« Bienheureux ceux qui ont entendu la messe dans les catacombes. Je crains moins, pour un temple, les furieux qui veulent le démolir que les fidèles qui ne songent qu’à leur potage. Jadis les parents chrétiens plutôt que d’abjurer dévouaient leurs enfants à la misère. Aujourd’hui on s’expose plus volontiers à leur voir perdre la foi qu’à leur voir manquer un diplôme. On achète froidement un titre d’avocat ou de médecin au prix de cent péchés mortels qu’ils pourront commettre avant de l’obtenir. On appelle cela « songer à leur avenir » : ce mot dit tout. Quand on était chrétien, l’avenir était au ciel ; il n’y est plus, il est ici dans les boutiques, dans les négoces, dans les affaires, dans la boue : et pour y arriver, on marche d’abord sur le crucifix. Il n’y a plus de chrétiens, car il n’y a plus de foi. S’il y avait de la foi, on saurait qu’avec tant de lâchetés on expose son âme, et on verrait ce que nous ne voyons pas : des hommes. »
Louis Veuillot (1813 – 1883)
https://bibliothequedecombat.wordpress.com/2014/06/03/lettre-aux-tiedes/
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