- Il est certain que Mgr Fellay refusera ces conditions. Il pouvait chercher un accord avec les modernistes tout en prétendant ne pas trahir la doctrine, mais il ne peut reconnaître le modernisme ouvertement et en tant que tel.
- Il va ainsi restaurer ou se donner une image de « tradi » et va pouvoir blâmer tout ceux qui se sont méfiés de lui et lui ont prêté l’intention de trahir. C’étaient bien eux les subversifs qui, en s’en prenant à une honnête autorité toujours fidèle, ont risqué l’éclatement de la Fraternité Saint Pie X.
- Il coupe l’herbe sous les pieds de ceux qui espéraient profiter du prochain chapitre général pour se débarrasser de lui en l’accusant de trahison. Certes, certains pourraient voir la manœuvre et voter malgré tout contre sa réélection, mais ils perdent les accusations les plus voyantes. Au contraire, les défenseurs de Mgr Fellay auront beau jeu de louer son habileté d’avoir maintenu le cap dans des discussions difficiles et délicates.
- Les bons prêtres qui ne veulent pas se rallier et qui ont comme seul critère de refuser l’accord signé en bonne et due forme perdent leur unique argument.
- Or, le problème est loin d’être résolu et le ralliement loin d’être écarté. C’est toujours le nouveau code moderniste qui régit la vie de la Fraternité Saint Pie X et de ses fidèles. Celle-ci ne forme toujours pas une élite capable de tout sacrifice jusqu’au martyre pour affronter les combats à venir. Et je ne parle pas de l’islam, je parle de la pression du modernisme, de celle du libéralisme, du monde moderne.
- Pendant ce temps, Mgr Fellay continuera à soupirer après la reconnaissance de Rome. Une porte lui est fermée, il cherchera une fenêtre par où passer. Il a suffisamment montré vers quoi tendaient son cœur et son esprit. Il a suffisamment montré sa duplicité notamment dans sa lettre de 2012 dont il reconnaissait lui-même qu’elle était plus qu’ambiguë et qu’on pouvait lui donner des significations contradictoires. Il a suffisamment déclaré que Rome demandait de mettre une sourdine aux critiques et qu’elle avait raison. Cette sourdine lui permettra de préserver l’avenir des négociations en attendant des temps meilleurs.
- Mgr de Galarreta continuera à faire des sermons convenus, comme celui du 29 juin dernier. Il connaissait pourtant déjà les exigences de Rome et il recommanda aux futurs prêtres « la sainteté de sacerdoce » qu’il présenta comme unique remède à tous les problèmes. Comme si on pouvait être un saint prêtre sans protéger le troupeau contre le loup, même et surtout lorsque le loup fait mine de s’éloigner. Comme si un saint prêtre ne devrait pas rendre compte au souverain juge du nombre de brebis qui lui furent confiées. On est loin des sermons de Mgr Lefebvre lors des ordinations : « À qui aurai-je affaire à Rome ? À des francs-maçons ? »
- Mgr Tissier de Mallerais continuera à prêcher la soumission aux supérieurs qui ont grâce d’état. Lui qui, en 1988, dans une lettre qu’il m’écrivait, me déclarait qu’on ne pouvait pas justifier les sacres, mais seulement suivre Mgr Lefebvre qui était le seul à savoir ce qu’il faisait ! Ce qu’il déclara de nouveau dans Fideliter. Lui qui déclarait à M. l’abbé Chazal que ce n’était pas au simple soldat de faire des remontrances à ses chefs. Oh, que l’apparente fermeté de Mgr Fellay semblera lui donner raison de lui avoir fait confiance !
- Et tout ce concert engraissera le libéralisme lequel est à deux niveaux. Celui de ceux qui aiment le monde, mais refusent ses excès, celui de ceux qui n’aiment pas le monde, mais jugent plus prudent de ne pas se le mettre à dos. La Fraternité Saint Pie X sera obèse de libéralisme.
- La Fidélité Catholique sera protégée de la troisième voie, de ceux qui souhaitaient une voie intermédiaire entre le ralliement à Rome et ce qu’ils appellent la désobéissance subversive des résistants.
Vigilate et orate, dit Notre Seigneur à ses apôtres au moment où arrive la grande tribulation de la Passion : Veillez et priez.