Le débat fait rage au sein de la Tradition Catholique pour savoir si la FSSPX est ralliée ou non. Les uns disent que rien n'a été signé, qu'il y a encore de bons prêtres dans les prieurés en France, que l'abbé Pagliarani doit faire ses preuves et les autres disent qu'il y a des événements récurrents qui manifestent ce ralliement. Comment voir clair dans ce débat si grave pour tous les catholiques qui se revendiquent de l'héritage de Mgr Lefebvre et qui ne veulent pas se retrouver ralliés à l'église conciliaire. Le site Reconquista recevra volontiers toute objection (en respectant l'anonymat) pour assurer l'objectivité de cette réflexion.
Par Gabriel
Source : GloriaTV
1) Distinctions préalables au sujet du ralliement.
Il nous faut d'abord apporter des distinctions entre les principes de ralliement, le processus d’alignement et les actes des membres :
- les principes du ralliement : ils se résument à deux principaux :
a) Le premier est que la FSSPX peut faire un accord pratique (ou toute une série d’accords, pudiquement rebaptisés « faveurs ») sans règlement de la question doctrinale.
b) Le second est qu’il n’y a pas de distinction réelle entre Eglise Catholique et église conciliaire.
- Le principe : « Rester catholiques intègres », ne peut décemment figurer dans cette liste comme principe de la FSSPX. (outre sa contradiction avec les deux premiers principes, nous citons pour mémoire : la Déclaration doctrinale de 2012 non rétractée ; les jugements iniques prononcés contre des prêtres résistants ; l’acceptation du code de 1983 et notamment de la procédure conciliaire d’annulation de mariage ; la joie de la FSSPX à la seule idée de recevoir le nocif Mgr Huonder…)
- le processus :
En soi tout ralliement se définit comme l'entrée des anciens réfractaires dans un processus révolutionnaire.
Or la Révolution, qu'elle soit politique ou ecclésiale, dispose de deux armes différentes pour avancer : la violence et la séduction. Le grand art de la Révolution "conciliaire", c'est de savoir les employer alternativement, en fonction des opportunités du moment et de la façon la plus efficace de circonvenir la résistance des tenants de la foi intègre.
Après la violence des réformes des années 60-70, on est arrivé aujourd'hui à une phase beaucoup plus périlleuse pour les catholiques qui veulent rester fidèles : la séduction.
Benoît XVI a séduit bon nombre de traditionalistes avec son "herméneutique de la continuité", laissant croire qu'on n'avait rien à craindre du "vrai" Concile, dès lors qu'on l'interprète "correctement", c'est-à-dire en n'ignorant pas la tradition antérieure de l'Eglise, mais sans hésiter à la contredire chaque fois qu'elle s'avère contraire au "renouveau" voulu par Vatican II : sans vergogne, on ose parler de "continuité" alors qu'il s'agit de "contradiction" (mais un vrai moderniste, comme l'était avant Benoît XVI le même Abbé Joseph Ratzinger, acteur majeur au Concile, n'est pas à cela près !),
Et maintenant, on a le pape François, qui offre généreusement sa juridiction à ces mêmes traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie X, lesquels s'empressent de l'accepter par la voix de leurs Autorités officielles (Menzingen), et en plus de le remercier !
La séduction fonctionne à merveille : nous ne connaissons pas beaucoup de prêtres de la FSSPX qui aient officiellement récusé la juridiction ordinaire pour les confessions (fin 2015). Idem pour les mariages (2017), à l'exception de quelques Doyens, qui sont vite rentrés dans le rang après avoir été sanctionnés. Et pour les ordinations sacerdotales, on accepte sans protester que l'évêque de Ratisbonne ait simplement dit en 2016 (téléguidé par le pape, bien sûr) que les saints ordres conférés dans la Fraternité sont désormais "tolérés, sans sanction" par l'autorité romaine...
Néanmoins, tous peuvent constater que l’alignement FSSPX-église conciliaire n’est pas encore parfait en tous points.
- les actes matériels posés par tous les membres, tous les jours : un champ immense de nuances s’offre à nous. Certains actes sont des actes de ralliement : accepter la reconnaissance des mariages, donner l’absolution selon la juridiction conciliaire, pratiquer une politique universelle de rapprochement avec le clergé conciliaire etc. D’autres sont neutres : baptiser un enfant, diriger une école etc. D’autres sont contraires au ralliement : protester contre la venue de Mgr Huonder, ne pas s’agenouiller devant « saints » Jean-Paul II et Mère Thérèsa, donner l’absolution selon la juridiction de suppléance (nous ne jugeons pas ici de la validité ou de la moralité propre à ce dernier acte) etc.
