Sœur Marie-Elizabeth, oblate de la FSSPX, a écrit aux parents de l'école Saint-Michael pour leur exposer les raisons de son départ. Reconquista vous en propose une traduction réalisée par ses soins.
†
M
Jeudi 4 avril 2019
Chers parents,
Comme promis à certains d’entre vous, je voudrais vous
donner un résumé de ce qui a motivé ma démission de la Fraternité Saint-Pie X,
vingt-cinq ans après avoir reçu l'habit des sœurs oblates.
Depuis l’acceptation par la Fraternité, en avril 2017, de «l’accord
sur les mariages» offert par le pape François, j’avais la conviction que la
Fraternité ne protégeait plus, de l'Église moderniste, ses fidèles. On nous
disait, de plus en plus, que l’Église catholique et l’Église officielle ne
formaient qu’une seule et même chose, les deux étant visibles, alors que la
profession de la vraie Foi est le premier critère pour être membre de l'Église
catholique, un critère auquel les
évêques modernistes, par exemple, ne correspondent pas. J’ai commencé à me sentir très mal à l'aise
d'appartenir à la Fraternité, car cela signifiait soutenir ces nouvelles idées que
Mgr Lefebvre avait clairement réfutées et contre lesquelles il nous avait souvent mis en garde en langage
clair.
On m'a conseillé d'attendre le prochain Chapitre général de
la Fraternité, prévu en juillet 2018, avant de prendre une décision qui
changerait ma vie, ce que j'ai fait. On
s'attendait à ce qu'un nouveau Supérieur Général inverserait l’orientation,
vouée à l'échec, de la Fraternité.
Cependant, j’étais bien consciente que la mission du
Supérieur Général est de mettre en œuvre
les décisions du Chapitre. J'ai donc
attendu la publication des Actes du Chapitre pour me décider. Le 18 septembre, nous avons reçu des
extraits des Actes du Chapitre. Ils
concernaient les mariages, les relations de la Fraternité avec Rome et la prélature.
À la fin de cette lecture, tous mes
doutes s’étaient évanouis et j'étais sûre de devoir quitter la Fraternité
Saint-Pie X si je voulais rester fidèle à l’enseignement et aux recommandations
de notre Fondateur. La demande de la délégation aux évêques modernistes pour
les mariages était obligatoire pour tous les prêtres de la Fraternité; on nous
a recommandé de pratiquer une «attitude
charitable» à l’égard de tout évêque, membre du clergé ou fidèle sans autre précision,
tant qu’il est “amical envers la tradition”. Cela ouvrait la porte à tout et n'importe quoi
en termes de collaboration avec le
clergé et les laïcs qui ne sont pas pleinement engagés dans la défense de la
tradition catholique. Vous savez quels fruits ces notions
délibérément vagues ont porté à la Saint
Michael’s School lorsque le
directeur a invité l’évêque conciliaire diocésain pour diriger la prière des
enfants dans notre chapelle, après avoir réuni pour lui un bouquet spirituel
comme expression de «notre gratitude». Gratitude pour quoi? Pour
avoir dit lors d'un forum interconfessionnel que les chrétiens catholiques ne
nient pas la liberté morale de choisir pour ou contre la Vérité de Christ ? Source
En un mot, une
déclaration de ce qu’est la liberté religieuse, en totale contradiction avec
les paroles de Notre-Seigneur (Marc 16-16).
Ou la gratitude d’avoir demandé aux musulmans de prier (qui?) pour nous ? Source
Mais pour revenir
à la chronologie des événements, ce soir du 18 septembre, j’ai décidé de
quitter la Fraternité. Cependant, ceci se passa à la fin de la première semaine
de la nouvelle année scolaire et il était évident que partir à ce moment-là
n'était pas une option. Alors, pour le
bien des enfants et de vous, chers parents, j'ai décidé de rester jusqu'à la
fin de l'année scolaire.
Un jour de
février, le directeur m'a dit qu'il avait invité l'évêque moderniste de Portsmouth
pour venir visiter l'école. Il m'a
demandé d'organiser un bouquet spirituel pour lui, ce que j'ai accepté de faire,
n'ayant aucune idée que cela voulait dire «en gratitude». J'ai néanmoins décidé de préparer les enfants
à se méfier de l'évêque qui avait besoin de prières et de sacrifices, ayant posé
des actes comme dire la nouvelle messe et distribuer la Sainte Communion dans
la main.
Lors de la réunion
suivante du personnel, l’abbé Brucciani
a dit au personnel que non seulement Monseigneur Egan visiterait l'école, mais qu'il dirigerait en
outre les enfants dans la prière du chapelet dans la chapelle. J’ai levé la main et dit que je n'irais pas
prier avec l'évêque diocésain dans notre chapelle. Bien que le directeur et le supérieur du
district aient passé beaucoup de temps et d’énergie à essayer de convaincre les
Sœurs qu’il n’y avait aucun problème dans leur projet, le 8 mars, aucune des
Sœurs ne s’est rendue à chapelle pour le chapelet dirigé par l’évêque, chacune
ayant décidé de son propre chef qu’elle ne pouvait pas, en conscience, assister
à cet événement. Cette abstention devait déclencher plus de pression sur les
sœurs.
