Souhaitons que cette nouvelle révélation fasse réaliser aux prêtres jusqu'où peut aller leur supérieur...
source  icres
La nouvelle a été révélée par l’abbé Girouard, dans son sermon du 2 juin 2013.
Ce prêtre 
canadien, résistant au vent de ralliement qui balaie la FSSPX, a rendu 
compte d’un fait important expliquant la nouvelle attitude de Menzingen 
vis-à-vis de la Rome conciliaire. De quoi s’agit-il ?
En octobre 2012, notre abbé se plaint à 
son Supérieur, l’abbé Wegner, de voir la Fraternité amoindrir, voire 
abandonner la lutte contre Vatican II et contre les erreurs qui en sont 
issues. Quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsque le Supérieur lui 
répondit en substance: C’est exact, mais c’est une bonne chose ! J’en 
suis d’ailleurs un peu responsable. L’Abbé Wegner explique alors : « 
quand j’étais Supérieur de District en Hollande j’ai rencontré et suis 
devenu l’ami du Président d’une société de conseil…Par la suite j’ai 
demandé à cet ami de faire le « marquage », le « branding » de la 
Fraternité, car la société de cet ami est en effet spécialisée dans le 
branding. »
Un mot d’explication sur ce vocabulaire 
barbare. A quoi sert le branding ? Ce terme, emprunté à l’élevage, 
désigne d’abord l’action de marquer au fer rouge les animaux, afin de 
faire connaître leur propriétaire. Appliqué à une entreprise, le 
branding est censé aider à se positionner sur le marché, à mieux faire 
valoir sa spécificité et à se démarquer de ses concurrents. Cette 
opération, censée faire le management de la marque, consiste à évaluer 
le delta entre une institution telle qu’elle souhaite paraître devant le
 public et la manière dont elle est perçue. Cela suppose une enquête 
d’opinion auprès des clients et des non-clients, portant sur les points 
forts et sur les points faibles, afin d’évaluer l’image de marque. Puis 
l’on décide des changements à apporter dans l’institution pour mieux 
faire coïncider son image avec ce que l’on souhaite.
les-gens-disent.jpg L’Abbé Wegner joue 
ensuite les intermédiaires auprès de Mgr Fellay qui donne son accord 
pour la mission de conseil. Censé répéter tel un perroquet les dires de 
l’opinion, l’homme d’affaires rédige son rapport sur la FSSPX. Selon 
lui, la Fraternité fait fausse route depuis le début … Son image de 
marque est tellement négative que jamais le public ne sera attiré. Elle 
est vouée à la stagnation, voire au déclin. L’argument dirimant de la 
société-conseil, selon l’Abbé Girouard, est peu ou prou le suivant : « 
L’Église de Vatican II est comme un vieil homme mourant, elle est comme 
un mourant étendu dans la rue, comme ça: Ils perdent leurs séminaires, 
ils perdent leurs monastères, ils vendent leurs églises ; c’est une 
Église moribonde. Et vous avez vraiment une mauvaise image lorsque vous 
continuez à combattre cette Église. Vos critiques vous font paraître 
cruels, comme si vous exagériez. C’est comme nouvelle image de marque 
doit changer complètement. Vous devez arrêter de discuter à coup 
d’arguments ; vous devez cesser le combat. Vous devez plutôt vous 
concentrer sur le côté positif, et montrer la beauté de la liturgie 
traditionnelle, la beauté de la théologie traditionnelle, et de cette 
façon, on ne vous percevra plus comme des gens cruels, amers ou comme 
des êtres de ce genre. »[2]
Ce domaine du conseil, on l’aura 
remarqué, évolue, par construction, au niveau de l’opinion, du ressenti,
 du vécu des uns et des autres. La subjectivité tient lieu de réalité 
indépassable. La Fraternité a voulu se regarder dans le miroir de 
l’opinion. Pour quelles raisons ? Par inquiétude ? Par souci pastoral ? 
Pour mieux convertir les âmes ? Ne sait-on pas que c’est la Grâce qui 
convertit, que la sainteté attire la Grâce et non toutes ces histoires 
d’image de marque ? Saint Paul, saint Dominique ou saint François Xavier
 se souciaient-ils de leur image de marque ? L’esprit mondain se 
manifeste souvent en ceci que l’on supporte mal d’être snobé par le 
monde. Hélas ! Mgr Fellay a prêté l’oreille aux sirènes de la renommée. 
