vendredi 31 octobre 2025

Raviver la mémoire de Mgr Williamson


Sacre de Mgr Thomas d'Aquin par Mgr Williamson
le 19 mars 2016

Le 29 janvier de cette année 2025, en la fête de saint François de Sales, Dieu Notre-Seigneur a rappelé à l’éternité Son Excellence Monseigneur Richard Nelson Williamson.

Quel jugement pouvons-nous, et devons-nous, porter sur la vie octogénaire de ce prélat de la Sainte Église catholique?

Avant tout, il fut un homme demeuré fidèle aux orientations données par son supérieur ecclésiastique et consécrateur, Mgr Marcel Lefebvre.  Ainsi, il mit en pratique sa devise épiscopale : Ut fidelis inveniatur, se conformant aux positions de celui qui voulut que l’on inscrivît sur sa tombe: Tradidi quod et accepi.

Malheureusement, au cours de sa vie, il fut beaucoup méprisé par ceux-là mêmes qui composent les membres de l’association religieuse fondée par Mgr Lefebvre. Et quelle fut la cause de ce mépris?

Il semble que ses adversaires l’accusaient, ouvertement ou sourdement, d’exagération, d’imprudence, voire d’une certaine folie. Ces jugements sont-ils fondés ?

Pour être justes, nous devons reconnaître que nul n’est exempt de commettre des fautes, consciemment ou non, en cette vallée de larmes. Ce qui importe davantage d’examiner, c’est si, au fond, quelqu’un demeure sur le droit chemin.

Et quelle est, probablement, la « faute capitale» que lesdits membres de la Fraternité Saint-Pie X imputent à Mgr Williamson ?

Il nous semble que ce serait le fait qu’il se soit éloigné de la soumission qu’il devait alors au Supérieur général de la Fraternité, Mgr Bernard Fellay.

Si tel est le cas, examinons si cette accusation d’insoumission est fondée ou non.

Le point névralgique du désaccord entre les deux évêques fut le rapprochement avec les autorités romaines, dans le but d’obtenir d’elles une reconnaissance canonique pour la Fraternité Saint-Pie X.

Alors, lequel des deux avait raison ?

Pour répondre à cette question, lisons ce que chacun écrivit à l’autre à ce sujet.

(Intertitre de Reconquista : Arguments de Mgr Williamson :)

« Un accord, même purement pratique, rendrait nécessaire et imposerait progressivement à la Fraternité de se taire sur toute critique du Concile ou de la nouvelle messe. En cessant d’attaquer ces victoires de la Révolution, qui sont les plus importantes, la Fraternité cesserait nécessairement de s’opposer à l’apostasie universelle de notre époque lamentable et s’enfoncerait elle-même. »

lundi 20 octobre 2025

Lettre de Broadstairs 5 (Octobre 2025)

 


Nova et Vetera

L'Empire de l'Antéchrist


(Tiré du « Drame de la fin des temps » du Père Emmanuel André, 1885.)

I. Une nuit, le prophète Daniel eut une vision dans laquelle il vit quatre bêtes monstrueuses, représentant quatre empires. La dernière avait dix cornes, et une autre, plus petite, poussait au milieu. Il lui fut lui expliqué qu'elles représentaient dix rois, la dernière représentant celui qui dominerait le monde entier avec une puissance inouïe.

« Il vomira des blasphèmes contre Dieu, il écrasera sous ses pieds les saints du Très-Haut ; il pensera pouvoir changer les temps et la loi… » (Dan. 7)

II. Ce roi est interprété par tous comme l'Antéchrist. La bête sur laquelle il s'élèvera est la Révolution, c'est-à-dire le corps de l'impiété, obéissant à un moteur occulte qui se rebelle contre Dieu. La Révolution est satanique et bestiale, animée par un esprit infernal et livrée à tous les instincts de la nature corrompue. Elle forge des lois despotiques aux moyens desquelles elle broie la liberté humaine et cherche à s'emparer des rois et des gouvernements qui devront s'y soumettre.

L'Antéchrist, dit Daniel, apparaissant comme une petite corne, viendra d'origines obscures, non pas d'une famille royale, mais plutôt d'un « Mahdi », qui s'élèvera progressivement par la force de ses impostures, de mèche avec le diable.

Ce nouveau roi sera un faux prophète, séduisant davantage par la force de ses paroles que par la puissance des armes et la ruse politique. Tous les regards seront braqués sur cet imposteur dont les exploits seront salués par une presse complaisante. Sa popularité éclipsera celle des autres souverains apostats de cet empire révolutionnaire, et après une lutte acharnée, l'Antéchrist vaincra ses rivaux.

