jeudi 9 janvier 2020

Honte à l'abbé de Jorna ! Explications (Ière partie)

De nombreux lecteurs nous ont demandé des explications concernant la directive de l'abbé de Jorna envoyée en juillet 2019.  Les voici donc publiées en 2 parties. 






PARTIE 1

Quelques définitions d’abord.

In nigris signifie en noir, ici, en soutane, sans surplis ni étole, et en dehors du chœur.

Le BAC est le Bureau aux Affaires Canoniques du district de France de la FSSPX. Il soumet les dossiers de mariage aux évêques, valide les préparations, transmet la délégation de l’évêque et assure le « service après-mariage » notamment en cas de problèmes canoniques (procédure d’annulation etc.)

Refus positif et délibéré de la délégation : par exemple ce que fait Mérigny, qui ne veut pas recevoir la délégation diocésaine. C’est en pleine connaissance de cause et en toute liberté que la congrégation agit, manifestant son refus par des paroles et des faits extérieurs sans équivoque possible.

Péremptoire : qui affirme ses opinions sans autres considérations, sans réplique possible. L’intelligence, insuffisamment pourvue de certitude, sollicite la volonté à son secours pour précisément faire prévaloir son opinion.

Expliquons le texte.

1) L’exposé des faits ayant mené à la décision est manquant. Le lecteur apprend qu’il y a risque de divergences et de rupture de l’unité. Il apprend aussi au 4. que le péril a quelque chose à voir avec le refus d’une décision du chapitre de la FSSPX de juillet 2018.

Deux questions : le péril vient-il de la subversion de ceux qui refusent d’appliquer cette décision ? ou vient-il de la décision de 2018 ?

2) Le but de M. l’abbé de Jorna est d’éviter les divergences dans le district et de garder l’unité.

3) L’exposé des principes est en revanche fourni et occupe presque la moitié du texte.

D’emblée, l’abbé de Jorna en appelle aux vertus morales, puisqu’il faut « garder mesure », ce qui ne se conçoit pas pour les vertus théologales, qui ne sont jamais susceptibles d’excès.

Toute discussion portant sur la foi est donc exclue. 
Dommage, c’est là que ça se jouait…

Ensuite il en appelle en particulier à la vertu de prudence, qui règle tous nos actes humains moraux.

Il pose trois affirmations à l’endroit de ceux qui refusent la délégation diocésaine ou participent à une certaine opposition.

a) la prudence commande de ne pas agir seulement par impulsion ou passion, mais de bien régler son choix 
b) quant aux opposants qui objecteraient qu’ils sont mus par la nécessité de la confession extérieure de la foi, il rappelle que même cette dernière est soumise à la prudence. 
c) les opposants doivent se régir eux-mêmes par la prudence politique, au sein même de leur obéissance. 

En réalité, il leur est demandé d’intérioriser les décisions du chapitre de 2018, de les faire leur et de participer à l’agir collectif de la FSSPX.

Quel est le lien entre la confession extérieure de la foi et la prudence ?

Voyons ce que saint Thomas dit (ST, IIa IIae Q3 a2) : 

« [la confession extérieure de la foi] oblige[…] à l'endroit et au moment voulus, et suivant les autres circonstances voulues auxquelles doit se limiter un acte humain pour pouvoir être un acte de la vertu. Ainsi donc confesser la foi n'est pas de nécessité de salut à tout moment ni en tout lieu ; mais il y a des endroits et des moments où c'est nécessaire : quand en omettant cette confession, on soustrairait à Dieu l'honneur qui lui est dû, ou bien au prochain l'utilité qu'on doit lui procurer. »

L’abbé de Jorna a limité volontairement son propos au premier alinéa, comme si la confession extérieure de la foi ne relevait que de la prudence alors que cette confession extérieure relève d’abord de la foi. Mais il a escamoté la discussion sur le deuxième alinéa.

Il aurait sans doute été préférable pour son salut et le salut de ceux qui lui sont confiés, qu’il aborde une discussion courageuse sur ce second alinéa avec ses supérieurs et ses prieurs !

