jeudi 14 décembre 2017

Comment Notre Dame a sauvé la France le 8 décembre 1947


Les Français oublient facilement que le Ciel est intervenu en leur faveur alors que la situation pouvait sembler humainement désespérée. Qui d'entre nous connaît bien apparitions de Notre-Dame à l'Ile Bouchard en 1947 ? Peu, sûrement et mal, très certainement. Nous vous proposons aujourd'hui de les découvrir à l'occasion de son 70ème anniversaire. C'est un message d'espoir dans les ténèbres qui envahissent actuellement la Papauté, l’Église et les nations chrétiennes et ces apparitions nous rappellent  combien nos prières confiantes sont agréables au ciel et qu'elles peuvent tout changer. 


Les apparitions de Notre-Dame à l'Ile Bouchard en 1947


Au terme du centenaire de Fatima, un autre anniversaire, plus discret, mérite cependant toute notre attention en cette fin d’année 2017 : celui des apparitions de Notre-Dame à L’Ile-Bouchard, il y a soixante-dix ans. La très sainte Vierge y est intervenue pour sauver la France d’un grand danger, comme elle l’avait déjà fait à plusieurs reprises dans l’histoire de notre pays, notamment à Pontmain (1871) pour stopper l’invasion prussienne.
Les apparitions de L’Ile-Bouchard n’ont été reconnues officiellement qu’assez récemment, mais l’autorité religieuse s’est toujours montrée bienveillante. 

Situation de la France fin 1947

La France traverse alors une crise politique et sociale d’une extrême gravité. En mai, les ministres communistes ont été expulsés du gouvernement. Depuis, le PCF et la CGT mènent une dure campagne d’opposition, et l’on craint une tentative de prise de pouvoir. En novembre, la grève se généralise, paralysant le pays (au total, vingt-deux millions de journées de travail auront été perdues en 1947). Les incidents se multiplient : sabotages, attentats, violentes manifestations, émeutes dans quelques villes les 6 et 7 décembre. On est au bord de la guerre civile ; le gouvernement et la police ne savent comment l’empêcher.
Or, à la surprise générale, le soir du 9 décembre, le comité national de grève donne l’ordre de reprendre le travail. Le 10 au matin, trois millions de grévistes retournent à leurs usines et leurs
ateliers. Le calme revient dans le pays. Que s’est-il donc passé ?

Les voyantes
L’Ile-Bouchard est un village de Touraine situé à l’est de Chinon. C’est dans l’église paroissiale Saint-Gilles que la Messagère de Dieu va se manifester à quatre enfants du village : Jacqueline Aubry (12 ans), sa petite sœur Jeannette (7 ans), sa cousine Nicole (10 ans) et son amie Laura (8 ans).
Comme souvent, la Vierge Marie apparaît à des enfants : pour voir notre Mère, il faut avoir un cœur d’enfant. « S’il n’y a eu que les enfants à voir, c’est qu’ils en sont plus dignes que nous », avait dit l’abbé Guérin, curé de Pontmain.
Jacqueline, qui a déjà une grande dévotion à la très sainte Vierge, vient chaque jour prier dans l’église : Notre-Dame aime les âmes mariales, les âmes de prière.
Les apparitions durent du 8 au 14 décembre : elles commencent donc le jour de l’immaculée Conception, et se prolongent durant l’octave de la fête, que l’on célébrait encore à cette époque. Signe de l’importance qu’il faut accorder à ce privilège de notre Mère et aux bienfaits qui en découlent pour ses enfants.


