Kyrie eleison DLXX ( 16 juin 2018 )
Comment prétendre ainsi qu’il n’y a pas conflit ?
Un combat pour la Foi, c’est tout ce que l’on vit !
Dans le contexte de crise qui submerge l’Église catholique depuis Vatican II (1962–1965), voilà subitement deux initiatives récentes des autorités romaines qui paraissent bien surprenantes. En effet, toutes deux ont l’air de favoriser la Tradition catholique que par ailleurs le pape François semble par maint côté vouloir éliminer une fois pour toutes. Le Grand Méchant Loup voudrait-il vraiment se montrer gentil envers le Petit Chaperon Rouge, ou bien ces deux gestes ne sont-ils que des ruses destinées à piéger la Fraternité Saint-Pie X dans la tanière conciliaire ? Serait-ce que Rome aussi prépare le Chapitre Général de la Fraternité prévu pour la mi-juillet ?
La première de ces deux initiatives est venue de la Commission Ecclesia Dei. On se souvient que cette institution fut créée à Rome en 1988 pour ralentir la tradition catholique qui menaçait de se développer à un rythme accéléré. Or, à la mi-février de cette année, Ecclesia Dei accordait à la Fraternité Saint-Pierre, d’orientation semi-traditionnelle, l’usage des rites liturgiques hautement traditionnels de la Semaine Sainte. Ces rites ont été utilisés durant plusieurs siècles avant que la réforme liturgique lancée par le cardinal Bugnini dans les années 1950 n’ait conduit à la nouvelle messe introduite à la fin des années 1960. Cette ancienne liturgie de la Semaine Sainte devient de plus en plus populaire auprès des catholiques qui répudient la nouvelle messe. La raison en est qu’elle contient de nombreux traits allant à l’encontre de la nouvelle liturgie moderniste que Paul VI, par une astuce administrative, a réussi à imposer à l’Église universelle en 1969. Faut-il croire que Rome se désengage enfin de la nouvelle messe ?
Non pas. Comme dit le célèbre vers de Virgile : « Quoi qu’il en soit, je crains les Grecs, même lorsqu’ils font des cadeaux ». Ce don fait à la Tradition peut très bien avoir été conçu par Rome pour persuader tous les Petits Chaperons Rouges, en particulier les participants au Chapitre Général de Juillet, qu’après tout le Grand Méchant Loup n’est pas aussi méchant qu’on le dit. Le Chapitre de juillet prochain est important pour Rome car ce bastion de la Foi, érigé par Monseigneur Lefebvre, doit être démantelé, parce qu’il a constitué de par son intense combat pour la Foi un véritable barrage entravant la marche du Nouvel Ordre Mondial, entrave sans aucune proportion avec la force numérique de la Fraternité Saint Pie X. Depuis la mort de Mgr Lefebvre, ce combat a été gravement affaibli, mais Rome peut craindre que le Chapitre ne le ressuscite. La volonté de Rome est qu’on élise comme Supérieur Général encore un libéral, à la rigueur un candidat de compromis, mais en tout cas pas un combattant de la Foi !
L’autre action inattendue de Rome a eu lieu le 16 mai dernier, lorsqu ’un journaliste bien connue du Vatican, Andrea Tornielli, a mis en lumière un extrait d’un livre publié récemment par un fonctionnaire romain sur le Pape Paul VI (1963–1978). L’extrait est un compte-rendu détaillé de la conversation de septembre 1976 entre le pape et Mgr Lefebvre, tenue dans les deux mois qui suivirent la messe de Lille célébrée par l’archevêque devant une foule immense. Cette messe a marqué le début du mouvement traditionnel, de sorte que le pape a voulu freiner l’archevêque. La conversation dura un peu plus d’une demi-heure et les Romains prirent des notes. Peu après, Mgr Lefebvre en donna une version quelque peu différente du script maintenant dévoilé par Rome. Mais pourquoi les Romains ont-ils gardé par devers eux cette relation plus complète pendant 42 ans ? Et pourquoi décident-ils de la publier maintenant ?
La réponse doit se situer dans le “quelque peu différente”. L’admirable site Internet d’Amérique Latine, Non possumus, a publié côte à côte la version romaine et le propre récit de Mgr Lefebvre. Les lecteurs de Non possumus peuvent vérifier par eux-mêmes comment les Romains ont blanchi l’aveuglement de Paul VI et leur propre vilenie. Exemple emblématique : Paul VI y a accusé l’archevêque de demander à ses séminaristes de prêter serment contre le pape, ce qui était absolument faux. L’archevêque a déclaré qu’il était prêt à jurer sur un crucifix que le pape l’avait accusé de faire prêter un tel serment. Un porte-parole romain a alors officiellement démenti qu’il ait été fait mention dans la conversation d’un tel serment.
De même, la version de Rome dissimule l’abîme qui sépare de la foi de l’Archevêque le modernisme de Paul VI. Tout se passe comme si les Capitulants n’auraient nul besoin de s’inquiéter de cette distance infinie séparant la Rome Conciliaire de la Fraternité Saint Pie X : qu’ils élisent c omme Supérieur encore un libéral, mais un candidat de compromis fera aussi l’affaire !
Kyrie eleison.