mardi 24 mai 2016

L’autorité est faite pour la vérité

SourceGloria TV



Sermon de Mgr Williamson à l’inauguration de La Villeneuve (extrait du bulletin "Le Chevalier du Christ-Roi)


Le 14 juillet, lors de l’inauguration du prieuré de La Villeneuve, en présence de Mgr Faure, de nombreux prêtres de la Résistance Catholique et de nombreux fidèles, Mgr Williamson prononça le sermon suivant :


Monseigneur,
Cher Abbé Pivert,
Chers Prêtres,
Chers Fidèles,



C’est une occasion d’allégresse, une grande allégresse de voir une maison en campagne pas faite pour cela, mais en train d’être rendue au service de Dieu, à la gloire de Dieu et au service de la vérité. Et nous félicitons M. l’abbé Pivert, nous le félicitons tous et nous le remercions de son courage et d’avoir réussi à rassembler aujourd’hui tant de fidèles dont plusieurs, sans doute, sont venus d’assez loin. Nous remercions aussi de leur présence les prêtres surtout, un grand nombre de prêtres, qui veulent se joindre à M. l’abbé Pivert pour l’inauguration de cette maison de Dieu. Leur présence donne évidemment de l’importance à cet événement.
Une grange devient une chapelle, une maison devient un prieuré, une ferme devient un lieu de Dieu. Pourquoi cette transformation ? En premier, pour la vérité.



Pour la vérité


Notre Seigneur vient de nous le dire dans l’évangile d’aujourd’hui, [celui de la fête du Christ-Roi]. Pilate lui demande : « Donc tu es Roi ? » et Jésus lui répond : « Tu le dis : Je suis Roi. Voici pourquoi je suis né, voici pourquoi je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité, entend ma voix. » Il n’y a aucune autre institution sur la terre que l’Église qui soit si purement et uniquement pour le service de la vérité. Plus une institution s’approche de l’Église catholique, plus elle sera vouée au service de la vérité. Mais même la monarchie française qui a été quand même très proche de l’Église, n’a pas été une institution de vérité comme l’Église elle-même. On pense par exemple à un grand serviteur de la monarchie française, le Cardinal de Richelieu, qui n’a quand même pas su servir en premier l’Église catholique et qui, par-là, a mis l’Europe sur le chemin de son éloignement de Dieu.
Et chaque fois qu’on s’éloigne de la vérité, on s’éloigne de Dieu. Et, s’éloignant de Dieu, la maison tombe. C’est le psalmis- te qui le dit : « Qui ne construit pas avec Dieu, va voir tomber son affaire ». Le psalmiste le dit plus élégamment, mais le sens est clair. Et lorsque l’Église elle-même, lorsque les hommes d’Église eux-mêmes quittent la vérité ou préfèrent l’autorité à la vérité, ce sera toujours la chute de l’Église ou la chute de ces hommes d’Église pour se faire remplacer tôt ou tard par des hommes qui serviront mieux la vérité. Et cela parce que Notre Seigneur est venu pour la vérité et qu’il a institué l’Église catholique pour la vérité



