jeudi 25 juin 2020

Le rameau d'olivier perdu

Traduction d'une étude de Sean Johnson publiée sur le forum de la Fidélité. Etude qui tente d'expliquer les raisons du silence de la FSSPX sur le retour de Mgr Carlo Viganò à la Tradition, son rejet du Concile Vatican II et surtout de l'Eglise conciliaire. Silence qui ne paraît pas de bon augure d'autant que Mgr Viganò ne semble pas donner dans le sédévacantisme. Même si, contrainte et forcée,  l'actuelle FSSPX en vient à évoquer Mgr Viganò, elle réduira son discours du prélat italien au seul concile et aux premières déclaration de Mgr Lefebvre en 1966 mais sans jamais dire comme Mgr Viganò et le Mgr Lefebvre de 1988 qu'il existe une église conciliaire, opposée à la catholique et avec laquelle il est impossible d'envisager quelque accord pratique qui soit ( cf le chapitre de 2012 et les décisions sur les confessions et les mariages).

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Le rameau d'olivier perdu 


par Sean Johnson 

(Extrait) 
14/6/20 

Introduction : 

Le 10 juin, l'archevêque Carlo Maria Viganò a publié une lettre dans laquelle il rejetait l'église conciliaire, la dénonçant (parmi de nombreuses autres dénonciations) et se repentant de l'avoir promue avec une évidente bonne foi pendant des décennies : 

"...malgré tous les efforts de l'herméneutique de la continuité, misérablement anéantie par la première confrontation avec la réalité de la crise actuelle, il est indéniable que, à partir du Concile Vatican II, une nouvelle église a été construite, superposée à l'Église du Christ et diamétralement opposée à celle-ci. Cette Église parallèle a progressivement occulté l'institution divine fondée par le Seigneur, la remplaçant par une entité fallacieuse, qui correspond à la religion universelle souhaitée, d'abord théorisée par la Franc-maçonnerie". 

Et un peu plus tard dans la même lettre : 

"Tout comme, il y a soixante ans, j'obéissais honnêtement et sereinement à des ordres douteux, croyant qu'ils représentaient la douce voix de l'Église, de même aujourd'hui, avec la même sérénité et honnêteté, je reconnais avoir été trompé. Être cohérent aujourd'hui, persévérer dans l'erreur, serait un choix malheureux et ferait de moi un complice de cette fraude". 

Pour la première fois depuis Mgr Salvador Lazo, nous sommes confrontés au processus de conversion d'un prélat conciliaire à la Tradition : un rejet clair et dogmatique du Concile Vatican II, et un repentir personnel pour avoir aidé la révolution conciliaire (en toute bonne foi). 

Les membres de longue date de la FSSPX auraient pu s'attendre à ce que leur Fraternité bien-aimée crie sur les toits le message de Viganò et de sa conversion (comme elle l'a fait lorsque Monseigneur Lazo a fait sa célèbre déclaration). Cependant, il y a un véritable black-out dans les médias de la FSSPX, comme si la conversion de l'évêque Viganò n'avait que peu d'importance. 

Ce court article analyse certaines des raisons pour lesquelles la FSSPX pourrait choisir d'éviter de commenter ce qui se passe avec Viganò. 

Depuis 25 ans, et surtout depuis 2012, la FSSPX a fait "tout son possible" pour acquérir un statut canonique officiel auprès de la Rome conciliaire : réunions "discrètes mais pas secrètes" du GREC ; changement de la politique de Mgr Lefebvre qui consiste à "ne pas parvenir à un accord pratique tant que Rome n'est pas convertie" ; expulsion de Mgr Williamson (et des dizaines d'autres prêtres) ; l'acceptation de Vatican II ; la réhabilitation des communautés avec indult ; le silence auto-imposé sur les erreurs conciliaires pour améliorer les relations avec la Rome moderniste (c'est-à-dire le "branding") ; le rejet de la notion d'église conciliaire ; etc, etc. 