2) Jugement sur le ralliement selon les principes.
- la FSSPX est ralliée, car elle est ralliée dans les principes. Il y a dans cette constatation un aspect essentiel, que personne ne peut contourner. La FSSPX ne peut plus se relever de l’abandon de ses anciens principes (Mgr Freppel), à moins de les reprendre en chassant les nouveaux. Donc il va falloir être net et tranchant pour revenir aux bons principes.
- les principes de ralliement posés, le processus de recyclage s’ensuit, jusqu’à ce qu’il atteigne sa plénitude : soumission au moins publique à Vatican II, et notamment à Nostra Aetate et au nouveau peuple-messie, soumission qui est l’origine et la fin de ce concile. A noter que ce n’est pas parce que le processus d’alignement n’est pas encore terminé que la FSSPX n’est pas totalement ralliée dans les principes. Il faut du temps : vu depuis l’église conciliaire, la FSSPX vient tout de même de très loin ! Cependant les nouveaux principes font et feront que la fusion sera toujours matériellement de plus en plus grande entre la FSSPX et l’église conciliaire.
- quant aux actes posés par tous les membres, tous les jours, même phénomène que pour le processus. Les principes qui font la FSSPX ralliée, seront le modèle auquel se conformeront toujours plus et ses membres et leurs actes, moyennant la constante pression des Supérieurs…
Voici une image tirée du catéchisme : c’est celle de l’âme d’un juste qui tombe dans le péché mortel et y reste. Même s’il pose plein de beaux actes après, tout cela ne vaut rien pour gagner l'éternité bienheureuse. Par la suite, les beaux actes en question vont certainement diminuer en nombre. L’image ne vaut évidemment que pour la société et nous n’insinuons aucun jugement sur telle personne. Mais nous mettons en garde que la grâce, dans cette ambiance, va nécessairement aussi se raréfier pour les personnes.
Comment s’articulent les nouveaux principes dans la tête des supérieurs de la FSSPX ? Quelle dynamique imposent-ils ?
En théorie.
Si concrètement l’église conciliaire est purement et simplement l’Église de toujours (2nd principe), alors plus rien ne doit s’opposer à la fusion parfaite des deux structures. Ce principe d’identité, frauduleusement adopté en 2013 par la FSSPX, est souvent mal mesuré dans toute sa force révolutionnaire et subversive.
Le problème doctrinal demeure, mais il n’empêche pas l’accord pratique (1er principe).
En pratique.
Une obéissance sans faille même seulement extérieure est exigée relativement aux décisions de mise en œuvre de ces 2 principes. Toute résistance est sévèrement punie.
Pour donner le change aux conservateurs, il reste la soupape de sécurité : « Ah mais cher ami, le problème doctrinal demeure. »
Toutes les décisions de la Néo-FSSPX trouvent leur raison ici. C’est une mécanique suffisamment huilée pour obtenir l’assentiment de membres finalement peu désireux jusqu’ici d’aller trop loin dans leur réaction.
Que ces membres se rendent compte de l’aspect implacable de cette mécanique qui les conduit nécessairement à d’interminables et honteux reniements. Des reniements du Christ en l'occurrence.
3) Conclusions :
- L’inachèvement du processus de recyclage, ou une certaine confusion dans les actes des membres de la FSSPX, ne doivent pas nous empêcher d’affirmer que la FSSPX est ralliée.
- Cet inachèvement et cette confusion doivent être prises en compte pour agir et parler prudemment, mais ne doivent pas mener à faire l’impasse sur la logique implacable des principes.
-Faire primer l’inachèvement du processus de recyclage de la FSSPX, ou une certaine confusion dans les actes des membres, en reléguant en dernier les mauvais principes, dans le but de justifier de rester dans la FSSPX est le début d’un mensonge flagrant (cf. Le Déclin du courage de Soljenitsyne). Un mensonge confortable à souhait, qui au départ n’a l’air de rien du tout…
- Il faut choisir de revenir à Dieu, à la vérité, quoi qu’il en coûte.