Autorité et vérité


Entre l’autorité et la vérité, il y a des liens intimes. Les causes se causent mutuellement, causae sunt invicem causae, dit la vraie philosophie. La cause finale de l’Église catholique, c’est la vérité. La cause efficiente, c’est l’autorité. C’est l’autorité qui effectue, qui produit, qui garantit, qui appuie la vérité. Et c’est la vérité qui est le but de l’autorité. Ce n’est pas l’autorité qui est le but de la vérité. L’autorité, même catholique, n’est pas une fin en soi-même. Elle est finalisée par la vérité. La vérité s’exprime dans la doctrine.
Et c’est parce que Mgr Lefebvre était en premier un homme de doctrine et qu’il mettait la cause finale à la place qui lui est due, c’est-à-dire maîtresse de l’autorité si on peut dire. C’est pour cela que son affaire a fleuri, si l’on peut dire, que la Congrégation qu’il a fondée a fleuri. Mais, dès sa mort, on a commencé à perdre de vue cette primauté de la doctrine, cette primauté de la vérité, la vérité du Christ-Roi, cette vérité affirmée et mise en premier par Notre Seigneur lui-même au moment de sa Passion.
Lui n’étant plus là on a recommencé à mettre en avant l’autorité.
On a senti cette défaillance de l’autorité qui est due à ce Concile où l’autorité catholique s’est séparée de la vérité catholique. L’autorité a préféré s’allier au monde, se mettre au diapason du monde moderne. La vérité d’hier ne semblait plus bonne à ces hommes d’Église des années 1960, ne semblait plus bonne pour les hommes modernes. Il fallait adapter la vérité au monde moderne et mettre l’homme à la place de Dieu et, donc, l’Église a tout de suite commencé à chuter et à dépérir. L’autorité catholique, de par son prestige acquis dans le passé, avait encore et jusqu’aujourd’hui, beaucoup de force.
Mgr Lefebvre, étant un homme d’Église, a beaucoup insisté sur l’autorité à l’intérieur de la Fraternité Saint Pie X, pour appuyer la vérité, pour effectuer, pour être la cause qui protège et assure la vérité. Pour lui c’était toujours la vérité qui était la fin et donc pas de grand problème tant qu’il vivait.
Et on voit dans la Fraternité également la force de l’autorité. Tout est parallèle entre ce qui s’est passé à Vatican II et ce qui se passe aujourd’hui dans la Fraternité Saint Pie X. C’est exactement le même processus qui se déroule. Tout comme dans l’Église officielle jusqu’aujourd’hui, les hommes d’Église gardent une grande autorité même s’ils ont trahi essentiellement la vérité, de même dans la Fraternité, les supérieurs gardent encore une grande autorité même s’ils sont en train de trahir la vérité. Les supérieurs de la Fraternité ne sont pas nés pour servir l’homme, ni pour servir le Concile, ni pour servir les autorités égarées de l’Église. Ils sont nés pour rendre témoignage à la vérité, c’est pour cela que Mgr Lefebvre les a institués. Ils ne le font plus et, donc, c’est la chute de la Fraternité. Comme l’Église officielle, l’Église de Vatican II, elle n’est pas encore complètement tombée, mais elle glisse. Tous les jours, elle glisse.
Et donc de là, la nécessité, la nécessité absolue pour la vérité, qu’il y ait des maisons, des fermes, des maisons de campagne, des lieux où la vérité est remise à l’honneur, à la place qui lui est due, la première place. Vous le savez, M. l’abbé Pivert est un homme de doctrine. On l’a vu dans les deux livres qu’il a publiés dernièrement : un livre qui cite extensivement les textes de Mgr Lefebvre et un autre livre où il expose les méfaits des autorités de la Fraternité qui quittent la vérité, qui ne mettent plus la cause finale au- dessus de la cause efficiente.



Jésus-Christ et la vérité


La vérité est la correspondance entre l’intelligence et la réalité. Alors, lorsque que Notre Seigneur dit : « C’est pour la vérité que je suis né et que je suis venu dans le monde », que veut-il dire ? Il veut dire qu’il est là pour révéler aux hommes la plénitude de la vérité, sur la vie, sur l’homme, sur l’Enfer, sur le Ciel, sur Dieu surtout, Père, Fils et Saint- Esprit, sur l’Eucharistie, tous ces grands mystères de notre foi. Et l’on se souvient de son propre exemple.


