dimanche 28 octobre 2018

La Dérive Continue

En mars dernier, Reconquista publiait un article "Alerte sur le chapitre" qui nous prévenait d'un mauvais coup à venir. Avec la publication de ce Kyrie eleison, révélant un important document interne de la Fraternité, nous avons désormais la confirmation de ce que nous craignions et dénoncions en  mars dernier. L'irréparable a donc été commis. 

Kyrie eleison DLXXXIX ( 27 octobre 2018 )

Fraternité ! Infléchis-tu la direction ?
Car pour la Vérité, c’est une défection !


“Pas d’ennemis à gauche”. Tel est l’aphorisme classique des démocrates de tout poil, des socialistes,
des communistes, etc. Cela veut dire qu’en politique, quand on se bat à gauche, on ne doit jamais se battre contre une autre personne qui se bat également à gauche, à moins que celle-ci ne vire à droite. Dans le domaine religieux, le même aphorisme s’applique comme suit : quand on se bat pour la Tradition catholique, on ne doit jamais se battre contre une autre personne qui se bat également pour la Tradition, à moins que celle-ci ne soit en train de l’abandonner. Autrement dit, aucun catholique de la Tradition ne devrait normalement attaquer la FSSPX qui, pendant plus de 40 ans, a rendu un service éminent à la Tradition. Or, hélas ! le chapitre intermédiaire de 2012 a montré que ladite Fraternité s’éloignait de la Tradition dans laquelle l’avait fondée Mgr Lefebvre ; et récemment, le chapitre de juillet dernier nous montre encore que cette glissade semble s’éterniser. C’est pourquoi, bien que nous n’ayons aucunement l’intention de porter ombrage à la vraie Fraternité, nous portons à la connaissance des catholiques comment cette glissade s’est poursuivie cet été.

La preuve ? Elle nous est donnée dans est une lettre circulaire émanant tout récemment de la Maison généralice de Menzingen qui lève le voile sur les décisions politiques prises par le chapitre de juillet dernier. Concernant les relations de la Fraternité avec Rome, le texte comprend cinq parties : les trois premières et la dernière contiennent quantité de pieuses considérations servant à encadrer la quatrième partie, laquelle est une présentation en règle, on ne peut plus officielle, de la politique de la Fraternité envers Rome. Citons-la en entier. Le texte en est si important pour l’avenir immédiat de la Fraternité que, sans aucun doute, chaque mot a été choisi par le chapitre avec un soin tout particulier. Chaque nuance doit en être alors aussi soigneusement pesée.

4a Il revient au Supérieur Général de décider de l’opportunité d’avoir des contacts avec le Saint-Siège. C’est à lui, avec la prudence et lorsque l’heure dictée par la Divine Providence sera venue, d’examiner une modification du statut canonique, sans préjudice de la convocation préalable d’un Chapitre.

4b La Fraternité est une œuvre d’Église. De ce fait, elle n’a aucun accord à conclure avec le Saint-Père. Cependant, le moment venu, les véritables droits de la Fraternité finiront par être reconnus et codifiés canoniquement. C’est pourquoi les membres de la Fraternité sont invités à parler de manière plus appropriée, d’une “normalisation”, d’une “reconnaissance”, d’une “solution ou modification du statut canonique”, ou d’une “actualisation de notre approbation canonique”.

Commentaire du 4a – Certes, le Supérieur Général de la Fraternité doit dire quelles négociations avec Rome servent la Foi et comment il convient qu’elles soient menées. Cependant, tous les Chapitres de la Fraternité avant 2012 (1994, 2000, 2006), n’ont-ils pas clairement énoncé que toute soumission à la Rome officielle, toute réintégration, ou tout accord avec les romains, serait d’une importance telle pour la Fraternité que le Supérieur Général ne pourrait en décider seul, sans qu’un Chapitre Général complet intervienne (non simplement avec voix consultative mais avec voix délibérative, devant s’exprimer par un vote) ? Observons maintenant la nouvelle phraséologie employée : Parler de “ modification du statut canonique “ est une expression servant de feuille de vigne pour cacher l’inféodation de la Fraternité, fondée dans la Vérité par Mgr Lefebvre, à l’autorité mensongère de la Rome conciliaire. L’expression “sans préjudice” sonne comme une simple concession participative par la convocation d’un Chapitre – sans plus. Elle est loin d’équivaloir à “jamais sans” (c’est-à-dire nécessairement inclus avec voix délibérative devant s’exprimer par un vote). Notons également le présupposé suivant lequel le Supérieur général est assuré de décider en accord avec la Providence. Paul VI lui-même a-t-il jamais joui d’une garantie semblable ?

