En 2015, la FSSPX est entrée dans une case sans retour. |
Retour à la case départ ?
Mais quelle case départ ?
M Sean Johnson a publié il y a quelques jours une très bonne analyse de la situation. Il nous rappelle l'image du Jeu de l'Oie, fréquemment évoquée par l'ancien Supérieur Général à propos des relations de la Fraternité Saint-Pie X avec les autorités romaines.
Après l'entrevue de l'abbé Pagliarani du 22 novembre à Rome, à quelle case départ la FSSPX se retrouve-t-elle aujourd'hui ? On pourrait penser à l'année 2009, époque du début des discussions doctrinales avec Rome. Pour sa part, CMS estime qu'il suffit de remonter à l'année 2015. Dans sa réponse à Sean Johnson, il nous explique pourquoi :
Cher Sean,
Votre analyse est fouillée et très intéressante. Le "jeu de l'Oie" est la meilleure image de la valse-hésitation des autorités de la Fraternité face à Rome. Mais les fidèles apprécient de moins en moins cette situation.
Sans remonter au début de ce "Jeu de l'Oie", c’est-à-dire au point de départ de l'itinéraire en zigzag du ralliement (certains le placent dès 1994, d'autres vers 2000, quelques-uns en 2006, et les plus nombreux en 2012), on peut concilier tout le monde sur une "case départ" plus récente, qui est en réalité le 1er septembre 2015.
A cette date fatidique - mais passée inaperçue - le pape a « mis le pied » dans la Fraternité par la concession de la juridiction sur la confession (et l'extrême-onction).
"Un peu rusé" comme il se qualifie lui-même, François n'a pas demandé son avis au Supérieur général de la Fraternité, n'ayant d'ailleurs nullement à le faire en sa qualité de Souverain pontife, chef suprême de l'Eglise universelle.
Le soir même de ce 1er septembre 2015, Mgr Fellay a remercié le pape pour son "geste paternel". Et il a "omis" de recueillir l'autorisation de son Chapitre : pourquoi en effet respecter cette procédure prescrite par le Chapitre de 2012 pour toute "éventuelle normalisation canonique" ?... puisqu'il ne s'agissait pas d'un "accord" entre Rome et Menzingen, mais d'une mesure unilatérale du pape relevant indiscutablement de ses pouvoirs : tout s'est joué sur ce subtil distinguo !
Mais on sait que remercier son bienfaiteur... vaut accord sur le bienfait reçu.
Qui plus est, Mgr Fellay a feint la surprise ("comme tout le monde, je l'ai appris par la presse", a-t-il écrit), alors que le processus avait été mis en place en accord avec les autorités romaines un an avant, lors de l'entrevue du 23 septembre 2014 avec le Cardinal Müller : "les parties ont convenu de procéder par paliers (...) dans un délai raisonnable vers le dépassement des difficultés (...) dans la perspective d'une pleine réconciliation", disait le communiqué du Vatican.
Le premier "palier", c'était donc le sacrement de pénitence ! On connaît les paliers suivants de 2016 (l'ordre) et de 2017 (mariages), et la situation de paralysie qui en résulte désormais pour la Fraternité face à Rome, spécialement sur la question des futures (et indispensables) consécrations épiscopales. Peut-on risquer une deuxième excommunication ?
C'est pourquoi, pour faire diversion, on se remet à "parler doctrine", et à vouloir reprendre sur de nouvelles bases les "discussions doctrinales" de 2009-2011. Mais chacun sait qu'on s'engage ainsi dans la même impasse, car la crise de l'Eglise n'a fait qu'évoluer en pire sur les dix dernières années. Où sont les points de convergence entre la foi de Mgr Lefebvre et celle du pape François, entre la Royauté sociale de Jésus-Christ et les embrassades œcuméniques et inter-religieuses de ce pontificat calamiteux ? Ce sont les "attelages" impossibles dénoncés par l'Apôtre.
Alors, veut-on revenir aujourd'hui à la bonne "case départ" du Jeu de l'Oie ?
Il suffit que la Maison Générale de Menzingen récuse officiellement la juridiction "ordinaire" concédée par le pape "par morceaux" (septembre 2015, juin 2016, et mars 2017) pour les sacrements, sachant que ces mesures, par elles-mêmes légitimes selon le droit de l'Eglise, dissimulaient en fait un "pré-ralliement" par étapes de la Fraternité à la Rome conciliaire.
C'est ce que l'abbé Denis Puga, vicaire à Saint-Nicolas, qualifie de "décision officielle matériellement bonne (mais) profondément radioactive", car "irradiée par les erreurs libérales du Concile" (Le Chardonnet, avril 2018).
Un prêtre de la prétendue "résistance interne" aura-t-il le courage de demander publiquement à ses Supérieurs le retour au régime de la suppléance de juridiction prévu par le droit canon et hérité de l'époque de Mgr Lefebvre, vu l'état de nécessité plus que jamais évident dans l'Eglise ?
Une fronde, un petit caillou, ... il reste à trouver un David !