Ceci aurait été quelque chose à offrir et je serais toujours
à l'école si les choses en étaient restées là.
Cependant, après la visite de Mgr Egan, le directeur a dit
aux enfants, dans un sermon du mercredi, que l'évêque de Portsmouth était un
homme de bonne volonté, qu'il n'était pas méchant. Evidemment, si vous dites à un enfant qu’une
baie n'est pas mauvaise, il la mettra en bouche, car cela signifie que c'est
bon, ou du moins sans danger. Mais un évêque
moderniste n'est pas un prédicateur inoffensif (voir ci-dessus). Il apporte avec lui tout l'esprit nuisible de
Vatican II, destructeur de la foi catholique. À ce stade, il m'est apparu clairement que la confiance des enfants était orientée au profit d’une personne qui ne la
méritait pas, qui possédait tous les attributs d’un évêque catholique, mais pas
la Foi d'un évêque catholique. Comment
les enfants peuvent-ils discerner la fraude? D'autre part, comment les enfants, qui
connaissent le problème de Vatican II, pourraient-ils comprendre qu'un de ses
fidèles porte-parole avait dirigé leur prière dans notre chapelle catholique?
Comme l’abbé John Brucciani m’avait, un peu auparavant, donné l’ordre de ne pas
parler de Monseigneur Egan aux enfants, je me suis rendue compte que je ne serais
plus capable de protéger la Foi des enfants de cet empoisonnement subtil de
leur Foi et de la lente subversion de leur confiance à la fois en leurs
parents, leurs sœurs ou leurs prêtres, selon le choix que leur compréhension limitée les amènerait à faire.
Dans de telles circonstances, ma présence à l’école n’avait
plus aucun sens car je n’étais pas là tout d’abord pour donner un enseignement
académique, mais pour enseigner la Foi catholique et favoriser la vie
spirituelle et morale catholique dans mes jeunes élèves.
De plus, chaque jour
de ma présence sur le campus, en habit d’Oblate de la Fraternité, était une approbation
tacite de la direction de l'école, ce qui était devenu contraire à ma
conscience.
En conséquence, j’ai décidé de quitter l’école pendant la Semaine
Sainte pour avoir ainsi le temps de préparer mes très jeunes élèves et toute
l'école primaire à mon départ. J'ai
parlé officieusement au directeur de ma décision un peu avant sa réalisation
afin que lui, aussi, ait un peu de temps (cinq semaines) pour préparer le début
du troisième trimestre.
Le 25 mars, j'ai transmis ma démission au Supérieur Général de la Fraternité.
Le 27 mars, le
deuxième assistant du Supérieur Général est venu dans notre école pour écouter
ce que j’avais à dire sur la situation dans notre école et notre paroisse en
général et, plus spécifiquement, au
sujet de «la crise Mgr Egan ». Il m'a proposé de retirer ma démission, ce qui était hors de question. Sa conclusion
fut que je devais partir «le plus tôt possible». Le lendemain matin, je n’ai pas été autorisée
à me rendre à l’école afin d'éviter de créer des remous.
Le 30 mars, j'ai
quitté l'école et la nouvelle Fraternité Saint-Pie X pour pouvoir observer fidèlement
ce que j'avais promis d'observer le jour de mon engagement dans cette Fraternité
bien-aimée, telle que fondée par Mgr Lefebvre.
En ce moment, je
suis très bien accueillie par les fidèles de la Mission Saint-Grégoire de l’abbé
King à Southport. Je peux assister à la
messe tous les jours et préparer la prochaine étape de ma vie religieuse.
Je tiens à vous
remercier du fond du cœur pour votre soutien vraiment merveilleux au cours des
derniers jours de ma présence à Saint
Michael’s School. Cela m'a aidé à traverser
ces heures douloureuses. J'ai été frappée
par le chagrin que beaucoup d’entre vous ont exprimé d’une manière ou d’une
autre. Cela m'a rendu plus consciente du lien fort de
la Charité qui nous unit en Notre Seigneur Jésus-Christ et que nous avons tissé
ensemble au cours des quinze dernières années. Ce lien reste intact, il a
peut-être même gagné en force alors que nous partagions la douleur d'une séparation
brutale. Je vous garde tous dans mes
prières, surtout pendant la Messe. S'il
vous plaît, continuez à prier pour moi aussi !
Que Notre-Dame
vous garde tous dans son Cœur Douloureux et Immaculé qui sera toujours notre point
de rencontre.
Cordialement,
Sœur
Mary-Elizabeth
Addenda : Nous apprenons qu'après avoir fait pression sur les sœurs, le Directeur interroge maintenant les parents dont les enfants n'étaient pas présents lors de la visite de Mgr Egan; leur place dans la paroisse et à l'école est ainsi remise en question ! Dans le nouveau règlement de l'école que les parents doivent signer, il est précisé que "les parents doivent respecter le Pape et l'évêque diocésain".
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