Quant au 4b – Certes, normalement, aucun subalterne ne passe d’accord avec un supérieur comme s’il était son égal, mais la Rome néo-moderniste n’est pas la Rome normale ! La Fraternité de Mgr Lefebvre servant la Vérité ne peut se mettre dans la position d’un mendiant par rapport aux modernistes actuellement en poste à Rome. A moins qu’elle ne cesse d’être dans la Vérité, car la Vérité n’a rien à mendier auprès de menteurs. En fait, la Néo-fraternité de 2018 a perdu toute emprise sur le désastre réel de la Néo-église issue de Vatican II ; et de fait elle perd son emprise sur la Vérité en général. Ainsi, les quatre expressions choisies par le Chapitre sont quatre feuilles de vigne destinées à prendre la place d’autres mots exprimant clairement la réalité. Ces quatre feuilles de vigne trahissent l’intention de la Maison générale de liquider la FSSPX pour la remettre aux ennemis de la Foi actuellement à Rome. Elles sont totalement déplacées. Elles camouflent la réalité de cette liquidation.


Kyrie eleison.


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Publication de Reconquista du 3 mars 2018

UN NOUVEAU « COUP » DE LA MAISON GÉNÉRALE EN PRÉPARATION ?


Récemment, une intervenante du forum Fidélité catholique francophone a soulevé un « lièvre », en s’interrogeant sur la portée des déclarations faites au Bulletin du district d’Allemagne par l’abbé Christian Thouvenot, Secrétaire général de la FSSPX, en poste à Menzingen, concernant la question de la Prélature personnelle (La Porte latine, 16 février).
Dans la perspective du prochain Chapitre général de juillet 2018, l’abbé Thouvenot a évoqué ce sujet sensible dans les termes suivants : 
« Il est vraisemblable que la question du statut de Prélature personnelle soit posée lors du Chapitre. Mais c’est le Supérieur général seul qui conduit la Fraternité et qui a la responsabilité des relations de la Tradition avec le Saint-Siège. Mgr Lefebvre, en 1988, avait tenu a bien préciser cet aspect ».
Cette surprenante déclaration appelle une triple mise au point :
§  le Supérieur général n’est pas « seul » à conduire la Fraternité, s’agissant en particulier des relations avec le Saint-Siège,
§   dans ses fonctions, il n’a aucun mandat pour représenter l’ensemble de « la Tradition »,
§   sur ces sujets, l’exemple de Mgr Lefebvre en 1988 ne peut pas être appelé en renfort de la position des autorités actuelles de la Fraternité.
I - Sur le premier point, on rappelle que le Chapitre général est l’instance suprême de la Fraternité. Il désigne le Supérieur général et ses deux Assistants pour 12 ans (§ V, 1 des statuts).
Ce même Chapitre est en outre chargé de la mission essentielle de « vérifier si la Fraternité applique (…) ses statuts et s’efforce d’en garder l’esprit » (§ V, 2).
Le Supérieur général élu jouit, pendant son mandat, des plus larges pouvoirs pour gouverner et administrer la Fraternité avec le concours de ses Assistants. Ils forment ensemble le Conseil général.
En complément de ces règles, et faisant suite au Chapitre général de 2006 qui avait adopté une position de principe « pas d’accord pratique avec Rome sans accord doctrinal », le Chapitre de juillet 2012 a énoncé des dispositions spécifiques précisant les conditions d’une éventuelle « normalisation canonique » de la Fraternité : dans cette hypothèse, doit se tenir au préalable un Chapitre extraordinaire « délibératif », c’est-à-dire doté d’un pouvoir de décision sur les orientations envisagées.
N’ayant pas été abrogées, ces dispositions sont toujours en vigueur : toute action dans ce domaine nécessite donc la convocation du Chapitre, son information complète, puis sa délibération sur le contenu du projet en cause (après vérification concernant les six conditions formulées en 2012). La décision votée par le Chapitre s’impose au Conseil Général et à tous les membres de la FSSPX.
C’est ce que déclarait Mgr de Galarreta à Villepreux le 13 octobre 2012 :
« Également il a été décidé dans ce Chapitre que si jamais la Maison générale parvenait à quelque chose de valable et d’intéressant avec ces conditions, il y aurait un Chapitre délibératif, ce qui veut dire que sa décision lie nécessairement (les membres de la Fraternité). Lorsqu’il y a un chapitre consultatif, on demande conseil, mais après l’autorité décide librement. Un chapitre délibératif signifie que la décision prise par la majorité absolue – la moitié plus un, ce qui nous a semblé raisonnable –, cette décision sera suivie par la Fraternité ».
Il s’ensuit que le Supérieur général n’est pas « seul » compétent pour conduire le processus de normalisation avec Rome. Bien au contraire, il a au-dessus de lui une instance qui est, juridiquement, « seule » compétente pour définir souverainement la position de la Fraternité !
Par conséquent, l’abbé Thouvenot se trompe gravement sur ce point. Et puisqu’il est censé engager la Maison générale à raison de ses hautes fonctions, on s’étonnera que Mgr Fellay n’ait pas déjà réagi.
