Certains de nos lecteurs ne connaissent peut-être pas bien encore M l'abbé N'dong Ondo. C'est un ancien confrère de la Fraternité ordonné en 2001 à Ecône. Victime des injustices et des purges arbitraires de Mgr Fellay, la Providence l'a donc obligé à rester au Gabon. Fidèle, lui aussi à la Tradition et à Mgr Lefebvre, il s'est donc tourné vers les évêques de la Fidélité, sous l'autorité morale desquels il fait son apostolat. Et Dieu bénit manifestement son labeur, fruit d'années de sacrifices. Dans son dernier bulletin il nous fait part de son aventure missionnaire en Ouganda :
1. Un jour à
Kampala
Nous décollons de Libreville avec une heure de retard en
raison d'une forte pluie en cet après-midi du 14 novembre. Au décollage de
Kigali, au Rwanda, nous avons à nouveau une heure de retard pour une raison qui
m'est inconnue. Nous arrivons donc à Entebbe, en Ouganda, avec une heure de
retard à 2 h du matin.
Quand je sors de l'aéroport, j'ai la désagréable surprise de
constater que je ne suis pas attendu. Des personnes de bonne volonté me
viennent en aide et appellent mes deux contacts en Ouganda. Mais à cette heure
tardive de la nuit, personne ne répond car ils dorment du sommeil du juste. Une
heure plus tard, une personne de bonne volonté appelle à nouveau et enfin
Francis répond. Francis est le coordinateur de notre apostolat en Ouganda. Il
est surpris de me savoir à l'aéroport car il m'attendait pour le lendemain. Six
heures plus tard, il arrive enfin à l'aéroport : il était temps !
Il me conduit chez une famille, membre des Marian Workers.
Je découvre ce mouvement marial pour la première fois. Plus tard, j'apprendrais
que cette famille est en fait à l'origine de ce mouvement marial. Nous passons
juste la nuit et le lendemain après- midi, nous nous dirigeons vers Masaka, à
environ 3 h de route de Kampala. La famille et les autres personnes présentes me
demandent de revenir car elles veulent assister à nouveau à la messe
tridentine. Je leur réponds de ne pas s'inquiéter car j'ai prévu de revenir
pour prêcher une retraite de saint Ignace.
2. Deux jours à
Masaka
A notre arrivée à Masaka, je suis reçu en grande pompe avec
des chants traditionnels. Dans la soirée, Agatha, nous rejoint. C'est mon
second contact en Ouganda et elle travaille en soutien à Francis. Nous sommes
chez maman Anastasia, une sexagénaire avec un caractère bien trempé. Lors des
changements liturgiques, elle a décidé purement et simplement de ne plus mettre
les pieds à l'église. Pendant toutes ces années, son grand désir était de
pouvoir assister à nouveau à la messe comme avant.
Le lendemain samedi, je prépare les baptêmes du dimanche. A
l'origine, huit baptêmes étaient prévus mais trois familles se sont désistées
par crainte du curé. Il restait donc cinq enfants à baptiser dont une fillette
de sept ans. Malheureusement, elle n'a pas pu répondre de façon satisfaisante aux questions de catéchisme.
Elle sera donc baptisée lors de mon prochain voyage en Ouganda.
Dimanche, après la messe, je baptise quatre
enfants puis nous prenons un repas de réjouissance tous ensemble. Ensuite,
c'est le départ pour Kabale, lieu de naissance de Francis. Je laisse derrière
moi un groupe de plus de cinquante personnes très intéressées par la messe de
toujours. Ce groupe est sous la ferme et maternelle direction de maman
Anastasia. Elle était dans une joie extraordinaire de pouvoir enfin assister à
nouveau à cette messe qu'elle avait connue dans sa jeunesse. Plus tard,
j'apprendrais qu'elle est un membre des Marian Workers.
3. Quatre jours
à Kabale
Groupe de Kabale |
Nous arrivons très tard à Kabale et nous passons la nuit
chez les parents d'Agatha. Le lendemain, nous devons trouver refuge chez les
Marian Workers, tout près de là. Les parents d'Agatha ne peuvent pas me garder
plus longtemps par crainte du curé.
Les Marian Workers de la localité sont regroupés depuis un
ou deux jours dans une résidence mise à leur disposition par une dame vivant en
Angleterre. En fait, ils m'attendent car ils veulent la messe tridentine. Il
est prévu que je passe quatre jours en leur compagnie. Ils auront donc la messe
de toujours mais je leur donnerai aussi quelques cours de catéchisme du concile
de Trente.
A mon arrivée, il a bien au moins une cinquantaine de
personnes en prières. Je remarque une femme habillée en religieuse et une autre
qui pleure en se roulant sur le sol. Pour la messe du lendemain, la salle est
bondée, il y a environ 70 personnes. Lors de la communion, la dame en pleurs de
la veille s'écroule immédiatement après avoir reçu la sainte hostie. Je suis
très intrigué par une telle chose. Après la messe, je remarque un monsieur
allongé comme inconscient et la dame habillée en religieuse est également
allongée comme en extase. Je me demande alors : "A qui ai-je affaire ? Où suis-je
?"
