LE PRÊTRE, UN AUTRE MOI-MÊME
Le Prêtre, mon enfant, n’est pas pour toi.
Tout ce qu’il est pour moi.
Il ne le sera jamais, parce que ta Foi,
Si vive qu’elle soit, ne cessera d’être infirme et partielle, et mêlée de vues humaines et de ténèbres.
Mais si tu savais tout ce que le Prêtre est pour moi,
Tu le regarderais comme un autre moi-même.
— Seigneur Jésus, éclairez-moi. Du Prêtre, je connais
Tout ce que l’Eglise m’en a dit.
Mais je vois aussi en Lui ce qui voile à mes yeux
La face divine de Jésus-Christ.
Votre présence au tabernacle est plus facile à croire
Que votre Présence en celui qui pourtant a consacré l’Hostie
Et qui l’a déposée dans le ciboire et dans mon cœur.
Vous me dites cependant que ce mystère de foi
Est aussi cher à votre Cœur que celui de l’Eucharistie.
— Peut-être, mon enfant, m’est-il plus cher parce que les espèces du pain ne sont rien,
Tandis que le Prêtre est un de mes enfants préférés
Que j’ai choisi dès sa naissance,
Et dans l’éternité, au Conseil Trinitaire,
Comme un prolongement de mon Sacerdoce,
Un souvenir et un instrument de ma Passion,
Une expression vivante de ma charité,
Une effusion du Saint Esprit dans l’Eglise,
Une autre forme d’incarnation de Moi-même.
J’avais la condition de Dieu ; j’ai pris celle d’esclave :
Et maintenant, j’ai pris la forme sacerdotale.
J’aime le Prêtre, non seulement comme une chose utile à mes fins,
Mais un peu comme j’aimais ma propre humanité,
Les membres de mon Corps et de mon Âme
Et aussi ma Mère Marie, qui m’a donné mon Humanité.
La Vierge Immaculée m’a enfanté.
A sa façon, le Prêtre est aussi une Mère pour moi.
Parce qu’il me donne par les sacrements une présence
Vivante, active, réelle, totale, adulte, féconde.
Une présence d’Amour parmi les hommes.
Le Prêtre diffuse ma vie divine dans tous les temps
Et les fruits multiples de ma très puissante Passion,
Qui sont les fruits de ma très puissante Dilection.
Il fait croître par le Saint Esprit
Mon corps mystique, comme la Vierge a fait naître
Et a développé mon corps divin jusqu’à son achèvement.
Et c’est pour cela que j’aime le Prêtre, chaque prêtre,
Dans l’intimité de ma vie sacramentelle.
Si le Prêtre m’aimait autant que je l’aime,
S’il me donnait de son être autant que je lui donne du mien,
S’il était comme des « espèces » eucharistiques,
Dont le lien avec moi serait un lien d’amour,
Ah ! Comme on connaîtrait mieux la richesse de mon Cœur !
Mais beaucoup manquent de Foi et l’humain les offusque.
Je vois des fidèles regarder avec un respect surnaturel
Les églises, les autels, les vases sacrés, les croix en or,
Les nappes immaculées, tous les objets bénits.
Et cependant aucune chose ne peut avoir un caractère sacerdotal.
Le Prêtre est infiniment au-dessus du Temple,
De l’Autel, de tous les objets du culte religieux.
Toute la Sainteté des choses saintes
Découle de son pouvoir sacramentel et de sa dignité.
Rien n’est Jésus-Christ. Au contraire, le Prêtre est Jésus continué.
En son nom, c’est-à-dire en sa personne, il prie, il parle,
Il agit, il absout, il bénit, il consacre en son nom.
Là où la Foi ne voit pas Jésus-Christ dans le Prêtre.
Il n’y a que des images et des jeux pour les sens.
Les Mères qui aspirent à l’honneur d’avoir un fils prêtre,
Un Fils qui monte à l’Autel, qui donne Jésus au monde,
Qui les bénisse et répande autour de lui la vie divine,
Ne connaissent qu’une petite partie du bonheur entrevu.
Et les âmes qui prient pour les vocations sacerdotales,
Qui les suscitent, les secourent, les rendent possibles,
Et les âmes encore qui se mettent au service du Sacerdoce
A la manière de la Vierge au service de Jésus,
Toutes ces âmes, pourvu que la Foi fasse en elles
Le miracle de la Transfiguration et les éblouisse
De la seule présence de Jésus-Christ,
Ces âmes sont des privilégiées de son Cœur.
Leur vocation touche profondément le Cœur Sacerdotal
De Jésus-Christ et seconde de près son Amour.
Jésus est présent dans le pauvre qui tend la main,
Dans le malade hospitalisé, dans le Samaritain blessé,
Dans l’enfant de la rue, dans le malheureux persécuté,
Mais il l’est bien davantage et par une onction spéciale,
Dans le Prêtre consacré.
Judas réclame pour les pauvres les trois cents deniers
Que Madeleine dépensait pour oindre les pieds du Christ,
Mais Jésus la loua d’honorer ainsi son Corps sacré.
Comme Madeleine, les âmes qui se mettent au service des prêtres
Rendent au Christ, par leur Foi vive,
L’hommage le plus élevé et le plus sensible à son Cœur.
Mon Dieu donnez-moi un cœur eucharistique et sacerdotal.
Comme la Sainte Hostie, que le Prêtre soit à mes yeux,
Jésus toujours présent et nourrissant
Pour mon âme ! — Si je savais le don de Dieu !