Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit-il.
Mon Révérend Père, cher messieurs les abbés, chers amis, chers fidèles,
La fête de sainte Jeanne d’Arc, canonisée dans les années 1920, la gloire de l’histoire de la France, l’héroïne la plus glorieuse de l’histoire de la France, mais comprenons bien cette héroïne. « Dieu premier servi ! » : elle a été, de fait, si je ne me trompe, bien honorée en Angleterre, par les catholiques en Angleterre, dès sa canonisation. Il y a donc quatre-vingt-dix ans. Parce que les catholiques anglais comprenaient bien la chose : ce n’était pas pour eux, si vous voulez, du nationalisme. Le nationalisme était plutôt exclu, parce que ce n’est pas une lutte contre la nation des Anglais, mais les catholiques en Angleterre ont vu dans sa canonisation, bien sûr, la canonisation d’une héroïne de l’Eglise, et de la chrétienté, ce qu’elle était, c’est évident.
Il y a une grande leçon pour nous, aujourd’hui, dans tout cela : c’est-à-dire que les nationalistes d’aujourd’hui se battent pour la nation, se dévouent à la nation, veulent conserver la nation, mais sans Dieu, ils n’y arriveront pas. Les conservateurs, qui cherchent à conserver sans Dieu, même si c’est quelque chose de très bon, quelque chose de l’héritage chrétien, sans Dieu, ils ne conserveront rien, ils finiront par ne rien conserver. C’est triste, mais Dieu est Dieu, et de Dieu on ne se moque pas, et les problèmes universels, les problèmes qui pénètrent tout dans le monde moderne à cause du manque de Dieu, ces problèmes du refus de Dieu ne se résolvent pas sans Dieu.
Les problèmes causés par le refus de Dieu ne se résolvent qu’en revenant à Dieu. Et donc, que les braves nationalistes reviennent à Dieu ! Autrement ils perdent leur temps : cela vaut pour l’Angleterre, pour la France, pour n’importe quelle nation. C’est Dieu qui est important, Dieu premier servi, et non pas deuxième ou troisième servi !
Nous avons maintenant dans la tradition, des graves problèmes pour les mêmes raisons. Au moment de sainte Jeanne, donc au XVème siècle, c’était la guerre entre les nations, c’était la déchéance du Moyen-Age, et sainte Jeanne d’Arc était un grand don de Dieu, pour obtenir un sursis pour la chrétienté vers la fin de son glorieux Moyen-Age, pour obtenir encore cent ans avant la révolution protestante.
Et sainte Jeanne elle-même, vous vous souvenez, son premier souci n’était pas de guerroyer les Anglais. Guerroyer les Anglais était un moyen, pas une fin. La fin immédiate était de faire couronner le roi légitime de France à Reims, selon les méthodes, selon les rites, selon les cérémonies multiséculaires. Parce que l’autorité vers la fin du Moyen-Age, l’autorité « déchoyait ». Et donc, elle a voulu, pour servir Dieu, elle a voulu restaurer le roi : pour restaurer le roi guerroyer les Anglais.
Donc guerroyer les Anglais arrivait en troisième, restaurer le lieutenant de Dieu était en deuxième, et servir Dieu était en premier. Et puisqu’elle voulait, c’était une sainte, suscitée par Dieu, puisque donc elle avait premièrement en vue le service de Dieu, elle a réussi ! elle n’a pas été infidèle à sa mission divine, et, allant jusqu’au bout pour Dieu, elle a donné aux Français et aux Françaises, depuis ce magnifique exemple héroïque, jusqu’au martyre, qui a scellé toute sa carrière, tout ce qu’elle faisait, tout ce qu’elle a voulu faire, qui a donné le sens plénier à toute sa carrière antérieure. Puisqu’elle a servi Dieu, elle a réussi !
Et l’autorité, le principe de l’autorité à travers le roi de France a été restauré et fortifié en France encore plusieurs siècles, jusqu’à la Révolution française. La Révolution française va poser la civilisation chrétienne sur de toutes autres bases, c’est un nouvel ordre mondial qui s’annonce : l’ordre des ennemis de Dieu, la franc-maçonnerie. Et puis, au XIXème siècle, on voit de nouveau les chrétiens, les catholiques qui comprennent, qui cherchent d’abord les intérêts de Dieu, et c’est la gloire du renouveau des missions, c’est l’œuvre missionnaire de la France dans le monde entier.
