dimanche 13 avril 2025

La trahison de la FSSPX

KE 914 (18 janvier 2025)

Nul ne laisse une enfant croiser des loups charmants,
Car c’en est trop pour elle, ils sont si désarmants…
La vie n’enseigne pas ses leçons aux candides,
C’est pourquoi seul à Rome devait aller leur guide (à savoir, Mgr Lefebvre).


Sur Internet, à l’adresse  https://crowdbunker.com/v/A7bwTo5Ysp, on peut trouver une intéressante vidéo en français intitulée «  La trahison de la FSSPX racontée par des prêtres ». La vignette d’ouverture montre le pape François et l’abbé David Pagliarani, Supérieur général de la FSSPX (Fraternité Saint-Pie X) en train de se s’incliner l’un vers l’autre, comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde. L’image peut bien être une fabrication plutôt que la réalité, mais c’est une trouvaille, parce qu’elle résume l’énorme fantaisie qu’ils poursuivent tous les deux, à savoir que 2 + 2 = 4, et 2 +2 = 4 ou 5 (ou 6 ou 6 millions), sont conciliables en 2 + 2 = quatre et demi. Mais c’est exactement la même réconciliation irréelle dont rêvaient Benoît XVI et Mgr Fellay en 2009. C’est le rêve fantaisiste des libéraux selon lequel les choses ne sont pas nécessairement ce qu’elles sont objectivement, mais tout ce que je peux subjectivement souhaiter qu’elles soient. Par exemple, si je n’aime pas les Dix Commandements, je les prends pour Dix Options  !

Et si, pendant les prochains dix ans, rien ne vient interrompre le cours actuel des affaires de l’Église, alors, en 2035, un autre dirigeant de l’Église et un autre supérieur général de la FSSPX seront susceptibles d’être caricaturés de la même manière, parce que le dirigeant libéral de l’Église se présentera toujours comme un ami de la Tradition catholique, tandis que le dirigeant de la FSSPX rêvant de Tradition cherchera toujours à obtenir l’approbation officielle de l’Église auprès des véritables ennemis de la Foi. Un bon caricaturiste pourrait rehausser la fabrication en représentant l’abbé Pagliarani comme le Petit Chaperon Rouge et le Pape apparent comme le Grand Méchant Loup  : «  Quelles belles dents tu as  », dit-elle en souriant. «  Tant mieux pour te dévorer, ma petite  !  »

Cependant, «  Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés  », dit Notre Seigneur dans le Sermon sur la Montagne (Mt 7, 1–5). Certainement, tous les prêtres de la FSSPX ne sont pas des traîtres conscients qui veulent se débarrasser des derniers vestiges de Mgr Lefebvre. Il est certain que les étudiants des séminaires qu’il a construits reçoivent encore quelque chose hérité de lui. Mais le problème se situe au niveau de leurs supérieurs, des libéraux fermement retranchés aux commandes de la FSSPX au siège de Menzingen, en Suisse. Ils peuvent eux-mêmes croire fermement que la doctrine catholique exclut toute contradiction, aussi certainement que 2 + 2 = 4 exclut toute contradiction en arithmétique. Mais comment peuvent-ils alors être si déterminés à obtenir l’approbation officielle de la Tradition catholique par les apostats d’aujourd’hui à Rome  ? Ceux-ci ont le modernisme bien ancré dans la tête, ce qui signifie une remise en cause profonde de toute vérité ancienne et de son évidence. Entre les oreilles modernes, il n’y a plus assez de cellules grises capables de saisir l’ancienne vérité, pour ainsi dire.

À tel point que, lorsqu’un ami de la FSSPX lui propose de suivre l’exemple de Mgr Lefebvre en 1988 en consacrant pour elle, même sans l’approbation de Rome, les évêques dont elle a tant besoin pour son apostolat mondial, un ami plus triste et plus sage lui répond  : «  Ce n’est plus possible. Le siège de la FSSPX a tellement imposé aux séminaires de la Néo-fraternité une doctrine d’obéissance aux autorités romaines et d’obéissance aux autorités de la Néo-fraternité, que les jeunes prêtres qui sortent de ces séminaires depuis de nombreuses années en seraient dans la confusion la plus totale. Comme dans l’Église des années 1950, l’obéissance a pris le pas sur la Vérité. Conséquence  : «  Vous devez faire ce que je dis, simplement parce que je le dis  ». La folie existait en latin  : Sic volo, sic jubeo. Stat pro ratione voluntas (Ainsi je veux, ainsi je commande, ma volonté prend la place de la raison).

Dans les années 50, les catholiques étaient confrontés à un problème très concret  : comment combler le fossé toujours grandissant entre les exigences réelles de la Foi et l’impiété réelle du monde moderne, qui ne cessait de croître. Mais le cinquantisme, ‘payez, priez et obéissez’, autrement dit, le maintien des apparences de la Foi tout en en vidant la substance, n’était pas la solution requise. Tout naturellement, les apparences sans la substance signifiaient l’effondrement à la fois des apparences et de la substance, et ce fut l’Église des années 1960. Vatican II a naturellement suivi le cinquantisme. C’est grave, car un Vatican II-bis risque de suivre demain ce que Menzingen impose aujourd’hui à ses séminaristes.

C’est pourquoi la Néo-fraternité d’aujourd’hui, mais pas tous ses prêtres, ne s’éloigne pas du Vatican II des terribles années 60, mais y retourne. Cavete, consules. Attention à vous, chefs. À tout le moins, cessez d’inspirer les caricaturistes qui vous croquent en train de frayer avec votre ennemi mortel  !

Kyrie eleison