A ce moment-là, tous les peuples, fanatisés par ses prodiges et ses victoires, l'acclameront comme le sauveur de l'humanité, marquant le début d'une crise terrible pour l'Église de Dieu et pour ses saints contre lesquels la guerre sera menée.

III. Il est probable que durant cette première période qui pourrait durer plusieurs années, l'homme de péché prendra une affectation de modération hypocrite.

Étant juif, il se présentera aux Juifs comme le messie tant attendu et le restaurateur de la Loi de Moïse. Il essaiera de tourner en sa faveur les mystérieuses prophéties d'Isaïe et d'Ézéchiel et, selon plusieurs Pères de l'Église, reconstruira également le Temple de Jérusalem. Les Juifs, à leur tour, éblouis par ses faux miracles et son faste, mettront à son service la haute finance, la presse et les loges maçonniques du monde entier.

Il est fort concevable que l'Antéchrist s'attire d'abord les faveurs de toutes les fausses religions par respect pour la liberté religieuse, elle-même un des mensonges et des maximes de la bête révolutionnaire. Il dira aux bouddhistes qu'il est un Bouddha, aux musulmans que Mahomet est un grand prophète, ou même qu'il est lui-même un nouveau Mahomet. Il pourrait aller jusqu'à vouloir, comme Hérode, adorer le Christ Jésus ! Malheur aux chrétiens qui acceptent sans indignation que l'adorable Sauveur soit placé au même niveau que Bouddha ou Mahomet dans quelque panthéon de faux dieux.

Tous ces complots gagneront le monde à l’ennemi de Notre Seigneur, et une fois au pouvoir, il se révélera comme le tyran le plus terrible que l’humanité ait jamais connu.

IV. Saint Paul dit que l'homme de péché, le fils de perdition, « s'élèvera au-dessus de tout ce qu'on nomme Dieu ou de ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu comme étant Dieu lui-même » (2 Thess. 2,4).

Ainsi, une fois que l'Antéchrist aura asservi le monde avec ses lieutenants partout, il emploiera les moyens d'une autorité hautement centralisée pour proclamer l'abolition de toutes les religions, imposant par la force à chaque habitant de la terre de l'adorer, lui seul comme l'unique divinité, et ce sous la menace des plus terribles tourments. Ce monstre d'impiété et d'orgueil, à l'exact opposé de Celui qui est doux et humble de cœur, se fera adorer par l'humanité terrifiée et séduite, ayant choisi ce maître de préférence à Notre Seigneur.

Le siège de ce faux culte sera le Temple de Jérusalem mais saint Jean l'Apôtre nous dit que l'image du monstre sera partout présente pour être adorée par les hommes. (Apoc. 13,24)

Même si toutes les religions sont réprimées et abolies, la fureur du monde se tournera contre Notre Seigneur et son Église. La Sainte Messe ne sera célébrée que dans des grottes et des lieux cachés, tandis que les églises profanées verront l'image du monstre élevée sur les autels du vrai Dieu, accomplissant ainsi « l'abomination de la désolation, annoncée par les Écritures ».

Cependant, après trois ans et demi, toujours selon la vision de Daniel, la main de Dieu se fera sentir et ces jours d’angoisse suprême seront abrégés.

(à suivre)

mercredi 15 octobre 2025

« La Bible d’une grand-mère », revisitée

Dans cet article, Monsieur l'abbé Dominique Rousseau, après analyse, nous met en garde face à la dernière réédition de l'œuvre magistrale de la Comtesse de Ségur : La Bible d'une Grand-Mère.   Qui possède les enfants tient l’avenir !

Source

Voici un titre bien étrange n’est-ce pas?


Cela mérite explication, et je ne m’y déroberai pas.

De quoi s’agit-il ?

Ayant vu que « La Bible d’une grand-mère » de la Comtesse de Ségur venait d’être éditée par les Éditions Triomphe, je l’ai acquise. Le travail de présentation est soigné, de belles lettrines commencent les chapitres, les gravures sont à la hauteur de ce travail. Bref, la vue est gâtée par le bel ouvrage.

Après l’avoir feuilleté et vu rapidement tout ce que je viens d’écrire, j’ai commencé par le commencement, à savoir l’avertissement de l’éditeur, Triomphe en l’occurrence. Lisons ensemble :

« Dans le texte original de La Bible d’une grand-mère de la comtesse de Ségur, la foi expliquée et transmise aux enfants s’appuie sur le catéchisme et la tradition catholiques, mais fait place aussi à certaines croyances scientifiques et certaines habitudes sociales et religieuses de l’auteur et de l’époque. Pour leur très grande majorité, elles sont expliquées de façon très identifiable dans le dialogue de la grand-mère avec ses petits-enfants, et participent au style voire au charme du texte. Quand cela est nécessaire, elles sont expliquées par des notes en bas de page que nous avons ajoutées.