S’est-il interrogé sur la pertinence des méthodes d’une société de 
conseil chargée d’évaluer la valeur d’une marque sur le marché, avant de
 les appliquer à la société de prêtres dont il est responsable? Quoi 
qu’il en soit, Menzingen se voit embarqué sur les chemins de la 
subjectivité où la perception de l’autre est plus importante que ce que 
l’on est, où l’opinion du public joue un rôle plus déterminant que ce 
que l’on fait. La messe de toujours, les sacrements, dont la Grâce 
découle du Sacrifice de la Croix, la lutte contre le modernisme sont 
réévalués à l’aune du qu’en dira-t-on.
Ce qu’on appelle le « value based management » ou «Management par les valeurs»
Mgr Fellay veut depuis fort longtemps un
 rapprochement avec Rome. Ce qu’il souhaite va donc dans le même sens 
que les conclusions de la société de conseil : faire taire les critiques
 et se concentrer sur le positif : la liturgie, la doctrine. Le 
consulting n’a donc pas été l’élément déclencheur, mais a servi de 
confirmation. La « science managériale » n’a fait que corroborer les 
analyses du prélat : un changement de cap est nécessaire. Mais ce 
changement de cap représente plus qu’un simple réajustement. Il comporte
 un véritable désarmement spirituel, une abdication, une attitude 
d’acceptation ou d’indifférence envers ce que la Fraternité a combattu 
depuis plus de quarante ans … Restons sur le plan du diagnostic 
d’entreprise, choisi par Mgr Fellay. Qu’en disent les managers ? Sur le 
plan de la psychologie de groupe, ils proposent une analyse propre à 
fabriquer un modèle manipulateur où l’on distingue la culture de 
l’éthique Yvon Pesqueux et Yvan Biefenot analysent la culture 
d’entreprise et l’éthique d’entreprise. Rien de plus légitime en 
apparence. Selon nos deux auteurs, la culture et l’éthique font certes 
référence à un modèle de croyances et de valeurs, mais l’un ne peut se 
confondre avec l’autre. La culture relève des données sociologiques par 
lesquelles chacun s’identifie. Elle suppose une stabilité, une tradition
 constituant le ciment social. Le fonds commun des relations entre les 
parties prenantes de cette même culture permet reconnaissance mutuelle 
et solidarité. En période de crise, quelques valeurs enfouies refont 
surface et assurent une meilleure unité des consciences et des mœurs. La
 culture donne à l’entreprise sa spécificité, sa forme, son essence.
En quoi consiste la manipulation ? En 
ceci : « l’éthique » se situe davantage dans la préoccupation de la vie 
quotidienne et de la survie. Elle concerne la stratégie et la tactique. 
L’éthique couvre le champ pratique de l’action. L’éthique peut entrer en
 conflit avec la culture. Comment se présente une telle éventualité ? La
 déchirure vient de l’extérieur, de l’adversité, du monde qui bouge et 
qui pose à l’institution la question de sa survie. Le monde des affaires
 pense que, pour avoir une culture, encore faut-il exister. Etant 
persuadée que l’existence précède l’essence, l’entreprise préfère « 
l’éthique » tournée vers l’avenir, à la « culture » accusée de rigidité 
et d’inadaptation. Il ne faut pas chercher ailleurs la raison des 
restructurations permanentes, de la disparition des métiers, de la 
mentalité évolutionniste amoureuse par principe de tout ce qui est 
nouveau. Opposer la culture d’une institution à l’éthique de son action,
 c’est réputer la culture actuellement dénuée de fondement rationnel. On
 la prive arbitrairement de justifications autres que sentimentales, 
tout en accordant les vertus salvifiques à l’éthique, toute entière 
tournée vers la vie et vers l’excellence … Voilà pour la manipulation. 
Néanmoins, les consultants d’entreprises le savent : imposer la 
prépondérance de la présumée « éthique » sur la culture n’est pas une 
opération se déroulant comme sur un long fleuve tranquille. La nature 
réagit. C’est à la culture que sont attachés la plupart des salariés. 