 Les apparitions du 8 décembre
En début d’après-midi, les fillettes viennent réciter une dizaine de chapelet devant l’autel de la sainte Vierge, surmonté d’une statue de Notre-Dame des Victoires. A gauche, le vitrail de Notre-Dame de Lourdes représente l’apparition de l’immaculée Conception à sainte Bernadette. Ces deux éléments, statue et vitrail, peuvent être mis en relation avec la fête du jour, en laquelle l’Église nous fait chanter : « C’est aujourd’hui l’immaculée Conception de la sainte Vierge Marie, qui, de son pied virginal, a écrasé la tête du serpent. » L’Immaculée Conception, première victoire sur le démon et le péché, est le gage de bien d’autres victoires.
Pendant leur dizaine, les enfants voient tout à coup, entre l’autel et le vitrail, une grande lumière au milieu de laquelle apparaît « une belle Dame, se tenant dans une grotte et ayant à sa droite un ange ». « Oh, la belle Dame ! » s’exclame Nicole. « Oh, le beau ange ! » reprend la petite Jeannette, qui ignore encore certaines subtilités de la langue française. Elles continuent à prier. La Dame les regarde en souriant avec bonté, puis elle disparaît.
Les quatre compagnes se rendent à l’école, mais reviennent un peu plus tard. La belle Dame se montre à nouveau. Son visage est toujours plein de douceur, voilé cependant par la tristesse. Lentement elle s’adresse aux fillettes : « Dites aux petits enfants de prier pour la France, qui en a grand besoin. » Les plus petites demandent alors : « Madame, est-ce que vous êtes notre Maman du Ciel ? » La Dame sourit : « Oui, je suis votre Maman du Ciel. » Aux deux derniers mots, elle élève les yeux. Jacqueline l’interroge : « Quel est l’ange qui vous accompagne ? » Et l’ange lui-même de répondre : «Je suis l’ange Gabriel. » Puis la belle Dame fait signe aux enfants d’approcher : « Donnez- moi votre main à embrasser. » Jacqueline tend la main, et la Dame y dépose doucement un baiser silencieux. De même pour Nicole. Mais les deux benjamines sont trop petites : Jacqueline les soulève alors sans effort pour permettre à la Dame d’embrasser leur main. Peu après, les deux personnages disparaissent « dans un nuage de poussière d’argent ».
En fin d’après-midi, les paroissiens sont réunis autour de leur curé, devant l’autel de la sainte Vierge, pour le chapelet et la bénédiction du Saint-Sacrement. Seule des quatre voyantes, Jacqueline s’y trouve. La Dame lui apparaît pendant la cinquième dizaine, se retire le temps du salut (Marie s’efface devant son Fils) et réapparaît dès que la cérémonie s’achève.
Le lendemain, la belle Dame et l’ange se montrent deux fois. Et chacun des jours suivants, du 10 au 14, ils reviennent à 13 heures. Plutôt que de raconter en détail ces diverses apparitions, observons les deux personnages tels que les enfants les ont décrits, puis réfléchissons sur les paroles de la très sainte Vierge.

Notre Dame de l'Ile-Bouchard
Comme dans les autres apparitions de la Vierge Marie, c’est d’abord sa beauté qui frappe les enfants : « Oh, la belle Dame ! » (Jacinthe répétait sans cesse les mêmes mots après la première visite de Notre-Dame de Fatima.)
Son visage, surtout, est « extraordinaire de beauté ». Il respire la tendresse, la bonté, la pureté. Le bonheur aussi, avec un ineffable sourire, « doux comme celui d’un enfant ». Parfois pourtant l’expression se fait triste, lorsque la Dame demande que l’on prie pour la France ou pour les pécheurs.
La belle Dame se tient dans une grotte. A trois reprises, elle demande que l’on en construise une à l’endroit précis où elle apparaît.
Elle est vêtue comme Notre-Dame de Lourdes. Ses mains sont jointes devant sa poitrine, sur laquelle on peut lire, en lettres d’or : MAGNIFICAT. Ainsi placé, ce mot traduit la joie et la reconnaissance dont déborde son Cœur Immaculé.
A son bras droit pend un long chapelet, terminé par un crucifix en or, dont on verra plus loin l’importance.
A ses pieds, cinq roses. La rose, symbole de l’amour et de la joie, est la fleur préférée de celle que nous appelons « rose mystique ». Le choix de cette fleur nous invite à faire monter vers Notre-Dame le bouquet de roses que constitue le Rosaire.
Sous les roses, en lettres d’or, on lit, le premier jour, l’inscription de la rue du Bac : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous.» Les jours suivants, elle est remplacée par les mots: «Je suis l’immaculée Conception. »
Nombre d’éléments (le vitrail voisin, la grotte, la tenue de la Dame, le chapelet, les roses, la deuxième inscription) rappellent les apparitions de Lourdes : c’est bien l’immaculée Conception qui visite à nouveau notre pays.

