Chers Messieurs
les abbés « résistants de l’intérieur »,
Au lieu de vous
inquiéter : « que vais-je devenir si je quitte la Fraternité, son confort
spirituel, matériel, ses facilités d’apostolat et tout et tout et tout… ? »
« Que
vais-je donc devenir ? »
« Que vont
devenir les fidèles qui vont ‘‘tomber’’ dans la main de prêtres plus ou moins
libéraux ? »
Le Bon Dieu sait
ce qu’il fait. Et s’il vous demande de
lâcher prise, de « quitter la pauvreté du confort » et rejoindre la
« richesse de l’effort », n’est-ce pas parce qu’il veut que vous le
reconnaissiez pour son maître et Seigneur absolu, comme il est maître et Seigneur
de toutes les créatures ?
C’est un laïc
qui vous parle. Et aux laïcs aussi le
Bon Dieu demande parfois cet héroïsme qui consiste à « faire notre devoir »
sans avoir la moindre idée de l’avenir, que ce soit pour soi-même ou pour son
épouse et ses enfants. Sous cet aspect,
laïcs et ecclésiastiques sont à la même auberge, l’auberge du Chemin du Calvaire.
Au 5ème
siècle, Saint Cérase, disciple de Saint Ambroise, évêque de Grenoble, est
chassé de son évêché par l’arianisme et, suivant les recommandations du Saint
Évangile « secoue la poussière de ses chaussures » en quittant cette
ville jusqu’à un ermitage de Gascogne, ermitage qui ne restera pas longtemps un
ermitage parce que les gens du voisinage ont flairé sa sainteté et son esprit
d’oraison comme les troupeaux flairent le vent.
Acte d’héroïsme tellement béni par Dieu, que plus de 1500 ans plus tard,
ce lieu est toujours appelé « Saintes », en souvenir de sa sainteté.
Au moment du
Concile Vatican II, Mgr Lefebvre est seul avec Mgr de Castro Mayer sur 2500
évêques à se séparer et condamner le néo-modernisme. Acte d’héroïsme béni par Dieu dans une œuvre
véritable canoé de sauvetage de l’Église à l’échelle de la terre entière.
Plus près de
nous, le 24 août 1970, souhaitant conserver le rite tridentin et la vie
monastique traditionnelle, Dom Gérard quitte son monastère l’abbaye Notre-Dame
de Tournay et s'installe comme ermite.
D'abord installé dans les Alpes, il rejoint la chapelle de la Madeleine,
à Bédoin. Acte d’héroïsme,
indépendamment de ce que fut la suite.
Très près de
nous, Mgr Williamson se fait piéger par le lobby juif qui n’a qu’une obsession
en tête : prouver que les chrétiens sont antisémites par nature (sur le
plan de l’irréconciliabilité du christianisme et du judaïsme, ils n’ont pas
tort) et blasphématoires par rapport à la Shoah, leur nouveau «mystère de
la Rédemption». Comme lors de la
crucifixion, leur cri de haine est : «il a blasphémé, il mérite la
mort ; crucifie-le, crucifie-le !». Mgr Williamson, à plus de 70 ans se retrouve
« sur le carreau », bafoué et piétiné par la lâcheté de ses
supérieurs en raison de sa fidélité aux principes. Lorsque Mgr Lefebvre s’est fait piéger sur la
question de l’Islam, est-ce que M. l’abbé Schmidberger, supérieur de l’époque,
l’a désavoué, piétiné ou bafoué publiquement comme un vieillard sénile qui ne
sait plus ce qu’il dit ? Et qu’a
fait Mgr Williamson ? «Mon
Dieu, que votre volonté soit faite ; faites de moi ce qu’il vous plaira». « Assurément, tu dois aller jusqu’au
bout de ta grâce épiscopale, lui répond Dieu ». « Fiat ».
L’histoire de
l’Église regorge de faits comme ceux-ci à toutes les époques : prêtres
vendéens refusant de se rallier à la République, etc… Les biographes qui ne savent pas nous faire
revivre le calvaire éprouvé par les saints à certaines périodes de leurs vies
sont des menteurs.