II - Sur le deuxième point, il est évident que le monde dit « de la Tradition » déborde largement, par ses ramifications variées, sociétés religieuses et communautés, le périmètre de la seule Fraternité Saint-Pie X. Il suffit de rappeler les dénégations de Mgr Lefebvre chaque fois qu’on a voulu faire de lui « le chef des traditionalistes » !
La formulation attribuant au Supérieur général « la responsabilité des relations de la Tradition avec le Saint-Siège » résulte manifestement d’une inadvertance, et Mgr Fellay pourrait corriger les propos de son Secrétaire général sur ce point également.
III - Sur le troisième point, l’abbé Thouvenot invoque à tort le Fondateur pour valider le positionnement actuel de Mgr Fellay comme seul en charge de conduire les discussions avec Rome. Il oublie seulement qu’un paramètre essentiel a été modifié depuis 1988, à savoir que le Supérieur général a été assujetti en 2012 – on l’a dit – à un accord préalable du Chapitre pour toute normalisation canonique de la Fraternité.
Mgr Lefebvre ne s’étant pas trouvé dans une position semblable au cours de ses pourparlers avec Rome, le parallèle fait par l’abbé Thouvenot entre les situations de 1988 et de 2018… est un anachronisme. Mgr Fellay devrait, là encore, rectifier les propos de son collaborateur.
Mais il est peu probable qu’il le fasse… Pourquoi ?
      Parce que Mgr Fellay a lui-même délibérément omis ces dernières années de réunir et de consulter le Chapitre avant d’accepter la juridiction concédée par le pape François sur certains sacrements :        
  •      pénitence et extrême-onction fin 2015
  •      ordre à l’été 2016
  •         mariage en 2017,
alors qu’une autorisation préalable était exigible, s’agissant dans tous les cas d’une « normalisation » – partielle certes, mais indiscutable – de la situation de la Fraternité.
Sans risquer un jugement téméraire, on peut donc lui prêter l’intention de pratiquer de la même façon pour la normalisation finale de la FSSPX qui résulterait de son érection en Prélature personnelle.
L’avertissement délivré par l’abbé Thouvenot depuis l’Allemagne, et l’aplomb avec lequel il déclare l’autorité du Chapitre transférée au profit du Supérieur général, est un indice troublant dans ce sens…
A supposer que la question de la Prélature soit effectivement « posée » lors du Chapitre prévu en juillet prochain, ces mêmes déclarations du Secrétaire général impliquent que la saisine de l’instance suprême de la FSSPX, si elle a bien lieu, se verrait réduite à une simple « consultation », au mieux à une « délibération-cadre» donnant pouvoir au Supérieur général de traiter le dossier, le Chapitre étant ainsi cantonné dans le rôle d’une « chambre d’enregistrement ».
Par ce biais, le débat doctrinal de fond se trouverait écarté.
Comment garantir dans ces conditions que le Chapitre pourra remplir sa mission propre, celle de vérifier la conformité du projet de normalisation, aux statuts d’une part, à « l’esprit » qui les a inspirés de par la volonté du Fondateur d’autre part ?
Si en définitive ce scénario pessimiste (ou réaliste ?) s’avérait exact, et que le Chapitre, celui de juillet ou un autre, en arrivait à autoriser la transformation de la Fraternité en Prélature personnelle, la « révolution copernicienne » (J. Madiran) de l’Oeuvre de Mgr Lefebvre serait parachevée, et l’héritage du grand Prélat tomberait comme un fruit mûr entre les mains des sectateurs du Concile Vatican II.
Dans le nouveau contexte canonique où elle se trouverait placée, sous la férule du pape François, quelle protection la Fraternité pourra-t-elle espérer de la Rome conciliaire ?
Si en effet le Supérieur général (et le Chapitre) « oublient » ou contournent les directives données par Mgr Lefebvre après les sacres, les contraintes statutaires de la Société, et les « verrous » – déjà allégés – mis en place à l’occasion du Chapitre de 2012, comment la Fraternité pourra-t-elle exiger que les modernistes romains honorent leurs propres engagements lorsque la Fraternité sera totalement sous leur tutelle juridique ?
Ce serait mal connaître la Rome actuelle que d’imaginer qu’elle respectera l’espace doctrinal et pastoral de la Prélature, alors que Mgr Fellay, quant à lui, prend ses libertés avec les règles internes de la Fraternité et néglige les prudentes mises en garde du Fondateur.
Qui pourra assurer, dès lors, que la FSSPX ne subira pas, un jour ou l’autre, le sort des Franciscains de l’Immaculée ?
Avant que le pas décisif vers la Prélature ne soit franchi et que l’irréparable ne soit commis, les derniers espoirs résident dans les capitulants eux-mêmes, s’ils ne se déchargent pas de leurs propres responsabilités sur qui que ce soit.
Dans ces circonstances difficiles, on formule le souhait que leur conscience s’oriente fermement dans les voies de la prudence surnaturelle, dussent-ils risquer une confrontation avec ceux qui cherchent d’impossibles compromis au détriment du combat de la foi.
Nous prierons en ce sens Saint Joseph, patron de l’Eglise Universelle.

Correctio Marcelis


Pour télécharger le document "Alerte sur le chapitre" en PDF :  version adressée en avril aux 40 capitulants ici  et version au 3 mars 2018 ici