Les missionnaires français qui pénètrent partout dans le monde pour évangéliser et pour la vraie gloire de la France, la gloire de missionnaires comme Mgr Lefebvre, qui ne cherchent pas en premier les intérêts de la nation française, mais qui cherchent en premier la gloire de Dieu, et qui font la gloire de la nation française, la vraie gloire de la nation française. Mais, en même temps, il y a ceux qui veulent compromettre. Les bourgeois, disons les bourgeois. Il n’y a pas que du mal dans la bourgeoisie : sainte Thérèse de Lisieux était bourgeoise, Mgr Lefebvre était bourgeois, nous sommes nombreux à être des bourgeois, ce n’est pas un péché en soi. Mais ceux qui au XIXème siècle ont voulu faire une nouvelle civilisation, faire un compromis avec la Révolution, donc le catholicisme libéral, ils n’ont pas conservé, ils n’ont rien conservé, ils ont fait glisser l’Eglise et ils ont fait glisser toute la civilisation encore plus vers le nouvel ordre mondial.
En cherchant à sauver leurs propres intérêts de cette moyenne classe, cette nouvelle moyenne classe ; cette nouvelle moyenne classe arrivant au pouvoir et cherchant ses propres intérêts, ne les a pas servis, parce que la bourgeoisie serait subvertie et attaquée et remplacée à son tour par la classe ouvrière avec l’arrivée du communisme. La bourgeoisie qui a cherché ses propres intérêts, et a cherché, si vous voulez, à atteler Dieu, atteler l’Eglise à ses propres intérêts : ça ne marche pas ! Le vrai Dieu n’est pas un dieu qui se laisse atteler aux intérêts mesquins humains. Dieu est Dieu ! Et alors, la bourgeoisie rate son coup, si vous voulez, et elle arrive au XXème siècle où elle cherche un compromis définitif avec le monde, le nouveau monde, avec le nouvel ordre mondial.
Et qu’est-ce que ce compromis ? C’est Vatican II ! Et là encore cherchant non pas en premier, et tout d’abord les intérêts de Dieu, mais cherchant à établir une espèce de chrétienté qui s’entend avec le monde moderne, qui s’adapte au monde moderne, c’est le désastre et pour l’Eglise et pour cette pauvre bourgeoisie…parce qu’elle est subvertie, elle est entourée de ses ennemis, des ennemis de ce qui reste, de tout ce qui reste de chrétien dans la bourgeoisie, et au fur et à mesure que la bourgeoisie perd ce qui est encore chrétien en elle, elle arrive là où elle est aujourd’hui, là où on en est aujourd’hui : aux prises avec des démons partout, partout, partout. Et sans aucune idée, sans presqu’aucune idée de comment combattre le démon, parce que la religion a été faussée, et - c’est elle qui a faussé la religion avec Vatican II - la religion est désormais inutile, ce n’est que du Ciel qui a perdu sa saveur, et qui n’est bon qu’à être jeté et mis dehors.
Mais, toujours des agents du compromis, toujours ces catholiques qui veulent s’adapter, qui veulent s’entendre avec le monde, qui ne cherchent pas en premier, et jusqu’au martyre, les intérêts de Dieu, mais qui cherchent les intérêts de « la Tradition » que le bon Dieu a donné aux meilleurs des bourgeois…disons, c’est une façon de parler évidemment : tous les meilleurs ne sont pas dans « la Tradition » et tous ceux qui sont dans « la Tradition » ne sont pas les meilleurs ! Mais quand même, Mgr Lefebvre c’est encore un très grand don de Dieu à une chrétienté en déchéance, pour que ceux qui veulent se ressaisir puisse se ressaisir. Et en effet, il y a tout un mouvement qui se dresse derrière Mgr Lefebvre, et c’est la Tradition ! La Tradition : Mgr Lefebvre met en premier les intérêts de Dieu et pour cela…il y a très peu de conservateurs ces derniers deux cents ans qui ont réussi, mais Mgr Lefebvre a réussi au moins pour la durée de sa vie, parce qu’il a cherché les intérêts de Dieu tout d’abord.
Dieu premier servi ! Mais il meurt. Vingt ans passent, et le monde moderne caresse, le monde moderne séduit et nous avons toujours ces enfants de la bourgeoisie, si vous voulez, qui cherchent à s’entendre à la façon des bourgeois avant Vatican II, qui cherchent à s’entendre. Cette fois-ci ce n’est plus le monde et l’Eglise, cette fois-ci c’est le Concile, qui est supposé concilier le monde et l’Eglise, avec la Tradition. Contre ce faux compromis du Concile, Mgr Lefebvre a érigé de nouveau la bannière de « Dieu premier servi ». Et maintenant Dieu premier servi à compromettre avec le Concile ! C’est peut-être mieux que Notre Seigneur avec le monde, parce que le Concile c’est à moitié catholique, mais de fait les compromis sont toujours dangereux parce que plus séducteurs et le mal est mieux caché.
