lundi 20 janvier 2025

Que doit faire un futur pape traditionnel avec le concile Vatican II ?



L’abbé David Nix est un prêtre diocésain d’Amérique du Nord né en 1978, ordonné en 2010. Il a choisi de mener un apostolat de la vérité et de célébrer les sacrements exclusivement dans le rite traditionnel. Il est un bel exemple de prêtre fidèle au milieu de l’Eglise moderne, fidèle au Saint-Esprit, à la doctrine de toujours, à l’Ecriture Sainte. Voici un de ses articles. (Source)


Oui, Que doit faire un futur pape traditionnel de Vatican II ? Il faut d’abord aborder la question : Vatican II a-t-il été inspiré par le Saint-Esprit ? est-il venu de Dieu ?

Il existe trois réponses et je vais n’en éliminer qu’une seule comme étant illogique. Voici les trois réponses :

  1. Oui, Vatican II est entièrement venu de Dieu dans les années 1960.
  2. En quelque sorte, certains aspects de Vatican II venaient de Dieu et d’autres non. Il s’agissait malheureusement d’une ambiguïté transformée en arme et nous devons donc trier les erreurs et conserver les déclarations orthodoxes.
  3. Vatican II ne venait pas de Dieu et doit être mis à la poubelle de l’histoire de l’Église catholique.

La première réponse appartient évidemment aux modernistes ou aux progressistes. La deuxième appartient aux néo-conservateurs non-traditionnalistes catholiques et à certains traditionalistes. La troisième appartient à certains traditionalistes.

Mais remarquez que je viens de dire que les traditionalistes sont partagés entre les réponses 2 et 3. Par exemple, un évêque traditionnel que nous appellerons « l’évêque A » [comme Athanasius Schneider, note du traducteur] croit que Vatican II contient des erreurs, mais il espère qu’un futur pape pourra sauver certains aspects de ce qu’il trouve personnellement orthodoxe dans les nombreux documents de Vatican II. Il pourrait le faire en rejetant les paragraphes ambigus ou même modernistes, mais en conservant les paragraphes « casher ». Cependant, un autre évêque traditionnel, que nous appellerons « Monseigneur V », [comme Mgr Viganò, note du traducteur] a un point de vue plus sévère, conforme au point 3 ci-dessus : Fondamentalement, les erreurs de Vatican II sont trop importantes pour qu’il reste dans les annales de l’Église catholique. Comme le faux-synode de Pistoie, il devra être abrogé par le Saint-Siège à l’avenir (c’est-à-dire si nous ne sommes pas à la fin du monde).

Je vais maintenant donner deux raisons pour lesquelles le second point de vue est impraticable et théologiquement indéfendable.

Tout d’abord, il n’est pas réaliste de dire qu’un Concile qui a affecté un milliard de catholiques pourrait être partiellement adapté pour les générations futures. Ce point de vue est trop intellectuel et ne tient pas compte du fait que les catholiques, du Pérou à la Chine, suivent aujourd’hui les facettes de la religion complètement remaniées à la suite de Vatican II. Par « facettes », j’entends que les catholiques du monde entier se sont approprié une nouvelle messe, un nouveau calendrier, une nouvelle façon de se confesser, un nouveau catéchisme, un nouveau groupe de saints, une nouvelle façon d’évangéliser, une nouvelle façon d’interagir avec le monde et une nouvelle vision de l’œcuménisme. Comme je l’ai déjà démontré, ces « changements » ont fait chuter le nombre de catholiques dans le monde entier, de l’Afrique aux États-Unis.

Bien que les catholiques sans instruction ne soient peut-être pas capables de débattre des questions de liberté religieuse qui sont débattues dans les cercles traditionnels, personne (pas même l’évêque A.) ne peut nier le fait que le catholique rural moyen au Nigéria ou le catholique urbain à Hong Kong a une façon totalement nouvelle de célébrer le culte divin avec le Novus Ordo Missae alors que ses ancêtres allaient à la Messe latine traditionnelle (ainsi qu’avec les six autres anciens sacrements). Comment l’évêque A explique-t-il le fait que 99% des catholiques dans le monde ont aujourd’hui une compréhension du ciel et de l’enfer complètement inversée par rapport à la façon dont nos grands-parents voyaient le salut ?

Une ligne de Nostra Ætate se lit comme suit : 
« L’Église considère également les musulmans avec estime. Ils adorent le Dieu unique, vivant et subsistant en lui-même, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes » (Nostra Ætate #3). 
Je suis sûr que l’évêque A et l’évêque V (et moi, pour ce que cela vaut) sont tous d’accord pour dire que les catholiques n’adorent pas le même Dieu que les musulmans. C’est une erreur clairement présente dans les documents de Vatican II. La question pratique est donc la suivante : Que doit faire un futur pape traditionnel face à de telles erreurs ? L’évêque V. souhaite qu’un futur pape abroge totalement Vatican II. Mais l’évêque A. veut garder le bon et mettre de côté le mauvais de Vatican II. Je dis : Le problème de cette dernière solution (à savoir conserver le traditionnel tout en éliminant le non-orthodoxe) est qu’elle est pratiquement impossible.