L'ange Gabriel
Lui aussi est resplendissant de beauté. Il garde un genou en terre, signe de sa profonde révérence envers la Reine des anges. Recueilli, il demeure « en contemplation et en admiration de Marie », tout en lui présentant quelques lys, symbole de la pureté virginale de l’immaculée. Saint Gabriel est l’ange de l’Annonciation, celui qui a prononcé pour la première fois les paroles si souvent répétées depuis vingt siècles : «Je vous salue, pleine de grâce... »
Tout cela nous fournit de précieuses indications sur la façon dont nous devons réciter notre chapelet : observer la révérence due à notre Reine ; rester « en contemplation et en admiration de Marie », tout en lui offrant nos lys ou nos roses ; prêter une attention particulière au mystère de l’Annonciation, que saint Louis-Marie appelle le « mystère de l’Incarnation », et dont il affirme que c’est « un abrégé de tous les mystères » ; bien dire nos Je vous salue Marie.


Les paroles de Notre Dame
A son habitude, la Vierge Marie parle peu. Raison de plus pour recueillir soigneusement les termes du message que, par l’intermédiaire des quatre voyantes, elle adresse à tous ses enfants.
• « Priez pour la France » : c’est le cœur du message de L’Ile-Bouchard. Les tout premiers mots de Notre-Dame sont une demande de prière : « Dites aux petits enfants de prier pour la France. » (Ils évoquent l’inscription de Pontmain : « Mais priez, mes enfants ! ») Le 9, la Dame y revient : « Priez pour la France, qui, ces jours-ci, est en grand danger. » Et le lendemain, lorsque Jacqueline lui demande de bien vouloir « faire un miracle pour que tout le monde croie », elle répond : «Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles, mais pour vous dire de prier pour la France. » Elle le répète encore deux jours plus tard.
Remarquons d’abord l’insistance de la Messagère de Dieu sur la prière, puis sa confiance en la prière des « petits enfants » — que nous devons tous devenir pour entrer dans le Royaume des cieux —, enfin l’intention qu’elle recommande : notre pays, qui lui est si cher, comme elle l’a montré en bien des occasions, notamment rue du Bac (la France y était représentée par une partie privilégiée du globe qui se trouvait aux pieds de l’immaculée).
   « Je suis votre Maman du Ciel » : merveilleuse réponse à la question, merveilleuse également, posée par les enfants le premier jour. Elle rappelle celle de la première apparition de Fatima : «Je suis du Ciel », et la pensée de Jacinthe : «J’aime tant le Cœur Immaculé de Marie : c’est le Cœur de notre Maman du Ciel ! »
Recevons avec un cœur d’enfant cette parole jaillie d’un cœur de mère : «Je suis votre Maman du Ciel », et laissons- la entrer profondément en nous.
   « Donnez-moi votre main à embrasser » : signe de tendresse affectueuse de la part de celle qui vient d’affirmer : «Je suis votre Maman du Ciel. » Marque de respect également ; dans le même sens, on notera la délicatesse de la Vierge Marie, qui vouvoie Jacqueline.
   « Surtout priez beaucoup pour les pécheurs » : trois fois, la Dame demande aux fillettes : « Priez-vous pour les pécheurs ?» Le 12, elle insiste : « Surtout priez beaucoup pour les pécheurs. » Les deux adverbes nous font entrevoir l’immense amour maternel de celle que l’on invoque comme « refuge des pécheurs ». Leur conversion est si importante pour elle : elle sait le prix qu’ils ont coûté à son Fils.
Le dernier jour, une sœur fait poser aux enfants cette question : « Madame, que faut-il faire pour consoler Notre- Seigneur de la peine que lui causent les pécheurs ?» — « Il faut prier et faire des sacrifices. » La Vierge de Fatima avait dit de même : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. »
   « Embrassez la croix de mon chapelet » : le 9, la belle Dame présente aux quatre compagnes la croix de son chapelet à baiser. Les aînées sont assez grandes, mais les petites ne peuvent l’atteindre. Jacqueline les soulève alors avec aisance : quand l’on obéit à Marie et que l’on embrasse généreusement la croix de Jésus, tout devient plus facile. Voyons en cette scène une invitation à baiser la croix de notre chapelet avant et après nos cinq dizaines : ce geste nous rappelle que la croix, au centre du chapelet parce qu’elle est au centre de la vie de Jésus et de Marie, doit être aussi au centre de nos vies.
Notre-Dame trace ensuite très lentement sur elle-même un beau signe de croix : « Elle a voulu nous dire que le signe de croix est une grande et belle prière », expliquera Jacqueline. Ne l’oublions pas.
A la dernière apparition, la Vierge Marie revient sur l’importance de la croix : « Récitez une dizaine de chapelet les bras en croix. » Prière et sacrifices vont de pair.
La place de la croix à L’Ile-Bouchard rappelle celle du crucifix à Pontmain. La Mère de Dieu nous met en face du grand mystère d’amour de la Croix rédemptrice.
   « Baisez ma main » : à deux reprises, la Dame demande aux voyantes de baiser sa main. Comme pour la croix du chapelet, l’aînée porte facilement les plus petites pour leur permettre de vénérer la « main immaculée et toute miséricordieuse » de la Vierge (expression du P. Kolbe dans sa formule de consécration), cette main par laquelle Dieu fait passer toutes ses grâces.
En présentant tantôt le crucifix de son chapelet, tantôt sa main à baiser, Notre-Dame nous montre que c’est inséparablement par la Croix de Jésus et par la Mère de Jésus que nous allons à Dieu. N’est-ce pas du haut de la Croix que Notre-Seigneur nous a dit : « Voici votre Mère » ?
   « Il y aura du bonheur dans les familles » : c’est la réponse faite à Jacqueline lorsqu’elle réclame la guérison de quelques paroissiens. Comme toutes les promesses de Marie, elle est inséparable de ses demandes : prière et sacrifices. Une famille où règne l’esprit de prière et de sacrifice est une famille heureuse. Non que les croix, les épreuves, les difficultés disparaissent, mais elle les présente inlassablement dans la prière à la « consolatrice des affligés ».
   «Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles», répond Notre-Dame à Jacqueline le 10 décembre. Elle ajoute cependant : « Mais demain vous y verrez plus clair et vous ne porterez plus de lunettes. » L’enfant souffrait à la fois d’une forte myopie et de conjonctivite purulente. Le matin du 11, elle constate que sa vue est normale et que ses lunettes sont devenues inutiles. Marie est si bonne qu’elle n’a pu s’empêcher d’accorder cette faveur, même si elle n’est « pas venue » pour cela, mais bien pour demander que l’on prie. La prière, voilà l’urgence ; le miracle, il peut attendre demain.
Le dernier jour, Jacqueline osera cependant insister : « Madame, je vous en prie, faites une preuve de votre présence » (pour la foule, qui ne voyait rien). « Avant de partir, j’enverrai un vif rayon de soleil. » En effet, pendant les dernières minutes de cette ultime visite, un beau rayon de soleil, provenant d’une fenêtre du mur méridional, éclaire l’église. Il contourne même un pilier pour illuminer le lieu de l’apparition. Ce sera le seul rayon de soleil de cette journée couverte : signe de la puissance de « la Dame en lumière », qui trente ans plus tôt avait fait danser le soleil à Fatima. Le rayon miraculeux de l’Ile-Bouchard rappelle celui qui avait illuminé le pape Pie IX dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le 8 décembre 1854, au moment de la promulgation du dogme de l’immaculée Conception.

