Renoncer à ses sacrements « crypto-conciliaires »…
Même doctrine ?
même juridiction ?
mêmes sacrements ?
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Comme on le sait, l’abbé Davide Pagliarani a été élu Supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X le 11 juillet 2018.
A part le communiqué de la Maison générale du 21 juillet à l’issue du Chapitre, plusieurs nominations à des postes de responsabilité, quelques mutations, une interview du 12 octobre sur FSSPX-News, et ses entretiens romains du 22 novembre avec Mgr Pozzo et le Cardinal Ladaria-Ferrer, le nouveau Supérieur général n’a posé pour l’instant aucun acte majeur, ni prononcé aucune déclaration susceptible d’attirer particulièrement l’attention des observateurs…
A la suite des deux mandats de 12 ans de Mgr Fellay, et de cinq mois de transition, la "ligne" de ce nouveau supériorat devrait commencer à apparaître plus précisément. Les incertitudes s’accumulant à l’horizon de l’Eglise, et au sein même de la Fraternité, tous les yeux sont maintenant fixés sur Menzingen : continuité ou rupture par rapport à la démarche initiée en 2012 ? achèvement de la normalisation canonique ou reprise de l’affrontement avec la Rome conciliaire ?
Actuellement au cœur du problème, il y a la juridiction reçue du pape de 2015 à 2017 sur les sacrements : officiellement ignoré dans les instances supérieures de la FSSPX, le sujet fait débat à la base et les avis divergent parmi les prêtres et les fidèles, certains voyant dans ces mesures un pré-ralliement qui ne veut pas dire son nom, les autres s’accrochant à une vision formaliste de la question ("la juridiction du pape François ? … c’est celle de l’Eglise : en discuter, c’est être schismatique, résistant ou sedevacantiste ! ").
Pour être fixés sur les intentions du pape et de la Maison générale à propos du futur statut de la Fraternité, il ne paraît pas réaliste de devoir attendre l’issue des nouvelles " discussions doctrinales" demandées à Rome le 22 novembre, car les précédentes ont duré près de deux ans (octobre 2009 à juin 2011), et l’urgence est là...
C’est pourquoi, pour dissiper le malaise actuel et réaffirmer son attachement au message doctrinal de Mgr Lefebvre, il serait très approprié que la Fraternité pose dès maintenant un acte simple, mais de haute signification : elle renoncerait à la juridiction reçue du pape François sur les sacrements – à commencer par le sacrement de pénitence – non par refus de principe de l’autorité du pape et de sa juridiction, mais parce que, dans le contexte où elle a été concédée, une telle reconnaissance canonique implique et « véhicule » une agrégation progressive de la Fraternité Saint-Pie X à la Rome « conciliaire »… non convertie.
On reviendrait donc au régime de la juridiction "extraordinaire" (dite aussi "de suppléance") dont la FSSPX usait légitimement depuis la suspense a divinis de son Fondateur par le pape Paul VI en juillet 1976.
S'il consentait à faire ce geste important, l'abbé Pagliarani devrait évidemment agir officiellement, en tant que Supérieur engageant la Maison générale, le Conseil, et la Fraternité toute entière vis-à-vis de Rome, et publier sa décision.
Ce faisant, il mettrait fin aux états d'âme de certains prêtres - notamment français - qui prétendent continuer à exercer leur ministère au confessionnal selon la juridiction "extraordinaire" liée à l'état de nécessité, ce en quoi d'ailleurs ils se trompent puisque la juridiction "ordinaire" de l'Eglise - conciliaire - est la seule en vigueur actuellement dans la Fraternité suite à l'acceptation et aux remerciements de Mgr Fellay adressés au pape le 1er septembre 2015.
Sans attendre, donc, la mise en place du nouveau processus de "discussions doctrinales" – car les romains savent laisser "pourrir " les situations quand cela les arrange ! -, cette première action d'urgence permettrait d'éclairer et de libérer la conscience des fidèles, qui croient pour la plupart être pardonnés de leurs péchés comme "aux temps de Mgr Lefebvre" (1976-2015), et qui le sont en fait, et en droit, par l'effet de la bonté "paternelle" du pape François, qui se préoccupe - paraît-il - des âmes des fidèles de la Tradition... depuis l'année 2015 ! (cf. la lettre pontificale à Mgr Fisichella concédant la juridiction dans le cadre de l’Année de la miséricorde, et les commentaires de Mgr Pozzo).
Mais hélas, à vues immédiates, une telle suggestion a peu de chances de prospérer. Pour quelles raisons ?
1°) parce qu’on perçoit nettement que l'abbé Pagliarani n’est pas disposé à remettre en cause la démarche de son prédécesseur vers une plus complète "normalisation" canonique, soit qu’il adhère personnellement à cette option… soit qu’il s’y résigne.
Deux indices le donnent à penser :
- d’une part, le contenu de la circulaire interne révélée par Mgr Williamson dans son Commentaire du 27 octobre, qui réaffirme le rôle principal du Supérieur général pour les "contacts avec le Saint-Siège" dans la perspective d’une "modification du statut canonique" de la Fraternité : cette éventualité n’est donc pas purement virtuelle, même si pour rassurer l’opinion, on laisse entendre qu’on garde le pied sur le frein, en attendant "avec prudence" que vienne "l’heure dictée par la Divine Providence",
- d’autre part, la confirmation de l’acceptation de la juridiction sur les sacrements reçue de Rome depuis 2015, ces "nouvelles facilités" étant désormais considérées comme un fait acquis ("la nouvelle équipe" ne s’y est "aucunement opposée" a même précisé l’abbé Celier). A preuve supplémentaire, l’interview précitée du 12 octobre du Supérieur général, qui ne fait aucune allusion à cette question canonique essentielle : tout à fait incroyable, ... mais vrai ! Comme si on ne voulait pas voir que c'est par les sacrements que le pape a mis le pied dans la Fraternité pour l’intégrer sournoisement, "par paliers", à son Eglise conciliaire…
2°) parce qu’un geste public du nouveau Supérieur général contre la juridiction "radioactive" de Rome, "irradiée" des erreurs libérales du Concile – ces qualificatifs imagés sont empruntés à l’abbé Puga, sans toutefois l’engager bien entendu ! -, reviendrait à désavouer Mgr Fellay comme personnellement responsable de l'actuelle confusion sacramentelle au sein de la Fraternité par suite de ses décisions malheureuses et juridiquement irrégulières de 2015-2017.
Mais s'il arrivait par impossible que - grâce à Dieu, et suivant les encouragements de Mgr Williamson (Commentaire 594 du 1er décembre) - l'abbé Pagliarani fasse preuve d'autorité personnelle et impose sa décision de récuser la juridiction reçue du pape pour les sacrements, il s'ouvrirait alors au sein de la FSSPX une crise opposant au grand jour :
- d'une part, les tenants incorrigibles d'une "régularisation" romaine (NB : à rediscuter "de zéro", sans horizon précis, et dans des conditions incertaines, face à un pape doctrinalement "volatile" et qui se dit "rusé", ce qui implique la poursuite de l'aventure initiée en 2012, pour le plus grand dommage de tous et la ruine quasi-certaine de la Fraternité),
- d'autre part, les vrais fidèles à l'héritage de Mgr Lefebvre et à sa protestation de foi catholique face à l'apostasie, qui ne veulent pas entendre parler d'une telle "régularisation" – ni des sacrements "crypto-conciliaires" qui lui servent de "faux-nez" – tant que Rome ne sera pas revenue à sa tradition bimillénaire.
Que sonne bientôt l’heure de cette nécessaire clarification !
Sacramentus