Mgr Thomas d'Aquin présente ainsi la Lettre de Broadstairs 7 : Dans sa dernière Lettre de Broadstairs, Mgr Paul Morgan réfléchit aux conséquences de la persécution de l'Antéchrist à la fin des temps et au drame que les catholiques devront traverser pour rester fidèles à leur foi.
Nova et Vetera
L'Église
durant la tourmente
[Extrait
de « Le drame de la fin des temps », par le Père Emmanuel, 1885]
I.
Saint Grégoire le Grand, dans ses commentaires lumineux et prophétiques sur le
Livre de Job, nous donne les aperçus les plus profonds sur toute l'histoire de
l'Église.
Il
contemple l'Église à la fin des temps, sous les traits de Job dans ses
humiliations et ses souffrances, exposé aux insinuations perfides de sa femme
et aux reproches amers de ses amis. Tel sera le sort de l'Église vers le terme
de son pèlerinage, lorsqu'elle sera privée de tout soutien temporel.
De
plus, elle sera même privée de l'éclat de ses dons surnaturels : « La puissance
des miracles sera retirée, la grâce de guérison sera enlevée, la prophétie
cessera... Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura plus rien de tout cela, mais
plutôt que tout sera diminué. Néanmoins, la récompense des bons sera encore
plus grande, car ils resteront fidèles, uniquement pour la récompense céleste,
tandis que les méchants s'éloigneront en raison de l'absence de toute
attraction temporelle. »
Si
l'Église ne pourra jamais être entièrement réduite au silence, ceux qui
devraient prêcher sur les toits seront fortement intimidés par la peur.
Saint
Grégoire parle à maintes reprises de trois catégories de personnes au sein de
l'Église : les hypocrites ou faux chrétiens, les faibles et les forts. Dans ces
moments d'angoisse, les hypocrites manifesteront leur apostasie secrète ; les
faibles périront en grand nombre ; et même parmi les forts, certains
s'égareront parce qu'ils auront trop confiance en leur propre force.
Cependant,
l'Église ne perdra ni son courage ni sa confiance. Elle sera soutenue par les
promesses de Notre Seigneur qui a promis que ces jours seraient abrégés pour le
bien des élus, et elle se consacrera donc avec une énergie infatigable au salut
des âmes.
II.
Malgré le terrible scandale qui régnera en ces temps de perdition, il ne faut
pas penser que les petits et les faibles seront nécessairement perdus. La voie
du salut restera ouverte et accessible à tous, mais ceux qui périront se seront
éloignés de la Sainte Mère l'Église.
L'Église
elle-même ne sera pas privée de moyens de préservation proportionnés à la
gravité du danger, comme l'indique l'Écriture Sainte. Elle se souviendra de l'avertissement
donné par Notre Seigneur Lui-même concernant la destruction de Jérusalem, mais
applicable également à cette persécution finale : « Quand vous verrez l'abomination
de la désolation établie dans le lieu saint, comme l'a prédit le prophète
Daniel, que ceux qui sont en Judée fuient dans les montagnes... »
Conformément
à ces instructions, l'Église protégera les frères les plus faibles dans leur
fuite vers des lieux inaccessibles où la Bête ne pourra les atteindre. On peut
se demander comment de tels endroits pourront exister, compte tenu des moyens
de communication mondiaux, mais la Divine Providence assurera la sécurité de
ces fugitifs, comme l'a prédit saint Jean au chapitre XII de l'Apocalypse. Ici,
l'Apôtre présente l'image d'une femme vêtue du soleil et couronnée d'étoiles,
représentant l'Église, et ses douleurs d’enfantement rappellent comment
l'Église donne naissance aux élus au milieu des souffrances.
Devant
elle se tient un dragon rouge, image du diable et de ses pièges, mais elle
s'enfuit dans un lieu désert, préparé par le Tout-Puissant, où, en la personne
des fidèles faibles, elle est protégée et nourrie pendant une période de trois
ans et demi, durée de la persécution sous l'Antéchrist.
La
fin de ce chapitre contient des détails sur la fuite elle-même. La femme reçoit
les grandes ailes d'un aigle, pour la transporter dans le désert. Le diable,
qui la poursuit, crache sur elle une masse d'eau semblable à un fleuve, mais la
terre vient à son secours et avale le déluge. Cette représentation énigmatique
fait référence à un événement capital que Dieu Tout-Puissant réalisera en
faveur de son Église
Tandis
que les faibles prieront dans le lieu de refuge, les forts et les courageux
seront engagés dans une lutte formidable avec le dragon enragé, sous les yeux
du monde entier.
III.
Il ne fait aucun doute que, dans ces derniers temps, il y aura des saints à la
vertu héroïque, comparables aux apôtres eux-mêmes. Saint Augustin décrit ces
vaillants soldats comme étant prudents et forts, sages et pourtant patients. Il
affirme également que, même si les conversions seront plus rares, elles n'en
seront que plus frappantes, afin que la grâce de Dieu apparaisse d'autant plus
forte face à l'ennemi et au dragon furieux.
Parmi
les saints des derniers temps, il y aura des soldats, héritiers de la glorieuse
lignée des Maccabées et des croisés, des Vendéens et des zouaves pontificaux,
qui tiendront tête aux armées de l'Antéchrist. Mais comme ce dernier sera avant
tout un imposteur et un séducteur, ses principaux adversaires seront les vrais
apôtres armés du crucifix, alliant la patience des martyrs à la science des docteurs.
À la tête de cette phalange intrépide apparaîtront deux extraordinaires envoyés
de Dieu, deux géants de sainteté, deux survivants des temps anciens, Enoch et
Elie, dont nous parlerons dans le prochain article.
[à
suivre]