La vérité est divine


Au VIe chapitre de l’Évangile selon saint Jean, on est dans la synagogue de Capharnaüm où Notre Seigneur expose, annonce la vérité sur la Sainte Eucharistie. C’est un mystère qui dépasse absolument notre intelligence, nous autres petits hommes. Saint Thomas dira que ce mystère dépasse l’intelligence des anges. Aucune créature ne peut comprendre par elle-même ce mystère. Nous le croyons, mais ce mystère nous dépasse complètement. Notre Seigneur l’annonce dans la synagogue de Capharnaüm, et beaucoup de braves gens le suivaient pour l’écouter. Il y avait sûrement quelques ennemis dans l’assistance, mais la grande partie de l’assistance était là parce qu’on suivait Notre Seigneur. On voulait l’écouter. Il annonce cette grande vérité et la foule commence à murmurer : ce n’est pas possible cela, manger sa chair ! Il dit que nous ne pouvons pas nous sauver si nous ne mangeons pas sa chair et si nous ne buvons pas son sang, c’est de la folie ! C’est du cannibalisme ! Et c’est en quelque sorte le bon sens qui dicte cela : manger la chair de quelqu’un, c’est le cannibalisme. Eh bien le bon nombre, le nombre quitte Notre Seigneur. Le nombre ne le suit plus. Le nombre, le grand nombre de la foule commence à sortir de la synagogue. Il est fou ! On l’a bien aimé, on l’a bien apprécié, il nous a dit beaucoup de choses, il a accueilli nos enfants, il a guéri nos malades, nos maladies, ma foi, mais cela c’est le comble, c’est trop. Alors le nombre le quitte. Est- ce que Notre Seigneur rétrocède, est-ce qu’il bat en retraite, est-ce qu’il dit : Ah non, non, revenez, revenez, je ne veux pas dire ce que je viens de vous dire. Il aurait trouvé une explication ambiguë, gentille, doucereuse, n’est-ce pas ? Non, non, non il est là pour la vérité et finalement il ne reste presque que les apôtres. Et Notre Seigneur de leur poser la question : est-ce que vous aussi vous me quitterez ?
Jusque-là Notre Seigneur semble prêt à perdre même ses apôtres. Parce qu’il ne peut pas diminuer la vérité, la grandeur de ce mystère, même si le mystère dépasse complètement tous les hommes normaux, tous les hommes de bon sens, si on veut. Il est prêt à perdre ses apôtres : la vérité en premier, la grandeur de Dieu, les mystères de Dieu, l’infinité de Dieu, ce Dieu qui nous dépasse. Pas un Dieu qui cède à la mesure des hommes. Pas un Dieu rabaissé pour que les hommes le comprennent et pour que l’homme se sente son égal, non, non, non. Dieu comme il est. La réalité de Dieu. Un Dieu qui nous aime, d’un amour infini, prêt à inventer un mystère inimaginable par les hommes. Aucun d’entre nous, voulant montrer l’amour de Dieu envers les hommes, même en mettant des années et des années, n’aurait inventé cela, ce mystère par lequel Jésus se met entre les mains des hommes, à leur merci, non pas une seule fois comme au jardin de Gethsémani, mais chaque fois que la communion est distribuée, car il s’expose au risque qu’il y aura des hommes indignes qui le reçoivent. Et qu’est-ce que cela doit causer à Notre Seigneur dans toute sa grandeur, tout son amour, toute sa vérité, toute sa pureté, que de se livrer au pécheur ! Mais c’est ce qu’il a choisi, il le ferait même s’il n’y avait qu’un seul communiant qui communierait dignement, un petit enfant, que sais-je ? Un enfant de sept, huit ans qui le recevrait dans toute sa simplicité et pureté. Notre Seigneur, pour s’unir divinement avec cette petite âme, s’exposerait à tous ceux qui ne seraient peut-être pas dignes. Voilà l’amour de Dieu qui est également infini et qui nous dépasse. Et, donc, Notre Seigneur est prêt à perdre ses apôtres.
Alors nous avons la sublime réponse de saint Pierre, vous vous en souvenez bien : « Seigneur, c’est vous qui avez les paroles de la vie éternelle, à qui d’autre irions- nous ? » Les paroles de la vie éternelle, la vérité. Saint Pierre a bien compris. Ce que vient de dire Notre Seigneur le dépasse lui-aussi, mais il fait confiance parce qu’il sait que Notre Seigneur dit toujours la vérité. Ce sera quelque chose qui le dépasse, mais qui n’en sera pas moins réel. Les apôtres restent donc avec Notre Seigneur qui continue son ministère jusqu’à sa Passion. Sans doute il reprend probablement quelques-uns de ceux qui l’ont quitté, mais à condition que ceux qui veulent le suivre de nouveau, se soumettent à la vérité.
Saint Paul dit que la foi est une soumission de l’intelligence. Il faut soumettre son intelligence à ces vérités qui nous dépassent. C’est cela notre foi. Nous n’avons pas affaire à un Dieu qui est à notre niveau, mais à ce Dieu infini et qui nous dépasse infiniment. Donc la vérité est grande, infiniment grande, aussi grande que Dieu, parce que Dieu est réel, infini et réel. L’infinité est une réalité. Donc, lorsque les hommes d’Église quittent la vérité, leur autorité s’effrite. Elle commence tout de suite à s’effriter. Parce que l’autorité ne sert plus la vérité. Le but même de l’autorité, l’essence de l’autorité, c’est la vérité. Et donc chaque fois qu’on délaisse la vérité, Notre Seigneur suscitera des voix pour la prononcer.
Vous vous souvenez aussi de cette citation du temps de la Passion de Notre Seigneur. C’est le dimanche des Rameaux, si je ne me trompe, où les Pharisiens, les ennemis de Notre Seigneur, lui reprochent de se faire applaudir par les femmes et les enfants. Et Notre Seigneur de répondre : si ces enfants venaient à se taire, (ils crient Hosanna, Fils de David), les pierres même de la rue se mettraient à crier la vérité. La vérité ne peut pas être tue. La vérité catholique ne peut pas être tue. Elle se fera entendre jusqu’à la fin du monde.



