mercredi 21 juillet 2021

La FSSPX et le Motu proprio Traditionis custodes

Révélation d’une double trahison



Dès le 28 mai 2021, puis de nouveau le 14 juillet, à l’approche de la parution du Motu proprio réformant le régime de la messe tridentine, la Fraternité Saint-Pie X a pris le soin de préciser qu’elle « ne pourrait se sentir concernée » par d’éventuelles limitations à la libre célébration de la forme dite « extraordinaire » du rite romain reconnue par Benoît XVI en 2007, faisant valoir notamment qu’elle s’était «toujours appuyée, à la suite de son fondateur Mgr Marcel Lefebvre, sur les droits imprescriptibles de ce rite » :

FSSPX News – 28 mai 2021

https://fsspx.news/fr/news-events/news/une-menace-contre-la-messe-traditionnelle-est-elle-a-craindre-66594

FSSPX News – 14 juillet 2021

https://fsspx.news/fr/news-events/news/quelles-seront-les-restrictions-apport%C3%A9es-%C3%A0-summorum-pontificum-67447
 
Revenant sur le sujet le lendemain de la publication de Traditionis custodes, la Maison générale n’hésite pas à se décerner elle-même, sur le mode autosatisfait, un brevet de fidélité au fondateur et à son combat pour la Foi et le Règne social de Jésus-Christ :

FSSPX News – 17 juillet 2021

https://fsspx.news/fr/news-events/news/de-summorum-pontificum-%C3%A0-traditionis-custodes-ou-de-la-r%C3%A9serve-au-zoo-67514

« (…) Quant à la Fraternité Saint-Pie X, elle y trouve une nouvelle raison de fidélité à son fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, et d’admiration de sa clairvoyance, de sa prudence et de sa foi.

Alors que la messe traditionnelle est en voie d’élimination et que les promesses faites aux sociétés Ecclesia Dei sont si bien tenues, elle trouve dans la liberté que lui a léguée l’évêque de fer, la possibilité de continuer à combattre pour la foi et le règne du Christ-Roi. » 

Mais si la Fraternité n’avait pas besoin en juillet 2007 du Motu proprio Summorum pontificum de Benoît XVI pour conserver et promouvoir l’usage exclusif de la messe tridentine…

«  La Tradition n’a pas encore gagné la guerre, mais elle vient certainement de remporter une importante bataille.

Car si, dès l’abord, il faut avouer que le combat général pour la pleine restauration de la Tradition catholique dans l’Église est loin d’être achevé, il serait stupide de ne pas reconnaître, au moins dans certains aspects du Motu proprio de Benoît XVI, une réelle, éclatante et importante victoire. 

Mgr Fellay, demandant que soit chanté dans tous les lieux de culte de la Fraternité Saint-Pie X un Te Deum « pour rendre grâce à Dieu de cet événement tant attendu et enfin réalisé » (lettre de l’abbé Sélégny le 7 juillet 2007), n’en a certainement pas minimisé la portée. »

  • Pourquoi a-t-elle accepté à partir de 2015 de se placer sous la juridiction de l’Eglise « conciliaire » (et de recevoir des diocèses les délégations nécessaires aux mariages) pour dispenser « validement et licitement » les différents sacrements à ses fidèles, alors qu’elle avait vécu antérieurement, et durant plusieurs décennies, sous le régime des exceptions canoniques reconnues par le droit de l’Eglise ?

La FSSPX a beau se déclarer « non concernée » par l’actuel débat ecclésial sur les restrictions affectant l’usage de l’ancienne messe, elle se reconnaît en réalité, et en même temps, pleinement « concernée » et dépendante de la juridiction de l’Eglise « conciliaire » sur les sacrements, l’ayant reçue (avec remerciements !) des mains du pape François, selon un processus « par paliers » convenu dès septembre 2014 entre ses Supérieurs et la Congrégation pour la Doctrine de la foi.

Refuser de se soumettre pour la messe mais accepter les sacrements, alors que les deux démarches procèdent ensemble d’une seule et même autorité en chemin vers l’apostasie, c’est nager en pleine hypocrisie, dans la contradiction et l’incohérence.

Rappeler de tels faits revient à accuser nommément Mgr Bernard Fellay, ancien Supérieur général, d’avoir détourné et corrompu le combat doctrinal du Fondateur

  • en juillet 2007, en ne rejetant pas, par une protestation publique, le motu proprio Summorum pontificum qui mettait sur un pied d’égalité l’antique rite romain de Saint Pie V et la messe de Paul VI ; en laissant croire au contraire que cette évolution liturgique serait l’amorce encourageante d’un retour de Rome à sa tradition bimillénaire (et l'on voit aujourd'hui ce qu'il en est !),
  • en juillet 2012, en laissant acter par le Chapitre FSSPX l’assouplissement des conditions d’une éventuelle normalisation canonique de la Fraternité face à des instances romaines pourtant – et plus que jamais – enferrées dans leurs erreurs « conciliaires ».

Faute de les avoir dénoncées depuis sa nomination en juillet 2018 à la tête de la FSSPX, l’abbé Davide Pagliarani doit être considéré comme assumant « fidèlement » les dérives de son prédécesseur, partageant donc avec lui, devant l’Eglise, la responsabilité de cette double trahison du message du Fondateur, d’une part sur la messe, d’autre part sur les sacrements.

Après la diffusion du Motu proprio du 16 juillet 2021, qui laisse présager de sombres perspectives pour l’ensemble des sociétés, communautés et instituts liés à la Tradition, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X aura-t-elle l’humilité de reconnaître qu’elle a été trompée depuis près de vingt ans par la Rome conciliaire, mais aussi par ses propres Supérieurs qui ont recherché, en dépit des consignes de Mgr Lefebvre, un compromis impossible entre fidélité catholique et normalisation canonique dans le contexte hérité de Vatican II.

Dans l’esprit d’un recentrage sur les positions du Fondateur, est-il déraisonnable d’espérer que la Maison générale de Menzingen se décide un jour – mais il lui faudra du courage ! - à restituer au pape François le cadeau empoisonné de ses sacrements « conciliaires » ?