par Edwin Faust
Source: The Recusant
L'Eglise se soucie de manière grandissante de l'image publique qu'elle donne. Les médias applaudissaient le Pape Jean XXIII, qui voulait ouvrir les portes de l'Église pour laisser entrer l'air du monde moderne. Mais l'Église a payé très cher cette brève approbation des médias, et la brise de la modernité l'a balayée dans les vents instables de l'opinion publique.
Quelles que soient les différences qu'aurait Mgr Richard Williamson avec les dirigeants de la Fraternité Saint Pie X, n'importe quelle évaluation honnête de sa dernière expulsion de la FSSPX devrait commencer par l'incident qui a fait que son supérieur lui a ôté tout ministère public et l'a isolé.
L'opinion de Mgr Williamson est que les chambres à gaz n'étaient pas utilisées pour l'extermination des Juifs par les Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il accepte les conclusions d'une étude scientifique contestée connue sous le nom de « Leuchter Report. » Par conséquent, Son Excellence pense que le nombre de Juifs tués dans les camps est peut-être plus proche d'un million et demi que de six-millions. Il a dit cela lors d'un entretien avec la télévision Suédoise dirigée en Allemagne.
Cette opinion est vraiment ce qui a fait de Richard Williamson un problème pour la FSSPX et ses partisans qui veulent un accord avec le Vatican. Mgr Williamson a été en procès et a été jugé coupable de Négationnisme (d'avoir nié l'Holocauste) sous la loi germanique. Il était de manière non officielle jugé coupable d'être gênant pour la FSSPX et le Saint Siège.
L'expulsion de Son Excellence de la FSSPX fut achevée en octobre. Elle fut immédiatement suivie d'une annonce des responsables du Vatican que les négociations avec la FSSPX n'étaient pas terminées ni n'aboutiraient à une impasse, comme on l'avait pensé avant, mais qu'on avait besoin de patience et d'espérer une réconciliation à laquelle on était très sensible. Une coïncidence ?
Les organisations juives qui maintiennent les relations avec le Vatican ont dénoncé la levée des excommunications des évêques de la FSSPX, notons qu'un « négateur de l'holocauste » était parmi eux. Le porte-parole du Pape a dit que le Saint Père ignorait les remarques de Mgr Williamson au moment du décret, impliquant qu'une telle connaissance des choses aurait pu affecter la levée des excommunications.
Sans intervenir sur les mérites de l'opinion de Mgr Williamson sur le « Leuchter Report », n'est-il pas pertinent de demander ce que cette opinion avait en rapport avec la Foi Catholique ? Doit-on s'abonner à une version particulière de l'histoire pour être qualifié afin de pratiquer un ministère épiscopal au sein de l'Église Catholique ? On demanderait peut-être aussi : dans quelle mesure l'autorité de l'Église s'est-elle étendue de facto à la cour d'Allemagne, aux organisations juives et aux médias populaires ?
Mgr Williamson perdit le titre de recteur du séminaire de la FSSPX en Amérique du Sud et fut exilé à Wimbledon, non pas pour avoir transgressé le moindre statut de sa fraternité sacerdotale, ni pour la moindre infraction au droit canon, ni pour la moindre dissidence publique ou privée de l'enseignement dogmatique de l'Église. Mgr Williamson fut dépouillé de son ministère et caché de l'opinion publique pour avoir été un problème de relations publiques.
Quand bien Son Excellence se serait déjugé, se serait excusé auprès de tous ceux qui étaient ostensiblement offensé par cela, aurait payé son amende et dit son mea culpa à son supérieur, tout aurait pu être bien. Le problème est que : c'est un honnête homme.
Il n'a pas été persuadé d'avoir eu tort dans ses opinions, et il sait qu'il n'a pas transgressé la moindre discipline ou doctrine de l'Église. Il a continué à donner son avis par le biais de son blog. Et il a été direct en donnant ses positions en ce qui concerne un accord entre la FSSPX et le Vatican. Il pense que le temps où la FSSPX pourra faire confiance à l'orthodoxie et aux intentions des autorités de Rome n'est pas venu.
Il s'oppose aux efforts de son supérieur Mgr Fellay qui vont dans ce sens, et a exigé un nouveau dirigeant dans la FSSPX. Que cela mérite son expulsion de la Fraternité est une question qu'il vaut mieux laisser aux membres de cette Fraternité. Mais l'élimination de Mgr Williamson soulage certainement la FSSPX d'un problème de relations publiques et facilite tout accord possible qui puisse être en œuvre avec une Curie Romaine intensément sensible aux médias. Bien sur, ce que ceux qui accueillent avec joie l'expulsion de Mgr Williamson ne réalisent peut-être pas est que l'accusation d'antisémitisme continuera d'être portée contre l'Église Catholique sous le moindre prétexte possible, car c'est la Foi elle-même que de nombreux juifs trouvent déplaisante.
Quiconque connait Mgr Williamson réalise que son intégrité ne fait pas l'ombre d'un doute, tout comme sa charité. Ses opinions ont beau être impopulaires, elles ne viennent pas d'une certaine malice, mais de convictions honnêtes. Il peut être jugé original, même imprudent. Mais il est catholique jusqu'à la moelle. Et ce peut être le cœur du problème. Il était temps que cela soit reconnu.