Par exemple, imaginez une école secondaire catholique à New York en 2103. Imaginez que l’Église catholique ait miraculeusement un pape traditionnel en 2058 qui fasse ce que l’évêque A suggère. Comment ces lycéens de New York discuteraient-ils du « Concile » qui a changé la façon dont presque tous leurs grands-parents croyaient et pratiquaient le culte au 20e et au 21e siècle ? Ces enfants doivent-ils alors parcourir Nostra Ætate, paragraphe par paragraphe, et apprendre quelle phrase est orthodoxe et quelle phrase est hérétique ? C’est impossible à mettre en œuvre au niveau catéchétique.

Les nouveaux convertis en Afrique et en Chine, dans cette même année imaginaire, devront-ils tous apprendre pourquoi on a enseigné à leurs grands-parents qu’il y a effectivement un salut en dehors de l’Église catholique, alors que maintenant (en 2103) nous avons un Pape traditionnel qui dit qu’il n’y a pas de salut en dehors de l’Église catholique ? Comment répondre à une telle confusion ? Allons-nous asseoir les catéchumènes africains dans la brousse juste avant le baptême et leur dire quels paragraphes de Vatican II sont catholiques et quels paragraphes de Vatican II ne sont pas catholiques ? De toute évidence, la notion selon laquelle nous éliminons l’hérésie de Vatican II tout en conservant le reste de ses paragraphes accidentellement orthodoxes est une proposition qui n’est défendue que par des intellectuels. Elle ne fonctionnerait jamais pour ceux d’entre nous qui enseignent la foi à la base.

Voici un autre problème : si l’Église catholique est l’épouse immaculée du Christ, comment peut-elle produire de l’eau saumâtre ? En d’autres termes, si Vatican II est vraiment venu de Dieu par l’intermédiaire de l’Église catholique, nous devons adopter le point de vue des progressistes selon lequel cette révision complète et totale de notre foi et de nos sacrements (qui a eu lieu dans les années 1960) a sa source directement et complètement en Dieu. Pourquoi ? Parce que l’Église catholique infaillible ne peut produire ni erreur ni confusion. L’Épouse immaculée du Christ ne peut pas produire des Conciles tachés comme Vatican II. Ainsi, Vatican II est soit tout bon, soit tout mauvais.

Beaucoup de ceux qui préfèrent le n° 2 objecteraient à mon paragraphe ci-dessus quelque chose comme ceci : « Mais, Père Nix, les Conciles passés ont connu des confusions et il a fallu des décennies pour les résoudre. Une telle confusion – et même des guerres – ont suivi les conciles dogmatiques qui sont acceptés par l’évêque A. et l’évêque V. et même par vous. Vous devriez vous estimer heureux qu’il n’y ait pas eu de guerre après Vatican II ».

En effet, beaucoup de ces catholiques pensent que la seule exigence d’un concile œcuménique est qu’il soit convoqué par un pape et qu’un grand nombre ou la totalité des évêques y assistent. Cependant, le regretté Père Hesse réfute complètement cette théorie en s’appuyant sur la simple histoire de l’Église : Presque tous les huit premiers conciles œcuméniques ont été convoqués par des empereurs romains (et non par des papes romains.) En fait, il manquait un pape à deux des huit premiers conciles œcuméniques. Ainsi, un concile œcuménique fait partie du magistère extraordinaire non pas en raison de la présence d’un pape, mais par le fait même qu’il définit un dogme ou anathématise une hérésie.

Maintenant que nous avons établi la définition correcte d’un concile œcuménique, remarquez que même si Jean XXIII et Paul VI nomment à tort Vatican II « concile œcuménique », ils admettent néanmoins que Vatican II n’avait pas pour but de promouvoir des définitions infaillibles, ni de faire des déclarations dogmatiques contre l’erreur :

  • « Il n’y aura pas de définitions infaillibles. Tout cela a été fait par les Conciles précédents. » Jean XXIII (Gaudet Mater Ecclesia, 11 octobre 1962).
  • « Le magistère de l’Église n’a pas voulu se prononcer sous la forme de prises de position dogmatiques extraordinaires… » Paul VI, discours de clôture de Vatican II, 7 décembre 1965.

Encore une fois, un véritable concile œcuménique doit soit définir la doctrine, soit condamner les erreurs. Vatican II ne correspond donc pas à cette définition, ce qui signifie qu’il n’a pas bénéficié de la protection de l’Esprit Saint d’un concile œcuménique. Par conséquent, toutes ces listes modernes qui contiennent Vatican II comme l’un des 21 Conciles Œcuméniques devraient en énumérer seulement 20. (Regardez la vidéo du père Hesse ci-dessus si vous en doutez).

Mais surtout, sachez que l’Épouse immaculée du Christ ne peut pas produire d’erreur. C’est pourquoi la suggestion, faite à la petite cuillère, selon laquelle les futurs papes devraient « en quelque sorte » conserver Vatican II tout en le détruisant « en quelque sorte » est théologiquement irresponsable et pratiquement intenable, et n’a pas de précédent en 2000 ans d’histoire de l’Église. Vous devez soit arriver à la conclusion que Vatican II vient totalement de Dieu (comme 95% des évêques et des prêtres du monde le pensent actuellement), soit maintenir qu’il était l’accomplissement de ce à quoi beaucoup de ceux qui ont lu le Troisième Secret ont fait allusion : « Un mauvais concile et une mauvaise messe ».

Mais les divergences doivent cesser, car il est trop tard dans le jeu des deux religions qui occupent une seule Église pour que cette confusion sur le salut des âmes se poursuive plus longtemps.