La vérité ne disparaîtra jamais


À la fin du monde, Notre Seigneur dit : trouverai-je encore la foi sur la terre ? C’est dire qu’alors l’Église sera très réduite, très, très réduite. Comme aujourd’hui. Et ce n’est pas la réduction du nombre qui fera taire la vérité. L’Église sera toujours là parce que Notre Seigneur a dit : je serai avec vous jusqu’à la fin du monde. Mais elle sera très petite, très petite comme aujourd’hui. Aujourd’hui, on peut penser que c’est la répétition générale de la fin du monde. Ce n’est pas encore la fin du monde, c’est peut-être plutôt la fin des temps, mais on voit que Notre Seigneur suscite la vérité dans la Tradition. Mais pas seulement dans les catholiques de la Tradition, il y a des gens qui viennent du dehors, il y a des païens qui se convertissent, qui entendent la voix de la vérité. Il y a des catholiques de l’Église officielle qui ont été égarés et qui arrivent à comprendre et qui se mettent à suivre les voix de la vérité. Toujours et de partout viendront ces hommes éclairés par Dieu avec le sens de la vérité et le désir de la vérité, des hommes qui ne veulent plus être trompés par le monde de mensonge qui nous entoure, qui nous opprime, qui nous abat, qui nous corrompt, qui nous assassine. Les mensonges assassins : les journaux, les médias, les politiciens, les universités, plein de mensonges. Et il y aura toujours des gens qui ne veulent pas le mensonge et qui chercheront la vérité. Rien que chercher la vérité est déjà un don et une grâce de Dieu. « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé », dit Notre Seigneur c’est-à-dire « Tu ne chercherais pas la vérité si je ne t’avais pas déjà trouvé » dit Notre Seigneur, car c’est bien la grâce de Dieu qui mène.


