lundi 16 juillet 2018

L’intelligence Artificielle – I

Mgr Williamson répond ici, en bon réaliste et philosophe thomiste, à ceux qui seraient fascinés par la nouvelle mode de l'intelligence artificielle. Conclusion sans appel : les machines, c'est zéro.  

Kyrie Eleison n° 574
SE Mgr Williamson

Insondable bêtise des hommes qui, en vain Prennent l’ordinateur pour un être divin ! 

L’intelligence artificielle semble s’attirer actuellement de plus en plus d’attention. En fait, les formidables progrès réalisés ces dernières années dans le développement des ordinateurs et des machines connectées, impressionnent tellement les gens qu’ils envisagent sérieusement qu’on puisse confier à des robots informatiques un nombre croissant de tâches effectuées ordinairement par les hommes, voire même des tâches d’ordre divin. Quiconque a gardé tant soit peu de bon sens sait qu’il y a des limites strictes que la capacité des machines ne saurait dépasser ; mais les mêmes personnes savent aussi que le bon sens est aujourd’hui méprisé par les médias, la politique, l’éducation, etc., tous ces moyens à la botte du Nouvel Ordre Mondial, qui a grand intérêt à couper toujours davantage les gens de la réalité, afin de les rendre plus faciles à maîtriser. Il est temps de rappeler ici quelques vérités élémentaires.

Tous les êtres se répartissent en six catégories : en dessous de Dieu, Créateur de toutes choses, les créatures se rangent en cinq ordres : les anges, les êtres humains, les animaux, les végétaux et les minéraux. Ces cinq ordres sont clairement distincts les uns des autres, en dépit des programmes de télévision qui font de leur mieux pour brouiller les traits distinctifs, en particulier entre les hommes et les animaux. Mais, dans la réalité, les distinctions sont claires. En partant du bas : 

Le minéral ne fait qu’ exister parce qu’en lui ne réside ni aucune vie ni aucun mouvement de soi-même. 

Le végétal, en plus d’exister, vit aussi, de par son organisation interne : il a la capacité d’ingérer (par exemple l’eau), de grandir et de se reproduire. 

L’animal est doté de ces trois capacités mais, en outre, il peut recevoir des sensations ; en d’autres termes, par certaines facultés sensorielles ou par l’ensemble des cinq sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût), il accède à une connaissance des choses existant autour de lui.

L’homme possède toutes les capacités ou facultés matérielles de l’animal et du végétal mais, en outre, il partage avec les anges les facultés spirituelles de l’esprit et de la volonté ; autrement dit, outre la capacité de sentir, il est capable de raisonner ; autrement dit, il possède une intelligence capable de lire (lego) les essences universelles à l’intérieur (intus) des perceptions sensibles, et la capacité de vouloir en fonction de ce que l’esprit a perçu. L’animal est dépourvu de cette intelligence et volonté. Quand un animal se comporte de manière apparemment intelligente, comme l’abeille par exemple, ce n’est dû qu’à l’instinct dont le Créateur, suprêmement intelligent, a pourvu tout animal.

Les anges sont dotés d’une intelligence et d’une volonté, mais ils sont dépourvus des facultés matérielles présentes chez les animaux, car les anges sont purement spirituels. (Les facultés animales de la connaissance par les sens et du désir sensoriel n’existent qu’avec la matière, absente chez les anges.) 

Il en résulte que tout ce qui est de l’ordre humain, tout ce qui est humain en tant que tel, est spécifié par ce qui est l’apanage de l’homme seul et qui n’appartient ni aux animaux, ni aux végétaux ni aux minéraux. 

Quant aux machines, elles font entièrement partie de l’ordre minéral : elles sont essentiellement (par essence) inanimées. Quel que soit leur degré de complexité, on ne trouve dans la machine nul principe, nulle origine de vie ou de mouvement. Quel que soit le mouvement qu’elle exécute, grâce à l’électricité par exemple, la machine ne peut l’accomplir sans quelque apport externe. Il s’ensuit que toute activité proprement humaine, intelligente, échappe complètement aux ordinateurs. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est d’enregistrer ce qui leur vient de l’extérieur, ce qui est observable et calculable dans le comportement des gens ; ils peuvent produire des statistiques et des feuilles de calcul, c’est-à-dire des chiffres, pour lesquels ils sont faits. Churchill, politicien nullement saint mais assez humain, disait, “Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges ordinaires, les gros mensonges et les statistiques”. Pourquoi les statistiques sont-elles « mensongères », si ce n’est parce que ce qui est proprement humain leur échappe totalement ? 

Voici un exemple. À New York il y a peut-être 15 ans de là, un groupe d’experts en informatique a conçu un ordinateur, Deep Blue, pour jouer aux échecs contre Kasparov, le champion du monde d’échecs. Or, s’il est un jeu adapté aux ordinateurs, c’est bien le jeu d’échecs, où on est capable d’analyser des milliards de possibilités en quelques minutes, voire quelques secondes, et où on parvient donc à jouer un coup qui ne laisse rien au hasard. Mais, devinez ce qui s’est passé ? Après quelques parties, les experts ont dû adapter les programmes de l’ordinateur afin de correspondre à la façon dont Kasparov jouait ! Les ordinateurs sont privés de vie intérieure et d’initiative ; ils ne peuvent former de pensée, ni sortir en dehors de ce pour quoi on les a programmés ; ils sont absolument incapables de réagir aux éventualités se présentant en dehors de leur programme. Intelligence, vous disiez ? – êtres humains, un ; machines, zéro ! 

Kyrie eleison.