Un peu plus tard, la dame habillée en religieuse et trois
autres personnes responsables du groupe demandent à me parler. Je pense qu'ils
ont remarqué mon étonnement devant toutes ces manifestations. Ils m'expliquent
que cela est courant chez eux, les Marian Workers, et que la dame habillée en
religieuse reçoit des messages de la Vierge Marie en faveur du groupe.
D'ailleurs, après la messe, elle a reçu un message de sainte Vierge à mon
intention. La dame n'explique aussi que c'est à la demande de la Mère de Dieu,
qu'elle s'habille en religieuse. Je leur réponds que je n'ai aucune évidence
que ces manifestations viennent vraiment de Dieu et que par conséquent, je ne
peux ni les approuver, ni les repousser. J'ajoute que le temps me permettra d'y
voir plus clair. Je demande alors de me raconter l'histoire des Marian Workers
depuis les origines mais je suis surpris de les voir se dérober les uns après
les autres. Pourquoi une telle débandade ? Me cacheraient-ils quelque chose ?
Je leur demande également des explications au sujet de la dame qui s'est
écroulée après avoir communié. Là encore, pas de réponse. Que se passe-t- il ?
Le lendemain, je fais appel à cette dame et je lui explique
qu'elle ne devrait pas perturber la messe de cette manière. Elle semble plutôt
humble et gêné. Elle me répond qu'elle ne comprend pas ce qui lui arrive.
Toujours est-il qu'à la messe suivante, elle ne s'est pas écroulée après avoir communié. Un peu plus tard, les
trois responsables du groupe viennent me demander d'aller rendre visite à un de
leurs autres groupes, situé à Kisoro soit environ 2 h de route de Kabale.
J'accepte d'y aller afin d'en apprendre davantage sur eux. Enfin, je fais la
connaissance de Stidia, ancienne novice chez la FSSPX au Kenya. Elle m'explique
ce qui s'est passé au Kenya et exprime son désir toujours intact de consacrer
sa vie à Dieu dans la Tradition. Elle se dit disposée à venir au Gabon dans ce
but si nécessaire.
4. Un jour à
Kisoro
Groupe de Kisoro |
Ce mercredi matin, comme prévu la veille, nous nous rendons
à Kisiro. Nous nous arrêtons d'abord sur un terrain que le groupe a acheté afin
d'y construire une maison de communauté. A un certain point, nous rencontrons
plusieurs singes dont deux babouins marchant tranquillement sur la chaussée
dans l'attente de friandises de la part des voyageurs routiers. Nous arrivons
dans la soirée et nous faisons le programme du lendemain.
Le lendemain, confessions, messe et conférence sur la
Tradition. Après le repas de midi, nous prenons une photo de groupe avant le
retour à Kabale. Il y avait environ une quarantaine de personnes. Avant de
passer la nuit chez les parents d'Agatha, nous devons nous rendre de l'autre
côté de Kabale pour bénir deux salles de prières chez deux membres du groupe
dont le président. C'est très tard que nous sommes enfin conduits chez les
parents d'Agatha pour une courte nuit avant le départ pour Kampala. C'est l'âme
brisée que je quitte ce groupe car ils sont chassés des paroisses en raison de
leur attachement à la Tradition. Ils sont comme des orphelins sans prêtres pour
s'occuper d'eux. Ils me supplient donc de revenir les voir dès que possible.
5. Six jours à
Kampala
Groupe de Kampala |
Le voyage retour vers Kampala a duré une éternité : 10 h de
temps dont près de 2 h sur place à Kabale à attendre que le bus soit complet. A
Masaka, deux dames nous rejoignent pour Kampala. Une des deux est maman
Anastasia qui m'a reçu chaleureusement à chez elle, à Masaka. Les deux dames
veulent assister à la retraite que je dois prêcher à Kampala. Nous y arrivons
en début de soirée mais les embouteillages sont tellement nombreux que nous
n'arriverons à notre destination finale que 2 h plus tard. La fatigue est telle
que je vais directement me coucher. Je suis de retour dans cette famille qui
est à l'origine des Marian Workers.
Samedi est le premier jour de la retraite. Trois personnes
sont venues de Kabale (Francis, Agatha et Stidia) et deux personnes de Masaka,
celles qui nous rejointes dans le bus. La retraite est également l'occasion de
donner des conférences sur la Tradition et d'enseigner comment assister à la
messe tridentine. J'en profite aussi pour connaître plus profondément les
Marian Workers car je suis à l'endroit même où tout a commencé, dans cette
modeste famille de Kampala de 16 enfants. Je reçois enfin toutes les
explications nécessaires sur l'histoire de ce mouvement marial. Les fondateurs
sont encore vivants sauf un, le père de famille.