Notre vraie force est dans la vérité, non dans l’autorité


Alors, nous remercions du fond du cœur les prêtres comme M. l’abbé Pivert et les prêtres qui l’entourent dont chacun cherche à établir un centre de vérité. On leur reproche : « Vous n’avez pas d’autorité, vous n’avez pas de structure, vous n’avez pas d’organisation, vous n’avez pas de supérieur, vous n’en faites qu’à votre tête ». Non, non. Non, non. Si ces prêtres se sont donné la peine de sortir de la Fraternité Saint Pie X, s’ils ont sauté du canot de sauvetage qu’était, que devait être, et qu’est encore dans une certaine mesure la Fraternité Saint Pie X, pour se lancer dans l’océan, un océan en furie, ce n’est pas pour le confort, ni pour l’argent, ni pour le plaisir. Tous ils l’ont fait d’une façon ou d’une autre parce qu’ils veulent rester fidèles au but même de l’autorité, même si cela signifie qu’ils doivent quitter, qu’ils doivent sortir, sortir de la soumission à l’autorité qui les protégeait, qui les guidait, qui les maintenait jusque-là. Mais cette autorité catholique qui quitte la vérité, devient insupportable parce qu’elle sera nécessairement plus ou moins au service du mensonge. C’est logique.
Et, sous cette autorité, comme exactement au moment de Vatican II, l’argument sera toujours l’obéissance, la soumission à l’autorité et l’unité. « Ne cassez pas l’unité de la Fraternité. Restez unis, restez dans la Fraternité. Il faut que nous restions unis. La force de la Fraternité c’est l’unité. » Non ! La force de la Fraternité Saint Pie X, c’est la vérité ! Et si elle quitte la vérité, elle perd sa force, sa grande force. Surtout lorsque la Fraternité s’oppose aux autorités de l’Église, qui sont encore aujourd’hui très fortes, ce n’est pas l’autorité qui fera sa force, parce que, si on est prêt à désobéir au Pape, au grand Pape de l’Église universelle, pourquoi ne pas désobéir au petit Supérieur Général de la petite Fraternité ?
Si la Fraternité a su, en suivant Mgr Lefebvre, désobéir, désobéir en apparence[1] aux autorités de l’Église, ce n’est pas l’obéissance apparente qui fera sa force. Ce qui a fait la force de Mgr Lefebvre, ce qui lui a valu l’autorité qu’il a eue dans la Tradition, c’était sa fidélité à la vérité, à la doctrine de vérité.
Alors, il est parfaitement logique que resurgisse une Fraternité à l’intérieur de la Fraternité, si on peut dire. Et c’est ce que nous voyons dans ce qu’on appelle la Résistance, ce mouvement de Résistance dont nous avons bon nombre des prêtres ici parmi nous. Ce n’est qu’une poignée, ce n’est rien. Une poignée pour un nombre insignifiant, comme la Fraternité dans le temps par rapport à l’Église universelle. Même si la Fraternité Saint Pie X disposait de quelques cinq cents, six cents prêtres, ce n’était rien à côté du nombre de prêtres dans le monde entier. Mais ces prêtres avaient la vérité. C’était cela leur force. Et si ces prêtres sont en train d’être malmenés, égarés par des autorités qui mettent autre chose que la vérité en premier, ils vont à la déchéance et ce sont les prêtres de ladite Résistance qui - pour autant qu’on restera fidèle - qui porteront le flambeau de Notre Seigneur Jésus-Christ.



Adapter l’organisation catholique


Alors, mes Chers Amis, soyons très reconnaissants, non seulement à M. l’abbé Pivert, mais à chacun de cette poignée de prêtres, de ce petit nombre de prêtres qui restent fidèles à la vérité. Et, assurons-leur notre soutien et suivons-les et prions. On peut très bien prier pour qu’ils finissent par s’organiser, par se mettre en rangs serrés avec une autorité, avec une conduite. Très bien, très bien, mais ce n’est pas l’essentiel.
Et même, en s’organisant, ils pourraient se rendre d’autant plus vulnérables à l’infiltration par exemple. Dieu sait si l’Église universelle a été infiltrée par ses ennemis de la Franc-maçonnerie. Et Dieu sait s’il y a eu des éléments à l’intérieur de la Fraternité qui ont été mis - ou encouragés, en tout cas - par la Maçonnerie pour la désamorcer. Parce que les ennemis de Notre Seigneur sont souvent plus intelligents que ses amis. Notre Seigneur nous dit : « Les fils des Ténèbres sont plus malins que les fils de la Lumière ». Et donc les ennemis de l’Église reconnaissent rapidement où est le vrai danger pour eux, c’est- à-dire dans la vraie fidélité à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et ils mettront tout, ils rôderont autour comme le diable, pour chercher la fente par laquelle entrer là-dedans, infiltrer et faire tourner ou diluer, corrompre. Parce que la dilution de la vérité suffira pour diminuer d’autant la force, la force qui est intrinsèque à la vérité, à la plénitude, à la pureté de la vérité. Donc, si en constituant une organisation, on devait se rendre d’autant plus vulnérable à l’infiltration - ce qui est bien possible - alors, il vaut mieux rester ainsi pour le moment, parce que cette situation actuelle ne peut pas durer très longtemps.
C’est invivable. C’est insupportable. C’est diabolique et Dieu va intervenir. On ne sait pas quand, car Dieu ne révèle pas son calendrier et il a de bonnes raisons pour cela. Et donc, pour l’intervalle jusqu’à son intervention, cela peut être dans sa volonté qu’on ne s’organise pas. Tout naturellement on a tendance à s’organiser parce que c’est naturel, c’est normal pour les catholiques d’avoir des supérieurs, d’obéir à une hiérarchie, à des supérieurs. L’obéissance est tout à fait normale. Les catholiques ont un instinct pour cela, les bons prêtres aussi, mais peut-être faut-il s’en passer dans la situation actuelle. Parce que le danger de l’infiltration n’est pas dirimant, mais il existe certainement. Alors sachons, comme disait toujours Mgr Lefebvre, sachons suivre la Providence et non pas la mener.



