Source The Recusant
Maison St George,
Wimbledon
27 juin 2012
Cher Monsieur L’Abbé,
A la veille du
vingtième anniversaire de mon ordination sacerdotale, bien que
rendant grâce à Dieu Tout-Puissant et à la Vierge Marie qu’une
telle grâce et miséricorde m’aient été accordées, je me sens
poussé à vous faire part de mes sentiments sur les souffrances qui
accablent en ce moment notre chère Fraternité.
Les évènements qui
ont eu lieu au sein de la Fraternité durant les trois derniers mois
m’ont causé tout d’abord de la tristesse et de l’angoisse,
enfin du découragement et de la colère. Les terribles divisions qui
déchirent maintenant notre Fraternité ne sont pas le fruit de la
rébellion et de la désobéissance, mais sont clairement le résultat
d’un changement sismique de la part de nos Supérieurs des
principes qui régissent nos relations avec Rome. Abandonner la
sécurité et la prudence de la position adoptée par la Fraternité
à la dernière réunion du Chapitre Général (2006), c’est a dire
de refuser tout accord pratique avec les autorités romaines sans
qu’il y ait au préalable une résolution doctrinale des erreurs du
Concile Vatican II, s’est révélé etre un désastre. En
conséquence, la Fraternité qui était toujours unie et forte est
maintenant déchirée et affaiblie – frère contre frère. Aucun
argument convainquant n’a été présenté pour justifier un tel
changement fondamental de position – le Saint Père n’a en aucune
facon modifié son insistance sur la continuité herméneutique en ce
qui concerne la Tradition et les enseignements du dernier Concile. Et
pourtant, on nous demande d’accepter le contraire.
Cette approche ne
pouvait que créer le profond malaise qui affecte maintenant la
Fraternité. Cette situation douloureuse a été exacerbée par
l’usage impropre de la confidentialité a grande échelle par nos
Supérieurs actuels, tandis que d’un autre coté ils mettaient dans
le privilege de leur confidence un petit groupe de partisans de la
nouvelle politique envers Rome.
De ce fait, il me
parait extrêmement clair que ceux qui portent vraiment la
responsabilité de cette tempête actuelle ne sont pas ceux qui ont
tenté de preserver la fermeté et la non-ambiguité de la profession
de Foi catholique de notre Fraternite envers les autorités
conciliaires, mais ceux qui ont choisi d’abandonner la voie de la
sagesse qui consiste à demander une réelle conversion de la Rome
moderniste avant d’envisager tout accord pratique.
A la lumière de ce qui
précède, la décision du Supérieur Général d’exclure l’un de
ses confrères Evêques (choisi, comme lui-même, par son Excellence
Monseigneur Lefebvre) de la réunion du Chapitre en juillet, et son
refus d’ordonner à la prêtrise des candidats de communautés
religieuses qui ont toujours partagé avec nous le même combat de la
Tradition, “jusqu’à ce que l’on puisse s’assurer de leur
loyauté”, est profondément bouleversant et injuste. D’avoir
simplement recours aux sanctions, toujours plus nombreuses, contre
ceux qui s’opposent à la nouvelle politique – à laquelle
Monseigneur Fellay a fait allusion pour la première fois dans
l’édition de mars de Cor Unum – ne servira qu’a créer
d’autres divisions et a faire plus de mal à notre Fraternité. Au
contraire, c’est ma conviction profonde que seul un retour à notre
position ultérieure, qui etait d’insister sur une réelle
conversion doctrinale de la part de Rome avant un quelconque accord
pratique, pourra rendre à notre Fraternité Sacerdotale sa paix et
son unité, et la rendre loyale à l’exemple et à l’esprit de
notre cher fondateur, Monseigneur Marcel Lefebvre.
In Christo Sacerdote et
Maria Immaculata,
Abbé Matthew Clifton