Les prières préférées de Notre-Dame
D’autres paroles sont à relever, qui nous indiquent comment la très sainte Vierge désire que nous la priions.
   Le Je vous salue Marie : le deuxième jour, la Dame demande : « Chantez le Je vous salue Marie, ce cantique que j’aime bien. » Et les fois suivantes, elle réclame toujours, parfois à plusieurs reprises : « Chantez le Je vous salue Marie. » Elle montre ainsi comme cette prière la touche. « U Ave Maria, dit saint Louis-Marie, est le plus parfait compliment que vous puissiez faire à Marie, puisque c’est le compliment que le Très-Haut lui envoya faire par un archange pour gagner son Cœur. [...] C’est aussi par ce compliment que vous gagnerez infailliblement son Cœur, si vous le dites comme il faut. » Et surtout si vous le chantez comme il faut : chanter, c’est prier deux fois. Jacqueline dira plus tard : « Nous chantions pour faire plaisir à la Dame qui le demandait. » C’est ainsi que nous devons envisager le Je vous salue Marie, le chapelet ou les cantiques en l’honneur de Marie : pour lui faire plaisir.
   Le chapelet : plusieurs fois, Notre-Dame demande aux voyantes ou à la foule de réciter une dizaine. Et le dernier jour : « Continuez le chapelet. » Une dizaine ne lui suffit pas... On pense à Notre-Dame de Fatima : «Je veux que l’on continue à réciter le chapelet tous les jours. »
   « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous » : cette invocation, inscrite en lettres d’or aux pieds de la belle Dame le premier jour, est répétée très souvent au cours des apparitions. Tantôt les enfants la récitent d’elles-mêmes, tantôt la Vierge commence : « O Marie conçue sans péché », et les fillettes répondent : « Priez pour nous qui avons recours à vous. » Habituellement, on reprend trois fois de suite cette formule.
Cette prière, qui nous vient de la Mère de Dieu elle-même par la médaille miraculeuse, lui est donc particulièrement agréable : elle désire être invoquée au titre de son Immaculée Conception.
A L’Ile-Bouchard, on avait coutume de chanter le cantique : « O Marie conçue sans péché, priez pour la France. » Invocation que nous pouvons faire nôtre aujourd’hui.
  Magnificat : nous avons vu que ce mot était inscrit sur le Cœur de notre Mère. Elle veut qu’il soit gravé aussi dans nos cœurs : « Dites à la foule qu’elle chante le Magnificat. » Pendant le cantique, Notre-Dame tourne les yeux vers le Ciel ; elle paraît plus belle et plus heureuse que jamais : « En la voyant, on se croyait au Ciel. »


