mardi 16 février 2016

"Garde le dépôt" Homélie du cardinal Pie


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Mais à quelle condition peut-on conserver la plénitude, la totalité du dépôt ? Saint Paul n’hésite point à le dire c’est à condition d’éviter les profanes nouveautés de paroles et les affirmations hostiles d’une science frauduleusement parée de ce nom : Devitans profanas vocum novitates et oppositiones falsi nominis scientiae.

Entendez cette maxime, ô vous, chrétiens téméraires, qui adoptez si promptement les idées et le language de votre temps, vous qui parlez de concilier la foi, de concilier l’Eglise, avec l’esprit moderne, avec le droit nouveau. Et vous qui acceptez avec tant de confiance les visées les plus hasardeuses de ce que notre siècle appelle si orgueilleusement la science, voyez à quel point vous vous éloignez du programme tracé par le grand apôtre : Devitans profanas vocum novitates, et oppositiones falsi nominis scientiae. Mais, prenez garde. Avec ces témérités, on ne tarde pas à être con­duit plus loin qu'on ne pense. En se plaçant sur cette pente des nouveautés profanes, en obéissant à ces courants de la prétendue science, plusieurs sont déchus de la foi : Quam quidam promittentes, circa fidem exciderunt. N'avez-vous pas été souvent attristés, effrayés, mes vénérables Frères, en entendant le langage de certains hommes, qui se croient encore enfants de l'Église, qui se persuadent n'être point sortis du giron de leur mère, n'avoir pas abandonné la croyance de leur baptême, que dis-je ? d'hommes qui accomplissent même plusieurs des pratiques chrétiennes, et qui fréquentent la table sainte ? Entendez leurs dires, recueillez leurs questions, leurs doutes, leurs affirmations, leurs hésitations, leurs dénégations, et répondez si ces esclaves de la nouveauté, si ces dupes de la philosophie opposante et de la science séparée, à l'heure où ils se croient encore debout, ne sont pas déjà à terre, en un mot, si ce ne sont pas des déserteurs de la foi et des trans­fuges de l'Église : circa fidem exciderunt ? Les croyez-vous encore enfants, les croyez-vous membres de l'Église, ceux qui, s'enveloppant de paroles aussi vagues que celles d'as­pirations modernes, de forces du progrès et de la civilisation, affirment hautement l'existence d'une « conscience laïque », d'une conscience séculière et politique, opposée à « la conscience de l'Église », contre laquelle ils s'attribuent le droit et le devoir de réagir pour la corriger et la redresser ? Ah ! que de passagers, que de pilotes même qui, se croyant encore dans la barque, et se jouant avec les nouveautés profanes et la science menteuse de leur temps, ont déjà sombré et sont dans l'abîme : quam quidam promittentes, circa fidem exciderunt

XXV novembre MDCCCLXIV