lundi 3 avril 2017

MILES CHRISTI XIII (suite)

Résumé : Dans cette quatrième partie, l'abbé Chazal nous entretient de difficultés inhérentes à la situation très particulière que nous vivons : celle qui résulte de la défaillance des autorités.

Dans nos milieux, l'un des facteurs d'anarchie est la prolifération de théologiens laïques en pantoufles et autres bloggers aux idées très arrêtées, qui se font justice eux-mêmes. Non que ce soit leur faute : ce désordre provient du vide de pouvoir qui fait suite à l'abus de confiance commis par les autorités. Et cependant, sans en avoir conscience, ces laïques se saisissent du glaive du pouvoir spirituel et s'arrogent le droit de condamner des fidèles, des groupes de fidèles, des clercs et même des évêques, en fonction des erreurs qu'ils perçoivent. Ils ne se rendent pas compte que c'est là une chose que nous faisons le moins possible et toujours avec grande patience. Nous avons montré une grande patience à l'égard de l'abbé Pfeiffer, lui donnant de charitables avertissements et il n'en a pas été autrement avec Mgr Fellay : pendant un très long temps (trop longtemps selon l'abbé Ceriani, qui considère cette patience comme du libéralisme), nous avons supporté ses prises de position libérales.

Goa Janvier 2017
Je le répète, les fidèles aux idées très arrêtées commencent toujours bien. Il était nécessaire de dénoncer et d'exposer certains faits. Il fallait les porter à la connaissance du public en raison de la négligence de leur devoir envers la Vérité de tant de prêtres qui se cachaient derrière une fausse notion du bien commun, permettant ainsi à un mal commun de prospérer.
Il n'en reste pas moins vrai que l'Église catholique est dirigée par les clercs et cette affirmation ne relève aucunement du cléricalisme. Notre Seigneur Lui-même ne s'est pas dispensé de cet ordre par Lui établi et son douloureux soupir : "Père, si ce Calice ne peut passer sans que Je le boive..." est généralement interprété comme une référence à l'immense nombre d'âmes qui se perdront, malgré tous les efforts de Jésus-Christ, en raison de la trahison des clercs. Et pourquoi Judas est-il devenu apôtre?

Cebu Février 2017
Les commentateurs hyper-opiniâtres tirent profit de la perte de confiance qui coïncide avec les abus de confiance perpétrés à notre époque. Et tandis que les prêtres et les évêques reconstruisent une autre ligne de résistance, ils sont la cible de prêtres et de laïques qui grossissent les problèmes aux yeux du public, alors que la situation est calme et que les choses avancent, le rejet le plus total de l'Église conciliaire sous tous ses aspects étant un facteur d'unité (après notre Foi et notre lien juridique).

Mais nous finissons par ignorer purement et simplement ces gens, parce que c'est sur le champ de bataille, au sein des groupes, dans les chapelles, les maisons et les séminaires que les choses se décident, et non à l'intérieur de la blogosphère, qui a eu un temps son utilité.

Enfin et surtout, disons que si, nous, clercs, laissions le glaive du pouvoir spirituel entre les mains des laïques, ce serait un véritable carnage... Le peu qui demeure du "petit reste" serait instantanément massacré. Malgré tous leurs défauts épouvantables, les prêtres ont une maternité naturelle à l'égard des petites brebis que ne possèdent pas (du moins à en croire les blogs) les laïques. "Tamquam nutrix fovens filium suum..." (Épître de la fête de Saint Pie X). Avant de nous séparer de qui que ce soit, nous devons user de patience, de bonté; nous devons parler, exhorter, supplier, prodiguer conseil sur conseil...l'exclusion des sacrements et l'expulsion étant l'ultime recours, après que le délinquant a longuement et amplement abusé de notre patience.
Cebu Février 2017

Pourquoi tout ce discours? Ne suis-je pas en train de devenir sentimental au lieu de rester doctrinal? Ne favorisé-je pas le chaos avec cette maternité sacerdotale fraîchement découverte?

Non, car je ne fais pas autre chose que ce qu'a fait Notre Seigneur. Remarquez bien que Jésus-Christ disait toujours la Vérité. La meilleure explication que l'on puisse trouver à son choix du peuple juif est qu'Il a voulu montrer sa divine, son infinie longanimité en supportant les nuques les plus raides de toute la galaxie."Comme il est étrange que Dieu ait choisi les Juifs", dit Chesterton...  Étrange et pourtant pas si étrange que ça. C'est la manière d'agir du Bon Dieu.

Donc, lorsque des fidèles nous demandent de mettre à la porte tel ou tel homme, tel ou tel prêtre, la réponse est non, à moins qu'il n'y ait péril grave et imminent, ce qui est rare.

Bien sûr, certains nous parleront des périls qui nous menacent de près. L'exagération du danger est une des formes de la lâcheté. La plupart des gens qui doivent être exclus s'en vont d'eux-mêmes, comme ce fut le cas, à Melbourne, pour le comité révolutionnaire, les sédévacantistes amers et les libéraux impénitents. Que Dieu nous pardonne pour ceux que nous avons perdus par notre propre faute, car Seul Notre Seigneur Jésus-Christ peut dire: "J'ai gardé ceux que Vous m'avez donnés et Je n'en ai perdu aucun."