Mais pour lui, la mise à mal de la Foi par la FSSPX, par sa trahison du combat de la Foi, est une affaire réglée : cela n’existe pas. En conséquence, l’acceptation de la délégation pour les mariages relève de la seule prudence du chapitre de la FSSPX. 

Facteur aggravant, l’abbé de Jorna est sans doute influencé par ce que disait en substance Mgr de Galarreta à Villepreux en octobre 2012 : même si la FSSPX se trompait à la majorité du chapitre, je la suivrais…

En matière de prudence, on peut faire mieux, et la manière d’agir du supérieur de district constitue objectivement une imprudence très grave.

Parler dans ces conditions à ses confrères de prudence est complètement déplacé.

Mais c'est surtout un détournement volontaire de l’attention due à la règle, qu'il aurait dû placer précieusement devant ses yeux, toutes ces années passées, pour se déterminer dans son action : la règle de la Foi. 

La prudence vient après, pour garder la mesure et considérer les circonstances.

La prudence de l’abbé de Jorna est donc une illusion et pour le dire clairement une prudence de la chair, car il a manqué de courage, alors qu’il n’en manquait pas naguère. Tout ça pour sauvegarder, à l’instar de Mgr de Galarreta, une unité qui va nécessairement lui échapper, faute de fondement dans la Foi. Car l'intégrité de la Foi de la FSSPX est mise à mal, pour cause de "régularisation" conciliaire, par ses silences, ses compromis, ses injustices etc.

4) Le dispositif du document contient 5 décisions.

a) La délégation diocésaine est entérinée et non-contestable. « Il n’y a pas de raison de s’opposer ou de participer à une opposition. » Si un prêtre de la FSSPX ou d’une communauté amie célébrait le mariage dans le refus de la délégation, ses propres confrères seraient en soutane seulement et hors du chœur ! (n°4)

b) Le prêtre de la Fraternité doit marier, dire la messe ou prêcher, sans dissocier si possible les trois. Dans les chapelles de la FSSPX, cela semble simple (et si l’évêque se présente ?) et les prêtres non-FSSPX sont en soutane seulement. (n°1) Hors de ces chapelles, il peut y avoir dissociation et le prêtre de la FSSPX serait alors en ce cas en soutane seulement (n°2)

c) Les prêtres Ecclesia Dei, non una cum et résistants ne sont pas les bienvenus.

d) Dès qu’une difficulté se présente, prière d’en référer au district bien en avance. (n°5)

e) La juridiction de suppléance subsiste par défaut (n°3). A noter que le « comme d’habitude » est en trop et crée l’illusion : presque tous les diocèses donnent la délégation. Peut-être une nostalgie de l'ancien temps habite-t-elle l'abbé de Jorna ?

Conclusion

- L’opposant serait un imprudent, impulsif ou passionné qui comprend mal ce qu’implique la confession extérieure de la foi. Son jugement est péremptoire et personnel. Il ferait mieux d’intérioriser la décision de la néo-FSSPX et d’arrêter de penser, en en référant dans tous les cas soulevant une difficulté à la maison du district. 

De la part d’un prêtre qui se tait pour se concilier les bonnes grâces de ses nouveaux amis conciliaires, ou du moins des nouveaux amis conciliaires de ses supérieurs, le portrait est savoureux !

- Je renouvelle ma mise en garde envers les résistants de l’intérieur : « Il n'y a plus de motif de refuser ni de s'opposer à cette "régularisation". Que les résistants de l'intérieur considèrent bien ce processus, qui est complet, qui broiera tout sur son passage et ne laissera de répit à personne tant qu'il ne sera pas parvenu à son terme. Toutes leurs précautions et leurs scrupules vont voler en éclats, comme ceux de leur Congrégation. »

- Monsieur le Supérieur de District, nous prions pour que vous reveniez dans la ligne de la vraie prudence de Mgr Lefebvre. Ce n'est pas avec plaisir que je dénonce vos graves et publiques déficiences dans le combat de la Foi, mais c'est dans l'intérêt même de la Foi, qui est notre bien commun. Pensez à votre salut éternel et à celui de vos ouailles.

Par RAPHAEL 

(FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE....)