Notre-Dame de la prière, apprenez-nous à prier
Si l’on voulait résumer en un mot le message de L’Ile-Bouchard, celui de prière s’imposerait. Ce que la belle Dame est venue rappeler à quatre petites françaises, c’est la nécessité de la prière. A travers les fillettes, elle s’adresse à nous tous : une fois, elle demande « d’amener la foule et les enfants pour prier ». Nous qui prions si peu, elle nous exhorte : « Surtout priez beaucoup ! » L’insistance de la Messagère de Dieu sur la prière a conduit les fidèles de Saint-Gilles à l’honorer sous le titre de « Notre-Dame de la Prière ». Il évoque l’âme de Marie, tout habitée par une prière continuelle, et nous invite à prendre la très sainte Vierge comme modèle dans notre prière. Le Rosaire, dont Notre-Dame de L’Ile-Bouchard nous présente l’instrument, permet de regarder successivement, pour l’imiter et la faire nôtre, la prière joyeuse, la prière douloureuse et la prière glorieuse de la Vierge Marie. C’est ainsi que, peu à peu, sous sa douce conduite, nous deviendrons des âmes de prière.
En même temps, nous aurons la joie de contribuer au bonheur de notre Mère : « Plus on la priait, plus elle était heureuse », disaient les voyantes. Marie ne s’appartient pas : Elle est toute donnée, à Dieu premièrement (elle est l’humble « servante du Seigneur »), à ses enfants ensuite (elle est « notre Maman du Ciel »). Aussi ne garde-t-elle rien pour elle-même : les prières que nous lui adressons, elle les fait monter vers Dieu en louange (« quand on la loue, elle loue Dieu », dit saint Louis-Marie), et redescendre sur nous en grâces. Son bonheur est d’abord de glorifier Dieu, puis de faire du bien à ses enfants. Et nos prières lui fournissent cette double occasion. Voilà pourquoi « plus on la prie, plus elle est heureuse ».
En l’église Saint-Gilles s’est répandue la belle invocation : « Notre-Dame de la Prière, apprenez-nous à prier. » La demande que ses disciples faisaient à Jésus (Luc 11, 1), nous l’adressons à la Vierge Marie : « Apprenez-nous à prier. » Apprenez-nous cet art à la fois si simple et si difficile de la prière. Apprenez-nous d’abord qu’il n’y a rien de plus nécessaire, rien de plus urgent que de prier ; apprenez-nous, par conséquent, à donner généreusement à Dieu un peu de notre temps ; apprenez-nous aussi à faire de chacune de nos prières un acte d’amour ; apprenez-nous même à faire de notre vie une prière continuelle, puisque Jésus nous l’a commandé (« il faut prier sans cesse ») ; apprenez- nous surtout à devenir comme vous des âmes de prière.
A L’Ile-Bouchard comme à Lourdes, Pontmain, Fatima, et en tant d’autres lieux où vous avez daigné nous visiter, vous nous redites : « priez », et vous nous indiquez le moyen que vous avez vous-même choisi : le saint Rosaire. Saisissant cette arme bénie, nous vous répétons inlassablement : « priez pour nous, pauvres pécheurs », nous en remettant à votre toute-puissante prière maternelle. Et nous ajoutons : Notre-Dame de la Prière, apprenez-nous à prier !