La Fraternité est allée trop loin dans la direction conciliaire pour s'arrêter et réévaluer ses actions
depuis la mort de Mgr Lefebvre, et bien qu'il y ait peut-être encore quelques Nicodème cachés au sein de la Fraternité, pour la plupart, la FSSPX et Mgr Viganò vont dans des directions opposées: 

La FSSPX a récemment accepté la révolution conciliaire, par exemple : la Déclaration doctrinale du 15 avril 2012, qui accepte l'herméneutique de la continuité, et à travers elle les documents de Vatican II ; rejette la notion d'église conciliaire ; accepte une liberté religieuse limitée, etc. 

Tout cela signifie que Mgr Viganò et la FSSPX sont deux navires qui passent dans la nuit dans des directions opposées : Mgr Viganò est sur la voie rapide de la Tradition, tandis que la FSSPX est pratiquement engagée dans un conciliarisme mitigé. 

Cette situation rappelle la réponse de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger en 1987 : 

"Éminence... vous travaillez à déchristianiser la Fraternité et l'Église, et nous travaillons à les christianiser." 

En d'autres termes, quelles sont les possibilités réalistes de collaboration avec Mgr Viganò ? Comme Mgr Lefebvre et Ratzinger, Mgr Viganò et Pagliarani/Fellay travaillent dans des directions opposées. Selon toute probabilité, si Mgr Lazo était encore vivant en 2020, le même silence inquiétant concernant sa déclaration empêcherait toute collaboration entre lui et la FSSPX d'aujourd'hui. 

Mais avec l'évêque Huonder (ou tout autre prélat conciliaire qui accepte les principes de Vatican II), de tels obstacles relationnels n'existent pas. 

Il est évident que l'on ne gagne pas la faveur de Rome en courtisant les amis de ceux qui attaquent ces mêmes Romains en tant qu'"apostats". Si Menzingen s'est vendu à la Rome moderniste, il hésitera à contrarier les Romains en faisant des déclarations publiques de soutien à Monseigneur Viganò. Et si la priorité numéro un depuis la mort de Monseigneur Lefebvre a été d'obtenir la reconnaissance canonique des modernistes, alors la conversion de Monseigneur Viganò à la Tradition sera simplement décrit par Menzingen comme "inopportune". 

Il n'est pas commode pour les ambitions de la Fraternité de s'aligner sur Mgr Viganò, tout comme il n'était pas commode pour Pilate de s'aligner sur Notre Seigneur. 

C'est un mouvement "sûr" et bénéfique pour Menzingen que d'offrir à Mgr Huonder un apostolat de retraite (où il peut émietter tout Lefebvrisme latent), mais Mgr Viganò doit rester caché et, dans cette mesure, seul et isolé.

Conclusion : 

Le silence de la FSSPX sur la ou les récentes lettres de Mgr Viganò est une autre indication de la révolution qu'a représenté la réorientation de la Fraternité. Au début des années 90, un archevêque sur le chemin du traditionalisme intégral aurait été la plus grande nouvelle de la Tradition. Nous l'aurions lu sur chaque site web et blog de la FSSPX. Nous aurions entendu des sermons à ce sujet dans les chapelles du monde entier. Elle aurait été reçue comme un formidable encouragement et un miracle de grâce. 

Il en était ainsi lorsque Monseigneur Lazo s'est converti à la Tradition, mais aujourd'hui c'est un non-événement, et Mgr Viganò est persona non grata dans la FSSPX. 

Mais la conversion en cours de Mgr Viganò est transcendante et doit être encouragée et soutenue par le plus grand nombre possible de voix de la Tradition. Je doute que ces mots atteignent un jour votre écran d'ordinateur, mais si Votre Excellence les trouve par hasard, sachez que ce n'est qu'un signe de la décadence des temps que la Fraternité ne vous défend pas. 

Nous, les quelques brebis éparses de la Tradition, vous accueillons de tout notre cœur et remercions Dieu pour votre prochaine arrivée .

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)