Certaines conceptions, toutefois, ne sont plus recevables de nos jours, compte tenu des progrès effectués depuis deux siècles dans les connaissances et les relations entre les confessions religieuses. C’est ce qui a conduit à corriger quelques passages du texte qui suit, afin qu’il soit recevable en toute sérénité dans les familles, par les jeunes lecteurs d’aujourd’hui. (Les mots en gras sont de notre fait, pour souligner l’optique de l’éditeur). En fin d’ouvrage, on trouvera une notice qui donne le détail de ces corrections, par souci d’honnêteté envers le lecteur d’aujourd’hui.

Il est par ailleurs utile de savoir que le texte de L’Évangile d’une grand-mère et des Actes des apôtres d’une grand-mère a été écrit et publié avant le texte de La Bible d’une grand-mère (Ancien Testament) qui ont été replacés dans leur continuité chronologique et par souci de cohérence. »

Mes remarques suivront la lecture de la notice, annoncée dès cet avertissement de l’éditeur. Disons de suite qu’elles ne seront pas exhaustives : j’irai au principal et au plus important.

Lisons maintenant donc (page 835) les « Précisions sur les corrections ».

« Les corrections et actualisations portées au texte de cette Bible une grand-mère, limitées au strict nécessaire et voulues au bénéfice du lecteur d’aujourd’hui, ont été guidés par le souci d’en retirer principalement les erreurs scientifiques manifestes, les jugements de valeurs condescendants envers d’autres peuples et religions, en particulier le peuple juif, et les préjugés misogynes. (Les mots en gras sont de notre fait, pour souligner l’optique de l’éditeur).

Ainsi, concernant la chronologie historique, on pouvait fermement croire au XIXe siècle qu’Adam avait été créé 4000 ans avant la naissance du Christ. Nous avons supprimé cette mention qui n’était pas à l’avantage du texte quand elle prétendait dater historiquement le récit de la création ainsi que les épisodes majeurs de la Genèse jusqu’à Abraham. Quand cela était pertinent, elle a été remplacée par l’expression « milliers d’années » qui ne dénature pas l’approche du texte original et qui n’est pas non plus trompeuse.

Deuxièmement, l’infidélité du peuple d’Israël face à la bonté de Dieu durant le récit biblique ainsi que l’incrédulité des dignitaires religieux juifs face à l’avénement du Christ conduisent la comtesse de Ségur et ses jeunes interlocuteurs à adopter à plusieurs reprises un ton critique sévère et sans nuances vis-à-vis des Juifs, irrecevable pour l’éditeur et pour le lecteur contemporains. Cette approche, symptomatique d’un tour d’esprit antisémite de l’époque, et bien qu’elle soit mise en scène par le biais des réflexions puériles par nature, a nécessairement été atténuée afin de ne pas généraliser à tout un peuple les fautes de quelques-uns. (Les mots en gras sont de notre fait, pour souligner l’optique de l’éditeur).

Pour être plus en phase avec une compréhension améliorée du mystère d’Israël dans l’économie du salut dont nous bénéficions aujourd’hui, la mention globalisante « les Juifs » a ainsi régulièrement laissé la place aux formulations suivantes : « des Juifs », « les hauts religieux juifs » ou encore « la foule ».

Énoncés à l’occasion d’incises, les quelques propos lapidaires justifiant la mort brutale des méchants en affirmant l’infériorité des croyants d’autres confessions chrétiennes ont eux aussi été retirés, car ils n’apportaient rien au développement du récit. (Les mots en gras sont de notre fait, pour souligner l’optique de l’éditeur).

Dans le même esprit, les quelques passages décrivant les femmes comme inférieures aux hommes nous ont paru datés et parfaitement dispensables.

L’ensemble de ces interventions laisse le texte original intact dans son écrasante majorité et garantie au lecteur une expérience de découverte authentique de l’œuvre de la comtesse de Ségur. »

Voilà la façon dont est présentée cette œuvre de la comtesse de Ségur. Elle est falsifiée, n’en déplaise aux nouveaux éditeurs.

