vendredi 16 juillet 2021

Vérité et autorité - III

Commentaire Eleison 730 ( 10 juillet 2021)


La structure de l'Église peut sans doute casser
Si c’est Dieu lui-même qui la laisse s'égarer.


Depuis Vatican II, la lutte qui s’est engagée entre la fidélité à la Vérité catholique d’une part, et la fidélité à l'Autorité catholique (CE 726, 12 juin) d’autre part, explique bien en quoi consiste la crise dans l’Église. Mais cette même lutte peut éclairer encore : comment les défenseurs de la vraie foi doivent-ils maintenant se structurer ? Ceux qui passent pour des catholiques normaux soutiennent que l’autorité étant radicalement essentielle à l’Église, les défenseurs de la Vérité, dépourvus de toute structure d’autorité, n’aboutiront jamais à quoi que ce soit de probant, et finiront par se perdre dans les sables. Ce à quoi des catholiques qui passent actuellement pour des anormaux, répondent, avec ces « Commentaires », que la Vérité étant la finalité de l’Autorité catholique, ses vrais fidèles, strictement parlant, n'ont nul besoin d’une structure pour les maintenir unis. Car, comme dit l’adage : "la Vérité est puissante et prévaudra". Il s’ensuit donc qu’il y a une unité qui prévaudra grâce à la Vérité.

Depuis que Notre Seigneur a fondé son Église, celle-ci a pu frayer son chemin normalement, quoiqu’en territoire hostile à cause du péché originel. Elle a donc pu avancer dans le monde, dont Satan est le Prince (Jn. XIV, 30). Or, Jésus, tout en jetant le diable par sa Croix en dehors de ce monde (Jn. XII, 31), a laissé aux hommes les blessures du péché originel. De sorte que l’humanité a toujours eu besoin de la pleine Autorité de l'Église pour protéger la Vérité divine (CE 726). Mais dix-neuf siècles plus tard, le Pape Léon XIII eut une vision dans laquelle Dieu donnait une nouvelle fois à Satan pleine liberté d'attaquer son Église. Voilà pourquoi au 20ème siècle, il fut donné à Satan d’écraser l'autorité de l'Église à Vatican II, bien que ce fût là quelque chose d’anormal. Toutefois, il n'a jamais été question que l'Église périsse (Mt. XXVIII, 20). Comment donc Dieu a-t-il prévu de protéger la Vérité de Son Église contre l'anarchie? Comment Dieu va-t-il protéger son Église ? Il a délibérément permis que son Autorité normale soit brisée. A quel recours hors norme a-t-il donc pensé?

Pour le savoir, ne suffit-il pas de regarder autour de nous ? Depuis 1965, date à laquelle Vatican II a officiellement pris fin, les catholiques se sont habitués, pendant un demi-siècle, à voir une Autorité, de plus en plus étrangère à la Vérité catholique, manquer d’accomplir sa vocation d’enseigner la Vérité. Par conséquent, beaucoup de catholiques désertèrent l'Église; beaucoup se tournèrent vers de fausses religions ou abandonnèrent toute pratique religieuse. Pas tous cependant. Certaines brebis gardent la foi. Elles ont beau être dispersées en toutes directions du fait que le berger, le Pape, a été frappé; il n’empêche qu’il en existe encore partout : dans l'Église officielle, dans ce qui fut pour un temps les groupes « Ecclesia Dei », dans la Fraternité Saint-Pie X, dans la Fraternité Saint-Pierre, dans la "Résistance", chez les sédévacantistes, etc. Tous sont prêts à s'excommunier les uns les autres, mais ce n’est pas là le plus important. Ce qui importe vraiment, c'est la Vérité catholique à laquelle tous se réfèrent plus ou moins, tant qu’ils n’en arrivent pas à la quitter. En attendant, cette Vérité inclut le fait que, après que l'Autorité catholique sera revenue à la Vérité catholique (et non avant), ils devront tous se replacer sous cette obédience. Tout le monde peut prévoir que les brebis maintenant dispersées ne trouveront pas toutes la même facilité à se soumettre. Il n’empêche que cela leur sera nécessaire, dans la mesure où elles voudront rester catholiques.

En attendant, qui peut accuser Notre-Seigneur d’avoir abandonné ses brebis ? La règle d’or, en la matière, est de garder présent à l’esprit que Notre-Seigneur n'abandonne jamais une âme avant qu’elle-même ne l’ait abandonné.

De fait, beaucoup d'entre nous n’avons-nous pas des histoires à raconter, attestant comment Dieu nous a permis individuellement de garder la Foi, ou même d'y revenir ? Et cela n’inclut-il pas même la crise dans l'Église ? Sans la folie moderniste, n’aurions-nous pas pu rester endormis dans la foi jusqu'à la mort ? Peut-être que la situation d’aujourd'hui nous rend plus difficile de trouver un groupe auquel nous pouvons nous attacher pour vivre de la Foi. Mais, si l'on cherche et que l’on continue de chercher sans jamais se lasser, Dieu ne se dérobe certainement pas et fait que l’on trouve en effet ce dont on a besoin. Durant une quarantaine d'années, la Fraternité Saint-Pie X a joué le rôle d’une véritable oasis dans le désert, et beaucoup d'âmes y trouvent encore refuge. Aujourd'hui, Monseigneur Viganò l'exhorte à maintenir toujours la priorité de la vérité avant l'autorité, la foi avant l'"obéissance".

Les manuels de théologie d'hier (colliers de perles catholiques) disaient : "Aucune hérésie ne peut venir du Pape, car alors la situation de l'Église serait désespérée". Avaient-ils tort ? Ne voit-on pas aujourd’hui que la situation est en effet désespérée ? Certes ! Mais elle ne l’est qu’humainement. D’où l’importance, pour ces manuels, d’ajouter l’adverbe : "humainement". Car n’oublions jamais que ce qui est désespéré pour les hommes, ne reste pour Dieu qu’un jeu d'enfant.

Kyrie eleison.