Dans le bazar
qui règne aujourd’hui, vous voyez bien que Dieu prend un soin particulier de
ses serviteurs : qui parmi les abbés Rioult, Pivert, Salenave, Pinaud… et
tant d’autres qui ont répondu à son appel, qui est laissé pour compte, seul
abandonné de tous dans un trou perdu ?
Bien au contraire, Dieu bénit leur courage de ses multiples bienfaits et
les aide ainsi à préparer la relève en tête de cordée ! En espérant que leurs amis les suivront… qu’ils
pourront leur pardonner – de grand cœur ! – les reniements de leur amitié
passée (jusque chez certains quasi-Judas)…
Aujourd’hui,
Dieu veut que, par fidélité aux principes[1], plusieurs
prêtres quittent la Fraternité et se retrouvent « le bec dans
l’eau », même – et surtout (!)– sans y voir clair sur leur avenir ou
l’avenir des fidèles, spécialement pour les plus démunis.
Qui
sait ? Peut-être qu’après bien des
déceptions chez les catholiques, ce sera peut-être un musulman, un bouddhiste, un
protestant ou un juif qui vous recueillera et prendra soin de vous sur le plan
matériel pour vous faire « rebondir »… et même se convertir au
passage ! Là où le ciel de notre
intelligence s’obscurcit, là où nous ne comprenons plus rien, le Bon Dieu, Lui,
sait très clairement là où il veut nous mener.
C’est Lui qu’il faut suivre !
Laissez-Le
guider votre barque !
Dans l’obscurité
ou le désarroi total, une chose est sûre : Dieu veut la preuve concrète de
votre fidélité dans votre lâcher-prise et le don total de vous-même à sa
Providence…
très supérieure à la prudence humaine si jamais vous aviez l’ombre d’un doute !
Allez faire du
saut en parachute ou du saut à l’élastique si vous voulez vous entraîner aux
sensations ; mais ce que Dieu vous demande n’est pas aussi
terrifiant : dans sa grande bonté, il vous dispense de ces
acrobaties !
Après tout, est-ce
plus périlleux qu’un père de famille tombant brutalement au chômage de façon
parfaitement injuste, et devant se «rattraper aux branches» à 55
ans passés, avec une femme et 8 enfants «sur les bras», en devant ré-apprendre
à travailler totalement différemment, ‘‘à son compte’’ depuis chez lui…? Courage! Demandez à certains fidèles ayant surmonté de
(très) graves épreuves ! Plusieurs
sauront vous aider à surmonter le plus difficile… mais je ne suis pas sûr qu’en
vous faisant choisir la fidélité aux principes, le Bon Dieu vous mette à aussi
rude épreuve que certains pères de famille (celui de Sainte Bernadette par ex.).
Signé : un laïc
[1] Primo,
comme le souligne Dom Thomas d’Aquin dans son sermon du Puy à la Pentecôte, Mgr
Fellay tient mot pour mot, argument pour argument le même langage que Mgr Rifan
au moment du ralliement de Campos.
Secundo,
si le haut de la hiérarchie pourrit tout, ça n’est pas la base qui va lui
ré-insuffler les principes qu’elle a perdu.
C’est un chef clair dans sa tête qui donne corps à une armée comme le
sous-tend l’expression ‘‘corps d’armée’’, ce ne sont pas ses membres avec un
chef gyrovague.
Tercio,
la résistance « de l’intérieur » n’a pas joué un très grand rôle dans
la Libération… hormis les exactions.
C’est l’armée préparée en Afrique du Nord par les généraux du Maréchal
qui a dès le début été décisive dans l’offensive contre les allemands en
Tunisie (pendant que les américains avaient à peine débarqué avec des effectifs
réduits), avant d’arriver en métropole achever leur glorieux combat. Encore plus au niveau des principes et de la
contamination des intelligences par le libéralisme, la séparation d’avec ses
ennemis est nécessaire, Mgr Lefebvre en a souvent parlé.