Nous invitons nos lecteurs à lire ce sermon que Mgr Viganò a prononcé hier, en la fête de la conversion de Saint Paul. Il remet les choses de l'Eglise dans une juste perspective et montre que les clercs modernistes persécutent, comme Saul avant sa conversion, les catholiques fidèles à la Tradition. Nous en profitons pour confier à vos prières un prêtre diocésain qui découvre la Tradition et risque d'être chassé de son diocèse sous peu. Prions pour ce prêtre et encore plus pour cet évêque persécuteur.
Sermon du 25 janvier 2023
VAS ELECTIONIS EST MIHI ISTE
Homélie de l’archevêque Carlo Maria Viganò en la fête de la conversion de
l’apôtre saint Paul
Egregie Docteur Paule, mores instrue,
Et
nostra tecum pectora in cœlum trahe ;
Velata
dum meridiem cernat fides,
Et
solis instar sola regnet caritas.
O glorieux Docteur Paul, enseignez les lois
et
attirez nos esprits avec vous au ciel,
jusqu’à
ce que la foi obscurcie aperçoive le midi.
et que la
Charité seule règne à l’image du soleil.
La conversion de saint Paul est une conquête de saint Étienne, et ce n’est pas
par hasard que la divine Liturgie place cette fête quelques jours après celle
du Protomartyr, que le Juif Saul, obéissant à l’Ancienne Loi et fidèle
exécuteur de la volonté des Grands Prêtres, vit martyriser sous ses yeux et
peut-être martyrisa lui-même, croyant accomplir une action conforme aux
préceptes observés par tout Juif orthodoxe. Dom Guéranger commente : Pour
compléter la cour de notre grand Roi, il convenait d’élever de part et d’autre
de la crèche les deux puissants piliers de l’Église, l’Apôtre des Juifs et
l’Apôtre des Gentils : Pierre avec les clés et Paul avec l’épée. Ainsi Saul, de
juif pratiquant et persécuteur des chrétiens, devient Paul, conquérant des
païens à l’Évangile.
Aujourd’hui, la puissance du
Christ abat son ennemi, et sa miséricorde le relève, faisant de lui un champion
de la foi et le compagnon du Prince des Apôtres, avec lequel il versera son
propre sang dans l’Urbe : O Roma felix, quæ duorum Principum es
consecrata glorioso sanguine, chantons-nous dans l’hymne Decora lux.
Heureuse Rome, consacrée par le sang glorieux des deux princes ! Un
sang glorieux parce que de lui, versé pour l’amour du Christ, naît non pas la
mort mais la vie, non pas la défaite mais la victoire, non pas l’ignominie du
supplice mais la gloire de la palme du martyre.
Lorsque les pasteurs obéissaient
à Dieu et ne poursuivaient pas les tromperies de ce monde, de la fête de la
Chaire de saint Pierre à Rome à celle de la Conversion de saint Paul, l’Octave
de prière était organisée pour la conversion des non-catholiques, des
schismatiques, des hérétiques et des païens. La nouvelle église, dans la
lignée de Vatican II, a renié sa mission et cherche à cacher
ce qui nous sépare des sectes et des idolâtres, en mettant l’accent sur ce qui,
selon eux, nous unit. Et ce moment de prière est devenu la « Semaine pour
l’unité des chrétiens », faisant passer les objectifs d’un
œcuménisme insensé avant la mission surnaturelle de la prédication de la vraie
foi. Je vous invite donc à prier pour les clercs et prélats qui
persécutent les bons catholiques, et pour ceux qui, comme Saul, croient
respecter les préceptes de la loi alors qu’ils sont dans l’erreur. Nous
demandons au Seigneur de se montrer à eux et de les convertir, comme l’Apôtre
des Gentils a été converti.
Ne soyez pas surpris par ce
parallèle : le voile du Temple déchiré pour de bon au moment de la mort du
Sauveur sur la Croix a mis fin à l’ancienne Alliance, faisant de l’Église du
Christ le nouvel Israël, et des baptisés le nouveau peuple élu. Cette Alliance
nouvelle et éternelle, scellée dans le Sang de l’Agneau dont les sacrifices du
Temple étaient une figure, accueillait de nombreux enfants de la Synagogue,
éclairés par les prophéties messianiques et confirmés par les miracles du
Seigneur : parmi eux, beaucoup qui, comme Saul, obéissaient à la Loi jusqu’à ce
qu’ils soient touchés par la Grâce qui leur montrait l’accomplissement
des Écritures en Jésus-Christ. Et tandis que l’aveuglement de la perfidie
ne permettait pas de voir la Lumière venue dans le monde et la rejetait ;
tandis que le Sanhédrin conspirait avec Pilate dans la crainte de voir son
pouvoir compromis et cachait aux simples les vérités inscrites dans les
rouleaux d’Isaïe et des saints Prophètes… Alors que Saul essayait dans toutes
les synagogues de forcer les chrétiens, par des menaces, à blasphémer (Ac
26,11), c’est-à-dire à nier la divinité du Christ et sa venue en tant que
Messie promis, le grand miracle de la conversion se préparait : instantanée,
immédiate, rapide comme l’éclair comme toutes les choses concernant Dieu.