Pour quelles raisons ? Parce que cette culture représente la loi et que 
cette loi est connue. Il n’en va pas de même pour l’éthique, entrée en 
conflit avec la culture pour cause de passéisme. L’ensemble du personnel
 voit ce changement d’un mauvais œil. Non pas seulement, comme on 
l’entend souvent dire, par attachement paresseux aux habitudes, ou 
encore par la peur irraisonnée de l’inconnu. Ce qui suscite les craintes
 et les oppositions du personnel, c’est le désordre moral qu’engendre le
 changement des fondamentaux : la non reconnaissance des vertus 
acquises, la remise en cause du mérite, l’oubli des services rendus, 
l’abandon obligé des valeurs jusqu’ici en vigueur. C’est la création 
d’une situation d’injustice. Dès lors, l’entreprise court le risque de 
passer pour cynique. D’où le recours au terme d’éthique. Le vocabulaire 
est important, car il conjure l’accusation d’immoralisme. C’est pourquoi
 une nouvelle hiérarchie de « valeurs » devra accompagner le changement.
 C’est ce qu’on appelle le « management par les valeurs ».
Conséquences relationnelles et morales
Le changement de culture reste, pour une
 entreprise, une opération à haut risque. Les spécialistes s’accordent 
sur ce point. Ecoutons ce qu’en disent les professeurs de HEC de 
Montréal : « Le changement culturel peut engendrer des comportements 
agressifs et opposés à l’idée même du changement. Beaucoup de pays et 
d’organisations en ont fait la douloureuse expérience. Ainsi, une des 
raisons les plus probables de la grande débâcle qui a emporté la société
 Béatrice est précisément la remise en cause de la culture 
quasi-spartiate qui y régnait jusqu’à la fin des années 70 (Hafsi, 1980)
 De même les difficultés et les soubresauts connus par beaucoup de pays 
en développement peuvent être reliés à la brutalité des changements 
culturels qui s’y sont produits. (Kiggundu, Jorgensen & Hafsi, 1983)
 » Pour faire face à la grogne, la direction procède alors à quelques 
mutations, favorise la promotion-récompense des dociles, met les autres 
au placard, voire licencie les fortes têtes « psychorigides » dont on 
doit – bien à contrecœur, croyez-le ! – se séparer. Une mentalité de 
circonstance, assez neutre, fait son apparition. Elle tient lieu de 
sagesse. À l’exclusion, la majorité préfère l’institution, quelle 
qu’elle soit. Le plus grand nombre ne défend ni la culture ni l’éthique,
 mais une convention assez molle, sans odeur ni saveur. C’est plus 
malin. On ne plaint pas les opposants sanctionnés : ils ont récolté que 
ce qu’ils méritaient. On va jusqu’à leur en vouloir d’avoir critiqué le 
patron, d’avoir mis en danger la solidité de l’entreprise. L’existence 
de l’institution passe avant sa finalité. L’existence précède l’essence.
 Il en résulte une chute vertigineuse de la moralité. Le manque de 
solidarité des membres de l’entreprise pose rapidement un problème. La 
concurrence interne des salariés remplace le désir de bien faire ; elle 
n’apporte d’ordinaire aucune plus-value, mais au contraire rétention 
d’information et divers blocages. L’investissement personnel de chacun 
s’en ressent.
Le monde de la religion et le monde des affaires.
Ce qui présente un risque important pour
 l’entreprise n’a vraiment aucun sens pour une institution religieuse 
catholique dont le fondement est la Foi catholique. Pour diverses 
raisons, dont la principale est que le surnaturel n’est pas fondé sur 
les mêmes principes que le monde naturel. Développons ce constat plus en
 détails. Les conclusions du cabinet-conseil néerlandais concernent le 
comportement des non-clients de la FSSPX, car ceux qui suivent cette 
institution ne sont pas révulsés par les critiques adressées à la Rome 
conciliaire. Lorsqu’on cherche à gagner des parts de marché, autrement 
dit, lorsqu’on veut se tourner vers les non-clients, Peter Drucker dans 
Managing for résults, livre culte toujours d’actualité, pose d’abord le 
dogme que le client n’achète pas un produit, mais une satisfaction 
(toujours ce subjectivisme !). L’auteur incite ensuite à se poser 
plusieurs questions dont les plus importantes sont les suivantes : Qui 
est le non-client, alors qu’il fait potentiellement partie de la cible ?