La volonté de Dieu


Avec le Chapitre Général de 2012 qui fut comme Vatican II dans la Fraternité, on a pu penser qu’il y aurait eu beaucoup plus de prêtres à réagir ouvertement en se désolidarisant d’une Fraternité traîtresse - le mot est fort, mais objectivement c’est le cas -, on aurait pu penser qu’il y aurait bien plus que seulement une demi-douzaine de prêtres ici en France, pour le moment pas beaucoup plus qu’une demi- douzaine. Mais non, la Providence ne l’a pas voulu, sinon elle se serait arrangée pour l’obtenir. Je veux bien que ce soit la malice des hommes, leurs péchés, qui ont entravé l’œuvre de la Providence, oui, mais la Providence c’est Dieu. Dieu est Dieu. Et si Dieu avait voulu un beaucoup plus grand nombre de prêtres, il aurait trouvé le moyen de les mettre sur pied. Il n’a pas voulu. La situation dont nous souffrons actuellement, si on veut, c’est sa Volonté, sa Volonté de permission en tout cas.
Et alors sachons suivre Dieu et sachons lire dans la situation la colère de Dieu, si on veut, la colère de Dieu à qui ne plaît pas ce qui était en place, ce qui est encore en place. Si ceux qui le servent ouvertement et courageusement sont si insignifiants, il doit y avoir là une leçon de Dieu. Et, entre autres, la leçon sera celle-ci : « Que celui qui se tient debout fasse attention à ne pas tomber. » C’est une citation de saint Paul dans la ière aux Corinthiens Qui stat, videat ne cadat. Chacun d’entre nous, nous pouvons tomber. Et comment ! Donc prions Dieu pour la grâce de rester debout. Soyons reconnaissants à Dieu pour tout ce qu’il nous donne encore. Il n’a pas permis que la voix de la vérité se taise. La preuve. Et prions Dieu pour qu’il y ait encore des prêtres, un bon nombre, prions pour qu’il y ait un bon nombre de prêtres qui reconnaissent la réalité de la situation et qui agissent courageusement - qu’ils s’attachent à ce mouvement de la Résistance ou non. Ce sera peut-être plus facile s’il n’y a pas d’organisation, d’autres au contraire pensent que ce sera plus facile pour eux s’il y a une organisation. Cela laissons-le entre les mains de Dieu. Mais soyons reconnaissants. Dieu ne nous a pas abandonnés, c’est certain. Et il est également certain qu’il ne va pas nous abandonner non plus. Le nombre sera encore plus réduit qu’actuellement. On ne dirait pas, on dirait que le nombre va augmenter, mais comme la Providence voudra. Nous nous soumettons à la Volonté de Dieu et nous le remercions donc.
Merci, Monsieur l’abbé Pivert, merci mes Chers Confrères dans le mouvement de la Résistance et prions la Très Sainte Vierge, Vierge fidèle, Vierge très fidèle. Prions-la pour qu’elle nous garde dans la fidélité et dans l’amour et dans le service de son Divin Fils. Et pour cela, toujours, toujours, la recommandation du Saint Rosaire, la prière du saint Rosaire, du chapelet et du saint Rosaire. Le chapelet dans le foyer, le Rosaire pour les adultes dans le monde. Et elle nous protégera.
Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.



Sermon de saint Augustin
Ne vous laissez pas troubler par ceux qui aiment le monde. Ne vous laissez pas tromper, ne vous laissez pas séduire.
L’oppressions des tourments présents ne constitue pas des scandales. Soyez justes, et ce seront des épreuves.
La tribulation arrive : elle sera ce que tu voudras, épreuve ou condamnation. Elle sera ce qu’elle t’aura trouvé.
La tribulation est un feu : Elle te trouve or ? elle t’enlève tes impuretés. Elle te trouve paille ? elle te réduit en cendres.
Sermon 81, 7



[1] Notre désobéissance n’est pas une vraie désobéissance parce qu’on préfère l’obéissance à Dieu plutôt que l’obéissance aux hommes. C’est la vraie obéissance que celle de Mgr Lefebvre qui s’est opposé aux autorités de l’Église.