KE 912 (4 janvier 2025)
Entre la nouvelle messe et l'ancienne, c'est la guerre,
qui ne se termine pas par des paroles doucereuses, mais par du sang et des
effusions de sang !
« Supprimer la messe, détruire l'Église » est une citation célèbre attribuée à
Martin Luther (1483-1546). Il ne l'a peut-être jamais dite, bien qu'il semble
très probable qu'il l'ait fait, mais dans tous les cas, la citation est vraie,
comme les catholiques ont pu le constater après Vatican II. Le tout premier des
16 documents de ce concile concernait la liturgie, sous le nom de « Sacrosanctum
Concilium », mais les mots du texte sont tout à fait ambigus. Ils peuvent
paraître conservateurs, mais en fait ils sont conçus pour ouvrir la porte à
cette révolution liturgique qui, au lendemain du Concile, a pratiquement
détruit la messe. Très peu de temps après l’imposition officielle – apparemment
– de la nouvelle messe du pape Paul VI en 1969, l’archevêque Lefebvre a déclaré
que s’il devait l’introduire dans son nouveau séminaire d’Ecône, il pourrait
tout aussi bien fermer le séminaire dans les trois semaines. Tel est le pouvoir
anticatholique de la liturgie « renouvelée », car c’est en assistant à la messe
que la plupart des catholiques vivent leur religion.
En fait, de 1969 à
aujourd’hui, la liturgie « renouvelée » du pape Paul VI a fait du rite de la
messe le champ de bataille central de la grande guerre de la foi entre le
catholicisme immuable de la Tradition et la révolution en constante évolution
du protestantisme libéral-moderniste. Et c’est toujours le champ de bataille
central, comme le montre la persévérance du pape François dans ses efforts
insensés pour effacer complètement la messe latine. Un excellent article d’un
laïc français, Yves de Lassus, est résumé ci-dessous. Pour accéder à l’article
original, beaucoup plus complet :
https ://www.a-f-s.org/2022/01/11/lettre-aux-amis-de-l-afs-janvier-2022/
Le 18 décembre 2021, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline
des Sacrements (CCD) a publié une note intitulée Responsa ad
dubia répondant aux questions sur l’application du Motu
Proprio Traditionis Custodes . De nombreux fidèles ont été désemparés
par la dureté de cette réponse. Mais dès le départ, l’intention du Motu
Proprio était claire ; la réponse de la Congrégation ne fait
qu’expliciter une fermeté déjà exprimée dans Traditionis
Custodes . Pour la CCD, la messe est le « partage de l’unique pain
rompu » et le « mémorial de la Pâque ». Assister à la messe signifie «
participer à la table eucharistique ». On ne rappelle jamais que la
messe est un sacrifice, le renouvellement non sanglant de l'unique
sacrifice du Christ sur la Croix.
Cet effacement du
caractère sacrificiel est accentué par le but que la CCD attribue à la messe.
Pour la CCD, le but de la messe est l'unité. Le premier objectif de Traditionis
Custodes et par conséquent de la messe elle-même est de « continuer
la recherche constante de la communion ecclésiale ». Aucun des quatre
buts traditionnels de la messe n’est rappelé. Pour la CCD, la messe est avant
tout une manifestation d’unité entre les hommes au lieu d’un acte entièrement
tourné vers Dieu. Il est donc clair que l’intention générale de la réponse de
la CCD est de mettre un terme une fois pour toutes à l’usage du Missel
traditionnel. L’ancien rite, dit la CCD, « ne fait pas partie de la vie
ordinaire de l’Église ». De plus, la CCD insiste sur le fait que « la réforme
liturgique est irréversible ». Tout retour à l’ancien rite se veut donc
impossible.
Il ne faut pas se voiler
la face. Le Saint-Siège est entré en guerre contre le rite traditionnel avec la
volonté de l’éradiquer complètement de la vie de l’Église. C’est une véritable
guerre entre deux conceptions différentes de la messe et deux conceptions
radicalement opposées de l’Église et de la vie chrétienne. On est même
légitimement en droit de se demander s’il s’agit de la même religion. Il
est donc illusoire d’espérer que le Saint-Siège adoucisse sa position si nous
tenons un discours conciliant. Non !
Rome veut la fin de la messe traditionnelle, tandis que nous voulons maintenir
le rite tridentin, parce que c’est Dieu lui-même qui le veut. Face à cette
guerre entre les deux rites, il n’est plus possible de différer une décision.
Il faut choisir un camp ou l’autre.
Lequel ? Il faut condamner l’erreur, même si elle vient du Saint-Siège. La messe est d’abord un sacrifice offert à Dieu dans un but qui est à la fois adoration, action de grâce, propitiation et expiation. Aucun pape ne pourra jamais abroger la bulle de saint Pie V autorisant à perpétuité l’usage du Missel traditionnel. La messe est dans une situation qui, à bien des égards, ressemble à celle vécue par Notre-Seigneur pendant sa Passion : l’Autorité suprême la condamne à mort. Mais pendant la Passion, Notre-Dame ne s’est pas révoltée : Elle est restée indéfectiblement proche de son Fils, silencieuse et recueillie. Sans doute a-t-elle prié pour les bourreaux. En ce qui concerne la messe latine, adoptons la même attitude : restons-y indéfectiblement attachés, même si elle vient d'être condamnée à mort.
Kyrie eleison