Le chemin de la conversion est
parfois ardu et long, parsemé de difficultés et de chutes ; mais la conversion
elle-même se produit avec la force et la puissance dont le Seigneur est
capable, lorsqu’Il nous touche avec la lumière de la Vérité et le feu de la
Charité. Qui es-tu, Seigneur ? demande Saul, jeté à bas de son
cheval ; Je suis Jésus, que tu persécutes (Ac 9, 5). Dans la
lumière éblouissante où résonne la voix du Christ, l’un des inquisiteurs les
plus redoutés du Temple reconnaît le miracle, comprend le divin Artificier, se
tourne vers lui en l’appelant « Seigneur », obéit à
l’ordre de se rendre à Damas. Il reste ébloui et aveugle pendant trois jours,
et, pendant trois jours, il jeûne, en préparation mystique de l’épiphanie du
Christ.
Avec un autre miracle, Ananias
est chargé d’aller guérir Saul de Tarse, et il est étonné parce que le Juif a
l’autorisation des grands prêtres d’arrêter tous ceux qui invoquent Son nom (Ac
9,14). Et le Seigneur lui répond : « Va, car il est un de mes
instruments choisis pour porter mon nom devant les peuples, les rois et les
enfants d’Israël ; et je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom »
(ibid., 15-16). Se rendant donc auprès de Saul, Ananias lui impose les mains et
le guérit, faisant tomber de ses yeux le voile de l’aveuglement, figure de
l’obscurcissement de la vue de l’âme. Rempli de l’Esprit Saint, Saul fut
immédiatement baptisé (ibid., 18) et reçut le nom de Paul.
Aujourd’hui encore, un
sanhédrin de partisans de Vatican II envoie ses ministres dans les synagogues
pour persécuter les catholiques traditionnels, afin qu’ils soient punis et
amenés à observer les rites réformés. Aujourd’hui encore, il existe des
Saul zélés et terribles qui recherchent les fidèles pour les « forcer à
blasphémer », à nier l’enseignement du Christ et à obéir aux grands
prêtres et aux scribes du peuple. Beaucoup d’entre eux croient qu’ils
sont justes et respectent la loi. Mais la puissance de Dieu, qui renverse les
orgueilleux, veut toucher l’âme de ceux-là comme elle l’a fait avec Saül. C’est
pour ceux-là, chers fidèles, que je vous invite à prier : que le Seigneur
montre sa puissance pour les renverser de leurs certitudes granitiques, pour
les désaveugler dans leur orgueil ; et qu’il use de sa miséricorde envers eux
pour les relever, leur rendre la vue spirituelle, les remplir du Saint-Esprit
et en faire ses apôtres.
Nous prions pour que les
prélats et les prêtres qui obéissent aujourd’hui au Sanhédrin romain, qui ne
veulent pas reconnaître le Christ Roi tout en rendant hommage à César, soient
éclairés par la Grâce du Seigneur. Pour qu’ils puissent retourner
dans les synagogues comme Paul pour proclamer Jésus le Fils de Dieu (ibid.,
20), pour prouver que Jésus est le Christ (ibid., 22), pour prêcher que le
Sacrifice de l’Alliance nouvelle et éternelle est renouvelé sur l’autel de ceux
qu’ils ont persécutés jusqu’à présent. Prions pour que, même de ce
Monseigneur, de cet Évêque, de ce Cardinal, on puisse dire : Mais n’est-ce pas
lui qui, à Jérusalem, s’est déchaîné contre ceux qui invoquent ce nom et qui
est venu ici précisément pour les conduire enchaînés aux grands prêtres ?
(ibid., 21).
Si nous savons témoigner de
notre Foi dans le Seigneur et de notre fidélité au Saint Sacrifice de la Messe, qui
est le cœur et l’âme battante de notre très sainte Religion, nous
pourrons faire avec ces âmes touchées par la Grâce ce que les disciples ont
fait à Damas : leur parler du Christ, les faire rester avec nous pour qu’elles grandissent
et marchent dans la crainte du Seigneur (ibid., 31). Peut-être ce prélat qui
est venu nous forcer à accepter les rites réformés voudra-t-il célébrer la
Sainte Messe traditionnelle, découvrant combien son propre sacerdoce est
confirmé et nourri par la divine Liturgie, combien son âme de lévite trouve un
accomplissement parfait dans la répétition des paroles du Sauveur qui s’immole
sur l’autel, comme il s’est immolé une fois pour toutes sur la Croix. Peut-être
que cet évêque venu avec des intentions de combat se rendra-t-il compte qu’il
persécute le Christ, et voudra devenir son apôtre et son disciple, après avoir
été son persécuteur par ordre du Sanhédrin.
Et il comprendra – comme nous
avons compris, par la grâce de Dieu et malgré notre indignité – combien il doit
souffrir pour l’amour de mon nom.
C’est notre souhait le plus cher,
c’est notre prière, c’est la raison de notre témoignage.
Ainsi soit-il.
25 janvier 2023
En la fête de la conversion de Saint Paul Apôtre