Tout commence en janvier 1988 lors de l'année mariale
proclamée par le pape Jean- Paul II. Une des filles de la maisonnée affirme
recevoir des messages de la Mère de Dieu pour établir ce mouvement. La sainte
Vierge lui aurait demandé de s'habiller en religieuse. Elle aurait aussi
demandé des prières régulières et quotidiennes ; la dévotion et la consécration
au Sacré-Cœur et au Cœur Immaculée de Marie ; la modestie chrétienne dans le
vêtement ; la réception fréquente des sacrements ; l'étude et l'enseignement du
catéchisme ; la communion à genoux et sur la langue ; le jeûne chaque mardi et
vendredi ; la prière en famille ; l'abstinence de boisson alcoolisée ; le refus
de la télévision ; la régularisation du concubinage par le mariage chrétien
sans prétexter le manque d'argent ; tout cela en esprit de sacrifice, de
pénitence, d'expiation et pour la conversion des pécheurs. Le mouvement s'est
répandu dans tout l'Ouganda mais aussi au Kenya et en Tanzanie. En Ouganda,
j'ai donc été en contact avec les groupes de Kampala, Kisiro, Kabale et Masaka.
Les membres de ce mouvement marial ont été persécutés par les autorités
ecclésiastiques jusqu'à être chassés pour la plupart des paroisses. Ces
persécutions ont entraîné beaucoup de division parmi eux, certains acceptant
les conditions des curés pour pouvoir rester dans les paroisses comme la
communion debout et dans la main.
Excepté les cinq personnes venues de Kabale et Masaka, tous
les assistants à la retraite étaient des Marian Workers soit de Kampala, soit
d'autres localités du pays.
Certains n'assistaient qu'à quelques activités en fonction
de leur disponibilité. Une religieuse avec près de 60 ans de vie consacrée a
tout fait pour assister pendant quelques jours à la retraite. Elle est
persécutée dans sa congrégation en raison de son attachement à la Tradition.
Elle est ainsi envoyée de couvent en couvent pour la décourager mais elle tient
bon depuis plusieurs années. Une autre religieuse a aussi assisté à presque
toute la retraite. Elle par contre a dû quitter son couvent en raison des
persécutions qu'elle subissait car elle était attachée à la Tradition. Il y
avait constamment une dizaine de personnes à la retraite qui semble-t-il a été
une belle réussite. J'espère en prêcher une autre mais cette fois-ci à Kabale.
J'ai aussi rencontré un monsieur de 53 ans, ancien séminariste dans les années
80. Il a été renvoyé du séminaire car il était trop attaché à la Tradition. Il
a gardé intact son désir de devenir prêtre dans la Tradition. Je ne sais si je
pourrai l'aider à réaliser ce désir.
6. Vocations
La première vocation sérieuse est celle de Francis, notre
coordinateur, pour le sacerdoce. Mon désir est de le faire venir au Gabon avant
juin prochain pour qu'il apprenne le français et puisse ensuite commencer sa
formation sacerdotale à mes côtés. Il commencerait alors sa première année de
philosophie.
L'autre vocation sérieuse est celle de Stidia comme
religieuse. Elle ne parle pas français mais elle suffisamment jeune pour
pouvoir l'apprendre sans difficulté particulière. Elle a déjà une certaine
expérience de la vie religieuse après son postulant et son noviciat chez les
sœurs de la FSSPX au Kenya. Après l'arrivée de Francis, je désire la faire
venir au Gabon pour y mener cette vie religieuse. Son adaptation à la vie
gabonaise sera plus facile s'il y a déjà un ougandais dans notre communauté du Gabon.
Elle sera une aide précieuse pour la régularité de la vie de prière, pour le catéchisme
auprès des filles et des femmes et pour les tâches matérielles que nous
pourrons lui confier.
Enfin, il y aurait cette vocation sacerdotale tardive à
étudier sans oublier la possibilité d'offrir un refuge à ces deux religieuses
persécutées en Ouganda. La langue sera une difficulté à surmonter si jamais
nous devons aller dans le sens de les faire venir au Gabon en ce qui concerne
les deux religieuses. Nous laissons tout cela entre les mains de la divine
Providence.
7. Besoin
d'aide financière
Cet apostolat en Ouganda a un certain coût que
malheureusement ni moi, ni ces fidèles ougandais ne sont pour l'instant en tout
cas, pas capables de supporter. La véritable difficulté est l'achat des billets
d'avion entre le Gabon et l'Ouganda. C'est ici que je demande instamment votre
aide. J'ai l'intention de faire le voyage deux fois par an : un premier voyage
entre janvier et juin ; puis, un second voyage entre juillet et décembre. J'ai
également besoin de votre aide pour le billet de Francis pour qu'il puisse
venir au Gabon. Pour l'année prochaine, les besoins sont donc de trois billets
d'avion : deux pour moi et un pour notre futur séminariste. Le prix du billet
aller-retour est de 700 euros environ. Toute aide sera la bienvenue.
Saints martyrs de l'Ouganda : priez pour nous !
Pour aider mon apostolat au Gabon et en Ouganda :
IBAN: GA21 4002 4000 0108 1069 2770 108 SWIFT: ECOCGALIXXX
Par email : pndongondo@gmail.com
Par téléphone : (241) 06 27 24 09 ou 07 44 20
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Par lettre : Ndong Ondo Ondzaghe Pierre Célestin B.P. 19407 Libreville GABON