 Pour quelles raisons ne franchit-il pas le pas ? Et subséquemment : « 
Quoi modifier pour arriver à produire les satisfactions qu’attend le 
client ? » Ces questions, et la pensée profane allant avec, ont infesté 
Menzingen. On sait que les « non-clients » de la FSSPX ont peur du 
schisme. Ils aiment la liturgie traditionnelle, mais ils estiment la 
Fraternité, sinon hors de l’Eglise, du moins en désobéissance aux 
autorités légitimes. Ce qu’ils veulent, c’est le certificat de 
conformité, dûment délivré par les autorités compétentes. Selon eux, 
l’autorité visible a raison. La théologie s’arrête là. Ils ne 
s’interrogent plus sur la Foi de l’Eglise : le Pape suffit à faire le 
vrai, quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse. Faut-il donner un exemple ? 
Jusque sous Pie XII, l’Eglise s’efforçait de mettre en garde contre les 
fausses religions. Aujourd’hui, les rassemblements d’Assise, impensables
 encore sous le Pasteur angélique, passent pour de beaux gestes de 
Charité. Le grand nombre accepte sans broncher: la structure a toujours 
raison. Peuples, battez des mains ! Or, pour des raisons de Foi, on ne 
peut pas marier la liberté religieuse avec le credo catholique, ni 
mettre la liberté humaine au-dessus de la Révélation, ni admettre 
plusieurs « vérités » dissemblables, etc. En un mot, il est impossible 
d’accepter le magistère de la Rome actuelle. On ne peut donc pas 
satisfaire les attentes des « non-clients » sans devenir comme eux, 
c’est-à-dire sans devenir des positivistes, suivant inconditionnellement
 la structure visible « Eglise » sans se demander si elle reste fidèle à
 sa finalité.
Conclusion
Les mêmes causes produisant les mêmes 
effets, le malaise de la Fraternité est patent. Mgr Williamson a été 
exclu, les opposants sont diabolisés. L’atout majeur de Mgr Fellay est 
de pouvoir de muter l’un, de sanctionner l’autre, d’interdire la 
publication de tel article ou de favoriser la promotion de tel prêtre 
particulièrement docile. De la motivation fondée sur la Foi et le zèle 
ardent pour la défense de la Foi, on passe graduellement à la motivation
 fondée sur la peur. Tout commençait par la recherche du Règne de 
Notre-Seigneur Jésus-Christ ; tout continue maintenant par l’application
 du Branding et la flagornerie qu’il entraîne. Beaucoup de prêtres se 
taisent et attendent de voir ce qui va se passer. D’autres font 
remarquer leur orthodoxie par les critiques qu’ils adressent à leurs 
anciens collègues (tels l’abbé Laisney se chargeant de « réfuter » 
l’abbé Chazal, ou l’abbé Bouchacourt, conspuant Mgr Williamson pour 
avoir osé venir au Brésil donner des confirmations dans une congrégation
 ne faisant pas même partie de la FSSPX.). Prions pour tous ces prêtres.
 Nous convenons volontiers que cet article ne répond pas exhaustivement 
aux questions que soulève le recours au Branding pour définir la 
stratégie de la FSSPX. M. L’abbé Girouard a tout de suite vu le côté 
dérisoire et navrant de cette démarche. « Et dire que c’est nous qu’on 
accuse de manquer d’esprit surnaturel ! » dit-il avec étonnement. 
Certes, pour orienter la Fraternité, n’aurait-il pas été plus judicieux 
d’avoir recours à la pensée du fondateur, Mgr Lefebvre ? « Aucune 
compromission avec le modernisme ! Tout pour le Christ Roi ». Mgr Fellay
 s’apercevra sans doute un jour qu’il a ruiné l’œuvre de Mgr Lefebvre en
 préférant les sirènes de l’éthique des affaires à l’élan surnaturel du 
missionnaire poussé par l’amour du Christ-Roi, en accordant trop 
d’importance au souci mondain du « paraître » ou du « qu’en dira-t-on » 
et en oubliant « la folie de la Croix ». Il se souviendra peut-être de 
l’avertissement du Christ (Mt. 10, 22) « Vous serez haïs de tous à cause
 de mon Nom. » Quant à nous, préférons cette béatitude, car c’en est 
une, au management de ma marque de fabrique.
Hugo Clémenti
Nous ne saurions trop recommander au lecteur de se reporter au texte de ce sermon, paru sur le site de l’Abbé Girouard : http://www.sacrificium.org/fr
On aura le texte exact de l’Abbé Girouard sur son site. Nous avons modifié le « style parlé ».
Yvon Pesqueux et Yvan Biefenot, 
L’éthique des affaires, management par les valeurs et responsabilité 
sociale, Edition d’organisation, 2002.
 

 
