallu plusieurs années, mais on observe ce retour à Dieu dans toute la Russie, même si cette conversion n’est pas encore catholique. Mais patience ! La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie s’en occupera. “Souffrir, c’est apprendre” (Eschyle). Actuellement, toutes les familles de l’Occident consumériste souffrent beaucoup. Donc patience.

Avant tout, les parents doivent comprendre l’urgence qu’il y a de recourir aux deux remèdes indiqués par la Sainte Vierge : le Rosaire et à la Dévotion des Premiers Samedis, en réparation des offenses faites à son Cœur Immaculé. Qui peut dire que l’un ou l’autre de ces remèdes est rigoureusement impossible ? Que les parents fassent donc un réel effort sur ces deux moyens : réciter cinq Mystères avec les enfants, dix autres individuellement si possible, et conduire aussi loin que nécessaire pour les premiers samedis. Après cela, Notre Dame pourrait les abandonner ? Pas possible !