Suite au "scoop" d'hier, nous vous proposons l'analyse de l'abbé Girouard.
Une nouveauté dans la structure de la FSSPX : les Conseillers Généraux
Par l’abbé Girouard (20 juillet 2018)
Chers fidèles,
J’ai appris par Cathinfo (et j’ai vérifié sur DICI et ils le confirment aujourd’hui) que le Chapitre Général de la FSSPX a créé deux nouveaux postes administratifs de haut niveau dans sa structure de direction. En effet, le Chapitre a institué la fonction de « Conseiller Général » qui sera exercée par deux membres de la FSSPX élus par le Chapitre. Leur responsabilité officielle est d’assister le Supérieur Général (et ses deux Assistants) dans la gestion quotidienne de la FSSPX. Ils feront partie du Conseil Général.
C’est une nouveauté pour la Fraternité. En effet, j’ai regardé à nouveau ma copie des Statuts de la FSSPX et il est très clair que traditionnellement le Conseil Général est composé du Supérieur Général et de ses deux Assistants. Donc, maintenant, avec cette nouvelle innovation, le Conseil aura cinq membres au lieu de trois.
Alors qu’il est tout à fait dans les pouvoirs d’un Chapitre Général de faire de telles modifications dans les Statuts, un pareil changement, à cette période de l’histoire de la Fraternité, soulève quelques questions sérieuses. Ceci est amplifié par le fait que les deux officiers élus par le Chapitre pour remplir ces nouvelles fonctions ne sont nul autre que Mgr Bernard Fellay et l’abbé Franz Schmidberger !
Ceux qui sont familiers de la voie libérale adoptée officiellement par la Fraternité depuis 2012, lors de son dernier Chapitre Général, et, non officiellement, depuis l’approbation du GREC par Mgr Fellay en 1997, verront immédiatement l’importance de ces deux facteurs. (Pour ceux qui ne le savent pas, le GREC est un groupe formé de prêtres de la FSSPX, de l’Indult et du Novus Ordo, créé dans le but de susciter une réconciliation entre la Rome non convertie et la FSSPX).
Ainsi, la création de ces deux postes et la nomination des deux officiers pour les occuper ne peut signifier rien d’autre que l’intensification des efforts du Conseil Général pour que la Fraternité obtienne un accord officiel avec la Rome non convertie.
Et j’atteins cette conclusion pour plusieurs raisons :
1. Le développement de la Fraternité depuis le dernier Chapitre (2012) n’est pas tel que le Conseil Général ordinaire ait besoin d’avoir deux membres supplémentaires pour la gestion quotidienne de la Fraternité.
2. Les Statuts originaux fournissaient déjà au Conseil Général un mécanisme l’assurant qu’il pouvait obtenir une aide supplémentaire, et temporaire, de tout autre membre de la Fraternité, à tout moment où il en sentait le besoin. Cela fut fait, par exemple, lors de la réunion des Supérieurs Majeurs à Albano en octobre 2011, qui fut convoquée pour étudier les propositions faites par Rome le mois précédent. De tels mécanismes sont bien prévus dans les anciens Statuts de la FSSPX. C’est pourquoi il n’était pas nécessaire de créer ces deux nouveaux postes, à moins que …
3. Les deux personnes choisies pour être les deux premiers Conseillers Généraux ont tous deux eu de fréquentes et importantes rencontres avec les officiels romains, parfois même avec les Papes, à l’époque où ils étaient Supérieurs Généraux (1982-1994 / 1994-2018). C’est pourquoi, c’est une prudente hypothèse de penser qu’ils ont été élus par le Chapitre PARCE QU’ils ont une si vaste expérience dans les échanges avec la Rome moderne et PARCE QUE leur position en faveur d’un tel accord est bien établie.
4. Ceci étant dit, je pense qu’il n’est pas farfelu de croire que ces deux nouveaux postes ont été, en réalité, CREES TOUT SPECIALEMENT POUR CES DEUX PERSONNES, pour qu’ainsi ils puissent travailler « en coulisses » avec les dignitaires romains, en ayant tout de même une certaine crédibilité officielle aux yeux de Rome. Ainsi ces deux Conseillers Généraux pourront être utilisés par le Supérieur Général comme une «Commission Spéciale » chargée de réaliser les travaux préparatoires à un accord avec Rome.
5. Pendant que la « Commission Spéciale » travaillera en arrière-plan avec les officiels romains, le Supérieur Général lui-même, et ses deux Assistants, pourront garder leur distance officielle par rapport à de telles négociations. Donc ils pourront, si nécessaire, invoquer un « plausible déni » face à des questions gênantes regardant les relations de la Fraternité avec Rome.
En d’autres mots, un tel changement dans les Statuts de la Fraternité est une indication claire que le Chapitre Général entend prendre tous les moyens nécessaires, et ce de façon très énergique, pour en arriver enfin à un accord avec la Rome non convertie. Les Supérieurs Majeurs ont appris à la dure qu’une telle manœuvre doit être réalisée avec les meilleurs outils disponibles, et non pas au hasard comme dans le passé. Ils semblent avoir réalisé que les Statuts originaux définissant les mécanismes administratifs de la Fraternité n’étaient pas adaptés aux efforts requis pour parvenir à un accord avec Rome. En effet, les tumultes éprouvés depuis 2012 leur ont montré que de telles négociations devaient désormais être accomplies de manière « plus prudente », en vue d’éviter une résistance ouverte des membres « du rang » de la Fraternité. C’est pourquoi ils ont changé les Statuts et choisi Mgr Fellay et l’abbé Schmidberger pour occuper ces nouveaux postes.
Ceci n’est rien d’autre qu’un aveuglement volontaire de l’intelligence et un endurcissement du cœur. En effet, au lieu d’écouter les arguments sérieux et convaincants de la Résistance contre un accord avec la Rome non convertie, le Chapitre Général a décidé de changer les Statuts afin d’obtenir une « reconnaissance » officielle de Rome. Espérons que cette imitation de l’obstination du Pharaon n’amène pas sur la Fraternité les plaies que Dieu envoya sur l’Egypte !
Continuons de prier et de nous sacrifier ! Seul Dieu peut nous sauver !
Abbé P. Girouard