dimanche 4 novembre 2018

Médisance


Nous invitons nos lecteurs à découvrir cette belle poésie qui traite du péché de médisance. Nous devons tous nous examiner sur ce point (moi le premier) pour attirer le divin pardon sur notre misère.

Prions aussi pour ceux qui, troublés et blessés par la crise que nous traversons, par leur plume, leurs paroles ou leurs actes, auraient pu nous offenser.
Abbé Salenave

J’ai trempé ma plume dans l’encre rouge de la dérision
j’ai craché le venin des informations malveillantes
j’ai lâché à tous les vents, les fausses confidences de la médisance
j’ai plumé la dinde grasse de toutes les calomnies
et les plumes se sont envolées dans les rues et sur les arbres
sur les plages, dans les champs,
et jusqu’au coq du clocher !
Je n’ai pas résisté au scoop du scandale
sans penser à la blessure de sa victime.
J’ai applaudi aux farces d'internet
sans souci de ceux qui en faisait les frais.
J’ai colporté et commenté les critiques
qui me haussaient au rang des justes
et j’ai cru m’élever en abaissant mes frères.
J’ai jeté les pierres de la réprobation
sur les pécheurs et les prostituées
et remercié Dieu de n’être pas comme les autres.
... Et le Seigneur m’a demandé si je n’avais jamais péché.
J’ai alors regardé autour de moi
et j’ai vu mon encre rouge transformée en marée noire
Mon venin tétanisait encore ses victimes,
Les plumes de mes calomnies volaient haut dans le ciel,
L’honneur sali avait tué des hommes
et empoisonnait encore leurs familles,
Le rire méchant me revenait en écho assourdissant
et les pierres de mes anathèmes
se retournaient contre moi.

J’ai demandé pardon au Seigneur pour ma sottise
et ma méchanceté.
Le Seigneur m’a répondu : « Répare d’abord le mal
et tu seras absous »
Mon mal était irrémédiable et j’ai crié :
« Si tu retiens les fautes, Seigneur, qui donc subsistera ? »
Alors, j’ai vu dans le regard de Dieu une immense tristesse
J’ai bu ma honte et je me suis senti très sale.
encore plus sale que ceux que j’avais salis.
J’ai couru vers mon Père et je lui ai dit
« Père j’ai péché contre Toi et contre mes frères,
je ne suis pas digne d’être ton enfant »
... mais avant que j’ai pu finir de lui parler,
les bras de mon Père se sont refermés sur moi.