lundi 6 mars 2023

La "gentillesse" est-elle une hérésie ?

KE 814 (18 février 2023)

La « gentillesse » doit souvent être oubliée.

L’homme dur pour les mous a donc parfois pitié.


Remercions Dieu pour tout le bien que la Fraternité Saint-Pie X a fait et fait encore aux âmes ; elle a cependant changé par rapport à ce qu’elle était sous Mgr Lefebvre (1905–1991). Voici un témoignage intéressant venant d’une personne qui connaît bien cette Fraternité.

Depuis un certain nombre d’années, j’ai remarqué un changement d’orientation, actuellement encouragé dans un séminaire de la FSSPX, en ce qui concerne la formation au sacerdoce et le discernement de la vocation idéale. N’ai-je pas raison, par exemple, d’observer la séparation toujours plus grande entre la saine doctrine (que la FSSPX enseigne toujours) et la « gentillesse » qui a été cultivée dans sa présentation, qui semble imprégner, tout en l’entravant, la capacité de la FSSPX à combattre les erreurs et à prêcher la doctrine sans respect humain ? Cette présentation « gentille » de la saine doctrine peut nous sortir de bien des situations délicates, car si l’on est accusé de faire des compromis, on peut toujours répondre que la doctrine n’est pas modifiée, mais que la situation exige un traitement modéré. Cette réponse respire le libéralisme, mais grâce au voile de la fidélité à la doctrine, on se permet alors de penser qu’il n’y a pas de compromis. Mais n’y a-t-il pas une perte de cette simplicité grâce à laquelle les âmes savent exactement ce qui doit être dit ou fait ? J’ai le sentiment de ne pas saisir le contour exact de cette nouvelle mentalité, mais je crains une éventuelle remise en cause de la bonne doctrine : pensez-vous que cela soit justifié ?

J’ai une deuxième question qui n’est pas sans rapport avec la première. Dans la formation au sacerdoce, les séminaristes ne devraient-ils pas être remarqués et encouragés quand ils veulent aller sous la surface des choses pour pénétrer ultimement toutes les implications de la vérité ? Ces dernières années, les prêtres ou séminaristes de la FSSPX semblent être devenus suspects quand ils posent des questions ou cherchent à comprendre le raisonnement qui précède les décisions. Même si l’on fait preuve de la plus grande prudence et du plus grand respect, le simple fait de remettre en question quoi que ce soit suscite l’inquiétude des autorités de la FSSPX. Ainsi, les personnalités les plus fortes sont minutieusement surveillées, et même quand elles ont des vocations, elles semblent vivre une période plus éprouvante dans l’apostolat.

Étant donné que l’accent est davantage mis sur l’image de la Tradition que sur la lutte pour les âmes (du moins c’est l’apparence que donne la FSSPX), pensez-vous qu’il soit alors naïf de ma part de me demander si les hommes de bien qui cherchent à prêcher efficacement le Christ Roi,
loin du politiquement correct, pourront encore porter du fruit dans l’apostolat ? Je veux offrir ma vie pour Dieu, mais une personne dans ma position ne rencontrera-t-elle pas des difficultés, étant donné l’orientation actuelle de la FSSPX ? Bien sûr, Dieu peut faire de nous ce qu’il veut, et nous ne connaissons pas l’avenir – et nous n’avons pas à le connaître – mais je vous le demande : le modèle du guerrier n’est-il pas rendu impraticable à cause d’un état d’esprit qui évite concrètement la confrontation, et décourage toute analyse indépendante ?

L’application des principes de la Foi au domaine profane est, j’en suis sûr, intimement liée au règne du Christ sur l’ensemble de la société, et pas seulement à notre vie spirituelle personnelle.

Kyrie eleison.