Elle est le résultat d’un faux œcuménisme. Lorsque l’éditeur écrit ceci : « (…) affirmant l’infériorité des croyants d’autres confessions chrétiennes ont eux aussi été retirés, car ils n’apportaient rien au développement du récit », la différence qui était faite dans l’édition originale était nette. Il existe une religion vraie (celle que Notre-Seigneur a établie, la religion catholique), et les fausses religions, qui ne mènent pas à Dieu mais qui viennent du diable et qui mènent les âmes en enfer. Ce discours déplaît, il est « irrecevable pour l’éditeur et pour le lecteur contemporains. » Ceci est dit de l’éditeur pour ce qui concerne les Juifs. Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants, s’écria le peuple furieux, lors du procès de Jésus. Tandis que l’édition du Triomphe termine là la phrase, l’édition originale était bien plus complète et précise sur le sort qui fut celui du peuple déicide. La voici : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants, s’écria le peuple furieux qui jusque-là avait été le peuple de Dieu, et qui, depuis ce jour où il devint assassin de son Dieu, fut maudit comme Caïn, et condamné comme lui à errer sur la terre, méprisé et haï par toutes les nations et dans tous les siècles. » La comtesse de Ségur reprenait par ces mots la doctrine multiséculaire de l’Église, qui n’avait cessé d’enseigner cela à toutes les générations.

Il serait bien long de faire une étude, page après page, en parallèle, de ces deux éditions, celle écrite par la Comtesse, sous l’oreille attentive de son fils, Mgr de Ségur, le prélat aveugle mais qui y voyait bien clair dans la Foi catholique, et cette édition de 2025, imbue des erreurs de Vatican II.

Cette nouvelle édition n’est pas à recommander. Elle est même à condamner. La Comtesse n’a pas écrit ainsi. Le lecteur est trompé, quoi qu’en disent les Éditions Triomphe. Loin d’être un triomphe, cette édition est désastre.

Où peut-on trouver alors le texte authentique, de nos jours ?


Les Éditions Saint-Remi, en 2023, ont réédité ces beaux textes, avec les approbations de nombreux évêques. Voici le jugement du cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, en 1865 :

 « Votre expérience, madame, et votre foi plus encore, vous ont inspiré de venir en aide aux enfants en donnant sous le titre modeste de l’Évangile d’une grand-mère, le récit des actions et des paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ expliquées avec autant de charme que de solidité aux jeunes intelligences que vous vous proposez d’atteindre.

C’est un traité complet de la religion dans lequel je n’ai trouvé, après l’avoir lu attentivement dans l’une de mes visites pastorales, que le véritable esprit de l’Église et de très gracieux développements. »

Nous faisons nôtres ces avis de l’Église enseignante.

Et nous ne voulons pas de cette nouvelle « Bible d’une grand-mère », car elle est revisitée, falsifiée et donc mensongère.

Abbé Dominique Rousseau

13 octobre 2025

Anniversaire des Apparitions de Notre-Dame à Fatima

PS : nous nous permettons d'ajouter une autre édition existante : celle de éditions DMM

dimanche 12 octobre 2025

Le plus grand enseignement de Mgr Lefebvre

Source



De tout ce que Mgr Lefebvre nous a enseigné, un point, me semble-t-il, domine tous les autres. Ce point n'est autre que celui d'écouter les Papes. En effet, si on les avait écoutés, ni les États catholiques n'auraient été détruits, ni l'Église n'aurait été envahie par ses ennemis qui l'occupent aujourd'hui.

Dieu a établi l'Église pour nous communiquer son enseignement. Écouter l’Église, c’est écouter Dieu lui-même. Mais comment discerner la voix de l'Église ? Le combat de Mgr Lefebvre a suffisamment répondu à cette question. Il suffit de s’y reporter. L’abbé Calderon aussi a bien étudié la question. La voix de l’Église est dans la Tradition.

Mais revenons plus directement aux Papes. Ils sont le vrai Magistère. Les Papes ont condamné toutes les erreurs d’aujourd’hui. Non seulement ils les ont condamnées, mais aussi ils ont dénoncé les hommes et les institutions qui les ont conçues et répandues.

Si nous voulons ne pas être submergés par cette crise, écoutons Mgr Lefebvre, écho fidèle des Papes, et les Papes, échos fidèles de la Vérité qui est Dieu lui-même.

Saint Benoît commence sa Règle par le mot : « Écoute » adressé à ses disciples. Plus encore, l'Église nous crie : « Écoute, mon enfant, les préceptes de ta Mère et incline l’oreille de ton cœur ; reçois de bonne volonté et exécute efficacement les conseils de ta Mère, afin de retourner, par l’obéissance, à la Tradition dont tu t’es éloigné par la négligence de la désobéissance. »

Voilà ce que Mgr Lefebvre nous a enseigné. Écoutons-le. Écoutons les Papes d’avant Vatican II et nous parviendrons au sommet de doctrine et de sainteté.

+Thomas d'Aquin O.S.B.