Donc aujourd’hui, nous avons la Tradition en train d’être séduite par ses représentants qui ne veulent pas mettre Dieu en premier, et qui n’ont pas compris : Dieu premier servi ! Qui devraient retourner à l’école de sainte Jeanne d’Arc pour apprendre qu’on ne conserve qu’en cherchant les intérêts de Dieu, on ne sauve qu’en poursuivant les intérêts de Dieu. Et donc nous voilà maintenant dans une nouvelle crise, un renouveau de Vatican II, parce que c’est essentiellement - Eglise et monde et puis Concile et Tradition - c’est essentiellement le même compromis ! Ce compromis ne marchera pas, ne marche pas, et ne marchera pas ! Malgré toute la bonne volonté des meilleurs qui sont engagés là-dedans, qui peut-être guerroient dans ce sens avec la bonne volonté. Mais s’ils n’ont pas compris : c’est inutile.
Un fort moteur et un faible volant, c’est toujours le désastre ! On ne corrige pas le volant en fortifiant le moteur ! Ou en mettant le pied sur l’accélérateur…on ne fait que fortifier l’accident, en mettant le pied sur l’accélérateur si le volant est faible : il faut corriger le volant avant de fortifier le moteur, autrement c’est le désastre. Maintenant, ces pauvres « comprometteurs » qui ont perdu le sens des intérêts de Dieu, parce qu’en fin de compte, ils ont perdu le sens de Dieu. Ils ont perdu le sens de la vérité, ils ont perdu le sens de Dieu. Ils en gardent certainement un certain sens. Mais nous-mêmes, mes chers amis, nous-mêmes, allons-nous constituer une « résistance » qui à son tour, en une vingtaine d’années, une trentaine d’années, aura besoin d’être purifiée par le Bon Dieu, parce que nous aurons perdu de vue, en bons bourgeois, nous poursuivrons nos propres intérêts les mêlant avec les intérêts de Dieu ? Allons-nous être les troisièmes en ligne ou les quatrièmes, cinquièmes ou sixièmes en ligne qui ne veulent pas comprendre ?
Mes chers amis, faisons un examen de conscience, et voyons si nous comprenons vraiment la leçon de sainte Jeanne d’Arc, la leçon de la révolution française, la leçon du libéralisme catholique du XIXème siècle, la leçon de Vatican II et maintenant la leçon que nous inflige le Bon Dieu dans sa sagesse et sa bonté. Comment voulons-nous arriver au Ciel avec un compromis ? Ce n’est pas possible. Dieu veut que nous arrivions au Ciel, il mate les compromis, les compromissions. Alors apprenons bien notre leçon ! Sachons chercher le vrai sens de Dieu, rien de moins, le vrai sens de la vérité, et le vrai sens de sainte Jeanne d’Arc, si je puis dire. Et ce faisant nous ferons tout ce que nous pourrons, en cherchant d’abord Dieu : Dieu premier servi !
Nous ferons le plus que nous puissions faire, pour nos contemporains, pour le pauvre monde moderne, pour la pauvre France, pour la pauvre chrétienté, ce qui en reste…Tout cela, c’est en cherchant tout d’abord et absolument tout d’abord les intérêts de Dieu que nous y arriverons ; et si nous n’apprenons pas cette leçon là, nous n’y arriverons pas ! Apprenons notre leçon au moment où nous pensons à constituer une « résistance » disons. Pensons à cette leçon là et approfondissons, et appliquons dans toute notre vie. La chrétienté a été fondée par Notre Seigneur bien sûr, par les apôtres bien sûr et ensuite par toute une époque de martyrs de Rome. Si nous sommes des catholiques romains, c’est à cause du sang qui a été versé.
Le Bon Dieu ne nous demande pas encore de verser notre sang, mais dans les années qui viennent cela peut bien venir. Nous ne demandons pas aujourd’hui les grâces de demain. Il ne nous revient pas, il ne nous convient pas de demander à Dieu les grâces du martyre, mais il nous convient bien de demander à Dieu les grâces de l’esprit de sainte Jeanne d’Arc, pour vivre notre catholicisme en profondeur, selon ce principe de : Dieu premier servi !
Nous ne cherchons pas nos propres intérêts, notre petit confort d’une belle chapelle, d’un bon Monsieur l’abbé, d’une gentille petite école pour les enfants, non ! Ce n’est pas cela : nous cherchons Dieu. Alors mes chers amis, profitons de cette fête de sainte Jeanne d’Arc, de son exemple magnifique : cette femme qui guerroie les guerriers d’Angleterre, les hommes, et qui fait honte aux guerriers français avant de les ressusciter pour qu’eux-mêmes, après sa mort, ils guerroient comme il faut ! Suivons cet exemple magnifiquement féminin, authentiquement féminin…Le Bon Dieu nous donne ces femmes pour nous conduire : c’est l’exception qui prouve la règle !
Parce que nous autres, hommes, nous avons besoin d’être humiliés régulièrement. Nous nous enorgueillissons et les conséquences ne sont pas bonnes. Profitons et comprenons : profitons de cet exemple et comprenons le bien pour que nous guerroyions pour les intérêts de Dieu et pour Dieu premier servi, et Dieu nous récompensera avec la continuation d’un vrai catholicisme, capable de nous conduire au Ciel.
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit-il.